Les yeux de l'orphelinat

Le ciel, pourtant dégagé ce matin-là, s'était couvert très rapidement, et bientôt, ce n'était plus que lourds nuages gris et menaçants,a nonçant un orage. Ashley leva le nez en sentant l'odeur lourde et âcre de ces nués violentes. Elle avait toujours eu peur de l'orage, même depuis qu'elle était devenue un vampire. Elle n'aimait pas voir le ciel se déchirer dans de violents éclairs, le tout sur un fond noir et bruyant, cela la terrifiait. Et puis,s i un éclair tombait sur eux ? S'il y avait un gros problème ? Si la maison prenait feu, hein, il allait se passer quoi ? Et si ses parents étaient blessés ? Et s'il fallait encore déménager ? Et si quelqu'un avait mal ? A chaque fois que le tonnerre grondait, elle filait se réfugier dans les bras du premier membre de sa famille qu'elle trouvait. Elle avait déjà sauté ainsi dans les bras de Rose, Emmett, Alice, Bella, Esmée et Carlisle, par surprise, et ne les avait plus lâché jusqu'à ce que l'orage passe.

Son papa revint vers elle alors qu'elle grimpait sur un gros rocher. Elle était partie à la chasse avec presque toute sa famille, mais avait tendance à traîner un peu derrière. Elle aimait bien sortir chasser et courir, elle adorait cela, même, mais ce n'était pas le problème. Pas le problème du tout... Elle avait beau être un vampire, Ashley gardait une phobie tenace du sang. Voir une goutte suffisait à la terrifier, à la propulser dans ses souvenirs, sa vie humaine, lorsque ce sang la tuait à petit feu. Lorsqu'elle devait se nourrir, son papa ou sa maman la prenait dans leurs bras, et elle fermait très fort les yeux pendant qu'ils l'aidaient et la guidaient pour qu'elle boive. Son papa revint à sa hauteur d'un bond et elle fit la moue.

- Alors, ma puce, on va finir par te semer !

Il la souleva en une seconde, comme si elle était aussi légère qu'une plume. Elle s'agrippa à son cou et se laissa emporter, ce qui était tout aussi agréable que de marcher. Mais lorsqu'il abattit une proie pour elle, elle eut le plus grand mal à approcher, comme de coutume. Elle cacha son visage dans le cou de son père alors qu'il s'agenouillait près du cerf, l'encourageant doucement. Elle rechigna un peu, puis accepta de boire, du bout des lèvres, avant de se raccrocher aussitôt au cou d'Emmett.

- Roh, ma louloute, c'est pas si terrible.

Bah, peut-être, mais elle, elle n'aimait pas ça, point. Elle resta dans ses bras alors qu'ils se dirigeaient maintenant vers Seattle, pour que chacun puisse effectuer des achats : livres, matériel, musique, vêtements pour Alice... Ashley n'avait besoin de rien en particulier, et se contenta donc de suivre ses parents. Elle attendait lorsqu'elle aperçut tout à coup les hauts murs d'un établissement qu'elle en connaissait que trop bien, un orphelinat. Poussée par la curiosité, l'envie presque de voir des enfants auxquels elle avait tant ressemblé, elle s'éloigna furtivement puis se glissa dans un trou dans un mur, tout juste assez grand pour une enfant de son âge. Il y avait de gros fourrés derrière et elle avança sur un mètre en rampant, avant d'écarter légèrement les feuilles.

- Oh, murmura-t-elle.

Il y avait des tas d'enfants qui jouaient dehors, de tous les âges. Elle les observa un moment, couché par terre, en se rappelant les instants, le soir, où elle rêvait d'avoir une famille. Il y eut tout à coup du mouvement, et elle vit deux grands yeux noirs fixer les fourrés. Elle resta cachée mais sourit à la minuscule humaine qui venait de remarquer une présence.

- Salut, chuchota-t-elle assez fort pour qu'elle l'entende. Moi c'est Ashley.

Elle restait blottie dans son coin, pour que ne pas que la petite remarque ses yeux rouges ou sa peau trop pâle. Inutile de s'attirer des ennuis, et sa maman sera fâchée si quelqu'un la voyait, voyait sa différence, même si c'était une toute petite fille.

