Une demande particulière

Après la réponse de Bella, Edward se redressa avec elle et eut un regard vers la baie vitrée qui se trouvait derrière eux. Mais qu’avait-il en tête ?! Elle n’aimait pas les surprises, surtout lorsqu’elles viennent des Cullen car elles sont toujours immenses, extraordinaires, incroyables ! Bella ne sait jamais rendre la pareille, elle n’a pas les moyens et n’est qu’une étudiante, une pauvre étudiante et humaine de surcroît. En d’autres mots, elle trouvait qu’elle « coûtait » bien trop cher à Edward pour sa valeur réelle. Enfin… Dans quelques mois, elle pourrait le lui rendre. Plus que quelques mois à accepter ses caprices et ensuite, tout lui serait rendu au centuple… Elle avait hâte ! Mais tandis qu’il l’aidait à se relever, il lui dit :

Edward – Tu peux téléphoner à ton père pour lui dire qu'Alice t'a invitée à dormir ? Il l'adore, il ne fera pas d'objections.

Lançant un regard de plus en plus soupçonneux à l’égard d’Edward, Bella se contenta d’acquiescer même si la peur lui triturait les entrailles. Elle avait un mauvais pressentiment, pourquoi tenait-il tant que cela à lui parler en privé ? De plus, s’ils restaient ici, ce n’était pas vraiment un « privé » vu que sa famille allait tout entendre. Traversant le hall pour aller vers le téléphone de la villa, Bella lança un regard interrogatif à Alice en la suppliant de lui dire ce qu’il se passait, en cherchant le moindre indice dans son regard. Parce que oui, elle avait tout vu. Mais Alice n’avait pas l’air inquiète, elle semblait soulagée et avait ce petit sourire malicieux que Bella connaissait bien. Mais peut-être cela était-il dû au fait qu’ils avaient réussi à faire changer Edward d’avis ? Dieu, que c’est horrible de rester dans l’ignorance ! Mais soit, autant se prêter au jeu pour l’instant. Elle composa le numéro de téléphone de chez elle et, quand Charlie décrocha d’une voix qui laissait sous-entendre qu’elle allait avoir des ennuis :

Bella – Avant de gueuler, écoute-moi s’il te plaît. Alice m’a invitée à dormir ici, elle veut qu’on discute, qu’on regarde des films, mange plein de trucs… Enfin, tu vois, des trucs de filles quoi. Je peux rester ou… ? On avait commencé à regarder un film, et elle s’en voulait terriblement de ne pas m’avoir ramenée à l’heure mais… Ah ! C’est vrai ? Merci !

Et une chose de réglée. Mais le stress ne faisait qu’augmenter, Edward ne savait pas que dire « on doit parler » est LA chose à éviter dans un couple ? Parfois, oui, elle oubliait qu’il n’était pas de la même époque qu’elle… Mais tout de même, annoncer à quelqu’un qu’il faut discuter en tête à tête n’est jamais encourageant, que du contraire, et cela devait être la même chose depuis la nuit des temps. Mais elle ne pouvait plus reculer… Alors elle le suivit. Ils montèrent dans sa chambre, il la fit s’installer sur son lit mais ne vint pas s’asseoir à côté d’elle. Il se contentait de la regarder, se mordillant les lèvres. Il était… Nerveux ? Le côté rassurant à cette nervosité visible, c’était que la nouvelle ne devait pas être mauvaise pour Bella… Peut-être était-ce difficile à dire pour lui, peut-être allaient-ils partir ensemble après la dispute ? Mais s’il avait cédé, sa famille ne lui en voulait sûrement plus et il aimait toujours Bella, vu les conséquences que cela avait engendré. Donc rien d’alarmant… Mais vint un contact physique : il s’était assis à ses côtés et avait pris ses mains dans les siennes.

