Embuscade au détour du chemin

Comment était-ce possible ? Cette région pullulait littéralement d'enfants de la lune, ces monstres assoiffés de sang, qui se transformaient à chaque pleine lune et massacraient aveuglement tous ceux qui se trouvaient sur leur passage. Les légendes sur les loups garous avaient même plutôt tendances à enjoliver la chose, à amoindrir ce qu'ils étaient en réalité. Il n'y avait que dans le livre Harry Potter que la bête était décrite à peu près correctement.

Le groupe d'Orlin chassait ces bêtes sans relâche depuis des jours. Celui-ci s'arrangeait pour ne pas faire trop de vague. Pas question de reproduire les mêmes erreurs que lors de la première guerre. Il était particulièrement vigilant avec Charles-Edward. Il épiait ces moindres faits et gestes et il s'arrangeait pour qu'il reste en vie. Il l'assistait souvent en combat, il lui montrant les coups de base qu'il n'avait pas encore appris et qui lui sauveraient la mise. En ce qui concerne Vincent, lui avait déjà attaqué plusieurs humains à cause de son manque de self-control. Orlin avait pris l'initiative de garder un œil sur ces deux nouveaux-nés afin que les vrais combattants puissent avoir l'esprit tranquille, ce qui, en cette période de troubles, était un gage de survie.

D'un coup, un enfant de la lune surgit et bondit sur eux ! Puis deux ! Puis 5 ! Puis 10 ! Ils étaient tombés dans une embuscade ! Les combattants réagirent aussitôt et se mirent en posture de combats ! Les anciens en tuèrent près d'un tiers très rapidement ! L'expérience et les réflexes acquis rejaillissaient comme la lave sortait d'un volcan en furie. Démétri était l'exemple le plus flagrant, les gestes s'enchainaient de façons si naturelles que ses adversaires semblaient se heurter à une barrière invisible et infranchissable. Les autres se battirent vaillamment eux aussi. Les nouveaux-nés assistairent les jumeaux : ils assommaient leurs ennemies grâce à leurs pouvoirs et les trois bambins les achevaient rapidement. C'était leur façon de se rendre utile.

Mais un des loups réussit à se frayer un chemin jusqu'au centre du groupe ! Il envoya valser Vincent plus loin et fonça droit sur Alec. Celui-ci se retourna mais son don ne s'activerait pas assez vite pour le sauver. Orlin n'hésita pas un instant à sauter au cou du loup garou. La bête ne l'avait pas vu arriver et tous les deux furent projetés au sol. Il resta solidement agripper au cou de la bête qui serrait de toutes ses forces. Il sentit qu'elle suffoquait littéralement. Il acheva son agonie en lui brisant la nuque et l'enfant était mort avant d'avoir touché le sol. Il regarda son groupe pour s'assurer que tous allaient bien.

PNJ EDL

Le chef était quand même rabat-joie lorsqu'il s'y mettait. "Ne pas tuer celui-là", "Ne pas se faire remarquer", "Interdiction de se dévoiler aux humains avant le signal", "Attention à cette personne", et bla bla bla. En résumé, interdiction de se lâcher, de donner cours à leur véritable nature, de faire autant de dégâts qu'ils le voulaient.... Barbant. C'était barbant ! Lui, comme nombre de ses camarades, ne rêvait que de guerre, de massacre, de sang versé. Il voulait laisser s'exprimer toute sa bestialité, sa soif de sang et de chair. La bête devait s'exprimer. La bête devait sortir les crocs. C'était ainsi, c'était leur nature, ils ne devaient pas la réprimer ! Mais il fallait obéir à l'Alpha, et le jeune homme ne se dérobait pas cette Loi, même si cela lui coûtait, parfois.

De toute façon, ils étaient en mission. pour se venger des "grands vampires", comme disait le petit qui s'était fait tuer l'autre jour. Le clan qui avait exterminé les leurs autrefois. Et pour cela, pour leur vengeance, il ne fallait pas se laisser aller. Il fallait réfléchir puis agir. Préparer des stratégies ! Trouver le point faible de leur ennemi et l'exploiter. Dénicher ce qui faisait sa force et l'en priver. Le jeune loup courait avec les autres, grognant et sautant nerveusement par-dessus les troncs et les rochers. Un filet de bave épaisse lui coulait sur le menton, et sa dentition désordonnée et infecte semblait presque lui sortir de la bouche. Il ricana, alors qu'ils approchaient du champs de bataille. Encore quelques kilomètres. La nuit tombait.

