Roy Mustang [En cours]

❝ Alchimie de flammes ❞

Sourire sur la photo de classe cette année-là fut une épreuve. Le jeune Roy n’avait pas le cœur à s’amuser, comme ses camarades de classe, ni même à faire quoi que ce soit. Il avait huit ans et déjà, à ses yeux, sa vie était fichue. Son père avait disparu après sa naissance sans même le reconnaître à l’état civil. Sa mère venait de mourir. Il avait été conduit par les gendarmes à l’orphelinat, ou le seul choix possible à présent était de s’y faire et de se résigner. Mais comment accepter la résignation ? Très curieux et vif d’esprit, il avait toujours appris vite et répugnait à passer sa vie à faire un travail qui ne lui plaisait pas dans le but de gagner chichement sa vie. Tu n’as pas le choix, lui disait-on. Il était orphelin, sans aucun héritage, aucune ressources, il devait prendre ce qu’il se présentait pour vivre. A ses douze ans, il sera mis au travail. Il termina la journée de cours sans dire un mot, les yeux perdus dans le vide. Ce n’est qu’en rentrant à l’orphelinat, son sac de cours sur le dos, qu’il vit le directeur lui faire signe de venir, à l’accueil. Il lui sourit, accompagné par une dame assez ronde, très maquillée, qui fumait une cigarette. Il s’arrêta près deux, levant le regard, les mains crispées sur les bretelles de son cartable.

– Roy, je te présente madame Christmas, de son vrai nom Chris Mustang. Elle tient un bar à hôtesses à East City.

– Bonjour, murmura-t-il.

– Elle voudrait t’adopter.

La bouche du petit garçon se décrocha sous l’effet du choc. L’adopter ? Lui ? Il leva un regard profondément reconnaissant sur cette femme, qui ne souriait pas mais avait un regard bienveillant. Roy partit le soir même avec elle. Sa mère adoptive l’emmena chez elle puis passa la soirée à le « remplumer » un peu, tout en s’occupant des papiers administratifs. Le petit garçon s‘appellera désormais Roy Mustang.

Chris Mustang se faisait appeler Madame Christmas pour son bar à hôtesses, qui avait ce nom. De jeunes filles travaillaient avec elle pour discuter avec les clients, les faire rire et les écouter. Une compagnie galante pour hommes ayant besoin d’un peu de compagnie tout en buvant un verre. Lorsque le petit Roy, comme elle disait, se mit à la suivre partout, les gens commencèrent à se poser des questions, demandant d’où il venait, pourquoi elle l’avait adopté, etc. La vie à East City était vraiment la campagne dans toute sa splendeur. Mais ce qui intéressait le plus Roy était la poursuite de ses études et notamment une branche de ses études en particulier, l’alchimie. Transformer une chose en une autre, ce qu’on appelait la transmutation. Il s’y passionné très jeune, très vite, puis réussit à être pris comme élève par Maître Hawkeye, un homme passionné, lui aussi, veuf depuis quelques années, qui consacrait sa vie entière à ses recherches.

Il passa des heures chez lui à étudier l’alchimie, y passant parfois même plus de temps que chez sa mère adoptive. Son Maître avait une fille, Riza, qu’il élevait seul depuis la mort de sa femme. Roy la voyait peu, plongé dans ses études, mais assez pour l’apprécier. Il la trouvait assez timide et un peu renfermée. Il parlait de temps avec elle, l’ayant prise en affectation, mais passait le plus clair de son temps, lorsqu’il était chez eux, à étudier avec Maître Hawkeye et à s’exercer avec l’alchimie. « L’alchimie doit servir pour le bien du peuple », son maître lui répétait souvent cette maxime, ce proverbe qui, disait-il, devait guider au quotidien les alchimistes de ce pays. Il l’entraîna dur mais Roy était un élève attentif, qui avait à cœur de progresser et de faire de son mieux. Il grandit avec l’alchimie, cherchant en parallèle sa voix, le travail qu’il voulait accomplir. Comment protéger efficacement le peuple d’Amestris alors que le pays était cerné par des voisins belliqueux qui les attaquaient régulièrement ?

Il trouva la réponse en s’engageant dans l’armée. Pour lui, afin de protéger le peuple et de se servir de l’alchimie pour son bien, il devait enfiler l’uniforme et passer l’examen des alchimistes d’état. Devenir un chien de l’armée, littéralement, comme le lui reprocha son maître lorsqu’il vint lui annoncer sa décision. Son maître qui mourut ce jour-là, emporté par la vieillesse et la maladie… Ce fut un coup dur pour Roy, mais aussi pour Riza, qui se retrouvait seule à son tour. Il organisa les funérailles pour l’aider et la soulager. Et ce fut aussi avec elle qu’il passa la dernière étape de son apprentissage… Le père de Riza avait tatoué toutes ses recherches sur le dos de sa fille. Recherches qu’elle lui dévoila, recherches qui l’amenèrent à maîtriser l’alchimie de flammes.