Echanges et retour au pays

Eléazar fixait Aro, la main serrée sur celle de Carmen, attendant patiemment. Il avait une étrange impression de déjà-vue, comme lorsqu'il était venu les chercher la première fois. Mais il s'agissait d'une décision mûrement réfléchie, dont il avait beaucoup discuté avec Carmen. Mais pas avec sa famille... D'ailleurs, il se demandait s'il avait vraiment fait parti un jour du clan Denali. Il portait un passé assez lourd, et peut-être Aro avait-il eu raison, à l'époque, de lui dire juste avant son départ qu'il était bien plus dur de quitter le clan que d'y revenir. Cependant, Eléazar était encore un peu hésitant. On pouvait dire ce qu'on voulait, Aro restait particulièrement calculateur, et il se méfiait des coups qu'il pouvait préparer. Plus de 3500 ans à travailler sa ruse et ses coups bas, ça devait pas mal aider.

Le marché qu'il venait de proposer au chef du clan était simple. Un marché fait pour combler la terrible culpabilité qui lui tenaillait le corps. Un marché pour réparer ses erreurs vis-à-vis des jumeaux. Un marché qui allait sceller son destin, le rendant à ce qui avait été sa vie des années durant. Et, à la limite, il en serait presque soulagé. Jamais il n'avait été entièrement à sa place à Denali, et parmi leurs cousins. Il venait d'un monde très différent. Seul Carlisle comprenait ce qu'il ressentait, puisqu'il avait lui-même connu la vie Italienne avec les Volturi. Retour au pays, comme on disait. Retour aux sources. Mais Aro n'avait rien à y perdre ! Et c'est qu'il fit remarquer :

- Selon tes conditions, et les miennes, ils te resteront fidèles tous les deux et pourront te servir en cas de besoin. Mais ils vivront ailleurs, et nous ici. C'est un marché gagnant pour toi, non ?

Il savait très bien qu'il était en train de jouer son existence et celle de Carmen. Il savait aussi, hélas, que les jumeaux n'avaient que très peu de chances de trouver une famille, voir même pas du tout. Mais c'était un risque à courir. Il attendit qu'Aro rende sa décision, patient.

Aro s'assit, ou plutôt s'appuya, sur le bord de son bureau. C'était incroyable ça ! Même en lisant tout ce qui passait dans la tête d'Eléazar, il n'arrivait toujours pas à suivre son raisonnement... Était-il possible qu'il culpabilise à ce point , Bon, c'était vrai, le chef des Volturi avait toujours espéré son retour parmi la garde, mais pas de cette façon, il devait bien l'avouer. pas en échangeant sa vie contre celle des jumeaux. Et avec Carmen, en plus ! Il avait un peu de mal à croire ce que les deux gamins pouvaient déclencher comme réaction sans même le vouloir, autour d'eux. C'était presque un don à part entière...

Mais passons, il s'agissait du sort du couple Espagnol qui était discuté ici. Même s'il n'avait absolument rien à y perdre, Aro se perdait en conjectures, réfléchissant à toute vitesse. Il était un peu pris de court, ne s'attendant pas du tout à une telle réaction de la part d'Eléazar après les récents évènements. Enfin, ça ne devrait pas l'étonner après tout, Eléazar avait toujours eu des réactions étranges. Le regard d'Aro tomba sur Carmen. Petite fluette, brune au teint de porcelaine. Rien de particulier si ce n'est qu'elle était celle qui avait fait quitter la garde à son aimé des années plus tôt. A supposer qu'il les reprenne, qu'allait-il faire de Carmen ? Ce n'était pas une combattante, quoi que ce détail pourrait s'arranger, et elle n'avait pas non plus de don ou de talent bien précis.

Eléazar - Selon tes conditions, et les miennes, ils te resteront fidèles tous les deux et pourront te servir en cas de besoin. Mais ils vivront ailleurs, et nous ici. C'est un marché gagnant pour toi, non ?

Oui... Il réfléchit à nouveau, analysant la situation. Le marché n'était pas mal, en effet, et il savait qu'Eléazar n'était pas du genre à revenir sur sa parole. Quand aux jumeaux... Une famille ne se trouvait pas si facilement. Et il n'y avait que deux endroits dans le monde où ils seraient susceptibles de trouver des gens assez sûrs d'eux pour accepter de les prendre. Forks et Denali. Il aurait plutôt tendance à pencher pour Forks, sachant parfaitement la haine plus ou moins intense que ressentait la chef des Denali, Tanya, vis-à-vis des Volturi.

Et en supposant qu'ils aillent à Forks, il pouvait aussi en tirer plusieurs avantages... Hum, idée à creuser. Il eut un mince sourire et dévisagea Eléazar et Carmen. Pour cette dernière, il trouverait bien quelque chose pour l'empêcher de dépérir d'ennui.

- Bienvenue à Volterra, dit-il avec un plus large sourire.