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 Parle-moi, mon garçon...

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Maître du Hasard

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Maître du Hasard


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MessageSujet: Parle-moi, mon garçon...   Parle-moi, mon garçon... EmptyJeu 18 Déc 2014 - 23:04

[PNJ Yann McKellen, pédopsychiatre - Ecrit avec Alec]

Yann était assis à son bureau, consultant deux dossiers en parallèle. Alec et Jane Volturi… Pauvres gamins. Il avait toujours détesté les montres, vampires comme loups-garous, et cette histoire n’avait rien changé. A présent, cette « famille », si on peut la dénommer comme telle, avait traumatisé ces pauvres enfants et il devait les récupérer, les ramasser, tout « réparer ». Des familles comme celle-ci, il en existait plein. Trop. Et avec ça, ils avaient perdu bien trop de temps avec les enfants… Comment les récupérer et les pousser à parler ?

Passant une main dans ses cheveux blancs et épais, les traits de son visage ridés par le temps, il poussa un énorme soupir montrant son exaspération. Dès qu’il avait eu vent de ces informations horribles, il avait pris contact et imposé un rendez-vous avec les deux enfants qu’il imaginait traumatisés, fragiles, dans… dix minutes à présent. Il jeta un œil à sa montre. Dix minutes, oui. Il avait longuement hésité entre les voir tous les deux et les voir l’un après l’autre mais avait finalement opté pour cette dernière solution. S’ils restaient ensemble, ils seraient silencieux, ne diraient pas un mot et cela ne les aiderait pas. Ils avaient sûrement fait des cauchemars toute la nuit, voyant encore cet homme tuer les journalistes devant leurs yeux… Pauvres gamins.

* TOC TOC TOC*

- Entrez, dit-il en fixant la porte.

Une femme d’une certaine taille, haute, affublée d’une blouse blanche entra en lui annonçant que deux enfants l’attendaient dans la salle d’attente. Ils étaient à l’hôpital de Forks et Yann disposait de son propre cabinet, ce qui était bien plus pratique quoi qu’un peu plus intimidant, il l’admettait. Bon, lequel des deux ? Le garçon, la fille ? Alec avait l’air plus renfermé sur lui-même et il avait déjà été admis dans un hôpital récemment, d’après son dossier. En plus, d’après ce qu’il avait pu entr’apercevoir, il cherchait à protéger sa sœur… Oui. Adjugé, ce sera lui. Lui d’abord, ensuite Jane, et peut-être les deux, ensemble, pour terminer. A voir selon les discussions.

- Faites entrer le garçon, Alec, et donnez une occupation à sa sœur pour qu’elle ne s’ennuie pas et qu’elle reste calme, annonça-t-il. Non, attendez ! Faites-la jouer avec les autres enfants, il ne faut pas qu’elle reste seule.

La jeune femme hocha la tête et sortit, laissant la porte entr’ouverte le temps d’aller chercher le garçon. Yann se leva alors et sortit du jus d’orange et un verre d’une armoire, le remplissant pour le déposer sur la petite table située juste à côté du fauteuil dans lequel s’assiérait Alec. Voilà, comme ça, c’était parfait. Il revint s’installer à sa place lorsqu’il entendit le garçon arriver… et resta interdit un bref instant. Ces blessures ! Il avait été frappé, le psychologue pouvait apercevoir des marques de coups çà et là. Le pauvre… De quand dataient-elles ? Était-ce donc cela, son quotidien, depuis qu’il avait été pris par cette « famille » ? Odieux ! D’un geste de la main, contrôlant sa colère, il invita le jeune garçon à s’asseoir en lui désignant le fauteuil sans cesser de le couver d’un regard triste. Pauvre garçon… Monstres !

- Bienvenue, mon garçon. Assis-toi donc. Je suis le docteur McKellen, pédopsychiatre. On m'a chargé de te voir pour t'aider à reprendre une vie normale et saine. Je sais que ça a dû être très dur, être emprisonné par ces monstres... Mais rassure-toi, tu vas vite aller mieux !