Il rejeta la tête et hurla avec les autres lorsque la pleine Lune se dévoila, dardant sur eux ses rayons néfastes et pourtant si excitants. Il grogna, hurla. Son corps se déforma soudainement, ses yeux virèrent au jaune, ses poils poussèrent. Sa colonne vertébrale s'arc-bouta en un terrible craquement alors qu'il se voûtait et que ses membres s'allongeaient, grossissaient, se renforçaient. Un hurlement sauvage de bête enragée lui fut arraché, alors que l'astre Lunaire achevait de réveiller la bête.

Il n'était plus homme, il était bête. Et sa conscience humaine pulsait à présent de rage et de férocité. La meute se mit à courir, à très grande allure. Et trouva enfin ses proies. Il se jeta dans la bataille en grognant, se jetant sur les vampires. Il avait appris à reconnaître ceux du clan honnis grâce à l'insigne qu'ils portaient autour du cou. C'est sur eux que son espèce jetait d'abord sa haine et son besoin de vengeance. Mais il ne perdait pas de vue sa mission, oh non... Il combattit, vaillamment, férocement, jouissant de toutes les forces que lui donnaient la nuit.

Il arracha violemment un bras à l'une des sangsues, cherchant ses proies du regard. Le chef leur avait donné leur signalement. Deux vampires. Des jeunes. Un garçon et une fille, qui se ressemblaient beaucoup. Deux mômes aux yeux rouges, à l'apparence d'enfants d'une dizaine d'années. C'était eux qu'il fallait capturer pour mettre la pression sur le chef du clan.

Un des petits jeunes les repéra en premier. Se jeta en avant. Un autre vampire l'intercepta alors, le prenant au cou, l'étouffant et lui brisant la nuque. Le jeune loup hurla de rage et se jeta sur le petit vampire, l'envoyant bouler au sol, l'écrasant de ses pattes puissantes. Il grogna, laissant le champs libre à ses congénères qui se jetèrent sur les deux jeunes. Il fallait être rapide, profiter du temps où ils utilisaient leurs dons et ne pouvaient se défendre. Il entendit un cri de surprise, puis le garçon qui hurla le nom de celle qui était sans doute sa sœur. Roh, comme c'était mignon. Comme s'ils avaient la moindre chance de leur résister ! Ils étaient petits, fragiles, frêles. Hin hin. Le vampire qu'il tenait se débattait comme il pouvait, bougeant plus lentement depuis qu'il lui avait enfoncé la poitrine.

Le jeune loup grogna lentement, comme s'il riait, et lui lécha la figure. Le vampire répliqua en lui mordant la langue. Le loup secoua sa grosse tête et cracha, dégoûté. La mission était accomplie, ils tenaient les deux gamins. Il relâcha sa proie après l'avoir frappé violemment et s'enfuit avec le reste de la meute, cachant l'odeur des petits par la leur, insupportable pour les sangsues.

Ils étaient nombreux. Beaucoup trop nombreux. Même quand Alec paralysait un groupe, un autre survenait. Toujours plus féroces, toujours plus terribles, toujours plus monstrueux. Il se battait, sautait, frappait, criait, grognait, poussait, jetait, massacrait, se mouvait comme un feu follet ayant peur de s'éteindre. Il en sortait de partout, ce coin-là était véritablement infesté ! Il se dégagea d'u coup de pied, renvoyant le loup vers Félix qui l'écrasa littéralement, se laissant tomber dessus. Il y eut un craquement à vous crisser les os et la bête mourut.

Se retournant, il frappa un autre adversaire, se baissant de justesse pour ne pas se faire arracher un bras. Ils étaient cernés, il le sentait, et devaient bouger sans cesse pour ne pas se faire ensevelir, incapables, ainsi, de rester en groupe. et ça, c'était mauvais. dispersés ainsi, ils étaient moins efficaces, et moins forts. Et ne pouvait se protéger efficacement les uns les autres. Il serra les dents, furieux. C'était à cause de ça, il y a des centaines d'années, que Caïus avait manqué d'y rester. Il jeta un œil sur le groupe, et vit Vincent, un peu plus loin, se faire renverser puis tuer.