- Comment tu t'appelles ? Tu as quel âge ?

Il faisait nuit noire, maintenant, mais Chen ne dormait pas. Elle serrait sa peluche contre son cœur, un lapin tout blanc avec des grandes oreilles, qu'on lui avait offert lorsqu'elle était arrivée à l'orphelinat. Elle l'avait baptisé moutarde, et il ne la quittait jamais. Elle poussa légèrement sa couverture, en regardant la petite fille dans le lit à côté qui pleurait. Elle venait d'arriver ici, son papa et sa maman n'étaient plus là, à elle non plus. Ils étaient partis là-haut, l'endroit où les grandes personnes vont quand elles sont vieilles, avec plein de cheveux blancs et des rides, et où allait parfois d'autres adultes plus jeunes.

Elle se redressa contre son oreiller, et fit avec la petite fille comme on avait fait avec elle lors de son arrivée. Elle lui chuchota qu'elle pouvait venir dormir dans son lit si elle voulait pas dormir toute seule. Elle renifla puis vint avec elle, et elles se serrèrent dans le lit. Les autres enfants dormaient, et elle chuchota dans le noir, toujours en serrant son lapin contre elle.

- Comment tu t'appelles ?

- Mélody.

Elle lui souffla son prénom, puis reposa la tête sur l'oreiller en fermant les yeux. Le lendemain, ils étaient samedi, et il n'y avait pas besoin de se lever pour aller à l'école ! Elle aimait bien l'école, mais ça sera mieux l'année prochaine. Car elle allait avoir six ans dans pas beaucoup de temps, et elle allait entrer en CP, et elle allait apprendre à lire, et elle allait savoir lire ! Lire, comme les grands ! Il y avait pleins de petits livres dans la bibliothèque de l'orphelinat, et la madame gentille qui s'en occupait leur lisait souvent des histoires.

Le lendemain, elle mangea avec Mélody, dans le réfectoire avec les autres enfants. Elle plongeait le nez dans son bol de chocolat pour se faire des moustaches, puis souriait d'un air innocent lorsqu'un surveillant, ou un enfant plus âgé, lui essuyait la figure avec une serviette en papier. Ils allaient jouer toute la journée, il y avait toujours plein d'activité le samedi. Récupérant moutarde, elle courut dehors derrière ses camarades de jeux habituels. Elle avait perdu la notion du temps lorsqu'elle vit le buisson près du mur remuer. Ni une ni deux, elle courut aussitôt voir ce qui se passait. Et si c'était un lapin ? Mais pas en peluche, un vrai ! Elle se mit à quatre pattes pour regarder, curieuse. Mais c'était pas un lapin, c'était une petite fille, et plus grande qu'elle. Elle avait pas d'oreilles de lapin, c'est dommage, elle aimait bien les lapins, elle. Elle demandait souvent à Drow de lui en dessiner, parce que lui, il dessinait mieux qu'elle, et pas avec ses doigts, avec un bout de bois qui avait des poils au bout.

- Salut. Moi c'est Ashley.

Chen lui répondit d'un sourire où il manquait une ou deux dents de lait. Pourquoi elle se cachait, elle était timide ? Ou elle avait pas envie de jouer ? Pourtant, c'était bien, de jouer ! Chen pouvait lui montrer la bibliothèque, elle savait sûrement lire, elle ! Ou alors, la salle de jeu. Ou elles pouvaient faire du vélo, aussi. Chen, elle savait faire du vélo ! Bon, avec des petites roues de chaque côté, mais elle savait. C'était la maîtresse qui lui avait appris.

- Comment tu t'appelles ? Tu as quel âge ?

Chen se pencha un peu plus pour mieux la regarder. Elle n'avait pas envie d'aller dans le buisson, il y avait des épines. Et puis, moutarde avait peur, dans le noir ! Elle aussi, en plus, elle n'aimait pas le noir. La nuit, il fallait toujours une petite lumière, une veilleuse qui reste allumée, ou alors, ça allait quand elle ne dormait pas seule. Une fois, quand elle était malade, elle dormait toujours dans le grand lit de l'infirmière avec elle.

- Moi c'est Chen ! lança-t-elle, toute contente de voir une nouvelle fille ici. J'ai cinq ans et demi. Et lui, c'est moutarde.

