On est hybrides ou on ne l'est pas

Plusieurs jours étaient passés depuis que Nahuel avait "rencontré" cette famille de vampires bizarre aux yeux jaunes. Un sourire étira lentement ses lèvres alors qu'il posait la casserole sur le gaz, l'allumant d'un geste presque inconscient tant il était habituel. Il les trouvait si ridicules. Tous jeunes, sauf peut-être le docteur, et qui craquait en une seconde à la première provocation, comme des gamins immatures qui en savent faire que ça. Crier et gémir. Pleurer et se plaindre. Si sûrs d'eux ! Pathétique. Comme la vampirette, somme toute. Il se doutait qu'elle était la plus jeune de tous ceux qui étaient présents là-bas lorsqu'il les avait vu, rien qu'à sa façon de s'énerver. Si typique des jeunes vampires.

Il ajouta une poignée de sel dans l'eau qui commençait à bouillir et y mit ses légumes. Il ne mangeait quasiment qu'humain, même s'il lui arrivait de boire du sang. Il vivait comme un humain depuis qu'il était parti. Il ne pouvait être entièrement humain, mais il s'efforçait de respecter leurs règles. Ce que les vampires ne peuvent pas faire, malgré ce que cette "famille" en dise ! Une famille. Tss. Les sang-froids n'étaient pas faits pour vivre ainsi, sans heurts ni conflits. La vampirette pouvait bien hurler tant qu'elle voulait, il restait établi qu'un vampire ne pouvait être un véritable père. Cette espèce était glaciale, gelée dans son immortalité. Ceux qui n'étaient pas fous n'en restaient pas moins des parasites. Et pourtant...

Sa mâchoire se contracta, et ses yeux brillèrent d'une lueur furieuse. Un père ? Bah ! Non, mille fois non, ça ne pouvait as exister dans cette espèce. Comment un vampire, coincé à jamais, pourrait-il comprendre la souffrance de ne pas savoir à quel espèce un hybride appartenait ? Le déchirement causé par ce mélange de deux races ? La douleur de grandir, plus ou moins vite, et de ne pouvoir se proclamer humain ou vampire ? De chercher son identité sa vie entière, pour finalement ne rien avoir ? Juste la frustration, et un lourd sentiment d'impuissance. Vouloir vivre comme un humain, et finalement voir qu'il restait une barrière infranchissable.

- Et qui leur a demandé de mettre des enfants hybrides au monde ? murmura-t-il dans le silence de la cuisine. Qui les a permis d'infliger cette douleur à un enfant ?

Car les vampires ne pouvaient pas comprendre la souffrance qu'il y avait à un être un "mélange", un bâtard, un vulgaire sans-espèce ! Eux étaient bien, dans un corps inaltérable, sûrs de leurs lois et de leurs règles. Mais les hybrides ? Qui étaient-ils, au final ? Il laissa cuire ses légumes, le cœur lourd. Faire naître un enfant ainsi était un pur égoïsme à ses yeux. Il retourna dans le salon, observant la rue par la fenêtre, les passants avec de grands parapluies.

Une ombre passa tout à coup, une volée de cheveux blonds, puis on sonna à sa porte. Il sursauta légèrement puis alla ouvrir. Et découvrit la jeune Marylou derrière la porte. Il resta un moment pris de court, à l'observer. Il ne pensait pas qu'elle viendrait si vite, ou qu'elle viendrait tout court, d'ailleurs. Il s'écarta pour la laisser passer et lui permettre de s'abriter de la pluie, avant de refermer la porte. Son odeur si curieuse l'envahit littéralement. Il l'aida à se débarrasser de son manteau, la dévorant du regard.

- Je vous en prie, installez-vous. C'est une visite plutôt inattendue. Je peux vous offrir quelque chose ?

- Tu ne vas pas te mettre à baver ! gémit l'autre d'un ton désespéré en faisant des vas-et-vient dans la pièce. C'est juste un homme après tout.

- Oui, mais si mignon, dit Marylou en levant les bras vers le plafond la chambre. Distingué, serviable, mature et poli.

- Il a réussi à déclencher une bagarre en à peine deux minutes.

- Il m'a aidé.

- Il t'a juste soulevé comme un vulgaire sac, oui ! Franchement, en quoi il te plaît ?

- Toi aussi tu le trouves beau, tu me l'avais dit.

- Eeeh, c'est pas vrai !

Marylou se retourna dans un virevoltement et tira la langue à l'autre avec une petite moue du genre "Na, j'ai gagné !", puis elle éclata de rire. N'importe qui entrerait dans la chambre et la verrait appellerait aussitôt les urgences pour la faire interner, effrayé de voir cette jeune femme parler toute seule et rire, sautillant comme une petite fille le jour de son anniversaire. Mais al jeune femme en question n'avait aucune conscience d'être folle, et s'en fichait éperdument.

Depuis qu'elle avait rencontré Nahuel, toutes ses pensées étaient tournées vers lui. Il lui avait un très grand effet en la ramenant dans la villa, la portant en prenant grand soin d'elle, et en se conduisant en si parfait gentleman. Elle avait été subjugué par son regard, dont la façon dont il s'était comporté avec elle. Il était le premier homme hybride qu'elle rencontrait et elle se sentait irrésistiblement attirée. C'est pourquoi elle se coiffait avec entrain en chantonnant, bien décidée à aller le voir.

Sortant en courant de la maison, elle trouva Nessie dans la cuisine, à manger des tartines de chocolat pour le goûter que sa mère lui préparait au fur et à mesure. Elle l'embrassa vivement sur les deux joues, sa petite sœur de cœur, et la serra dans les bras.

- Passe un bon après-midi, ma petite puce !

Elle fila aussitôt après avoir attrapé son manteau. Elle se sentait mieux, beaucoup mieux depuis qu'elle avait pris le temps de se reposer, de  dormir, et de se nourrir correctement. Sitôt dehors, elle sauta dans l'arbre le plus proche, puis dans les suivants, courant et volant à plusieurs mètres du sol, sa façon de se déplacer favorite. Elle était heureuse, profondément heureuse, et son cœur battait au rythme de la joie qu'elle avait à revoir Nahuel.

Arrivée à Forks, elle marcha, puis courut normalement, pour ne pas se faire remarquer. Impatiente et nerveuse, elle courut presque jusqu'à une petite maison en centre-ville où elle savait que le bel hybride vivait. Elle sonna, debout sous la pluie, à sautiller sur-place. Et lorsqu'il lui ouvrit, elle se sentit fondre. Lui aussi l'observa un moment, comme surpris de la voir. L'autre le lorgna par-dessus l'épaule de Marylou, une petite moue aux lèvres. Il les fit entrer, et la débarrassa de son manteau.

- Je vous en prie, installez-vous. C'est une visite plutôt inattendue. Je peux vous offrir quelque chose ?

Elle se retourna puis vint tout contre lui, passa ses mains derrière sa nuque et son épaule, puis l'embrassa, avec une fougue qu'on ne lui soupçonnerait pas, sur les lèvres, les yeux fermés. Le contact la fit frissonner, et elle prit un très grand plaisir à ce moment, accrochée à lui et respirant à fond son odeur, pour l'imprimer à jamais dans sa mémoire. Son cœur battait de plus en plus vite, elle n'avait jamais éprouvé cela.

Elle finit par se détacher de lui, gardant juste ses mains sur ses bras, lui souriant. Elle ne regrettait pas le moins du monde ce qu'elle venait de faire, même si l'autre était si rouge qu'on aurait pu faire cuire un œuf sur son front sans même utiliser de poêle. Mais les joies du premier amour faisait galoper son estomac en bond successif. Elle reprit son souffle, toute rose. Elle avait beau paraître vingt ans, elle n'en avait que six, et n'avait jamais connu de telles sensations avec un homme. Cependant, jeune ou non, elle n'avait as pour habitude de tourner autour du pot.

- Je t'aime, déclara-t-elle sans trembler, les joues de plus en plus roses. Je veux apprendre à te connaître, tu es le premier qui me fasse un tel effet. Veux-tu bien de moi ?

Visite inattendue, oui, mais pas moins agréable. Il accrocha le manteau au parterre, prêt à lui préparer un café, un thé, un chocolat ou ce quelle désira, aucun problème là-dessus. Il était agréablement surpris, et plutôt heureux, il fallait bien l'avouer. C'était une jeune femme très vivace, comme il les aimait, et belle  avec ça. Son odeur si inhabituelle, ses longs cheveux aussi dorés que le soleil... Où avait-elle grandie ? Sa mère était sûrement très belle, elle aussi, pour que sa fille soit ainsi. Bien sûr, son père n'y était sûrement pour rien. Les vampires ne pouvaient transmettre la beauté, juste la mort et l'envie de sang. De toute manière, il était prouvé qu'un enfant hybride ressemblait toujours plus à sa mère qu'à son père, Dieu merci.