Les trois Cullen se débrouillaient mieux, mais tous étaient débordés. Cela risquait de mal finir... Il se fit renverser par un loup qui lui sauta dans le dos, fit un roulé-boulé pour se dégager, et le crocheta par les pattes avant de les lui briser. Le loup jappa et s'écrasa à terre, alors que le traqueur en profitait pour le tuer. Heureusement que les vampires ne pouvaient se fatiguer, physiquement, car ils se seraient tous effondrés depuis longtemps. Un cri déchira soudain l'air, plus puissant que les autres, et qui déstabilisa Démétri sur le moment.

"JANE !"

Aveuglé par ses adversaires, Démétri ne put voir ce qui se passait. Les loups partirent soudain, s'enfuyant littéralement. Troublé, Démétri se releva, les regardant tous s'enfuir, bouche bée. Qu'est-ce qui leur prenait ? Ils avaient l'avantage ! Orlin était à terre, lui aussi, et le traqueur l'aida à se relever.

- Tu vas bien, toi ?

Orlin - Oui, des que j'aurais récupéré mes os, aouch, et lavé la figure.

Il avait une voix bizarre, il était sans doute blessé. Démétri parcourut le reste du groupe et faillit gémir. Merde. Merde. Merde ! Il se précipita sur les corps, fouilla les alentours du regard, sous le regard d'abord éberlué, puis choqué de Félix. Merde ! Non, ce n'était pas possible, là ! Ce n'était pas vrai !

- Les jumeaux, dit-il exactement au même moment que Félix.

Orlin - Quoi ?!

Orlin était devenu blême. Démétri lui jeta un regard douloureux. Il se souvint d'Alec, il l'avait entendu crier le nom de sa sœur. Juste avant que tous les loups ne partent. Ce n'était pas possible ! Auraient-ils... Faits ça uniquement pour... Il serra les poings et les dents. Il sentait leur piste, forte et brûlante. Mais une piste qui se divisait, et cachait tout, même l'odeur de deux jeunes vampires. Le fait que Jane et Alec aient une odeur de feu n'arrangeait rien, puis qu'elle s'en diluait d'autant mieux parmi les odeurs des loups. Il poussa toute une série de jurons, dont certains dataient du dixième siècle, ne sachant pas comment les retrouver. Il aurait fallu qu'ils soient plusieurs traqueurs pour suivre toutes les pistes. Et même dans ce cas...

- Ne paniquons pas, réussit à articuler le traqueur. C'est une tactique de base, à la guerre, d'enlever les meilleurs combattants. Ils pensent faire pression sur Aro, ainsi, sans doute.

Et parlons-en d'Aro, il allait falloir lui annoncer la bonne nouvelle. Il avala difficilement sa salive, sentant comme un poids lui tomber dans l'estomac. Il le sentait très très mal, d'un seul coup. Mais vraiment très mal. Ils se remirent en route, pour rejoindre le groupe des trois frères. Ils étaient à peine arrivés qu'il sentit le regard bien lourd des chefs du clan. Vincent mort, les jumeaux partis... Il s'avança, laissant les autres à l'écart derrière. Allez, on se lance. Un peu de courage.

- Vincent est mort, dit-il avec une normale. Et Alec et Jane ont... été...

Mais merde, il pouvait pas dire ça ! Pas comme ça ! Il ferma les yeux une seconde puis reprit. Il devait juste le dire, c'est tout. Le dire. Avant qu'Aro ne vienne lui-même chercher l'information dans son esprit, ce qui ne ferait qu'aggraver la situation.

- Ils ont été enlevés par les Enfants de la Lune. On était dispersés, et ils n'ont pas pu se défendre comme ils utilisaient leurs dons sur deux autres groupes d'EDL.

Voilà, il avait réussi à le dire. Et ça ne faisait que rendre la situation encore plus réelle. Il retint une grimace, bien droit devant les trois frères. Il sentait venir l'explosion. En temps normal, les jumeaux étaient toujours surveillés et protégés, lors des combats, justement pour éviter les situations de ce genre. Et parce qu'ils étaient plus petits, il était par conséquent plus facile de les maîtriser lorsqu'on s'y prenait bien...