Edward – Bella, je sais que je t'ai beaucoup fait souffrir, mais je vais changer. Pour toi. Et…

Et… ? Edward, par pitié, réponds ! Il voulait lui faire faire une crise cardiaque, ou quoi ?! Elle l’interrogea du regard, montrant sa propre angoisse qui ne cessait de croître :

Edward – J'ai été élevé avec des idéaux d'une autre époque. Et l'un d'eux me tient particulièrement à cœur…

Bella se sentait idiote… Mais elle ne comprenait vraiment pas où il voulait en venir. N’importe quelle autre personne aurait sans doute compris, mais elle, non. Elle se sentait horriblement démunie en cet instant précis, elle essayait de rassembler tous les indices, mais la réponse à tous ces mystères, et à laquelle elle pensait, était bien trop farfelue ou trop… Irréelle pour que ce soit cela. Encore que « irréelle » ne correspond pas, mais de toute façon, ce n’était sûrement pas cette réponse. Elle essaya de l’interroger. Ouvrit la bouche pour sortir quelques mots, mais impossible. Sa gorge semblait sèche, elle était nouée à cause du stress et à cause de tous les évènements de la journée. Mais même un chuchotement serait perçu par Edward, alors elle l’interrogea à demi-voix :

Bella – Je suis sans doute idiote mais… L’un d'eux ?

Bella n’était pas à l’aise. Mais alors là, pas du tout. Edward avait quelque chose derrière la tête et elle le savait, mais comment l’éviter ? Elle avait comme une boule horrible à l’estomac, celle que l’on a avant un examen important, l’angoisse ressentie lorsque quelque chose va arriver et qu’on le sent mais… On en ignore tout. Mais ici, sinon attendre une quelconque réaction d’Edward, le moindre signe de sa part lui indiquant les prochains évènements… Que pouvait-elle faire ? Rien. Absolument rien. Et Alice le savait, elle était au courant de tout et avait sûrement « vu » ce qu’Edward réservait à Bella. Dieu, qu’elle la détestait en cet instant précis d’avoir refusé de lui montrer quoi que ce soit ! Mais voilà qu’Edward lui souriait… De ce sourire si irrésistible qu’elle avait du mal à lui résister, à lui dire non, à le rejeter. Il était impitoyable, un vrai tortionnaire ! La jeune femme se mordit les lèvres tandis qu’elle l’écoutait :

Edward – Vois-tu, au début du vingtième siècle, lorsque je suis né, le monde était très différent d'aujourd'hui. J'ose dire que les jeunes étaient, en quelque sorte, matures plus vite. Personnellement, je rêvais de gloire. Je me voyais soldat, gradé. Un rêve commun à beaucoup d'hommes de cette époque. Cependant, je n'en oubliais pas ma vie personnelle. Et je savais quelle aurait été ma réaction si, à l'époque, je t'avais rencontrée.

Ouhlà… Non ? Ce n’était pas ce qu’elle pensait ? Mais non, Bella se trompait certainement. Il ne faisait pas ce qu’elle pensait, c’était une toute autre chose. Et puis, de toute manière, elle se faisait sûrement des idées et imaginait n’importe quoi. Mais dans ce cas, pourquoi lui confiait-il tout cela ? Pourquoi parler de son passé, de ses rêves, de son présent ? Pourquoi parler de l’époque à laquelle il vivait et des coutumes qui s’y attachaient ? Non… Cela ne pouvait être que l’hypothèse à laquelle Bella pensait. Mais dans ce cas, elle ne savait comment elle allait réagir. Cela voulait dire tant de choses et allait en entrainer tellement d’autres… Mais lui, comment allait-il le prendre ? Elle ne savait pas comment réagir. Mais Bella n’eut pas le temps de poursuivre ses pensées ; Edward s’était agenouillé devant elle, lui tenant les mains. Il avait un regard légèrement anxieux, mais une pointe de malice perçait tout de même, sûrement à cause de l’expression de panique se lisant sur le visage de Bella. En réalité, il se retenait rarement lorsqu’elle avait peur pour rien…

Edward – Isabella Mary Swan. Je jure de vous aimer, de vous chérir et de vous combler pour l'éternité. Acceptez-vous de devenir ma femme ?