Il allait lui proposer de s'asseoir où elle le désirait lorsqu'elle se retourna et se jeta tout à coup sur lui, l'embrassant à pleine bouche. Il ouvrit de très grands yeux, pris de court, les mains levées comme si lui pointait une arme dessus. Elle s'accrochait à lui, et il se laissa bien malgré lui emporté par la douceur de ses lèvres et son étrange parfum. Il entendait le battement accéléré de son cœur, qui se mêlait au sien. Il n'avait jamais embrassé qui que ce soit, et finit par fermer les yeux, après avoir posé deux mains très chastes sur les épaules de Marylou. Un baiser fougueux qui lui sembla durer des heures, comme si le temps s'était arrêté, juste pour eux deux.

Lorsqu'elle le relâcha, le tenant seulement par les bras, à présent, il cligna des yeux pour retrouver ses esprits, encore très surpris et, avouons-le, un peu choqué. Pourquoi l'avait-elle embrassé ainsi ? Et puis, et puis, ça ne se faisait pas comme ça ! Avant d'embrasser quelqu'un, il faut se déclarer, puis lui faire la cour, puis attendre le bon moment. Lui qui était très porté sur l'amour courtois était toujours choqué de voir de jeunes gens brûler les étapes. Et toute la phase de séduction, alors ? C'était le moment le plus beau ! Quand on osait enfin aller vers la personne qu'on aimait pour lui offrir son cœur.

- Je t'aime, déclara-t-elle sans trembler, les joues de plus en plus roses. Je veux apprendre à te connaître, tu es le premier qui me fasse un tel effet. Veux-tu bien de moi ?

Ça, c'était pour les dents de la phase de séduction. Il regarda ses yeux brillants d'émotion, tenté un instant d'envoyer ses principes au diable, mais il se retint. Il avait des manières, tout de même ! Et avec une femme de la qualité de Marylou, il fallait être délicat. Ce n'était pas un vampire, après tout ! C'est pourquoi il lui sourit et lui fit très galamment un baisemain.

- Le ciel m'en est témoin, j'ai souhaité vous connaître dès la seconde où mon regard s'est posé sur votre personne.

Il la conduit sur le canapé et la fit asseoir, lui tenant toujours la main. Il ne fallait paaas brusquer les choses ! Tout est une affaire d'attente et de jeux sensuels, lorsqu'on fait la cour à quelqu'un. Plus c'est sophistiqué, plus le plaisir est grand. Il avait peut-être un raisonnement d'un autre âge, mais il tenait à faire les choses selon la tradition.

- Je vous aime également. Et c'est pour cela que je souhaite vous séduire, vous faire la cour, de façon à apprendre en douceur à vous connaître. Ainsi, nous pourrons pleinement nous déclarer l'un à l'autre, n'êtes-vous pas d'accord ?

Il serra sa main avec un sourire très doux. C'était une jeune femme si douce et attachante, il ne voulait pas la brusquer ou lui faire du mal. Il voulait la protéger et l'adorer, devenir celui qui al soutiendra.

- Je me dois de préserver votre vertu.

Marylou avait très chaud, tout à coup, mais elle se sentait incroyablement bien. Elle s'était déclarée, et tout son corps brûlait de désir et d'impatience. Il était là, devant elle, et son côté Enfant de la Lune la faisait frissonner, autant que son coté vampire, pour le coup. Tout son être était prêt. N'était-ce pas ce qu'on appelle l'instinct ? Elle était à l'écoute de son corps et de ses besoins, et n'avait jamais eu de peine à les combler. Et aujourd'hui, pour elle, le désir physique était aussi simple que le besoin d'aimer et de se sentir aimé. Chez les loups, on se mettait en couple grâce au désir, et les couples étaient d'une solidité à toute épreuve. Il lui prit finalement la main et y appliqua un baiser. Il avait les lèvres fines et douces comme de la soie, ce qui la fit frissonner. L'autre, quand à elle, semblait ne plus avoir où se mettre.

- Le ciel m'en est témoin, j'ai souhaité vous connaître dès la seconde où mon regard s'est posé sur votre personne.

Les yeux de Marylou s'illuminèrent un peu plus en entendant cela. Ils s'installèrent sur le canapé, alors qu'elle attendait qu'il aille plus loin, qu'il accepte de former un couple avec elle. Elle ne s’embarrassait de chercher à savoir s'il était fait pour elle. Elle écoutait son instinct, instinct qui lui pointait cet homme du doigt en lui disant qu'il était le bon. C'était suffisant, pour elle ! Elle aimait et haïssait en suivant cette méthode, un point c'est tout. Elle aurait agit de même si son instinct l'avait poussé dans les bars d'une autre femme.

- Je vous aime également. Et c'est pour cela que je souhaite vous séduire, vous faire la cour, de façon à apprendre en douceur à vous connaître. Ainsi, nous pourrons pleinement nous déclarer l'un à l'autre, n'êtes-vous pas d'accord ?

Marylou sourcilla. Mmh ? Il l'aimait, mais il voulait attendre avant qu'ils se déclarent l'un à l'autre ? Stooop, on rembobine et on réécoute pour comprendre. S'il l'aimait, pourquoi attendre ? A quoi bon ? Pourquoi voulait-il lui faire la cour ? Il n'avait pas besoin, puisqu'elle était déjà là ! Elle tenta de comprendre le concept de séduire quelqu'un qui vous aimait déjà alors qu'il lui souriait en lui tenant la main. Derrière le canapé, l'autre marmonnait qu'il fallait être débile, franchement, pour vouloir séduire une personne qui était déjà à vous. Fauta vouer que c'est bizarre... Mais bon, c'était peut-être son éducation qui voulait ça !

- Je me dois de préserver votre vertu.

Sa vertu ? Késaco ? Marylou rejeta une mèche derrière son épaule, puis eut un très large sourire, avec une petite moue aux lèvres. Sa vertu ? Allons bon ! Elle ne s'en était jamais soucié et n'allait pas commencer maintenant. C'est pourquoi elle le plaqua sur le canapé et se mit à califourchon sur lui avant d'enlever sa chemise dans un grand geste, se retrouvant en soutien-gorge, sans aucune gêne. Il ouvrit de grands yeux et rougit comme jamais.

- M... Mais vo... Votre... Vertu ?

Elle haussa les épaules et détacha ses cheveux, un grand sourire sur le visage. Sa vertu ? Aucune importance, et son côté louve lui criait plutôt de se laisser aller à son désir. Aucun intérêt qu'il perde son temps à lui faire la cour alors qu'elle était déjà toute prête à se donner à lui. Elle se pencha et captura ses lèvres, l'embrassant longuement et passionnément, oublieuse du reste du monde. Puis ses doigts glissèrent sur la chemise noire de son bel hybride, qu'elle commença à déboutonner avec un sourire mutin. Il lui prit les mains, à présent cramoisi.

- On... On ne devrait peut-être pas... Aller si vite... Je ne veux pas vous voler votre innocence comme un parfait malotru hors des liens sacrés du mar...

Elle l'avait coupé en l'embrassant à nouveau, longtemps, puis glissa à son oreille avec un petit rire.

- Ça ne te fait rien quand je te touche ? murmura-t-elle.

Elle glissa ses mains sous a chemise pour caresser sa peau, devinant presque instinctivement ses points sensibles. Il gémit tout à coup sur elle et elle sourit de plus belle. Elle se sentait plus femme que jamais, et bouillant de désir et de passion.

- Fais-moi l'amour, murmura-t-elle en allant le toucher à des endroits plus sensibles.

Nahuel anticipait les jours, les semaines à venir. Faire une cour digne de ce nom à une jeune femme était tout un art. Il fallait faire en sorte de combler la demoiselle d'attentions, de  demander de passer du temps avec elle, recevoir élégamment ses refus de rendez-vous jusqu'au jour où l'on parvient à l'entraîner dans une promenade romantique, où elle sera accompagnée de son chaperon. La libérer à une heure décente, et lui offrir une fleur avant de la voir rentrer chez elle. Lui écrire de longues lettres et des chansons d'amour. Lui faire livrer des camélias. Attendre chastement qu'elle soit prête pour leur premier baiser. Un baiser rapide, doux, discret. Puis rendre visite à ses parents afin de se présenter, puis de demander l'autorisation de se marier. C'était ainsi que les choses devaient se passer, en bonne et dû forme !

Il s'apprêtait à l'expliquer à Marylou, afin de lui faire partager ce goût de l'attente et de la sensualité, lorsqu'elle bougea, très vite, et le plaqua sur le canapé. Il eut un hoquet de surprise, une fois de plus, alors qu'elle se mettait à califourchon sur lui. Mais, mais, mais ! Ce n'est pas comme ça qu'il faut faire ! Il faut prendre son temps, apprécier chaque étape avant de passer à la suivante, réfléchit pour trouver le plus beau moyen de conquérir la demoiselle ! C'était ça, une cour réussie, et... Elle enleva sa chemise et la jeta plus loin. Il faillit bien s'étrangler en ayant un regard direct sur sa poitrine et son soutien-gorge couleur soleil qui la mettait parfaitement en valeur. Il avala difficilement sa salive, alors qu'il se traitait de pervers en boucle pour oser la regarder. Il devrait détourner les yeux, ou mieux les fermer, mais il n'arrivait pas à s'y résoudre, comme attiré par un aimant.

