[Russie] Un sursis à gagner

PNJ Viktor, Garde Volturi


La journée avait été productive. Un clan décimé, et deux autres nomades réduits en miettes. Tous des rebelles, des hors-la-loi, des sales types qui n'avaient pas compris où était leur place dans ce monde. Viktor, lui, savait quel était son devoir. Il vouait une admiration sans bornes à Aro et à ses frères, chef de leur clan. Un clan qui faisait la justice, un clan dirigé par trois frères plus vieux et puissants qu'aucun autre vampire qu'il n'avait connu dans ce monde ! Eux étaient la justice. Eux avaient compris avant tout le monde que pour vivre en paix, il ne fallait rien dévoiler de leurs existences aux si faibles et chétifs humains. Ce n'était que de la vulgaire chair à canon, tout juste bonne à les nourrir et mourir en se tortillant comme des vers. Les vampires étaient au sommet de la chaîne alimentaire, ils étaient les véritables maîtres de ce monde. Et les trois chefs Volturi étaient les maîtres des vampires. Tout était dit.

Ils arrivèrent en Russie, se déplaçant facilement et rapidement. Viktor repoussa un tas de neige sur le côté, dégoûté. Il avait horreur de la neige. Cette masse blanche, gluant et informe, glaciale et inutile. out ce pays était inutile ! Un Empire humain, pétrifié par le froid et la glace, si grand qu'il s'étendait à perte de vue, où il y avait plus de loups que d'humains. Un pays vide, froid, glacial, sans intérêt, où leur nourriture sur pattes était glacée avant même qu'on puisse la mordre. Pourquoi venaient-ils traîner ici ? Des vampires dans le monde étaient-ils assez idiots pour jouer aux imbéciles dans ce monde dépourvu de toute source de divertissement. Du haut de ses deux mètres, Viktor jeta un regard morne au paysage gelé, aux arbres décharnés et prêts à s'effondrer sous le piège de la glace. Qui voudrait vivre ici ?

- Cet endroit est une horreur, marmonna-t-il en donnant un coup de pied dans une branche morte.

- On est là pour un couple. Deux imbéciles qui font trop parler d'eux. Il faut les ramener à Aro pour qu'on puisse les juger.

Trouver le couple en question ne fut de toute façon guère difficile. Ils étaient assez connus dans cette région austère. Viktor eut un sourire de fou furieux lorsqu'on les intercepta, lorsqu'on les captura. Il prit l'homme par le cou et le souleva, le jetant aux pieds de ses collèges dans la neige. Il attrapait la femme lorsqu'elle cria soudain, plus pâle que jamais :

- Va-t-en !

Il tourna la tête, juste à temps pour voir une troisième silhouette. Un autre membre de ce clan ? lançant la femme avec son mari, il se lança à sa poursuite, avec deux autres gardes. Le vampire qu'ils poursuivaient n'avaient étrangement aucune odeur, ou elle était si faible qu'ils peinaient à le détecter. Mais peu importe, il ne courait pas plus vite qu'eux. Le rattrapant, Viktor le fit brutalement basculer dans la neige puis le plaqua au sol, une main serrée sur son cou, l'autre sur sa poitrine, pour l'empêcher de se relever. Les deux autres arrivèrent au même instant, jetant un regard goguenard au jeune vampire étalé dans la neige.

- Alors, morveux, tu pensais nous échapper ? ricana Viktor. On échappe pas à la justice. Même les minables qui te servent de "parents" doivent avoir compris, maintenant.

Il le considéra un moment, un peu perturbé par le fait qu'il ait une odeur si peu discernable.

- C'est quoi ton nom, morveux ?

Daniil était de plus en plus bizarre. Déjà que Démétri n'aimait guère l'époux de sa créatrice, Angela, à la base, mais s'il jouait avec ses nerfs, l'atmosphère allait vite devenir invivable. Ce vieux vampire était un sale type arrogant, qui rendait tout air irrespirable, mauvais comme la gale, cruel, idiot, imbécile, qui ne comprenait rien à rien. Il détestait Démétri, et ce dernier le lui rendait bien. Pourquoi avait-il accepté que sa femme transforme le jeune Russe ? Dem ne l'avait jamais su... Pour lui faire plaisir, ou pour avoir quelqu'un à martyriser dans ses bons jours, qui sait. Ce n'était qu'un sale tyran, qui ne rait que lorsqu'il massacrait des humains en masse.