Les éclaireurs étaient revenus, et Aro balaya une remarque morose de Caïus d'un signe de la main. Non, ils n'attaquaient pas ce groupe-là tout de suite, son frère le savait, alors inutile de le répéter une fois de plus. Pourquoi ? C'était comme ça, point barre, et le chef du clan n'avait pas envie de faire joujou, et encore moins de modifier à la dernière minute des plans préparés soigneusement. Bien sûr qu'il savait que son frère vivait mal cette nouvelle guerre et ne rêvait que d'exterminer tous les Enfants de la Lune jusqu'au dernier, mais se précipiter ne fera pas pencher la balance en leur faveur, bien au contraire. Donc, du calme. Patience et réflexion, c'était ce qu'il fallait.

La guerre se menait sur plusieurs fronts. Il y avait des unités d'attaques rapides, comme celles que menait Corin, Chelsea, Démétri et Afton. Ceux qui étaient partis en tant qu'éclaireurs ou espions dans différentes régions de la planète. Il y avait les guetteurs. Des unités qui se chargeaient de capturer des ennemis et mener des interrogatoires. La terre entière s'était embrasée, et quasiment toute la population vampirique s'était jointe au combat contre les monstres. Aro eut un sourire de satisfaction en survolant la carte. C'était long, oui, mais ils pouvaient tenir. L'os résidait dans le fait que les enfants de la Lune s'étaient organisés, cette fois. Plutôt gênant.

Un mouvement attira son attention. Il tourna la tête, avisant le groupe de Démétri. que fichaient-ils ici ? Ils étaient censés être dans le Téraï, pas à traîner dans le coin ! Les observant plus attentivement, il remarqua alors que le groupe était amputée de trois membres. Vincent, un petit nouveau-né talentueux mais assez idiot, ainsi que Jane et Alec. Il se redressa tout à fait. Que s'était-il passé ?! Démétri daigna avancer un peu plus vite, l'air très mal à l'aise.

Démétri - Vincent est mort. Et Alec et Jane ont... été...

Ont... ? Le regard du chef du clan virant lentement mais sûrement à l'orage le plus noir. Impossible qu'ils aient été tués eux aussi. Ce n'étaient pas leurs premières batailles, très loin de là, et ils avaient vécu la première guerre contre les enfants de la Lune, ou du moins la fin. Alors quoi ? Ils seraient enfuis ? Tout de même pas. Non, pas en cette période.

Démétri - Ils ont été enlevés par les Enfants de la Lune. On était dispersés, et ils n'ont pas pu se défendre comme ils utilisaient leurs dons sur deux autres groupes d'EDL.

Le mot "enlevés" résonna bien clairement dans l'esprit d'Aro. Enlevés... En... Enlev... ENLEVÉS ?! Bouche bée, il fixait son traqueur, espérant sincèrement que ce ne soit qu'une blague, mais Démétri était plus que sérieux. Enlevés ! Il échangea un regard effaré avec ses deux frères. Enlevés ! Les jumeaux. Encore. Décidément... Quand ils ne s'enfuyaient pas d'eux-mêmes, il fallait forcément qu'un abruti ait l'idée de les kidnapper ! Et comment avaient-ils pu être enlevés ? Ils étaient peut-être plus vulnérables quand ils utilisaient leurs dons, mais JAMAIS Aro ne les faisait combattre sans qu'il y ait quelques gardes autour d'eux. Sa voix était noire de rage lorsqu'il prit la parole.

- Ça fait trois cents ans que tu combats avec eux, Démétri. Ça ne t'a donc pas suffit pour intégrer qu'on ne les laisse jamais seuls lors des combats ?! Justement pour éviter ça !

Il retint un long soupir. Bien, et maintenant ? Il allait bientôt haïr ces saletés de loups autant que son petit frère. Il réfléchit un instant, les lèvres pincées.

- Tu vas repartir de suite, Démétri. Et les retrouver ! Pars avec qui tu veux, utilise les moyens que tu veux, je m'en fiche, mais je te conseille vivement de ne pas échouer...