Il fallait dire pour sa défense qu'elle avait une très belle poitrine. Une peau pâle, et couverte ci et là de cicatrices. QUI avait osé s'en prendre à elle ? Mais il n'arrivait pas à se mettre vraiment en colère, pas avec une telle vue sous les yeux. Il sentit ses joues s'échauffer, d'autant plus qu'elle était juste au-dessus de lui, sur lui. Du caaaalme, concentration, il ne devait pas se laisser aller à ses instincts ! Et, et... mais, il ne fallait pas se conduire ainsi !

- M... Mais vo... Votre... Vertu ?

Elle haussa les épaules et détacha ses cheveux. Ses mèches flottèrent autour de son visage, glissant sur ses fines épaules. Sa bouche s'assécha totalement, alors que son corps commençait, à sa très grande honte, à présenter certains signes de tension. Il avait si chaud qu'il croyait fondre. Il tenta de se reprendre mais tous ses efforts furent réduits à néant lorsqu'elle se pencha et l'embrassa passionnément. Il ferma les yeux, perdant absolument toute combativité sur le moment. Il ne sentait plus que ses lèvres sur les siennes, son odeur si particulière, chatouillé par ses longs cheveux blonds. Sa chemise se détendit tout à coup et il comprit qu'elle le déshabillait.

Les joues en feu, Nahuel posa ses mains sur celles de la jeune hybride pour l'arrêter. Ce n'était pas bien, ils n'avaient pas le droit de se conduire ainsi ! Il fallait rester chaste jusqu'au mariage, ou leurs âmes seront perdues. Et il ne voulait pas bafouer son honneur alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques jours, et encore. Et s'il lui faisait de la peine ? Comment savoir s'ils étaient véritablement accordés l'un à l'autre ? Il ne devrait pas la désirer physiquement comme en cet instant, pas déjà, ce n'était pas bien !

- On... On ne devrait peut-être pas... Aller si vite... Je ne veux pas vous voler votre innocence comme un parfait malotru hors des liens sacrés du mar...

Elle le coupa tout net en l'embrassant. Elle était sur lui, et il effleura sans le vouloir sa poitrine de ses doigts, restés entre eux. Il était de plus en plus rouge, et avait du mal à garder les idées claires. Sa raison et son désir se livraient un duel acharné au fond de son cœur, chacun cherchant à écraser l'autre. Et les agissements de Marylou ne l'aidaient vraiment pas à retrouver ses esprits, ce serait même plutôt l'inverse. Elle eut un léger rire, qui résonna comme une merveilleuse clochette.

- Ça ne te fait rien quand je te touche ? murmura-t-elle.

Elle glissa ses mains sous sa chemise et commença à le caresser. Il serra les lèvres, les yeux fermés, s'efforçant de ne pas craquer. Il devait la préserver, pas se laisser aller comme un malotru à sa passion ! C'était à lui de tenir, d'être chaste, jusqu'au jour où il pourra poser sans honte la main sur elle. en attendant, pas touche, même s'il était tenté. Même si son pantalon avait tendance à devenir serré. Il ne fallait succomber aux tentations de la chaire. Mais il ne put que gémir lorsqu'elle toucha un point plus sensible. Son souffle s'accéléra et il posa un regard à moitié perdu sur elle. Mais, et les conventions sociales, alors ? Elles étaient parties bien loin.

- Fais-moi l'amour.

Elle le toucha alors là où il était déjà bien tendu. Il gémit et se tendit, relâchant son souffle, les yeux fermés. Plus il se répétait de ne pas craquer, plus cela était difficile. Il mourait d'envie de la prendre dans ses bras et la prendre comme elle le lui demandait, mais il n'était pas question de souiller son honneur. C'est qu'il tenta de lui expliquer en bafouillant, alors qu'elle s'amusait avec son corps.

- Marylou... - Elle enleva son pantalon d'un geste. - On devrait peut-être être abstinents car... - Elle enleva ensuite son soutien-gorge et il déglutit. - Parce que le mariage est... - Sa culotte vola ensuite au sol et il perdit sa voix. Un moyen de... finit-il d'une voix minuscule, pitoyablement.

Il déglutit, ayant une vue parfaite sur son corps. Si tendu qu'il était tout prêt à craquer. Il ne put l'empêcher de le déshabiller à son tour, comme hypnotisé. Il déglutit à nouveau, tant bien que mal, et se retrouva pris dans ses caresses et ses baisers. La raison quitta lentement le champs de bataille, vaincue, alors que le désir l'envahissait.

La suite fut une succession d'émotions fortes, de passion et de découvertes. Ils ne quittèrent pas le large canapé, leurs corps emmêlés, le souffle rapide et saccadé. Il finit par oublier la honte de déflorer une jeune vierge sans la protection sacrée du mariage, en se concentrant sur elle et ce qu'elle ressentait. Durant une heure, ils se découvrirent l'un autre, plus intimement que jamais, en profondeur. Et lorsqu'il lui prit sa virginité, elle eut un petit cri. Le plaisir les envoûtait presque, tous les deux, emportés par la passion et l'oubli qu'elle procurait.

Puis ils finirent par s'arrêter, essoufflés, mais comblés. Il la serra contre lui, caressant doucement sa peau, l'embrassant dans le cou. Il n'aurait jamais cru vivre une expérience aussi forte que celle-ci. Ils restèrent silencieux un long moment puis il finit par remuer, avec un léger soupir. Il était sûrement déjà tard, et la famille de vampires allait s'inquiéter.

- Marylou...

Il fit glisser un doigt sur sa joue pour la chatouiller et attirer son attention.

- Je n'aurais jamais dû te prendre si vite ta virginité... Mais ce qui est fait est fait. Cependant, je refuse de souiller plus avant l'honneur de ton nom. Veux-tu m'épouser ?

Marylou y allait à l'instinct, comme les idées lui venaient. Avait-elle une idée précise de ce qu'elle faisait ? pas le moins du monde ! Elle se contentait de le toucher là où elle-même aurait aimé qu'on la touche. Elle se familiarisait petit à petit avec des sentiments qu'elle n'aurait jamais cru connaître. Elle n'avait jamais eu de contact si intimes avec une autre personne, ignorante de tout cela. Ce n'était pas les Enfants de la Lune qui auraient pu lui apprendre ce genre de choses, après tout. Enfin, peu importe aujourd'hui. Elle se sentait plus vivante que jamais, et prête à se donner pour l'homme que la vie lui avait désigné comme partenaire.

Il gémit, et si lui doutait encore, comme elle le pressentait, elle-même était sûre. Elle était sûr de ce choix qui lui avait été presque dicté, depuis la première fois où elle l'avait vu. Elle était sûre de ce que son cœur lui dictait, voilà tout. Elle avait grandit en espérant la liberté, et maintenant qu'elle l'avait enfin obtenu, elle voulait vivre vite et à fond, profiter de chaque instant comme il se doit. Et non gaspiller son temps à se laisser conduire par un homme qu'il l'aimait déjà, comme elle-même l'aimait, c'était on ne peut plus stupide.

- Marylou...

Ah non, qu'il ne lui reparle pas de sa vertu ! Elle fit glisser son pantalon le long de ses jambes, dévoilant progressivement son corps. Elle savait qu'elle portait de nombreuses marques et cicatrices, mais n'avait pas honte de se dévoiler pour autant. Il essaya de parler, à nouveau, s'interrompant à chaque fois qu'elle ôtait un de ses vêtements. Elle ne cessait de sourire, heureuse, et sentant son sang courir presque follement dans ses veines. Elle brûlait de désir et il allait très vite le comprendre.

Elle s'empara à nouveau de sa bouche pour l'embrasser, puis le fit se débarrasser de ses habits. Elle savait qu'il en avait envie, tout autant qu'elle, alors pourquoi se priver ? Le désir physique était un besoin aussi naturel qu'un autre, et Marylou voulait aimer. Elle voulait vivre, enfin, elle voulait rattraper toutes ces années qu'on lui avait volé. C'est pourquoi elle ne se souciait plus de rien, se contentant de suivre ses émotions, d'écouter ce que réclamait son corps.

Leurs corps s'entremêlèrent, comme dans une danse où ils se donnaient entièrement l'un à l'autre. Une succession de plaisirs et de nouvelles sensations. Marylou eut mal, parfois, mais se laissa très vite emportée. L'autre avait déguerpit à l'autre bout de la pièce et les regardait avec des yeux ronds, comme choquée. Marylou restait focalisée sur Nahuel, l'odeur de sa peau, passant ses mains dans ses cheveux si noirs, caressant ses lèvres. Il était très beau, et elle en était subjuguée.

Elle ignorait quelle heure il était ni combien de temps avait passé lorsqu'elle se blottit dans ses bras. Elle se sentait parfaitement bien et n'avait aucune intention de bouger pour le moment. Et lorsqu'il murmura son prénom, il le fit sur un tel ton qu'elle eut l'impression d'être la personne la plus importante au monde. Elle glissa ses doigts dans les mèches noires.

- Je n'aurais jamais dû te prendre si vite ta virginité... Mais ce qui est fait est fait. Cependant, je refuse de souiller plus avant l'honneur de ton nom. Veux-tu m'épouser ?