Elle lui fit voir son lapin, toute fière, et l'agita. Elle était toujours à quatre pattes dans l'herbe, devant le gros buisson. Ce serait bien si Ashley osait sortir pour venir jouer. Elles pouvaient faire pleins de trucs, et il y avait même un goûter. Elle put voir un trou au fond, derrière le buisson. Pourquoi le mur avait un trou ? Il était blessé ? fallait le soigner, comme la fois où des messieurs en bleus étaient venus réparer le muret. Même qu'on pouvait plus s'asseoir dessus car c'était mouillé.

- T'es entrée par le trou ? Moi j'ai peur du buisson, ça pique, et moutarde il aime pas être piqué. C'est pas bon pour la peau, car après ça te coupe, et tu deviens tout rouge !

Convaincue de cet argument parfaitement inébranlable, du moins à ses yeux, elle s'assit sur les fesses et remit les oreilles de moutarde dans le bon sens, pour ne pas qu'il ait mal. Ashley allait peut-être sortir, Chen ne mordait pas, et elle voulait une camarade de jeux.

- D'où tu viens ? Elle est où ta maman ?

Elle se remit aussitôt à quatre pattes pour voir si Ashley s'approchait ou pas.

- Tu veux jouer avec moi ? Tu as un doudou ?

Elle était toute petite, et devait avoir peut-être que la moitié de son âge. Mais Ashley la trouvait adorable, avec sa petite frimousse, et sa façon de se pencher pour regarder sous les feuilles. Cependant, elle évitait de s’approcher. Elle en voulait pas que sa différence soit remarquée, que la petite voit ses yeux rouges, ait peur puis aille prévenir quelqu’un en criant. Autre raison, très pratique également, c’est que la jeune nouvelle-née ne voulait pas lui faire du mal. Elle n’avait pas envie de craquer et de la mordre, c’était hors de question ! Elle bloquait son souffle pour ne pas sentir l’odeur du sang. Elle avait une odeur de jasmin et de thé, et de feuilles d’érable. A la fois rafraîchissant et presque envoûtant. Ashley arrivait un peu mieux à reconnaître les odeurs, maintenant, mais elle avait remarqué que c’était plus facile avec les jeunes humains. Avec les adultes, elle n’y arrivait pas, il y en avait trop, et c’était pire avec les membres de sa propre espèce.

- Moi c'est Chen ! J'ai cinq ans et demi. Et lui, c'est moutarde.

Elle lui montra sa peluche et Ashley ne put s’empêcher de sourire. Elle-même avait eu une peluche qu’elle emportait partout jusqu’à ses huit ans. Un ourson roux et très doux, qu’une petite grand-mère charitable de Beith lui avait offert. Penser à son village natal lui serra quelque peu la gorge. L’Ecosse était si loin, à présent ! Elle avait l’impression d’être parti depuis des siècles, alors qu’il ne s’était passé que quelques mois. Elle n’osait pas l’avouer, ni dire non plus qu’elle était encore mal à l’aise dans la grande villa blanche. Elle n’avait jamais été très rassurée par la forêt, et ça ne s’arrangeait pas depuis qu’elle devait s’y rendre régulièrement pour chasser. L’idée de tuer était déjà effroyable, même des animaux, mais boire du sang, c’était insoutenable. Jamais elle ne pensait se faire à ça, jamais elle n’arrivera à accepter sereinement que ce liquide vital coule dans sa bouche. S’il n’y avait pas ses parents, toute sa famille, elle essaierait de se tuer pour de bon par tous les moyens. Seul le fait qu’elle ait maintenant une famille compensait sa phobie du sang.

- T'es entrée par le trou ? Moi j'ai peur du buisson, ça pique, et moutarde il aime pas être piqué. C'est pas bon pour la peau, car après ça te coupe, et tu deviens tout rouge !

Ashley éclata de rire en regardant la petite. Au moins, elle n’allait pas rentrer dans le buisson, ce qui était déjà ça de gagné. Il fallait éviter tout « accident », même si Ashley doutait d’être capable de la tuer pour boire son sang, tellement cela la dégoûtait. Déjà qu’elle ne parvenait à chasser qu’avec l’aide de ses parents… Ici, elle avait plutôt envie de sortir et d’aller jouer avec Chen, mais elle ne pouvait pas. Trop pâle, les yeux trop rouges, trop rapide, trop forte, trop froide, trop vampire et pas assez humaine. Elle ne pouvait encore jouer la comédie humaine, comme elle entendait parfois sa famille le dire, elle n’était pas assez habituée.