Et cela, il le lui promettait. Yann ne lâchait jamais ses patients, surtout des enfants battus comme l’avait visiblement été Alec. Il voulait l’aider, le voir sourire, le libérer définitivement de ces monstres qui l’avaient torturé. Le psychiatre détailla un moment son jeune patient avant de jeter un bref coup d’œil à son dossier. Il se souvint d’un détail en relisant une note inscrite le matin-même : « Tuteur d’adoption : Carlisle Cullen ». La famille Cullen… Rien à voir avec ces monstres. Au moins une vraie famille ! Le docteur Cullen était connu pour être un homme admirable, qui avait recueilli des enfants et qui débordait d’amour. Il l’aimait beaucoup. Levant les yeux du dossier avec un regard bienveillant, Yann fit un grand sourire à Alec.

- Tu peux te détendre, nous sommes là pour parler, rien de plus. Et c'est essentiel pour que tu ailles mieux. J'imagine que la vie doit être très différente dans ta famille d'accueil...

Yann montra le verre posé à côté du jeune garçon d’un geste de la main, lui indiquant qu’il pouvait boire s’il le voulait. Pas d’obligation, bien sûr, mais il voulait qu’il soit à l’aise et qu’il ne garde pas à l’esprit qu’il se trouvait dans un hôpital pour parler et rien d’autre. Il redevint ensuite sérieux sans quitter son air rassurant, ne voulant pas effrayer Alec mais il fallait avancer, qu’il dise au moins quelque chose, qu’il se vide du poids qu’il devait ressentir.

- Dis-moi, ce monstre horrible de l'autre jour.... T'avait-il déjà frappé avant ? J'ai vu que tu avais été hospitalisé, était-ce à cause de lui ? As-tu été frappé là-bas ?

- Non, ça va très bien, répondit-il aussitôt en baissant la tête.

Yann secoua la tête tristement. D’accord, donc oui, ce monstre l’avait déjà frappé. Peut-être même était-ce à cause de lui que ce jeune garçon avait été hospitalisé. Combien d’os cassés avait-il eu, au juste ? Combien d’hospitalisations avaient été dissimulées pour cause de coups importants ? Un vampire, en plus… Des os cassés, brisés, ce pauvre garçon avait dû en avoir un bon nombre. Le mensonge, le déni… Tous les signes concordaient. Alec ne voulait pas parler parce qu’il avait peur, peur des représailles, peur de se faire frapper. Mais il pouvait avoir confiance ! Yann ne travaillait pas pour ces monstres et voulait simplement l’aider, le protéger, et non pas l’enfoncer ou le rouer de coups à son tour.

- Tu peux le dire, je ne vais pas te juger... Personne ne va te juger pour ce qu'ont fait ces monstres ! Pourquoi te frappaient-ils ? Essaies-tu de protéger ta sœur ? As-tu cherché à t'enfuir ?

- Mais ça ne vous regarde pas !, cria-t-il. Ça ne concerne que Jane et moi, personne d'autre, vous ne pouvez pas comprendre ce qui c'est passé là-bas ! Et qu'est-ce que ça peut bien vous faire, de toute façon ? On n’a rien demandé à personne !

Alec avait levé la tête avant de parler et était devenu très pâle. Point sensible, donc. Ce garçon était très perturbé, tout son discours en témoignait : il niait avoir besoin d’aide, le renvoyait balader en disant que c’était un sujet qui les concernaient sa sœur et lui. Première phase du refus d’aide. Et ensuite, il disait que personne ne peut les aider, qu’ils étaient seuls en somme, et qu’ils n’avaient donc rien demandé à personne… Mais justement ! C’était pour cela que Yann voulait l’aider, pour lui montrer qu’il voulait l’aider, qu’ils n’étaient pas seuls.

Des adolescents de quatorze ans ne pouvaient pas se débrouiller seuls après avoir été séquestrés de la sorte des années durant… Yann resta silencieux un moment, les mains jointes au-dessus de son bureau, contemplant l’enfant qui se trouvait devant lui après avoir observé ses mains comme s’il y avait cherché une réponse.

- Je ne suis pas ton ennemi, Alec, et tout garder en toi ne vas pas t'aider. Tu es un enfant... Dans ton dossier, il y a noté que tes parents sont morts en Angleterre, dit-il en montrant ledit dossier. On sait aujourd'hui que ce sont ces monstres qui les ont tués. Ne garde pas la peine en toi, tu dois t'en délivrer.

Alec se mordit les lèvres et détourna la tête en crispant ses mains sur le siège. Oui, c’était difficile. Yann le savait, il s’y était attendu avec de tels enfants, mais il fallait passer par là pour aller mieux. Il compatissait vraiment, sincèrement, mais voulait l’aider à passer cette étape difficile, l’accompagner, le lancer dans cette démarche pour qu’il ne soit plus seul.