Elle se redressa d'un bond, le souffle court et le cœur battant, puis se sentit fondre. Elle lui attrapa les mains, les joues roses, et le souffle court. Il l'aimait vraiment. Il voulait vraiment qu'elle soit sa compagne. Elle résonnait dorénavant comme une louve, qui cherche celui auquel elle doit s'apparier pour le reste de sa vie. Mais son esprit vampire vint la pousser à réfléchir un minimum.

- Ne t'en fais pas pour mon honneur ! Tu n'es pas obligé de suivre les règles avec moi. Ni te me demander en mariage si vite juste parce qu'on a couché ensemble. Je t'aime, c'est suffisant.

Elle récupéra ses habits et lui redonna les siens au passage. Puis se blottit à nouveau dans ses bras sur le canapé à discuter de tout et de rien, simplement heureuse. Le temps filait sans qu'elle s'en soucie ou sans qu'elle y prenne garde. Elle était bien, comblée, sereine, et heureuse de sentir l'odeur de Nahuel. Elle dû s'endormir, à un moment, car elle se réveilla dans le canapé, seule, une couverture sur elle, et Nahuel assis à coté. Elle regarda l'heure et sursauta. Minuit passé. Merde. Carlisle allait la tuer. Elle réveilla l'autre d'un coup de pied et se redressa vite fait, sans prendre la peine de se recoiffer.

- Je te revoit très vite !

Remettant son manteau, elle embrassa son compagnon puis fila dehors. Il faisait nuit noire et il n'y avait absolument personne dans les rues. Elle courut dans les rues de la ville, puis dans la forêt, épuisée, mais enthousiaste. Arrivée à la villa, elle ouvrit la porte en faisant le moins de bruit possible et enleva son manteau, l'air de rien.

Incapable de dormir à présent, elle alla dans le salon, évitant le regard des Cullen, comme si de rien n'était. Toutes ses pensées étaient tournées vers son bel hybride, elle avait hâte de le revoir.

Alice était finalement bien plus heureuse que prévu en revoyant la villa blanche. Elle la dévora du regard un long, très long moment,s a main glissée dans celle de Jasper. Elle avait passé d'excellents moments à Forks et c'était ici aussi qu'elle avait rencontré Bella ! Vraiment, elle était enchantée de revenir, d'être de nouveau là avec toute sa famille, et même une famille encore plus grande ! Alice rentra en sautillant dans sa chambre, imaginant déjà tout ce qu'elle allait pouvoir faire ici, chasser avec Jasper, coiffer et maquiller Ashley, emmener Nessie faire du shopping à Seattle ou Tacoma, pousser Bella et Marylou à se fringuer un peu mieux que ça - pas comme des sacs en résumé - embêter Edward autant que possible, faire des duels de jeux vidéos avec Emmett, discuter des heures avec Rose sur des sujets qu'elles aimaient toutes les deux.

Parfaitement heureuse, elle sortit son carnet et y jeta ses premières idées pour relooker Bella. Elle en avait assez de la voir toujours porter les mêmes couleurs horribles qui nuisaient à son teint ! Elle avait besoin de couleurs, cette petite, et de bleu. Edward l'aimait, en bleu, et c'était la couleur qui lui allait le mieux. Un petit corsage légèrement gaufré avec une jupe longue, ça lui irait très bien ! Elle s'occupa de concevoir ses tenues une bonne partie de l'après-midi, jusqu'au moment où l'odeur s étrange de Marylou lui flotta jusqu'au nez alors qu'elle passait devant elle, courant sur Nessie.

- Passe un bon après-midi, ma petite puce !

Elle sauta dehors alors que Alice, elle, sautait sur ses pieds.

- Marylou ! Remets ton foulard en place, ça t'ira mieux !

Elle se réinstalla à sa place. Elle était en plein travail lorsqu'un flash l'envahit, littéralement, lui coupant presque le souffle alors qu'elle redressait la tête, partait loin, au plus profond de l'avenir.

"Marylou était dressée au-dessus de Nahuel, ses longs cheveux blonds détachés et flottant sur ses épaules, les épaules dénudées, brillant dans la lumière de cette fin d'après-midi. une lumière qui lui donnait un air presque naturel, et faisait ressortir cette beauté incroyable que lui donnait son côté vampire. Plus belle et femme que jamais, elle souriait à Nahuel. Elle était à califourchon sur lui l'embrassait, alors que lui était quasiment subjugué, même s'il essayait toujours de défendre sa vertu."

Alice eut une grande inspiration et un sourire éclaira son visage, très doux, et en même temps,a musé. Elle ne se rendait même pas compte que sa famille la regardait, emportée par ses visions. Une autre remplaça celle qu'elle venait de voir et elle frissonna légèrement.

"Les deux hybrides étaient mêlés l'un à l'autre, dans un tourbillon de plaisir et de passion. Ils se livraient entièrement l'un à l'autre, sans aucune honte ni aucune pudeur, sans plus de gêne, se laissant juste guider par leurs sentiments. Comme un ballet où les deux danseurs principaux, partenaires jusque dans l'âme au moment du dénouement, se lançaient pour réaliser le plus beau. Nahuel et Marylou s'accrochaient l'un à l'autre, ils s'aimaient, et personne n'avait rien à y dire. Belle histoire entre deux personnes différentes de toutes les autres, et qui s'étaient enfin trouvées. Marylou semblait plus heureuse que jamais, plus qu'elle n'avait jamais dû l'être dans sa vie."

La jeune vampire revint à la réalité avec un petit rire joyeux. Elle remarqua l'heure, ce qui la fit rire encore plus. Il valait mieux que Nessie n'attende pas sa sœur de cœur pour manger ce soir, car elle risquait d'avoir un peu de retard. Alice passa vivement une main dans ses cheveux, toujours en riant.

- Bon, dit-elle en se tournant vers sa famille. Il vaut mieux qu'on ne s'inquiète pas si Marylou rentre un peu tard ! Elle est allée voir Nahuel et... On va dire qu'il se sont vraiment beaucoup rapprochés. D'ailleurs, je n'ai pas vu s'ils ont pensé à se protéger avant de faire l'amour.

Toute contente pour Marylou, elle se leva puis retourna vaquer à ses affaires en sautillant, sans même se soucier si la nouvelle avait fait plaisir ou avait choqué sa famille. Les heures passèrent, et il était très tard, minuit passé, lorsque Marylou revint enfin, visiblement enchantée. Elle s'installa dans le salon et Alice fila aussitôt la voir en courant, avec le carton qu'elle avait préparé sur les genoux. Elle s'assit à côté d'elle et en sortit une chemise assez ample, la lui montrant.

- Regarde, Bella portait ça lorsqu'elle était enceinte de Nessie ! Je suis sûre que ça t'ira très bien, et cette couleur te flatte. Ou tu préfères les robes ?

Elle s'arrêta pour détailler un peu plus Marylou, notant son tour de poitrine, son tour de taille, la longueur de ses bras et de ses jambes, la teinte très exacte de sa peau, afin de définir ce qui lui ira le mieux. Elle hocha la tête après avoir tous ses calculs et reposa la chemise, confiante.

- Même si tu ne veux pas te marier tout de suite, je vais pensé à ta robe. Il faudra que tout soit parfait ! En attendant, il faut que ais de nouveaux sous-vêtements, tu vas prendre de la poitrine avec la grossesse ! Oh, et c'est quoi les matières que tu préfères ? Le coton te mettrait sans doute plus à l'aise, mais la soie est plus douce. C'est très important pour la maternité, tu sais, il faut que tu y songes !

Elle se mit à lui détailler avec entrain tout ce qu'elle pouvait porter pour être le plus à l'aise possible, ses yeux brillants d'excitation lorsqu'elle songeait à l'avenir.

- Et tu as pensé à un prénom pour ton futur bébé ? Je n'ai pas encore vu si ce sera une fille ou un garçon ! Tu veux le savoir à l'avance ou pas ? Ou tu préfères la surprise ? Faudra organiser une super fête pour la naissance ! Tu préfères un fils ou une fille, toi ?

Il faisait bien chaud, dans le salon, et malgré l'heure tardive, la jeune femme n'avait plus du tout envie de dormir. Au contraire, elle se sentait très bien et sereine. Elle comptait retourner voir Nahuel dès le lendemain, pour partir se balader et chasser avec lui. Ou passer une matinée tranquille à bavarder, puis ils déjeuneront ensemble ! C'était comme si elle redevenait une enfant, à rêver de l'homme qui viendra la chercher pour l'emmener avec lui. Elle en frétillait presque, souriante, se demandant à quoi allait ressembler sa vie désormais. L'autre, en revanche, semblait encore un peu choquée parce qu'elle avait vu plus tôt.