Autre point obscur, comment cet abruti avait-il pu épouser une femme si douce que Angela. Vampire depuis presque cinquante ans, elle n'élevait jamais la voix, et ne provoquait pas de bagarres. Son seul défaut était de toujours suivre son mari, peu importe ce qu'il fasse. Ça allait finir par lui attirer des ennuis. Démétri ne se mêlait jamais à leurs exactions. on parce qu'il respectait les humains, juste parce que cela l'ennuyait. L'ennui. Un état où il s'enfonçait de plus en plus profondément. Et pourtant, selon certains de ses semblables, il pouvait très bien s'amuser, grâce à la traque. Les traqueurs passaient leurs vies à s'amuser en chassant des humains ou des vampires. Mais qu'il y avait-il de drôle là-dedans ?! Quel intérêt de pouvoir retrouver rapidement quelqu'un ? Où était l'amusement ?

Il soupira, enlevant la neige de ses cheveux, revenant d'un pas humain et nonchalant vers la maison où il vivait avec ses parents adoptifs. Vampire depuis vingt ans, ses ardeurs de nouveaux-nés semblaient déjà rendus particulièrement loin. Il n'avait jamais été quelqu'un de très passionné, et la vie de vampire ne faisait qu'empirer son état. Plongé dans ses pensées, il ne prit pas garde aux odeurs qui parsemaient son chemin, jusqu'au moment où il entendit la voix d'Angela.

Angela - Va-t-en !

Un retour brutal à la réalité lui fit prendre conscience de la présence de plusieurs hommes en noir, qui avaient attaqué sa famille. Il sursauta, puis tourna aussitôt les talons, s'enfuyant. Et voilà ! Il savait que ça allait leur attirer des ennuis, toutes ces sales histoires ! Un bruit de course lui parvint aussitôt aux oreilles. Merde. Il accéléra l'allure, cherchant instinctivement à repérer le chemin le plus sûr, lorsqu'on le percuta dans le dos et qu'on le jeta à terre. Il eut un hoquet de surprise alors qu'un gros vampire de type armoire en chêne lui enserrait le cou.

Armoire - Alors, morveux, tu pensais nous échapper ? On échappe pas à la justice. Même les minables qui te servent de "parents" doivent avoir compris, maintenant.

La justice ? Quelle justice ? Ce type prétendait faire la loi ? Ou du moins servir des vampires qui prétendaient organiser la loi ? Fallait pas se gêner, mon petit gars ! Il eut un fol instant la pensée qu'il y avait, véritablement, une justice vampirique, des lois, comme chez les humains. Et qu'il n'était pas au courant. Et merde.

Armoire - C'est quoi ton nom, morveux ?

Il ne répondit pas tout de suite, toujours écrasé dans la neige. Bon, bien qu'il ne soit pas du genre à paniquer pour rien, il le sentait assez mal sur ce coup. Que pouvait-il faire, maintenant ? Essayer de repousser le molosse ? Peu de chances, sachant qu'il était dix fois plus gros que lui et que Démétri était incapable de se battre, faute d'avoir eu quelqu'un pour lui apprendre. Peut-être, un jour, aura-t-il un tuteur pour ça, mais en attendant, il était coincé.

- Je m'appelle Démétri, finit-il par marmonner à contrecœur.

Il allait finir par le lâcher ? Il poussa un long soupir, se demandant si le gros balourd allait être assez fin d'esprit pour comprendre qu'avec un prénom pareil, Démétri était Russe d'origine. Il fallait être né ici pour supporter d'y vivre, de toute façon. Il réfléchit rapidement. Que Daniil brûle en petits morceaux dans un feu de camps ne le gênait absolument pas, mais la pauvre Angela ? Elle, au moins elle, il devait tenter de la sauver. Essayer de la sauver. Si ces types étaient vraiment la "justice" qu'ils prétendaient servir, ils devaient avoir un chef, non ?

- Emmenez-moi voir votre chef, dit-il d'un ton ferme. S'il veut "juger" Ang... Enfin, mes deux parents, je dois au moins défendre leur cause avant.

Son sens des priorités était largement sous-entendu. Et Démétri voulait voir ceux qui se permettaient de juger et condamner d'autres vampires sis facilement.

- Tu comptes me lâcher un jour, le molosse ? Ce n'est pas comme ça qu'on va faire bouger les choses !