- C'est un peu tard pour ça, on a appris à vivre avec, vous ne pouvez rien y changer.

Mais si… Peut-être ne pouvaient-ils pas changer le passé, mais il pouvait anticiper l’avenir et les aider, l’aider à avancer sans avoir peur et sans souffrir. Alec prit une inspiration et regarda Yann, sa voix se faisant plus tremblante. Il était désolé, mais il fallait passer par là.

- Je n'ai pas besoin d'un psy, ça va aller, et je suis avec ma sœur.

Yann secoua à nouveau la tête, poussant un soupir. Il avait commencé, pourtant… Il pouvait craquer, se lâcher, rien ne sortirait de ce bureau, secret professionnel. Si Alec ne le croyait pas, il devrait apprendre à lui faire confiance, à se confier. Et pas qu’avec sa sœur. Etre surpris par des liens apparemment assez forts ? Non. Après tout, avec ce qu’ils avaient connu, c’était normal. Les pauvres enfants ne pouvaient s’appuyer que l’un sur l’autre pour continuer à vivre et se supporter, se soutenir. C’était compréhensible… Mais Jane, elle aussi, aurait sûrement besoin de parler. Et, dans ce cas, ils ne pourraient peut-être plus compter l’un sur l’autre comme ici…

- Je pense au contraire que tu un besoin urgent d'aide. Tu n'es plus scolarisé, n'est-ce pas ? Et pourtant, au vu des tests, tu as quand même un très bon niveau... On t'a donné des cours ?

- Ils nous ont éduqués... Et je ne vois pas quelle "aide" vous pourriez apporter..., dit-il d’une voix morne.

Ah, on avance ! Yann fit un mince sourire à Alec, se redressant sur son fauteuil pour s’appuyer sur son bureau. Quelle aide ? Il y avait plein de possibilités ! Tellement, même une aide infime pourrait les aider. Mais ils ne pouvaient plus rester seuls, plus maintenant, c’était fini, les monstres ne viendraient plus leur faire de mal. Pas tant que lui s’occuperait d’eux.

- Et bien, je te sens très perturbé. Pour moi, il te serait salutaire de passer une partie de la journée ici, dans la section des soins de jour pour enfants, le matin et le soir chez les Cullen. Mais l'hôpital peut t'accueillir. Qu'en dis-tu ? Tu serais suivi par un pédiatre.

La réaction d’Alec fut immédiate mais ne découragea pas le psychiatre. Le garçon devint très pâle, restant muet, puis refusa d’un signe de tête en pleurant. Mais pourquoi ce refus ? Puisqu’il lui disait que tout serait gardé secret, que cette aide leur serait bénéfique, aussi bien à lui qu’à sa sœur et qu’il irait chez les Cullen le soir ? Il n’était même pas question de les séparer, jamais il ne le ferait.

- J'ai... peur des hôpitaux... Et je ne veux pas être séparé de ma sœur !

- Ce ne serait que de 10 heures le matin à 18 heures le soir, Alec, c'est peu. Et ta sœur viendra te voir. Quand tu iras mieux, tu reprendras des cours, toi aussi. Mais tu as besoin d'aide, mon petit... Si tu ne te soignes pas, tu iras encore plus mal en étant adulte ! Tu as bien des choses à oublier... Ces marques de morsure sur ton cou... Et on m'a que ta sœur en avait beaucoup.

Yann savait que ce sujet était sensible et qu’ils préféraient éviter de l’aborder, peut-être n’en parlaient-ils jamais entre eux, peut-être évitaient-ils tout simplement ce qui faisait mal pour tenir le coup dans cette famille de monstres. Les morsures, sur le cou, montraient que les vampires les utilisaient, en plus de les maltraiter et de les séquestrer… Du sang jeune, que demander de mieux ? Leur famille tuée, les Volturi n’avaient rien à craindre. Ils les avaient éduqués pour leur faire croire qu’ils les aidaient, les protégeaient, qu’ils n’avaient rien à regretter au-dehors. Manipulation extrême et subtile, avec des enfants. Ils n’avaient rien dû voir venir… Et maintenant, voilà l’état dans lequel ils étaient. Alec s’était mis à pleurer, à nouveau, et lâcha :