Elle rêvassait tranquillement, alors que l'autre s'agitait en marmonnant qu'elle aurait pu éviter de lui imposer ça, lorsque Alice arriva en courant et s'assit avec entrain à côté d'elle, une boîte dans les mains. Mmh ? Marylou flottait littéralement, planant très haut sur son petit nuage, et n'était pas du tout disposée à atterrir pour le moment. Cependant, Alice lui força l'atterrissage, ou plutôt la fit brutalement s'écraser sur la piste sans parachute en lui collant une chemise sous le nez, avec une affirmation bien forte et enthousiaste :

- Regarde, Bella portait ça lorsqu'elle était enceinte de Nessie ! Je suis sûre que ça t'ira très bien, et cette couleur te flatte. Ou tu préfères les robes ?

Marylou devint cramoisie en regardant la chemise, limite abasourdie. Une... Une... Heu... Une chemise pour la grossesse ? Eeeh, là, stop ! Elle n'était pas enceinte ! Où est-ce qu'Alice voyait ça ? D'où est-ce qu'elle tirait ce genre d'idées ? Marylou fixait le vêtement comme s'il s'agissait d'un serpent, alors que l'autre venait de sauter sur le canapé à côté d'elle, l'air bien plus intéressé d'un seul coup. Et lorsqu'elle fit mine de se pencher pour examiner son ventre, Marylou la repoussa d'un coup de coude, ce qui la fit glapir. On se calme, hein !

Et puis, et puis... autre soucis, là. COMMENT Alice pouvait-elle savoir que Marylou avait couché avec Nahuel ? Hein ? Elle les avait surpris ? Ils les avaient vu ? Mais... Ah non ! Comment pourrait-elle au courant si ce n'était pas de ce moyen-là ? La panique menaçait de l'envahir lorsqu'elle se souvint que la petite Alice voyait l'avenir. Oh... Ah... Euh... Bon... D'accord... Hum... L'autre s'étranglait à moitié de rire, à présent, les deux mains sur la bouche pour étouffer le bruit, alors que Marylou restait scotchée sur place.

- Même si tu ne veux pas te marier tout de suite, je vais penser à ta robe. Il faudra que tout soit parfait ! En attendant, il faut que tu ais de nouveaux sous-vêtements, tu vas prendre de la poitrine avec la grossesse ! Oh, et c'est quoi les matières que tu préfères ? Le coton te mettrait sans doute plus à l'aise, mais la soie est plus douce. C'est très important pour la maternité, tu sais, il faut que tu y songes !

Ah... Heu, si elle le disait, Marylou la croyait, hein... Elle était aussi figée qu'une statue, écoutant à peine tout ce que Alice lui disait. N'écoutant pas du tout d'ailleurs, le cœur battant si vite qu'il lui faisait mal. Alice l'avait vu avec un bébé dans les bras ?! Mais, mais, mais... Elle n'avait couché avec Nahuel qu'une seule fois ! Pendant une toute petite heure... Ou deux... Elle ne savait pas, en fait, mais quand même ! Elle l'avait reconnu comme son compagnon sans aucune difficulté, mais n'avait pas pensé une seule et unique seconde qu'elle pouvait tomber enceinte. Et à bien y réfléchir, elle ignorait comment on pouvait ne pas tomber enceinte, d'ailleurs...

L'autre leva les yeux au ciel en entendant cette dernière pensée, comme si ça paraissait évident, et Marylou eut envie de la taper. Elle ne savait pas, elle ! Personne ne s'était jamais donné la peine, jusqu'ici, de lui expliquer, un, comment on faisait les enfants, deux, comment on faisait pour ne pas en avoir. Bon, maintenant, elle savait comment on les faisait, et ce n'était pas du tout désagréable. Elle posa les deux mains sur son ventre, en se remémorant les femmes enceintes qu'elle avait vu parfois. Elle allait grossir, elle aussi ? Et le bébé sortait par où ? On allait lui ouvrir le ventre pour le tirer de son corps ? Gloups.

- Et tu as pensé à un prénom pour ton futur bébé ? Je n'ai pas encore vu si ce sera une fille ou un garçon ! Tu veux le savoir à l'avance ou pas ? Ou tu préfères la surprise ? Faudra organiser une super fête pour la naissance ! Tu préfères un fils ou une fille, toi ?

Marylou resta totalement silencieuse durant plusieurs minutes. Heuuu... Qu'est-ce qu'elle préférait ? Mais elle n'en savait rien, elle ! Alice était drôle, comment voulait-elle que Marylou puisse lui dire quoi que ce soit sur le sujet ? Hein ? Elle n'arrivait déjà pas à s'imaginer avec un enfant dans les bras,a lors choisir le prénom... Bah, non, elle ne pouvait pas, désolée. L'autre s'assit juste derrière elle et posa une main sur son ventre, sourcils légèrement froncés.

- Mais je sais pas, moi ! couina-t-elle lamentablement. Je... je...

Elle souleva sa chemise pour regarder son ventre, tête baissée, les yeux écarquillés. Il y avait vraiment un enfant là-dedans ? Enfin, dans son corps ? Elle cligna des yeux, comme si elle pouvait le voir, cherchant à comprendre comment un acte d'amour pouvait introduire un bébé dans le corps d'une femme et la faire grossir, jusqu'à ce qu'on le sorte. Paniquant, elle se leva d'un bond puis courut voir la seule personne ici à avoir déjà eu un enfant dans son ventre aussi. Dès qu'elle trouva Bella, elle l'agrippa par les épaules, la secouant à moitié.

- Comment faire l'amour peut mettre un bébé dans le corps ? Et comment l'enfant sort après ? Ça fait mal ?

Alice – Regarde, Bella portait ça lorsqu'elle était enceinte de Nessie ! Je suis sûre que ça t'ira très bien, et cette couleur te flatte. Ou tu préfères les robes ?

Ouuuuhlà ! Doucement ! Bella était scotchée, accoudée à la table de la cuisine. D’accord, Alice les avait prévenus du rapprochement de Marylou et Nahuel, mais tout de même, de là à lui sauter dessus de la sorte… La vie privée de la jeune mère ne tenait qu’à elle, Alice n’avait pas à tout dire comme ça à tout le monde ! Certes, ce n’était pas si privé que le pensait Bella, tout le monde le savait, surtout dans la famille, mais c’était gênant, surtout lorsque l’on pense à l’état dans lequel elle s’était retrouvée après à peine deux semaines. En plus, Nahuel… Non mais Nahuel, quoi ! De toutes les personnes existant sur cette terre, il aura fallu qu’elle choisisse cet hybride-là ?! Bella ravala le venin qui lui brûlait la gorge, lui donnant envie de vomir. Enfin, ils n’avaient aucun mot à dire là-dessus, mais imaginer Marylou avec lui… Elle ne comprenait définitivement pas ce qu’elle lui trouvait.

Cependant, le comportement d’Alice poussa Bella à compatir. Marylou était devenue toute rouge sous les assauts de la femme de Jasper, sous ses milliers de conseils alors qu’elle venait seulement d’arriver. L’hybride ignorait même qu’elle était enceinte, c’était sûr et certain vu la tête qu’elle tirait en cet instant précis. D’ailleurs, savait-elle quelque chose de tout cela ? Quelqu’un avait-il seulement pris la peine de tout lui expliquer, vu le milieu dans lequel elle avait grandi ? Et Alice qui lui balançait tout ça de but en blanc… Bella se mordit les lèvres, restant à l’écart encore un moment en regardant la scène d’un air gêné.

Alice – Même si tu ne veux pas te marier tout de suite, je vais penser à ta robe. Il faudra que tout soit parfait ! En attendant, il faut que tu ais de nouveaux sous-vêtements, tu vas prendre de la poitrine avec la grossesse ! Oh, et c'est quoi les matières que tu préfères ? Le coton te mettrait sans doute plus à l'aise, mais la soie est plus douce. C'est très important pour la maternité, tu sais, il faut que tu y songes !

Mon dieu… Bella lança un regard compatissant vers Marylou, et désespéré en même temps. Une fois qu’Alice s’était mis une idée en tête, impossible de la lui ôter, désolée. C’était impossible, personne n’avait encore réussi une telle prouesse et ce n’était certainement pas Bella qui allait essayer. Chacun pour soi, hein… De toute manière, ce serait peine perdue, il suffisait d’attendre que la vague passe, et rien d’autre. En attendant… Pauvre Marylou. La jeune mère retint une grimace en lançant un regard à Edward, se remémorant elle-même l’épisode de sa grossesse. Cette fois-là, Alice n’avait pas été si enthousiaste… Que du contraire. A bien y réfléchir, ce n’était pas plus mal si ça lui avait évité une telle scène. Ce ne fut que lorsque Marylou bougea enfin, posant ses mains sur son ventre, que la nervosité de Bella descendit d’un cran. Au moins, elle supportait le choc… C’était déjà un bon point, non ?

Alice – Et tu as pensé à un prénom pour ton futur bébé ? Je n'ai pas encore vu si ce sera une fille ou un garçon ! Tu veux le savoir à l'avance ou pas ? Ou tu préfères la surprise ? Faudra organiser une super fête pour la naissance ! Tu préfères un fils ou une fille, toi ?