Elle admirait l’aisance qu’avaient ses grands-parents ou ses oncles et tantes. On dirait qu’ils ne se forçaient même pas pour paraître humains, que c’était naturel. Elle les observait sans cesse pour comprendre, et copier leurs techniques. Faire semblant de respirer, cligner des yeux, sourire, remuer pour ne paraître trop figé. Ashley n’était pas encore habituée à s’asseoir même si elle n’en éprouvait plus le besoin, ou à éviter d’avoir des gestes trop brusques. Très jeune, même selon les critères des vampires, elle doutait beaucoup d’elle-même et de sa réussite probable dans sa  nouvelle vie. Ajouté à cela ses sautes d’humeurs fréquentes et ses crises de panique incontrôlables. On avait beau lui répéter que c’était normal, elle était loin d’avoir un an, elle avait peur de décevoir sa famille…

- D'où tu viens ? Elle est où ta maman ?

Sa maman… Sa maman qui ne savait pas… Où elle était…. Huum… Problème là. Ashley écarquilla les yeux, réalisant qu’elle n’avait même pas pensé à prévenir sa famille avant de filer. Oups, zut, crotte, bique, problème ! Elle se tassa sur elle-même, alors que Chen lui demandait si elle voulait jouer avec elle et si elle avait un doudou. La jeune nouvelle-née secoua la tête, encore plus pâle que de coutume. Elle s’en voulait de ne pas avoir pensé à ça, de ne pas avoir prévenu sa mère ! Là, elle allait lui en vouloir… Et si elle l’avait trop déçue ? Et si elle ne voulait plus d’elle ensuite ? Elle se redressa à quatre pattes, à l’abri dans le buisson.

- Ma maman va s’inquiéter… Désolée, il faut que je parte. Mais tiens, prend ça. On se reverra peut-être un jour !

Elle fit rouler vers elle un petit pendentif qu’elle aimait porter, en forme de croissant de lune, et sourit à Chen, un sourire lumineux.

- Tu peux le garder. Au revoir.

Elle fila aussitôt et repassa par le trou du mur. Se retrouvant dans la rue, elle se redressa, épousseta ses habits, et revint aussitôt en trottinant vers al rue où elle avait quitté ses parents, espérant que sa famille n’allait pas la renier, qu’elle ne les avait pas trop déçu.

Rosalie retint un grognement de rage, pour ne pas effrayer Ashley assise sur la banquette arrière, mais le regard affreusement noir qu'elle jeta au conducteur de l'autre voiture suffit à lui arracher un glapissement effrayé. Cet espèce de sale crétin avait bien failli lui arracher son rétroviseur, avec sa manœuvre pourrie ! Et que personne ne vienne lui dire qu'il en l'avait pas vu arriver ! Et avec ça, la priorité, c'était fait pour les chiens ?! Va donc repasser ton permis, imbécile, ça t'évitera de détruire la voiture des autres ! Il l'avait fait exprès, elle était sûre qu'il l'avait fait exprès ! Il bafouilla des excuses et essaya de redémarrer, calant deux fois avant de fuir littéralement hors du parking ! Elle-même était sortie dehors, brandissant le poing en l'insultant de tous les noms. Elle claqua la portière, avec une pensée amère pour son rétroviseur.

Emmett - Respire, ma rose, on le fera réparer tout à l'heure.

Mouais. Elle ouvrit la porte pour laisser sortir Ashley, vouant cet humain incapable aux gémonies. Elle aimait les voitures, comme Alice aimait les vêtements, et ne supportait qu'on lui rentre dedans pendant qu'elle conduisait, point final ! Mais soit. Ils allèrent retrouver le reste de la famille, qui avait décidé d'assister à la scène de loin plutôt que d'en s'en mêler. Chacun devait faire des courses à Seattle avant de revenir à la villa blanche. Rose avait surtout besoin de trouver un garage, car elle n'avait plus d'outils pour réparer les moteurs, et elle voulait tester d'autres arrangements.