… Non, ce n’était pas ce à quoi Bella s’attendait. Elle resta sans parler pendant quelques secondes, ne réalisant pas tout de suite la demande d’Edward. Mais le pire était qu’elle ne savait pas comment réagir, le mariage lui faisait peur, elle n’avait pas eu de bon exemple. Bon d’accord, ce détail, elle l’avait soigneusement caché à Edward et il ne connaissait donc pas ses craintes. Mais plein de facteurs la poussaient à cette réticence… Que dire ? Elle n’allait pas refuser, lui dire « je t’aime mais je ne veux pas passer ma vie avec toi », c’était ridicule. Elle voulait passer sa vie avec lui… Oh, oui, Bella le souhaitait plus que tout. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle voulait être transformée. Mais le mariage… Le mariage, c’était autre chose. Prenant son courage à deux mains, se mordillant légèrement les lèvres comme à son habitude, Bella répondit d’une petite voix :

Bella – Je… Ce n’est pas que je ne veux pas ou que je ne t’aime pas mais… Je ne peux pas. C’est rapide, c’est… Inhabituel de se marier aussi jeune à notre époque. C’est…

Bella n’osait plus parler. Elle avait l’impression de s’enfoncer encore un peu plus à chaque parole, de faire mal à l’être le plus cher qu’elle avait au Monde. Et cette impression la torturait intérieurement, elle avait mal elle-même et voulait éviter cette douleur à Edward. Mais le connaissant… Il n’allait pas mal réagir, il allait « juste » la harceler pour connaitre l’origine de ses réticences. Enfin, Bella l’espérait de toute son âme… Parce que oui, elle l’aimait. Elle voulait sentir sa peau, son souffle, son odeur près d’elle toute sa vie et plus encore. Elle ne voulait pas mettre un point final à ce conte, elle ne voulait pas tirer un trait sur tout cela alors qu’elle l’aimait. Qu’ils s’aimaient.

Il avait réussi. Il lui avait enfin posé la question qui le hantait depuis des jours. Il resta tout à fait immobile, un genoux à terre, tenant les mains de Bella, attendant la réponse tant redoutée. Des années qu'il rêvait de cet instant. Des années qu'il s'imaginait passer cette bague au doigt de la femme qu'il aura choisie. Une femme qu'est Bella Swan. Pouvait-elle simplement imaginer à quel point il brûlait de pouvoir l'appeler sa femme ? Peut-être. Peut-être pas.

Le mariage était pour lui l'une des choses les plus sacrées au monde. L'union ultime entre deux êtres qui s'aimaient. Le plus pur des sacrements unissant un homme et une femme pour l'éternité. Et il désirait plus que tout lier sa vie de cette façon à celle de Bella. Rendre officielle leur relation. Il rêvait de voir cet ange magnifique dans une belle robe blanche, accroché à son bras. Eux deux prononçant des vœux de fidélité, puis s'embrassant. Il le voulait, le désirait. Sa chère et tendre se mordilla les lèvres, une habitude chez elle. Cependant, au lieu du « Oui » tant attendue, elle lâcha d'une toute petite voix :

« - Je... Ce n'est pas que je ne veux pas ou que je ne t'aime pas mais... Je ne peux pas. C'est rapide, c'est... Inhabituel de se marier aussi jeune à notre époque. C'est... »

Edward avait l'impression qu'un énorme gouffre s'était ouvert sous ses pieds, l'entraînant dans une chute sans fond. Il pâlit terriblement, en ne cessant de la fixer, tétanisé. Elle le rejetait ? Elle refusait ? Elle ne voulait pas ? Il avala plusieurs fois sa salive, envoyant au diable la brûlure de sa gorge. Une minute, elle n'avait pas dit non !

Mais elle n'avait pas dit oui non plus...