Mais du caaaaalme Alice ! Bella poussa un soupir, exaspérée. Elle ne connaissait pas le tact, non ? Elle venait d’annoncer à Marylou qu’elle était enceinte alors qu’elle venait seulement de rentrer ! Et, à première vue, la jeune hybride ne s’en doutait même pas, elle était à des années lumières de s’imaginer une telle chose. Confirmation : elle ignorait, jusqu’à présent, comment étaient conçus les enfants… Alors, du calme ! Marylou ne prononça pas un seul mot durant plusieurs minutes, Bella faillit d’ailleurs se rapprocher d’elle pour vérifier qu’elle allait bien, qu’Alice ne l’avait pas définitivement choquée et perdue, qu’elle n’allait pas s’enfuir en courant. Mais, avant qu’elle ne fasse le moindre geste, Marylou brisa enfin le silence, totalement paniquée apparemment :

Marylou – Mais je sais pas, moi ! Je... je...

L’hybride souleva alors sa chemise, restant subjuguée par son ventre, comme si elle venait de faire la découverte du siècle. Bon, en l’occurrence, pour elle ça l’était, mais soit. Elle était choquée, clignait des yeux, fixant son ventre comme si elle espérait voir à l’intérieur d’un simple regard. Eh non, désolée, tout le monde n’est pas Superman, Marylou devrait attendre encore quelques mois avant de voir quelque chose… Ou quelques semaines ? Comment ça se passait, pour une hybride mi-loup, mi-vampire ? La jeune hybride se leva alors d’un bond, interrompant les pensées de Bella alors qu’elle lui agrippa les épaules en la secouant comme jamais. Mais eeeeeh ! Elle n’avait rien fait ! Pourquoi elle la secouait comme ça, d’abord ? Elle n’avait rien dit, elle ne s’attendait pas à une telle réaction d’Alice ! Pardon, mais Bella ne vivait avec les Cullen que depuis un peu plus d’un an. Donc, hein…

Marylou – Comment faire l'amour peut mettre un bébé dans le corps ? Et comment l'enfant sort après ? Ça fait mal ?

Q… Quoi ? Hein ? Marylou venait bien de lui demander ce qu’elle pensait qu’elle lui avait demandé ? Bella resta interdite un moment, les yeux grands ouverts, choquée. Bon, l’hypothèse selon laquelle l’hybride ignorait tout de la grossesse et de la naissance des enfants était confirmée. Le côté négatif était que c’était à la jeune mère de tout lui expliquer, étant la seule à avoir réellement mis un enfant dans cette famille… Mais c’était injuste ! Elle était censée expliquer ça comment, hein ?

Bella était perdue, lançant des regards suppliants aux autres et à Carlisle en particulier. Pitié, quoi, ils avaient intérêt à l’aider, elle n’allait certainement pas tout lui expliquer toute seule ! Commencer, d’accord, mais tout expliquer dans les détails… Si Marylou ne comprenait pas, elle passait son tour. Par ailleurs, Bella ne se souvenait même pas de l’entièreté de son accouchement et la jeune hybride elle-même en connaitrait un autre, alors que pouvait-elle répondre ? Se raclant la gorge, Bella entreprit un début d’explication – pour ce qu’elle savait, du moins :

Bella – Je… Eh bien… C’est…

Mais comment expliquer çaaaaaa ?! Help, pitié, quelqu’un pour lui venir en aide, là ? Se mordant les lèvres, plus mal à l’aise que jamais, Bella évita les regards d’Edward, de Jasper, d’Emmett et Carlisle pour tenter une explication plus concrète que des « Je… », des « C’est… » ou encore des « Heu… » :

Bella – C’est un acte naturel, il faut heu… une partie du père, et une partie de la mère pour avoir un enfant et heu… Eh bien, les deux éléments étaient réunis, pour ça, ici. Puis, il sort par heu… Par l’endroit où… Enfin… Tu ne seras pas opérée, normalement. Mais pour la douleur, je ne peux pas dire, j’étais… Un peu mal en point comme je suis… comme j’étais plus fragile. J’étais humaine, sans le venin de Carlisle, eh bien…

Bella se tut, se mordant à nouveau les lèvres en évitant toujours les autres. Ce n’était peut-être pas très rassurant, ce qu’elle disait, là. Dire qu’elle avait accouché en mourant… Non, il fallait qu’elle parle d’après ce qu’on lui avait dit pour un accouchement normal. Encore qu’ils ignoraient totalement si cet accouchement serait normal ou non… Reprenant, Bella dit :

Bella – Désolée, je ne veux pas t’effrayer. J’ai eu une grossesse compliquée et je… Il faut demander aux autres pour les détails. J’ignore totalement comment va se passer ta grossesse, pour être franche. Mais on ne te laissera pas tomber, on sera là pour t’aider le temps nécessaire, je ne pense pas m’avancer en disant ça.

Alice - Bon. Il vaut mieux qu'on ne s'inquiète pas si Marylou rentre un peu tard ! Elle est allée voir Nahuel et... On va dire qu'il se sont vraiment beaucoup rapprochés. D'ailleurs, je n'ai pas vu s'ils ont pensé à se protéger avant de faire l'amour.

Carlisle soupira longuement en reposant son journal. Bon, ça, c'était fait... Il posa sa tête contre sa main, un coude sur la table, pensif. Est-ce que quelqu'un, dans la jeune vie de Marylou, lui avait-il déjà expliqué tout ce qui concernait les relations sexuelles, et donc pas conséquent, la grossesse et la maternité ? Il espérait très fortement que lui, même s'il avait l'impression que personne ne lui avait rien dit... Qui aurait pu ? Aucun risque pour que ce soit les EDL, ils étaient bien trop occupés à la traiter comme un rat de laboratoire, ces monstres... Et à l'hôpital psychiatrique où elle était passée ? Quelqu'un aurait-il pu tout lui apprendre ? Il se mordilla les lèvres, peu convaincu. Là-bas, ils avaient dû surtout lui apprendre à se conduire comme une humaine. Les pauvres, ils ne s'étaient même pas rendu compte qu'ils lui avaient offert la capacité à pouvoir vivre seule sans se faire remarquer, si elle le voulait. sans ce passage de sa vie, elle serait on ne peut plus sauvage.

Comme prévu, Marylou rentra bien plus tard que l'heure ordinaire, il était minuit passé. Nessie dormait depuis une heure ou deux, blottie au fond de sa couette. Plongé dans une carte, à tracer les chemins les plus sûrs pour faire chasser Duncan et Marylou, Carlisle ne régit pas tout de suite lorsqu'il vit arriver Alice en courant vers elle, portant une grosse boîte dans ses mains, s'asseyant vivement à côté de Marylou. C'était Alice, elle était toujours vivace et enjouée, après tout, pourquoi s'en faire ?

Alice - Regarde, Bella portait ça lorsqu'elle était enceinte de Nessie ! Je suis sûre que ça t'ira très bien, et cette couleur te flatte. Ou tu préfères les robes ?

Carlisle cassa net son crayon dans sa main, sous le coup de la surprise. Enceinte... Pardon, Marylou était enceinte ?! Alice l'avait vu dans ses visions ? Mon Dieu... Mon Dieu. Ils ne s'étaient pas protégés... mais bon sang ! Et Nahuel ? Il n'était pas assez âgé pour savoir qu'un rapport sexuel doit se faire avec une protection ? Il aurait dû se douter que Marylou - au vu de sa personnalité particulière - ne songeait même pas à prendre la pilule, en admettant qu'elle sache de quoi il s'agissait. Mais Nahuel, lui, était censé être capable d'un peu plus de maturité ! Et il l'avait mise enceinte...

Il se leva pour aller jeter un œil dans le salon, alors que Marylou était littéralement la proie d'Alice, qui lui déballait tout sas prendre une seule pause pour lui laisser le temps de digérer. Il compatissait... Il compatissait même beaucoup. Mais rien ni personne ne pouvait arrêter Alice une fois qu'elle était lancée. Il fallait juste baisser la tête et attendre que la vague passe. Il observa la jeune hybride, de plus en plus persuadé que non, personne, dans sa vie, ne lui avait jamais parlé de grossesse ou d'accouchement. Personne ne lui avait expliqué comment étaient conçus les enfants, comment tout cela se passait.

Au vu de la vison d'Alice, elle avait poussé Nahuel à lui faire l'amour, et ne s'était sans doute pas douté une seule et unique seconde que cet acte pourrait la rendre enceinte. Comment l'aurait-elle pu ? Elle avait six ans, bon sang ! Six ans ! A quoi avait-il pensé ?! C'était comme si Jacob se mettait à toucher Nessie aujourd'hui ! Quoi que, il ferait mieux de ne pas s'y risquer, Edward lui arracherait la tête... Mais Nahuel... Bon sang, mais bon sang...

La crise Alice était passée, mais Marylou était totalement paniquée, à présent, et avait littéralement sautée sur Bella pour la secouer et lui demander comment elle pouvait bien être enceinte. Bon, du calme. Autant lui expliquer calmement, puis il appellera Nahuel pour lui toucher deux mots sur la façon de procéder avec une jeune femme vierge et complètement innocente de ce genre de choses.