Le morveux ne dit rien, il semblait un peu hésitant. Viktor haussa un sourcil. La patience n'était pas son fort, surtout en ce moment. Il n'avait qu'une hâte, c'était de rentrer, et il n'était vraiment pas disposé à attendre plus que nécessaire. Le morveux ferait mieux de le capter en vitesse s'il ne voulait pas que ça tourne mal "par accident". Enfin il se décida à parler. Hourra !

Démétri
Je m'appelle Démétri, finit-il par marmonner à contrecœur.

Démétri ? Jamais entendu parler. C'est russe ça non ? Peu importe. Pourquoi ce gamin n'avait-il pas d'odeur. Il n'était pas net.

Démétri
Emmenez-moi voir votre chef, dit-il d'un ton ferme. S'il veut "juger" Ang... Enfin, mes deux parents, je dois au moins défendre leur cause avant.

"Ang..." ? Il voulait dire Angela sans aucun doute ? Les connexions commençaient à se faire dans le cerveau de la brute de décoffrage qu'était Viktor. Intéressant. Alors comme ça, le gamin ne se souciait que d'elle. Parfait, il allait au moins rester tranquille pendant le voyage jusqu'en Italie...

Démétri
Tu comptes me lâcher un jour, le molosse ? Ce n'est pas comme ça qu'on va faire bouger les choses !

Le molosse...le molosse... Il venait de le traiter de chien ! Non mais pour qui il se prenait celui-là ! Savait-il seulement à qui il parlait !? Viktor lui colla une droite digne des plus grands boxeurs en plein sur le visage. Puis il le souleva par le cou jusqu'à le faire décoller de 50cm du sol et le serra, à la limite de l'implosion.

Écoute moi bien toi, tu as intérêt à être sage comme un agneau jusqu'à ce qu'on arrive en Italie ! Si ce n'est pas le cas, il se pourrait qu'il arrive un petit accident à ta copine Angela ! Allez ! En route ! finit-il par hurler

Il lui fallut trois bonnes heures pour se calmer. Il se chargea de la surveillance de la charmante demoiselle et le gamin fut collé avec l'autre "invité" et surveillé par le reste de la bande. Le voyage se déroula sans encombre jusqu'en Italie.

Une fois arriver à Volterra, ils entrèrent dans les catacombes de la ville. C'étaient tout un réseau de tunnels souterrain qui serpentèrent le long des rues de Volterra et qui disposaient de plusieurs entrées cachées pour que les vampires puissent circuler librement dans la "capitale" à l’abri du soleil et des regards indiscrets. Ils arrivèrent peu de temps après dans un égout abandonné, spécialement aménagé pour loger la famille royale le temps que le nouveau château se construise.

Ils présentèrent leurs "invités" aux trois chefs du clan. Il expliqua également pourquoi il y avait un vampire de plus que prévu et tous les doutes qu'il avait sur lui, notamment son manque d'odeur.

Le monde était si grand et vaste. Il était rempli de choses à découvrir... tant de talents à voir et à décrypter ! Perdu dans ses pensée, Aro contemplait l'extérieur, il contemplait cette nouvelle ville, où ils venaient de s'installer. Volterra. Une cité petite, qui se fortifiait et se consolidait lentement avec les années. Et déjà sous leur domination. Ils avaient quitté Rome pour venir ici, et y installer leur domaine. C'était d'ici qu'ils allaient étendre leur empire et leur force. On commençait déjà depuis longtemps à parler d'eux, à les connaître, mais ça ne suffisait pas. Aro voulait imposer le point de vue qui allait permettre à tous les vampires de vivre bien plus longtemps et en paix : cacher leurs existences aux humains.

Car ces derniers savaient que les buveurs de sang étaient là, parmi eux, que les légendes n'en étaient pas. Ils se tenaient sur leurs gardes, les traquaient. Aucun vampire ne pouvait se permettre de vivre et de chasser tranquillement. Les nouveaux massacres de masse d'humains ne faisaient que renforcer leur haine. Tout cela était bien stupide ! Il serait tellement plus simple, pour le monde entier, que les vampires entrent définitivement dans les légendes, qu'on pense qu'il ne s'agissait que d'un mythe un peu effrayant. Seuls certains humains choisis avec soin seraient au courant du secret, et leur serviraient. C'était le but que le chef du clan voulait atteindre. Ce à quoi il travaillait depuis déjà des siècles ! Et il y parviendra. Que ce soit par la persuasion ou par la force, il y parviendra.