Pourquoi disait-elle qu'elle ne pouvait pas ? Il ne comprenait pas, cherchant fébrilement un sens à cette phrase. Pourquoi ne pourrait-elle pas ? C'était sa vie, elle pouvait la diriger comme elle le souhaitait ! Non ? Si ? Ou bien craignait-elle la réaction de son père ? Cela non plus, il ne le comprenait pas, après tout, l'époque actuelle permettait aux femmes de s'émanciper.

Il prit conscience qu'il lui serrait un peu trop fort les mains, tant il était tendu. Il desserra aussitôt sa prise, et lui caressa les mains.

« - Pardonne-moi. »

Il reprit son souffle, fermant un instant les yeux.

« - Bella, je ne comprend pas. Lorsque tu dis que tu ne peux pas, c'est parce que ton père t'interdis de te marier avant un certain âge ? Si c'est le cas, j'attendrais. Ou parce que tu ne veux pas de moi ? Je... Je peux comprendre... Je sais que je t'ai beaucoup fait souffrir... »

Il s'embrouillait, incapable de trouver les bons mots. Et avait l'horrible sensation d'avoir gâché ce qui aurait dû être l'un des plus beaux moments de sa vie. Pourquoi ratait-il toujours tout ? Il se rassit à côté d'elle, sans lui lâcher les mains.

« - Autre chose, pourquoi dis-tu qu'il est inhabituel de se marier jeune ? »

Edward – Pardonne-moi.

Pitié… Non, pas ce visage triste, pas cette expression horrible se lisant sur le visage de l’être qu’elle chérissait le plus au monde. Edward n’avait pas à se sentir coupable, il n’avait pas à penser que Bella ne l’aimait pas… Si seulement elle pouvait lui prouver à quel point elle l’aimait ! Mais d’un côté, qu’il puisse lire dans ses pensées ne serait pas un avantage, loin de là. Donc ce n’était pas plus mal pour l’instant, même si la situation rendait les choses bien compliquées. Ne pouvant supporter son regard plus longtemps, Bella détourna la tête, la gorge serrée. Il ne fallait pas qu’il voie à quel point elle se sentait mal, il fallait qu’elle se calme et qu’elle tâche d’expliquer ses raisons avec sang froid – sans mauvais jeu de mot. Bien sûr, Bella savait que cette demande de pardon n’était pas seulement liée au fait qu’il lui serrait un peu trop les mains. Mais cette pensée n’arrangea en rien la culpabilité de Bella… Puis, comme si sa requête n’était pas suffisante, comme si la réponse fournie réclamait un développement, Edward insista :

Edward – Bella, je ne comprend pas. Lorsque tu dis que tu ne peux pas, c'est parce que ton père t'interdis de te marier avant un certain âge ? Si c'est le cas, j'attendrais. Ou parce que tu ne veux pas de moi ? Je... Je peux comprendre... Je sais que je t'ai beaucoup fait souffrir...

Quoi ?! Mais dieu, qu’il arrête ses âneries ! Il était ce qui comptait le plus pour elle, même s’il l’avait fait souffrir, jamais elle ne pourrait le rejeter ! C’était difficile à expliquer, sans doute était-elle masochiste, mais les choses sont ce qu’elles sont. Bella ne pouvait pas vivre sans Edward, et inversement. Les mois et les mois de dépressions suivants son départ devaient l’en convaincre, non ? La culpabilité se transforma en colère, Bella n’en revenait pas. Il ne pouvait pas réellement penser une telle chose… Les mots lui manquaient. Sa gorge se nouait, les larmes lui montaient. Elle ne savait pas quoi dire pour le convaincre de son amour, autre chose qu’un « oui ». Il devait plaisanter, tout cela n’était qu’une mauvaise blague, c’était impossible autrement. Il allait lui montrer que cette bague était du toc, qu’il ne l’avait pas achetée pour cela et qu’il voulait la « tester » ou l’effrayer, n’est-ce pas ?