Bella – C’est un acte naturel, il faut heu… une partie du père, et une partie de la mère pour avoir un enfant et heu… Eh bien, les deux éléments étaient réunis, pour ça, ici. Puis, il sort par heu… Par l’endroit où… Enfin… Tu ne seras pas opérée, normalement. Mais pour la douleur, je ne peux pas dire, j’étais… Un peu mal en point comme je suis… comme j’étais plus fragile. J’étais humaine, sans le venin de Carlisle, eh bien…

Hum... Pas très bien expliqué, tout ça, Marylou risquait de ne pas comprendre. mais ce n'est pas grave, il allait s'en charger. De toute façon, Bella ferait mieux de s'entraîner aussi, pour le jour où Nessie lui demandera elle-même le procédé. Mieux valait prévoir, non ?

Bella – Désolée, je ne veux pas t’effrayer. J’ai eu une grossesse compliquée et je… Il faut demander aux autres pour les détails. J’ignore totalement comment va se passer ta grossesse, pour être franche. Mais on ne te laissera pas tomber, on sera là pour t’aider le temps nécessaire, je ne pense pas m’avancer en disant ça.

Il secoua doucement la tête et récupéra Marylou, la faisant asseoir sur une chaise à la grande table, s'installant avec elle, posé, tranquille, prêt pour une longue conversation. Il s'assura qu'elle était plus calme et prêt à écouter, avant de débuter. Il commença par lui parler des différences organiques entre le corps d'un homme et celui d'une femme, et ce qui permettait, génétiquement parlant, à une femme de porter une vie en elle. L'utérus, la grossesse... Il lui expliqua en détail comment se produisait l'accouplement, et finit même par lui dessiner des schémas sur des bouts de papier pour bien lui montrer.

– Pour moi, ta grossesse sera forcément plus longue que celle de Bella, mais sans doute moins que pour un bébé bien humain... Peut-être quelques mois, au moins. Au début, tu ne sentiras rien, puis ton ventre grossira peu à peu, au rythme que va prendre ton bébé pour se développer dans l'utérus. La grossesse est plus ou moins douloureuse selon les femmes, mais tu es beaucoup plus solide que Bella au moment où elle attendait Renesmée. Ça devrait bien se passer.

Il lui décrit ensuite un accouchement standard, en prenant soin de la rassurer, qu'elle n'avait pas rien à craindre. De toute façon, ce sera sûrement lui qui procédera à l'accouchement. Il la fit se mettre debout puis examina son ventre. On ne voyait encore rien, ce qui était plutôt bon signe. Ce sera une grossesse plus ou moins ordinaire.

– Je vais surveiller cela, ne t'en fais pas. Mais vous auriez dû vous protéger... Ou Nahuel aurait dû penser qu'il faut se protéger. Passe-moi le téléphone, Bella.

Il tendit la main pour qu'elle le lui donne, puis composa rapidement le numéro qu'il trouva dans l'annuaire, toujours debout près de Marylou. L'hybride devait peut-être dormir, mais Carlisle patienta jusqu'à ce qu'il décroche. Il s'annonça, puis annonça d'une voix pincé qu'il savait ce qu'il avait fait avec Marylou, rajoutant que s'ils étaient libres de ça, il y avait deux ou trois précautions à prendre, le tout très vite pour qu'il en raccroche pas.

– Il ne t'est même pas venu à l'esprit de juste vous protéger ? En tout cas, félicitations, tu vas être papa !

[Avec autorisation des autres.]

Autant l'avouer, Nahuel s'en voulait. Il avait accepté qu'elle se donne à lui, il lui avait pris sa vertu, sa virginité, et tout cela sans la protection sacrée du mariage. Il avait agit exactement comme son père avec ses différentes femmes, les prenant comme de vulgaires objets, juste pour leur faire un enfant hybride qu'il pourra étudier ensuite, laissant la mère mourir dans des souffrances atroces, le ventre déchiré après l'accouchement. Cette nuit, il s'en était pris de même à Marylou, se permettant d'accéder à un désir interdit, se permettant de lui prendre sa virginité alors qu'ils n'étaient pas mariés. C'était indigne ! Le désir était interdit, souiller une femme était interdit. Il baissa la tête alors qu'elle lui prenait les mains.

Il voulait vivre avec elle. Pas pour en faire un sujet d'études ou se servir d'elle, de son corps. Non, il voulait qu'elle devienne sa compagne, qu'elle vive avec lui, qu'ils soient simplement ensemble et heureux, en un couple normal, au soleil. Il voulait qu'elle voit sa patrie. Elle aimera sûrement les très grands arbres de la forêt équatoriale ! Elle adorerait sûrement y grimper, toujours plus tôt, sauter, s'envoler. Il aimait bien grimper, lui aussi. Il pouvait même lui construire une maison en hauteur, où ils se lèveront avec le soleil et se coucheront sous la lumière pâle de la lune.

– Ne t'en fais pas pour mon honneur ! Tu n'es pas obligé de suivre les règles avec moi. Ni te me demander en mariage si vite juste parce qu'on a couché ensemble. Je t'aime, c'est suffisant.

Il hocha doucement la tête, puis suivit le mouvement lorsqu'elle se rhabilla. Il essayait de ne pas se laisser submerger par la honte de l'avoir ainsi défloré, même si c'était elle qui le lui avait demandé. Il se remit dans le canapé avec Marylou dans les bras, discutant doucement avec elle. C'était bien la première fois de sa vie qu'on lui manifestait un tel intérêt, et d'une manière aussi... Hum... Frappante. Il n'avait jamais regardé les femmes, ou pas de cette manière-là, et n'avait jamais pensé une seule fois qu'une fille pourrait lui sauter dessus pour l'embrasser. C'était... Comment dire ? Cela lui était encore peu naturel, et malgré son âge, il n'avait jamais testé.

Voyant que Marylou s'endormait, il l'allongea délicatement sur le canapé et la recouvrit d'une couverture, s'asseyant en face pour l'observer. Elle était si belle, et semblait si fragile. Il avait la ferme résolution de la protéger, imaginant ce qui pourra la combler durant leur vie à deux. Il était aussi un peu perturbé. Il ne connaissait rien aux histoires de sexe, autant l'avouer platement. On ne lui avait jamais donné de cours, et personne ne l'avait non plus pris un jour par l'épaule en lui disant qu'il était temps d'avoir une conversation entre hommes. L’amertume revint à nouveau. Comment un vampire pouvait-il penser être un père...

Il somnolait à son tour lorsque son aimée se réveilla d'un seul coup et se redressa tout aussi vivement, paniquant à cause de l'heure. Elle lui dit au revoir et fila d'une flèche. Il resta un instant immobile après son départ, un peu sonné, puis se leva lentement, rangeant la maison. Mais il se laissa tomber peu de temps après de tout son long sur le canapé, un bras sur le front, enveloppé de l'odeur de Marylou. Encore plus tard, le téléphone sonna soudainement. Il grogna, à moitié endormi. Quoi encore ? Il attrapa le combiné à tâtons et décrocha.

– Ouais ? marmonna-t-il.

La voix du Docteur Cullen jaillit du téléphone, ce qui le fit se redresser aussi sec, toute fatigue envolée. Pourquoi il l'appelait à une heure du matin passée, celui-là ? Qu'est-ce qu'il lui voulait ? Il grimaça lorsqu'il dit qu'ils avait pour lui et Marylou. Parce qu'on les avait espionnés, en plus ?! Il leva les yeux au ciel en l'entendant dire qu'ils pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient. Encore heureux ! C'était leur vie, nan ? Alors que monsieur ne s'occupe que de sa propre famille et pas de celles des autres ! Et puis quoi ensuite ? Et pourquoi lui parlait-il de "précautions" ? Comment ça ? Il n'avait pas blessé Marylou, non ?

– Il ne t'est même pas venu à l'esprit de juste vous protéger ? En tout cas, félicitations, tu vas être papa !

Nahuel faillit lâcher le combiné, pâlissant d'un seul coup, la bouche grande ouverte. Que... Quoi ? Il... Il allait... Mais non ! Il avait fait l'amour à Marylou, il n'avait pas voulu lui faire un enfant ! Il... D'ailleurs, comment est-ce qu'on faisait pour... Mais non, non, non, ce ne pouvait être aussi simple que ça, et une femme ne pouvait de toute façon pas tomber enceinte hors mariage ! Si... ? Non... Ou si ? Il était toujours dans la même position, sans lâcher un seul mot, juste choqué.

– Elle attend un...

Non, non, non, non, stop, temps mort ! Ce n'était pas possible ! Il passa une main dans ses cheveux, tremblant comme une feuille. Papa. Non. Pas lui, il... Mais... Non, mais, non ! Il se leva, faisant les cents pas, incapable d'articuler un seul mot correctement. Mais il lui avait juste fait l'amour ! Et ils n'étaient pas mariés ! C'était... mais non.

– Mais on n'est même pas mariés ! finit-il. Elle ne peut pas tomber enceinte, on a fait l'amour, on ne voulait pas un enfant.

Il y eut un très grand silence. Nahuel s'arrêta près de la fenêtre, les jambes lourdes et sonné. Mais c'était vrai, quoi ! Il entendit très nettement un énorme soupir. Il reprit d'un ton plus lourd, comme s'il était en colère ou résigné.