On l'avertit tout à coup que le groupe parti en Russie était revenu avec leurs prisonniers. Il soupira légèrement et redescendit, retrouvant ses frères. Ses quelques gardes étaient parti chercher deux vampires qui faisaient trop parler d'eux. Cependant, il aperçut une troisième silhouette. Viktor et son groupe n'étaient censé ramener que deux vampires. Un peu agacé, Aro se tourna vers lui. Il lui détailla le déroulement de la mission, et pourquoi ils revenaient avec une troisième personne. Et l'étrangeté de cette même personne. Hum.

- Démétri, donc, dit-il d'un ton calme en fixant le jeunot. Bienvenue à Volterra. Il est plutôt rare qu'on demande à me rencontrer, surtout pour tenter de sauver deux criminels.

Il fit signe qu'on repousse le couple dans un coin et se leva, détaillant le vampire Russe. C'était pourtant vrai que son odeur était si faible qu'elle en devenait à peine discernable. Il fallait être au plus près de lui pour la capter. Une odeur assez froide, de fer et de métal. Derrière lui, Caïus le dévisageait également avec intérêt, et ce fut lui qui rompit le silence en premier.

Caïus - Un traqueur...

- Exact, mon frère, sourit Aro.

Le garde, qui tenait très fermement les poignets du Russe dans son dos, sembla légèrement mal à l'aise. A sa décharge, il fallait admettre que les traqueurs, s'ils étaient très peu nombreux, n'étaient guère appréciés. Difficile de s'entendre avec un type capable de vous coller où que vous alliez, alors que les vampires tenaient plus que tout à leur nouvelle liberté, depuis qu'ils étaient loin des contraintes humaines et de la mort. Curieux, Aro tendit la main et toucha la joue de Démétri. Il plongea dans son esprit, parcourut son existence, ses pensées et émotions, et ce qu'il voulait exactement. Satisfait, il alla se rasseoir, et croisa les mains.

- Tu vas sans aucune doute échouer à sauver ta mère, mais essaye donc... Cela peut être amusant, et toi-même, profites-en pour quitter cet ennui qui te ronge. Je t'écoute.

Il avait dit tout cela d'un ton très calme, sans cesser de fixer le petit jeune. Qu'il essaye, oui, cela leur fera un petit divertissement. De toute façon, le couple mourra tout de même, quoi qu'il arrive. Quand à ce gamin... Il était intéressant. Aro ne le perdra pas de l'œil après son départ.

La seule réponse de la grosse brute fut un coup de poing en pleine figure, avant de le soulever par le cou. Il était malade, celui-là ! Il était incapable de répliquer par quelque chose de fin, lorsqu'on l'insultait ? Il ne savait se servir que de ces poings ?! Eh, oh, le gorille ! La transformation en vampire a détruit le peu de neurones qu'il te restait ? A supposer, bien entendu, qu'il avait été doté d'un cerveau à la naissance... De toute façon, personne n'avait dû l'éduquer et l'élever correctement, le pauvre. Sa malheureuse mère s'était sûrement jetée dans le premier fleuve venu en voyant le molosse qu'elle avait mis au monde.

Gorille - Écoute moi bien toi, tu as intérêt à être sage comme un agneau jusqu'à ce qu'on arrive en Italie ! Si ce n'est pas le cas, il se pourrait qu'il arrive un petit accident à ta copine Angela ! Allez ! En route !

En Italie ? Pardon ? Ils allaient jusqu'en Italie ?! Il grogna puis les suivit, retrouvant ses deux parents, fermement encadrés. Tout ça, c'était uniquement la faute de Daniil. S'il ne s'était pas fait autant remarqué... Angela n'avait rien demandé, elle, pas plus que Démétri. Lui voulait simplement qu'on lui foute la paix, rien de plus. Il voulait une autre vie que celle-là. Partir de ce pays glacial et morbide, vivre avec des gens qu'il appréciait, avoir des amis, voire une petite amie. Et surtout, voir le monde, pour éviter l'ennui. Rien de plus...

