Gabriel Masen [Validé]

❝ De la compote de prunes ? Jamais ! ❞

   • Gabriel leva une main devant ses yeux, gêné par le soleil, battant des pieds dans sa chaise haute. Il avait bu tout son biberon, déjà, et c'était bon. Même que maman l'avait pris dans ses bras pour qu'il boive, et il était tout contre elle, elle était chaude, et elle sentait bon. C'était maman, elle sentait toujours bon. Il voulait retourner dans ses bras, et pas rester là, il n'aimait pas ce que papa faisait. Il mettait un truc noir et gélatineux dans une coupelle. Beurk, pas bon, ça ne sentait pas bon ! Il pinça le nez quand papa posa le truc noir près de lui. Ça sentait pas bon !

- Maman t'a fait de la bonne compote de prunes, mon trésor.

Quoi ? Sa maman à lui était complice de ce machin noir ? Impossible ! Non, c'était sa maman, elle ne pouvait pas avoir fait ce... Cette... "Compote". Il secoua la tête, pas du tout d'accord, et serra les lèvres quand papa approcha la cuillère remplie de sa bouche. Non, non, non ! Pas bon, ça sentait pas bon ! Il battit des mains dans le vide, et envoya par accident la cuillère valser dans la cuisine. Pas compote, pas bon ! Victoire, un point pour lui, pas de point pour la compote noire ! Pas bon ! Mais son père recommença, voulant le faire manger. Tactique de refus échouée. Il se mit à hurler à pleins poumons en pleurant à chaudes larmes. Il pleura assez fort pour ameuter toute la maison, et sa mère arriva finalement. Lui repoussa la coupelle de canpoute, qui atterrit sur le chemisier tout blanc de sa mère quand elle arriva à côté de sa chaise. Il mit les deux mains devant sa bouche, pour marquer plus fermement son désaccord. Sa maman sauta tout à coup comme si on l'avait piqué, ce qui fit écarquiller les yeux du petit.

- Gabriel !

Aaah, elle allait lui dire que c'était pas bon aussi, la carpote !

- Pas bien ! Regarde le chemisier de maman !

Elle partit, mais le bébé ne comprenait pas pourquoi elle s'en allait... Ah, si, c'était à cause de la cipote ! C'était pas bon, ça sentait pas bon, donc elle n'aimait pas ça ! Il refusa tout net par la suite d'avaler ne serait-ce qu'une bouchée. Sa grande sœur arriva tout à coup, et il tendit une main désespérée vers elle. Elle prit un yaourt aux prunes dans le frigo puis l'apporta. Il se calma aussitôt et ouvrit docilement la bouche, arrêtant tout de suite de pleurer. Il mangea très tranquillement, puis geignit pour aller dans les bras de sa sœur. Il se blottit contre elle, s'accrochant son pull. Elle s'assit dans le canapé, alors qu'il jouait avec les fils qu'il trouvait. Puis la télé eut un gros boum tout à coup, qui le fit sursauter, et il enfonça son visage contre sa sœur, apeuré. Mais Nessie changea de chaîne, et il écarquilla les yeux. Il y a avait une femme sans vêtements qui était contre un homme sans vêtements aussi. Et ils bougeaient vite. Très intéressé, il rit comme un oiseau. Mais la télé devint toute noire, comme ça, papa avait arraché la prise. Maiiis ! En plus, il criait sur Nessie. Pour faire bonne mesure, il se mit à crier aussi, jusqu'à ce que la fatigue l'emporte et qu'il s'endorme, épuisé.