– Ne me dis pas que tu n'y connais rien aussi ? On ne t'a jamais dit comment on faisait les enfants ?

– Navré, Docteur, mais je vois très mal mon père m'expliquer les joies de la reproduction ! Puis, c'est vrai, quoi ! On n'est pas mariés, donc elle ne peut pas tomber enceinte. C'est... Heu, c'est impossible.

Il passa à nouveau une main dans ses cheveux très noirs, sentant l'agacement du docteur sans même l'avoir en face de lui. Marylou enceinte... De lui... Il avait l'impression d'avoir reçu des tonnes de pierre sur le crâne, comme si on essayait de le tuer.

– Bon, je ne sais pas qui est ton père, mais passons. J'ai encore les schémas sur la table, que j'ai fait pour Marylou. Tu as très exactement trois minutes pour ramener tes fesses ici et enfin comprendre !

Il ouvrit grand les yeux, stoppant net, manquant de s'étaler lorsqu'il se prit les pieds dans le tapis. Hein ? Ah mais non ! Non, non, non, hors de question ! Il n'était pas question qu'il retourne là-bas pour avoir un cours d'éducation sexuelle à une heure du matin, donnée par un vampire médecin aux yeux jaunes ! Et puis quoi encore ? Il voulait juste voir Marylou, rien d'autre, ce n'était pas grave s'il ne savait pas pour tout le reste ! Il laissa retomber sur le fauteuil, secouant toujours la tête.

– C'est hors de question ! Vous allez pas me faire cours en pleine nuit, surtout pour ça ! C'est pas grave si je ne sais pas ça !

– Pas grave ? Marylou est enceinte. De toi ! Tu viens tout seul ou je viens te chercher ? Ne pas savoir ça... J'hallucine vraiment ! Il te reste deux minutes.

Nahuel ne répondit pas tout de suite, ahuri, fixant le combiné. Il plaisantait, le toubib, là, non ? Il ne pouvait que lui faire une mauvaise blague ! Pour le coup, il aurait presque préféré voir son père débarquer, ou n'importe qui d'autre. Là, il avait un face un vampire, un docteur, qui se prenait pour un prof et qui venait de lui balancer qu'il allait être papa. C'était joyeux !

– Vous oseriez pas... Et je n'ai pas besoin qu'on vienne jouer le rôle de mon propre père, surtout maintenant.

Non mais, sans blague... Personne n'avait à venir lui donner des leçons comme ça, c'était bon, une personne avait déjà eu sa chance et ne l'avait jamais saisis. Alors aujourd'hui, c'était trop tard ! Et ce vampire-là ferait mieux de le comprendre.

– Ton père ne s'est peut-être pas occupé de toi, ça expliquerait beaucoup de choses, mais aujourd'hui, si tu aimes Marylou et si tu veux être capable d'assumer votre futur enfant, il y a des choses que tu dois absolument savoir. Je viens te chercher ou tu te décides à bouger ?

C'est pas vrai, mais c'est pas vraiiii... Il en était capable, ce ** ! Nahuel se releva avec un grognement furieux. Lui infliger ça maintenant... Et il n'avait pas tord en plus, c'était ça le pire ! Il reprit son souffle, songeant à Marylou, de plus en plus honteux. Et aussi humilié de ne pas savoir ces trucs-là et qu'un vampire se sente obligé de lui faire la leçon.

– C'est bon, marmonna-t-il, je viens...

Il raccrocha puis mit sa veste, dépité, honteux, et sortit pour retourner à la villa, une énorme boule dans la gorge. Marylou enceinte. De lui. Mais bon sang... Ils avait qu'il aurait dû attendre avant de la toucher ! En arrivant, il freina des quatre fers, ne voulant surtout pas passer le seuil de cette porte. Et d'abord, pourquoi le médecin y tenait, hein ? Ça changeait quoi, pour lui ? Il frappa avant d'entrer, plus raide qu'un piquet, et grimaça en voyant le toubib.

– Allez, assis-toi !

C'était un cauchemar. Il allait se réveiller. Cette nuit avait pourtant si bien commencé. Il aperçut Marylou et son regard glissa sur son ventre, comme s'il pouvait voir au travers. Enceinte. Le docteur débuta sa leçon, alors qu'il tâchait d'ignorer le reste de la famille. La vampirette rit tout à coup comme une tordue, se fichant ouvertement de sa tête. Il lui jeta un regard noir puis reporta son attention sur ce que montrait Carlisle. Il ne l'interrompit pas, se contentant d'hocher la tête de temps en temps. D'accord, c'était mieux de le savoir, mais la situation était... A la fin, il lâcha un grand soupir.

– Merci beaucoup, docteur, mais je ne vois vraiment pas pourquoi vous vous prenez la tête avec ça, et encore moins pourquoi vous vous sentez concerné ! Vous n'êtes pas mon père.

– Non, mais il a vraiment négligé ton éducation... C'est à cause de lui que tu détestes autant les vampires ? Parce qu'il ne sait pas s'occuper de ses enfants ?

Voilà une question qui ne faisait qu'enfoncer des portes ouvertes. Il se releva, se retenant d'hausser les épaules. Rien de tout cela ne les concernait. Ils pouvaient bien deviner seuls quel genre d'homme son père était. Un scientifique cinglé, pourri jusqu'aux os, blasé de tout, ne s'occupant de rien ni personne, aimant plus son labo que ses filles, son fils, ou sa propre vie.

– Il y a de ça. Je n'attends qu'une chose, que les Volturi lui tombent enfin dessus pour toutes les petites expériences qu'il mène. Pour qu'il se rende compte que toute vie a la même valeur. J'attend le jour où ils vont le faire brûler, lui et son laboratoire, et j'irais danser sur sa tombe.

Il ne souriait pas, ne montrant ni cynisme ni ironie. Il était sérieux. Mortellement sérieux. Il rêvait bel et bien de ce jour, il attendait que les Volturi daignent enfin s'occuper de ce fou furieux, de ce cinglé. Peut-être après la guerre, qui sait ? On pouvait toujours espérer. On pouvait toujours rêver... Ce qui était sûr, c'est qu'il éloignera toujours Marylou de son fou de père. la vampirette semblait surprise, comme si un truc l'avait choqué. Il pinça les lèvres.

– Au final, les Italiens sont bien les seuls vampires dont j'espère quelque chose. Après tout, c'est leur boulot, non ? Se débarrasser de ceux qui fichent le bordel.

Il serait même prêt à dénoncer son propre père, à le balancer aux Volturi sans aucun état d'âme, avec juste une certaine jubilation. Une jubilation féroce, et qu'il savourait. Enfin, voir Johan brûler dans les flammes. Oh oui, il attendait les Volturi. Ils étaient les seuls vampires qu'il voulait voir débarquer. Ils avaient instaurés les "lois", alors qu'ils les fassent respecter, maintenant ! Qu'ils les appliquent ! La vampirette avait encore eu une réaction bizarre, quand à elle, à croire qu'elle ne savait faire que ça. Elle fixait son "père", comme si elle croyait qu'il allait s'effondrer. Il se retint de lever les yeux au ciel et enfila sa veste.

– Ceux qui fichent le bordel... Ça peut aussi être des erreurs. Personne n'est à l'abri, tu ne dirais pas ça si tu te retrouvais face à eux. Apprends à gérer des gens avant de porter un jugement sur des vampires que tu ne connais même pas.

– Des vampires que je ne connais même pas ? Tu penses que je ne connais pas mon propre père ? Il méritera ce qu'il lui arrivera. Il a laissé mourir quatre humaines, qui lui ont chacune donné une enfant hybride, mes sœurs. Et une cinquième femme, ma mère. Tout ça pour ses expériences... Appelle ça des erreurs si tu veux, peu importe.

Il y avait plus urgent, de toute manière. Il pensa à la maison qu'il allait construire pour Marylou et leur enfant. L'aménagement, assez confortable pour une jeune mère et son bébé. Il fera un berceau, qu'ils garniront d'une couverte très douce et d'un oreiller. Marylou pourra sans doute nourrir le bébé au sein. Il chassera pour pour elle le temps de la grossesse, afin qu'elle ne coure aucun risque. Mais la vampirette reprenait, comme si elle était encore énervée.

– Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas généraliser. Pour ton père, admettons... Mais tout le monde n'est pas comme ça. La preuve avec Carlisle, tu as vu qu'il t'avait aidé alors que tu nous as tous remballés il y a peu. Je demande simplement du respect.

– J'admets. Laisse-moi rencontrer quelques autres vampires, et je reviendrais te dire s'il reste un espoir. Mais je peux au moins respecter le docteur pour une chose. Toi, il ne t'a pas laissé crever comme une merde à la naissance de ta fille.

– Au moins une chose sur laquelle on est d'accord.

Ouais, et ça s'arrêtait là. Il se retourna vers Marylou et lui prit la main, l'entraînant avec lui. Ils devaient se parler, seul à seule, en toute tranquillité, loin des oreilles indiscrètes. Il repartit chez lui, avec elle, rentrant à leur rythme, à Forks. Ils allaient d'abord dormir, et enfin, ils seront en paix tous les deux, pour parler et construire leurs projets.