Le voyage lui parut assez long, et plus ils filaient vers le Sud, plus le temps se réchauffait. La glace et la neige disparaissaient derrière eux, laissant place à plus de forêts et au soleil. Malgré lui, Démétri s'intéressaient à toutes les odeurs, qui s'imprimaient à jamais dans sa mémoire. Il avait toujours fonctionné ainsi. Il repérait aisément les lieux, les places, et les gens. Il retenait les odeurs sans effort, et s'en servait pour se guider. Tout le monde laissait une trace, comme il l'avait très vite remarqué. Et c'est en suivant ces traces qu'on trouvait la source. Les autres traqueurs, doués ou non, en faisaient un jeu. Lui en était encore à se demander quoi faire de ça. Car traquer des humains ou des vampires n'avait aucun intérêt, il n'allait pas se mettre à courir pour rien derrière eux.

Ils arrivèrent à une petite cité, descendant dans les catacombes. Tout à fait charmant. Il essaya de se dégager mais le crétin qui le tenait resserra sa prise. Mais il pouvait marcher tout seul sans qu'un imbécile lui tienne les bras ! Exaspéré, il ne dit rien jusqu'au moment où ils arrivèrent enfin devant le reste du clan. Le molosse se mit à déblatérer sur sa "mission", puis conclut en disant que Démétri n'était pas net, à cause de son odeur. Outré, le jeune Russe lui jeta un regard noir. Qu'il regarde un peu son affreuse tête avant de parler de celle des autres ! Le chef du clan finit par prendre la parole et Démétri tourna la tête vers lui.

Chef - Démétri, donc. Bienvenue à Volterra. Il est plutôt rare qu'on demande à me rencontrer, surtout pour tenter de sauver deux criminels.

Il se leva, alors que Dem pinçait les lèvres. Deux criminels, donc ils ne le comptaient pas dans le lot. Pour l'instant. Il soutint le regard du Volturi, restant silencieux. Il commençait à douter de pouvoir tirer Angela de là. Ce type n'avait pas l'air de plaisanter, et avait sans doute déjà tué pas mal de monde. Il croisa le regard du vampire blond, resté assis, qui avait une expression étrange. Ils avaient ne odeur de vieux livres et de sang. Une odeur... presque antique. Comme on ne sent que chez les très vieux vampires. Mais bon sang, quel âge avaient-ils ?

Blond - Un traqueur...

Chef - Exact, mon frère.

Bien, très bien. Comment plomber l'ambiance en un seul instant. Daniil grogna, si doucement qu'on l'entendit à peine. Parmi toutes les choses qu'il détestait chez le protégé de sa femme, le fait qu'il soit un traqueur était le comble de l'horreur. Il allait parler lorsque le chef du clan posa sa main sur sa joue. Plus que surpris, Démétri croisa son regard, coupé net dans son élan. Mais qu'est-ce qu'il foutait ?! Il finit par aller se rasseoir, alors que Démétri se demandait s'il était fou à lier. Il ne fallait pas être net pour toucher les gens qu'on ne connaît pas de cette manière.

Chef - Tu vas sans aucune doute échouer à sauver ta mère, mais essaye donc... Cela peut être amusant, et toi-même, profites-en pour quitter cet ennui qui te ronge. Je t'écoute.

Démétri se raidit. Finalement, son geste cachait peut-être autre chose... Sinon, comment aurait-il pu savoir pour son ennui ou son besoin d'ailleurs ? De plus en plus méfiant, il eut un regard navré pour Angela. Comment la sauver ? Il ignorait tout de ces types et de leurs objectifs, ce qui lui compliquait singulièrement la tâche pour défendre sa créatrice. Et il avait l'impression que le chef de ce clan savait bien plus de choses sur lui qu'il ne le laissait croire. C'était fichu d'avance. A la fois agacé et résigné, il remua malgré lui, détestant également l'imbécile qui lui tenait les bras.

- Ce n'est amusant que pour vous, dit-il d'une voix glaciale. Imposer une "Loi", est-ce vraiment tout ce que vous avez trouvé pour vous distraire ? J'admets qu'un monde où les humains ignorent notre existence serait meilleur, mais s'il s'agit de votre but, alors contentez-vous de vous débarrassez de ceux qui se se font trop remarquer, au lieu de ceux qui se contentent de suivre sans rien dire.

Il avait à peine terminé sa phrase que Daniil poussa un juron et se mit à l'insulter à d'une volée d'injures particulièrement gratinées. Il possédait vraiment un vocabulaire très riche lorsqu'il s'y mettait. Démétri l'ignora, faisant comme s'il n'entendait pas les "Saleté de traqueur de ***", et autres amabilités très gracieuses.