- Moi je n’en ai pas beaucoup…

Non… Mais il avait les coups. Et les morsures étaient tout de même présentes, leur nombre ne signifiait pas grand-chose ici, le simple fait de mordre était une violence en soi et Yann ne pouvait comprendre un tel acte de barbarie. Ces enfants étaient traumatisés, à bout, et Alec refusait délibérément de le voir. Il avait besoin d’aide, et c’était urgent. Il pleurait ! Il pleurait dès le premier rendez-vous, avec quelques questions. Certes, Yann était connu pour être bourru, mais ce n’était pas pour cela qu’il faisait pleurer tous les enfants du service. Le fait qu’Alec craque si facilement prouvait qu’il était à bout. Le psychiatre se leva, contourna son bureau pour s’asseoir sur le siège voisin et tapota l’épaule du garçon avec un air désolé, compatissant, dans le but de l’aider à se calmer.

- Calme-toi, ils ne vous toucheront plus jamais, je te le promets. Tu es en sécurité, ici.

Il fit une pause, regardant le garçon et lui tendant un paquet de mouchoirs. D’après ce qu’il voyait, il allait en avoir besoin vu tout ce qu’il gardait en lui. Ressasser durant tant d’années n’était jamais bon, ils en avaient la preuve sous leurs yeux et il fallait crever l’abcès pour que tout sorte une fois pour toute.

- Il vaut mieux que tu sois hospitalisé, autant pour le mental que pour surveiller le physique, dit-il en se relevant pour revenir à sa place. Qui sait ce que va produire ces morsures sur vous à long terme... Vous allez rester ici ce soir pour les examens, vous rentrerez chez vous demain après-midi. En attendant, continuons un peu de parler. Rien ne sortira de ce bureau, tu peux avoir confiance.

Yann lui sourit en le regardant un moment sans rien dire, souhaitant lui laisser le temps de se calmer un peu et de reprendre ses esprits. Le brusquer, maintenant qu’il avait craqué une première fois, n’était pas dans ses habitudes. Ils avaient déjà avancé, le pédopsychiatre n’allait pas s’arrêter en si bon chemin mais faire pleurer les enfants n’était pas une passion non plus. Surtout qu’Alec et Jane avaient déjà souffert… Et plus qu’assez.

- Comment était la vie là-bas, au quotidien ? Après tes premiers tests, les médecins ont vu que tu avais de sacrés réflexes, pour ton âge... Comme un vieux soldat.

Cette information l’avait d’ailleurs quelque peu surpris. Comment Alec pouvait-il avoir de tels réflexes alors qu’il était resté enfermé ? Ces montres l’avaient-ils forcé à suivre un entraînement particulier durant cette longue captivité ? Si oui, était-ce la même chose pour sa sœur ? Avoir de tels réflexes, suivre de tels cours, être éduqués… Yann ne comprenait pas ce qu’avaient recherché Aro et sa femme, toute sa famille. Quel avait été son but ? Pourquoi kidnapper des enfants, tuer leurs parents, boire leur sang, et pourtant s’acharner à les éduquer et les former, les entraîner ? Cela le dépassait totalement.

- Et pourquoi vous ont-ils éduqués, après vous avoir enlevés ? Est-ce Aro Volturi qui vous a donné des cours ? Et que ressens-tu par rapport à lui ?
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MessageSujet: Re: Parle-moi, mon garçon...   Parle-moi, mon garçon... EmptyVen 19 Déc 2014 - 20:46

– C'est une blague ?! s'écria Alec, face à Carlisle qui avait pourtant essayé d'annoncer la nouvelle avec le plus de tact possible. Et en plus, tu as dit oui !

Carlisle – On n'avait pas le choix, il faut rester crédible, surtout après ce qui s'est passé ! Et puis, ce n'est qu'un moment. Je vais vous emmener après le déjeuner, en allant travailler. Ça va bien se passer, détends-toi un peu. Je connais le docteur McKellen, c'est quelqu'un de bien, il aime les enfants. Il va juste vous parler. Pour vous aider... Qui sait, ça te fera du bien, vous aider à vous conduire comme des humains.

– Pour quoi faire ? On ne va même pas rester humain ! Ce n'est qu'une mascarade de plus qui ne va rien apporter.

Carlisle – Peut-être, mais vous devez y aller. Au moins pour ne plus vous faire soupçonner. Caïus a... éloigné les doutes, même s'il aurait pu s'y prendre autrement, mais il reste encore à faire.

– Sans blague, grogna le jeune garçon en frottant l'hématome qu'il avait à la tempe. Tous les tests médicaux qu'ils nous ont fait subir avant-hier, ce n'est pas suffisant ?