La ville était bondée, et les passants se pressèrent dans les rues. Le ciel noir d'orage planait au-dessus d'eux, menaçant d'éclater à tout moment. Elle consulta un plan de la ville tout en marchant, surveillant que Ashley les suivait bien du coin de l'œil. En se rendant dans le garage choisi, le type s'étonna d'abord de s'entendre demander certains produits par une femme, puis la conduisit dans le coin où il mettait tout pour les besoins des clients. Elle regarda les pièces d'un coup d'œil expert, en prenant une pour l'examiner plus attentivement.

- C'est du titane ?

Garagiste - Le plus solide. Si vous voulez quelque chose de plus facile à plier, j'ai autre chose.

- Non, le titane, c'est bien.

Elle choisit des pièces, puis définit une date pour s'en faire livrer d'autres. Avec ça, elle pourra rénover entièrement le moteur de la voiture. En sortant du magasin, alors qu'Emmett consultait des magazines sur le rugby, elle s'arrêta net, regardant partout autour d'elle, soudain effrayée.

- Où est Ashley ?!

Emmett sursauta et leva la tête à son tour, regardant en tous sens. Rosalie courut aussitôt pour fouiller les rues aux alentours, regarda sous les voitures, derrière les haies et les murs, appelant sa fille à pleins poumons, tout en écartant ceux qui se trouvaient sur son passage. Elle avait disparue ! Mais ce n'était pas possible ! On l'avait enlevé ! A moitié hystérique, elle téléphona aussitôt au reste de la famille en criant que sa fille avait disparu. Elle ne se souciait même pas des passants qui la regardaient bizarrement, cherchant son bébé, sa petite, son trésor. on l'avait enlevé ! QUI était le salaud qui avait osé s'en prendre à elle ?! Elle allait lui arracher les yeux avec les ongles avant de l'étouffer avec ses propres tripes !

Plus les minutes s'écoulait, et plus elle paniquait, fouillant tout le secteur. Et si elle avait craqué à cause du sang humain , Qu'elle avait tué quelqu'un ?! Bon sang ! Le temps semblait s'écouler terriblement lentement, alors qu'elle cherchait, cherchant partout avec Emmett et le reste de la famille. Tout à coup, elle sentit enfin l'odeur de sa fille. Le cœur au bord des lèvres, elle remonta à vitesse vampirique toute la rue, et la vit. la vit enfin. Son bébé, son trésor, sa petite fille ! Elle courut vers elle, immensément soulagée.

- Ashley !

Elle l'attrapa au vol et la serra dans es bras, longuement, très fort, haletant presque. Elle était là, elle allait bien ! Et elle n'avait aucune odeur ni trace de sang sur elle, signe qu'elle n'avait donc pas craqué et qu'elle n'avait attaqué personne. Le temps que l'information "elle s''est enfuit" perce sa panique, Rose se calma peu à peu. Puis déposa sa fille au sol.

- POURQUOI t'es-tu sauvée comme ça ?! hurla-t-elle presque aussitôt. Pourquoi t'es-tu écartée de nous alors que tu aurais pu te perdre, avoir un accident, en provoquer un ?! Tu ne te rends pas compte ?! Tu en te rends pas compte de ce qui aurait pu se produire ?!

Voyant que les autres approchaient, elle les arrêta d'un geste impérieux. Ah bah les pattes, hein ! Ce n'était pas le moment d'essayer de la calmer ou quoi que ce soit du genre ! Elle se mit sur un genoux et prit sa fille par les épaules, la secouant un peu, la regardant droit dans les yeux. Si elle avait toujours un cœur en bon état, elle aurait sûrement déjà fait une crise cardiaque.

- Tu ne peux pas t'écarter et fuir comme ça ! Tu es trop jeune, tu ne te contrôles pas, il aurait pu arriver n'importe quoi ! Comment crois-tu que nous avons réagi en voyant que tu avais disparu ?!

Elle la rapprocha brusquement d'elle et la serra dans es bras, encore plus fort que de coutume, secouée de tremblements violents. Elle avait eu si peur !

- Ne recommence jamais ça ! Jamais ! Ashley, réponds-moi, pourquoi t'es-tu enfuie ?!