- Angela ne risque pas de causer des ennuis, je peux l'assurer. Ce n'est pas le genre. Et moi non plus.

Il allait rajouter une chose lorsque le frère du chef se redressa tout à coup, une lueur dans les yeux.

Blond - Sais-tu te battre ?

Surpris par la question, Démétri mit quelques secondes avant de lui répondre non. Le blond eut l'air déçu, et se rencogna dans son fauteuil. Bonjour le cliché, tous les traqueurs n'étaient pas non plus des experts en matière de combat, et le Russe n'avait jamais eu de professeur qualifié pour ce côté-là. Il finit par revenir vers le chef.

- Quel intérêt auriez-vous à la tuer ?

Le petit jeune semblait très méfiant... Toutefois, Aro admirait son calme et son impassibilité apparente. D'ordinaire, leurs prisonniers se débattaient, s'agitaient, hurlaient, gémissaient, suppliaient, criaient... Ils étaient soit en proie à une énorme panique, soit à une colère sourde, soit à une peur si terrible qu'elle les paralysait. Ce petit Russe, non. Il restait très droit et maître de lui, sans essayer de se défaire de celui qu'il tenait. Il était plutôt réservé, pour un traqueur. Les vampires de ce type étaient rares, mais tous complètement illuminés et à moitié fous. Ils ne vivaient que pour le plaisir de la chasse, pour tuer tout ce qui bougeait. Peu étonnant qu'ils aient une si mauvaise réputation. Les vampires voyaient les traqueurs comme de parfaits fanatiques, incapables de la moindre mesure. En voir un calme et impassible était assez exceptionnel.

Démétri - Ce n'est amusant que pour vous. Imposer une "Loi", est-ce vraiment tout ce que vous avez trouvé pour vous distraire ? J'admets qu'un monde où les humains ignorent notre existence serait meilleur, mais s'il s'agit de votre but, alors contentez-vous de vous débarrassez de ceux qui se se font trop remarquer, au lieu de ceux qui se contentent de suivre sans rien dire.

Leur prisonnier se mit à hurler des insultes, sans qu'Aro daigne lui jeter un regard. Ce n'était visiblement pas le grand amour entre lui et le petit protégé de sa femme. Ce gamin, cependant, se trompait. Leur clan ne faisait pas ça pour se distraire, mais pour assurer un monde meilleur pour leur espèce. Un monde où les vampires pourront évoluer librement, dans l'ombre, et surtout en paix. La paix était une chose si fragile qu'il fallait constamment la surveiller et la veiller, être prêt à réagir à la moindre alerte.

Démétri - Angela ne risque pas de causer des ennuis, je peux l'assurer. Ce n'est pas le genre. Et moi non plus.

Incroyable. N'avait-il donc jamais rencontré d'autres traqueurs ? Ignorait-il à quel point il détonnait ? Son attitude, son ton, son comportement, il n'avait rien en commun avec ses confrères. Jusqu'à son odeur... Aro se targuait d'avoir un certain don pour repérer les futurs talents, pour déceler ceux qui promettent de devenir puissants. Et ce gamin-là, ce tout jeune vampire... Il avait un grand potentiel, Aro le sentait. Caïus devait le percevoir également, car il avait un air très intéressé. Il se redressa tout à coup, une lueur dans le regard, comme lorsqu'il trouvait une nouvelle distinction.

Caïus - Sais-tu te battre ?

Il devait penser à la même chose que lui. Mais le gamin répondit non, ce qui déçut son frère. Il ignorait comment se battre... pour l'instant. Tout pouvait s'apprendre, y compris le combat. Et ce gosse apprendrait sûrement très vite. Les yeux d'Aro luisaient d'intérêt. Il n'allait sûrement pas le perdre de vu, oh non.

Démétri - Quel intérêt auriez-vous à la tuer ?

Aro sourit doucement, lentement, puis fit signe à Viktor de s'approcher.

- Nous allons voir cela entre nous. Surveille-le pendant ce temps.

Il désigna la pièce d'à côté d'un bref mouvement. Il avait plusieurs choses à voir avec ses frères, notamment quelques projets d'avenir, des espoirs pour le futur. Il allait construire une garde d'élite, recruter, voire transformer, les éléments les plus prometteurs, les plus brillants. Il donnera la puissance à ce clan, une puissance qui leur donnera le moyen d'atteindre leurs objectifs.