Carlisle – Tout va bien se passer, Alec... Qu'as-tu contre les hôpitaux ?

– Rien du tout, coupa-t-il en sortant de la cuisine, sans se soucier de Bella, Edward et Esmée qui avaient visiblement écouté aux portes.

Un peu plus tard, il grimpa dans la voiture de Carlisle avec sa jumelle. Le calvaire commençait. Il ne dit rien durant tout le trajet jusqu'à Forks, juste exaspéré de devoir en arriver là. A l'hôpital, Carlisle les conduit jusqu'à la salle d'attente de son très cher collègue, puis les abandonna aux mains de sa secrétaire. Formidable... Il était entré dans cet hôpital depuis dix minutes et en était déjà malade. Il prit de longues inspirations avant de devoir quitter sa sœur et suivre la secrétaire. Le fameux docteur l'attendait dans le bureau, avec un verre de jus d'orange. Trop aimable. Alec s'assit avec prudence, déjà très mal à l'aise. Il n'avait jamais parlé à un psychiatre de sa vie, et Enrick ne comptait pas, puisqu'il n'avait jamais joué à ça avec eux. Il se renfonça dans le siège, cherchant par pur instinct tous les moyens de sortir d'ici et mettre à terre son adversaire.

Docteur – Bienvenue, mon garçon. Assis-toi donc. Je suis le docteur McKellen, pédopsychiatre. On m'a chargé de te voir pour t'aider à reprendre une vie normale et saine. Je sais que ça a dû être très dur, être emprisonné par ces monstres... Mais rassure-toi, tu vas vite aller mieux !

Aller mieux ? Sûr, il allait avoir droit à un traitement radical qui l'enlèvera des petits tracas de l'humanité, dans quelques mois. Il garda le regard fixe devant lui, encore furieux après Caïus. Oui, c'était crédible, et tout ce qu'on veut, mais maintenant, il devait jouer la comédie du pauvre enfant traumatisé, enlevé à sa famille et séquestré des années par un clan de vampires. Quoi que... En y pensant, ce n'était pas très loin de la vérité. Le médecin ignorait juste qu'ils avaient été vampires eux-même, qu'ils n'étaient pas nés quand il le croyait, que leurs parents étaient déjà morts depuis des siècles. Il ne répondit pas au sourire que lui fit le docteur, un nœud très douloureux se formant dans son ventre. Il voulait quitter cet endroit au plus vite. Les premiers symptômes de cette peur irrationnelles apparaissaient déjà.

Docteur – Tu peux te détendre, nous sommes là pour parler, rien de plus. Et c'est essentiel pour que tu ailles mieux. J'imagine que la vie doit être très différente dans ta famille d'accueil...

Il avait les mains moites, et sa gorge, au contraire, s'asséchait. Il écoutait à peine ce qui disait le psy, trop obnubilé par l'idée d'être dans un hôpital, face à un médecin. Il avait beau savoir que c'était complètement ridicule, il n'arrivait pas à s'en empêcher, c'était ancré au fond de lui, et impossible de surmonter cela. Il se mordit les lèvres pour tenter de juguler la panique qui grimpait en flèche. Cette séance était-elle vraiment obligée ?! Il allait très bien dans sa "famille d'accueil", merci bien, inutile de s'en inquiéter. Il n'aimait pas l'air du psy, dont le regard revenait un peu trop souvent à son goût sur les traces de coup qu'il portait encore. Il avait connu la pire, pas la peine de s'en faire pour si peu. Caïus ne pouvait plus se permettre de les frapper aussi fort qu'auparavant.

Docteur – Dis-moi, ce monstre horrible de l'autre jour.... T'avait-il déjà frappé avant ? J'ai vu que tu avais été hospitalisé, était-ce à cause de lui ? As-tu été frappé là-bas ?

– Non, ça va très bien.

Il baissa la tête, pour dissimuler son expression. Ils avaient été bien plus que frappés, et pas seulement par Caïus. Cette conversation démarrait très mal, il n'avait pas envie de parler des mauvais moments, de leur période plus rebelle, de ce qu'ils avaient subit avant d'en arriver là. Et puis, que pouvait comprendre ce type, de tout ça ? Il ignorait absolument tout ! Et Alec n'avait pas besoin d'aide, merci bien, il pouvait s'en sortir tout seul. Il n'avait jamais vu de psy, même si Aro lui avait clairement dit un jour qu'il aurait voulu leur en faire rencontrer un. Il se redressa un tantinet, priant pour que tout ce bordel se termine le plus vite possible. Il se sentait un peu nauséeux, comme s'il tombait malade. Si seulement il pouvait filer tout de suite et retrouver Jane ! Il en avait sa claque, et ne voulait plus parler de tout cela, surtout avec un humain qui ne pouvait pas saisir la moitié des enjeux.

Docteur – Tu peux le dire, je ne vais pas te juger... Personne ne va te juger pour ce qu'ont fait ces monstres ! Pourquoi te frappaient-ils ? Essaies-tu de protéger ta sœur ? As-tu cherché à t'enfuir ?

Mais ça ne le regardait pas ! Ni lui ni personne ! Et m*e, il n'avait pas envie de discuter de tout cela avec un humain ! Ce type ignorait quels souvenirs il faisait remonter à la surface, ce qui s'état véritablement passé, et Alec voudrait qu'il s'abstienne de parler comme s'il pouvait tout comprendre ! Personne n'allait le juger, peut-être, qui pourrait juger, sans rien savoir de la vie qu'ils avaient mené, de ce qui se passait au sein du clan ?

– Mais ça ne vous regarde pas !, cria-t-il. Ça ne concerne que Jane et moi, personne d'autre, vous ne pouvez pas comprendre ce qui c'est passé là-bas ! Et qu'est-ce que ça peut bien vous faire, de toute façon ? On n’a rien demandé à personne !

Jamais ils n'auraient eu l'idée de vouloir parler à un humain ! A quoi bon ? A quoi bon essayer de se confier alors qu'ils ne pouvaient rien dire sur leur passé, ni quoi que ce soit ? Ce n'était qu'un mensonge, une façade, un vulgaire artifice destiné uniquement à détourner les soupçons et à les protéger, rien de plus. Ce rendez-vous était une farce en lui-même. Il n'avait aucun goût, aucune saveur réelle, n'était là que pour un jeu de plus. A quoi bon se fatiguer à ça ? Ce type pourra bien dire tout ce qu'il voudra, il ne pourra pas changer le passé, et encore moins leur avenir. L'humanité pensait pouvoir tout guérir avec de l'écoute et du temps. Mais les jumeaux ne pouvaient penser ainsi, ils ne pouvaient pas réfléchir en tant qu'humains, car même cette humanité était artificielle. Un an s'était déjà écoulé. Plus les mois passaient, et plus l'heure de leur nouvelle transformation approchait.

Docteur – Je ne suis pas ton ennemi, Alec, et tout garder en toi ne vas pas t'aider. Tu es un enfant... Dans ton dossier, il y a noté que tes parents sont morts en Angleterre, dit-il en montrant ledit dossier. On sait aujourd'hui que ce sont ces monstres qui les ont tués. Ne garde pas la peine en toi, tu dois t'en délivrer.

Les mains d'Alec se crispèrent sur le fauteuil, et il détourna la tête. Trop tard, et de loin. Les années leur avaient appris à accepter le chagrin, et à le reléguer dans un coin de leur esprit. Il répondit que c'était trop tard, qu'ils avaient appris à vivre avec, et que personne ne pouvait rien y changer, à présent. Sa voix se brisa légèrement, à la fin. Cette époque était de retour, par une bouleversante fracture du temps. L'Inquisition était de retour, avec ses procès effectués à la hâte et ses exécutions. Il ne savait pas si c'était la peur ou la haine qui prédominait, actuellement. Peut-être un mélange des deux, qui lui donnait autant envie de se battre et se venger que de se terrer dans un coin en priant pour que personne ne les voit, ni lui ni sa sœur, comme un enfant effrayé. Mais Jane était là Elle était avec lui, ils étaient plus vieux, tout se passera bien.

– Je n'ai pas besoin d'un psy, ça va aller, et je suis avec ma sœur.

Le docteur soupira, alors qu'il secouait la tête. Et bah ? C'était vrai ! Pas la peine de se fatiguer à rencontrer un psychiatre.

Docteur – Je pense au contraire que tu un besoin urgent d'aide. Tu n'es plus scolarisé, n'est-ce pas ? Et pourtant, au vu des tests, tu as quand même un très bon niveau... On t'a donné des cours ?

Alec répondit d'un ton morne. Éduqués, ça oui. On allait leur reprocher ça aussi ? D'avoir eu une certaine éducation ? Aro et ses frères avaient beaucoup de défauts, oui, mais on ne pouvait pas leur reprocher de manquer de sensibilité vis-à-vis des arts. Caïus était passionné par la musique classique, il en écoutait sans cesse, et il restait à l'affût des nouveaux compositeurs. Aro aimait la peinture et d'autres arts. Marcus vénérait la beauté, les dessins. De côté-là, oui, ils avaient appris plus que ce qu'il fallait. La littérature, la peinture, le dessin, la musique, tout y avait passé.

Docteur – Et bien, je te sens très perturbé. Pour moi, il te serait salutaire de passer une partie de la journée ici, dans la section des soins de jour pour enfants, le matin et le soir chez les Cullen. Mais l'hôpital peut t'accueillir. Qu'en dis-tu ? Tu serais suivi par un pédiatre.

Mais il n'était PAS perturbé ! Et puis, non, non, NON, pas question de rester ici, ça non, jamais, hors de question ! Il secoua aussitôt la tête en blêmissant de façon vertigineuse, des larmes coulant bien malgré lui. Ça non, jamais ! Et puis quoi, ensuite ? Pourquoi pas partir en cure, tant qu'on y était ? Il était déjà malade d'être assis dans ce bureau, alors rester plusieurs heures, non, il en ferait un malaise ou une syncope. Ou une crise de panique. Il avoua qu'il avait peu des hôpitaux, et rajouta qu'il ne voulait pas être séparé de Jane. Être enfermé ici, ce serait... Mais non, il ne pouvait pas. Il voudrait absolument tout faire à la place, même appeler Aro papa, mais ne pas rester ici.

Docteur – Ce ne serait que de 10 heures le matin à 18 heures le soir, Alec, c'est peu. Et ta sœur viendra te voir. Quand tu iras mieux, tu reprendras des cours, toi aussi. Mais tu as besoin d'aide, mon petit... Si tu ne te soignes pas, tu iras encore plus mal en étant adulte ! Tu as bien des choses à oublier... Ces marques de morsure sur ton cou... Et on m'a que ta sœur en avait beaucoup.

Mais lui il n'en avait pas beaucoup ! Et c'est ce qu'il répondit au docteur, les larme coulant de nouveau alors qu'il repensait à ce qu'on avait subir à sa sœur. A ses cris. A ce qu'elle avait enduré. Il serra les dents, retenant un hoquet. Jane. Jane... Il n'avait même pas pu la protéger, à cette époque. Mais il s'était juré que ça n'arrivera plus jamais. Il prendra toujours soin d'elle, il fera tout pour qu'elle soit le plus heureuse possible, c'était juré. Il sursauta légèrement quand le docteur lui tapota l'épaule et lui donna un paquet de mouchoirs.

Docteur – Calme-toi, ils ne vous toucheront plus jamais, je te le promets. Tu es en sécurité, ici.

Il retourna s'asseoir à sa place, alors qu'Alec tentait de reprendre son calme. Il n'osait plus bouger, ni regarder autour de lui. Il avait peur de voir arriver des médecins, des brancards... Et c'était bien pour cela qu'il luttait de toutes ses forces pour ne pas s'évanouir, ni être malade. Il se focalisait sur le doux visage de sa jumelle, l'autre moitié de son âme. Il mourait d'envie de se blottir dans ses bras et de ne plus en bouger. Il voulait être avec elle, dans ses bras, les yeux fermés, accroché à elle. Elle était son repère le plus solide, la seule personne qu'il aimait véritablement dans ce monde.

Docteur – Il vaut mieux que tu sois hospitalisé, autant pour le mental que pour surveiller le physique. Qui sait ce que va produire ces morsures sur vous à long terme... Vous allez rester ici ce soir pour les examens, vous rentrerez chez vous demain après-midi. En attendant, continuons un peu de parler. Rien ne sortira de ce bureau, tu peux avoir confiance.

Ne pas s'évanouir, ne pas s'évanouir, ne pas s'évanouir, ne pas s'évanouir, ne pas s'évanouir, ne pas s'évanouir, ne pas s'évanouir. Ou plutôt, si, bonne idée, s'évanouir et ne plus écouter ce docteur ni voir quoi que ce soit dans cet hôpital. Le nœud dans son ventre se noua encore plus serré, lui donnant envie de vomir. Il tenta de se concentrer sur autre chose, sur la conversation, ou n'importe quoi, pourvu qu'il oubli qu'on voulait le garder à l'hôpital.

Docteur – Comment était la vie là-bas, au quotidien ? Après tes premiers tests, les médecins ont vu que tu avais de sacrés réflexes, pour ton âge... Comme un vieux soldat.

Normal... Alec garda le silence, jouant avec ses mains et ses doigts pour passer ses nerfs. Non mais tout allait bien, pas de problème, il était en pleine forme...

Docteur – Et pourquoi vous ont-ils éduqués, après vous avoir enlevés ? Est-ce Aro Volturi qui vous a donné des cours ? Et que ressens-tu par rapport à lui ?

Alec croisa le regard du médecin, hésitant entre la méfiance ou être blasé. Pourquoi lui demander ça ? Quel besoin de le savoir ? Il voulait déjà le faire interner, en plus... Tout ça parce qu'il "avait besoin d'aide". Une aide qu'on ne pouvait lui fournir, mais soit, chacun ses illusions, n'est-ce pas ? Il resta silencieux une minute, essuyant ses yeux. Que dire sur ça... Pour en terminer au plus vite... Pour sortir de ce bureau, retrouver sa sœur et se blottir contre elle.

– Au quotidien, on... on s'occupait, comme on pouvait.

Docteur – Ça ne répond pas à ma question. Que faisiez-vous ?

Il grimaça. Il voulait se tirer de là, pas faire des prolongations ! Mais ce devait être un peu trop dur à comprendre, visiblement. Il baissa à nouveau la tête, mordillant ses lèvres, puis soupira. Autant essayer de répondre pour qu'il laisse partir, il n'avait rien à perdre. Se redressant, il croisa le regard du docteur, faisant tout pour conserver son calme, et ne pas se trahir bêtement. Il voudrait se laisser glisser, comme s'l appliquait son propre don sur lui, mais Jane allait s'inquiéter si elle le voyait couché sur un brancard. Il refusait de lui faire peur, ou même de l'inquiéter juste un petit peu.

– On passait beaucoup de temps sous leur nez. Et.. On lisait, on étudiait... On s'entr... On... On voyait des choses et d'autres.

Il se tut en le voyant prendre des notes. Se renfrognant, il croisa les bras.

Docteur – Des choses et d'autres ? Comme ?

– On a appris à parler Italien, marmonna-t-il. Et l'histoire de l'art. A nous défendre. Quand à Aro, je... Il est...

Il ne pouvait pas balancer comme ce qu'il pensait vraiment de lui ! Il ne dit donc plus rien, essayant de disparaître dans son fauteuil, durant un bon moment. C'est bon, il y avait certains sujets qu'il ne pouvait pas aborder, pas comme ça, pas si simplement. Il y avait un tel passé avec Aro qu'il ne pouvait pas en parler comme ça. Le docteur lui jeta un regard appuyé, stylo en main.

Docteur – Il est... ? Continue, il ne l'entendra jamais, je te le promets.

– Il nous a toujours protégé des autres, avoua-t-il dans un murmure. Depuis le début, j'ai fini par en prendre conscience. J'ai encore un peu de mal à l'accepter, mais c'est la vérité.

Le chef des Volturi savait déjà tout cela, de toute manière. Il n'ignorait rien, aucune pensée ne pouvait lui échapper. On ne pouvait pas lui cacher quoi que ce se soit. Combien de fois Alec avait-il maudit son don ? Il serait incapable de le dire aujourd'hui, mais sûrement plusieurs centaines de fois. Lui et beaucoup d'autres, d'ailleurs. Le docteur eut un temps d'arrêt, semblant ébahi.

Docteur – Vous protéger ? Sais-tu pourquoi ?

– Je ne suis pas dans sa tête, marmonna Alec en frottant machinalement les cicatrices qu'il avait au cou. Vous le savez, vous ?

Docteur – Eh bien... S'il n'avait pas été un vampire, j'aurais dit que vous comptez pour lui. Mais ici, il doit avoir voulu prendre la place de vos parents pour vous manipuler.

– Je doute que ce soit aussi simple... On est des enfants, sans valeurs pour un vampire. Et vu son âge, je ne crois que vous puissiez deviner ses intentions.

Il ramena ses bras contre lui, fermant les yeux, pâlissant. Non, là, stop, c'est bon, il n'en pouvait plus.

– Ce qu'on fait ici ne sert à rien...
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