Edward – Autre chose, pourquoi dis-tu qu'il est inhabituel de se marier jeune ?

Bon… Il était temps de lui répondre. Mais avant, il fallait se calmer. Reprendre ses esprits, éviter de penser à ces mains si douces en train de tenir celles de Bella… Il ne fallait pas y penser. Elle essayait de reprendre sa respiration sans trop souffler pour autant étant donné sa sensibilité à l’odeur d’Edward. Il était injuste avec elle ! Il ne pouvait pas la torturer comme cela, pas avec sa beauté, son sourire, son visage, la douceur de sa peau, son… Bref. Il était cruel avec elle. Et puis, de plus, pourquoi voulait-il absolument qu’elle se marie avec lui maintenant ? Pourquoi si jeune ? Pourquoi ne pas attendre encore quelques années ? Au moins pour Renée… Bella ne pouvait pas lui infliger un mariage qui l’anéantirait. De plus, allait-elle accepter une telle chose ? Et Charlie, qui détestait Edward ? Et les rumeurs ? Non… Non… Bella ne pouvait pas. C’était trop tôt.

Bella – Je… Ce n’est pas que Charlie m’empêche de me marier avant un certain âge. Mais avec lui et Renée… C’est délicat… Le mariage ne leur a pas du tout réussi. Renée est contre le mariage avant la trentaine, j’ignore comment elle le prendrait. Et Charlie te déteste, surtout depuis… Enfin, tu vois quoi…

Bella ne voulait pas repenser à cet épisode. Elle voulait oublier Volterra, oublier ces longs mois sans réponse de la part d’Edward et des Cullen en général. Rien que le fait d’y penser à nouveau lui faisait mal, elle en avait des nausées mais elle tenta de le cacher. Chose impossible bien entendu, mais il ne dirait rien et lui ferait croire qu’il n’avait rien vu, sauf s’il était vraiment inquiet par la suite. Mais pour le « distraire », elle enchaîna :

Bella – A notre époque, si une fille se marie avant vingt ans, les gens pensent qu’elle est… Enceinte. Et qu’elle ne se marie que pour cette raison.

Voilà… Tout était dit. Mais Edward avait des coups bas en réserve, et Bella le savait pertinemment bien. Donc il vaut mieux ne pas crier victoire trop vite.

Les paroles prononcées par Bella eurent l’effet  souhaité : elles  poussèrent  Edward à s’intéresser à autre chose et il ne fit plus attention au léger malaise de Bella, bien qu’elle soit un peu blanche. Encore mieux : il était sur le point d’éclater de rire. Mais elle ne mentait pas ! Elle était réellement réticente à cause de cela ! Et lui ? Il se moquait… C’en était presque vexant, mais elle tâcha de le cacher pour ne pas sembler à fleur de peau et ne pas alerter Edward inutilement. Oui, parfois, c’est génial d’être avec quelqu’un qui comprend et voit lorsque cela ne va pas… Mais quand on veut le cacher, c’est horrible. Une vraie plaie ! Mais passons, le sujet n’était pas à ses états d’âme mais à la demande d’Edward, et à leur avenir.

Edward – Alors… Tu ne veux m'épouser parce que tu as peur de ce que les gens vont dire de toi ?

Non mais… C’est sûr que dit comme cela, c’était ridicule… D’ailleurs, Edward éclata de rire et ne put se retenir cette fois, sans doute avait-il compris qu’elle le prenait mal. Ou qu’elle risquait de le prendre mal… Mais là encore, Bella attendit et ne dit rien, ne fit rien sinon une moue quelque peu gênée.

Edward – Pardonne-moi, Bella, mais c'est tellement... Enfin ! Je suis juste sidéré de voir que tu crains cela alors que tu comptes t'engager dans un autre changement de vie beaucoup plus définitif. Qu'est-ce que le mariage comparé à la transformation en vampire ?

Eh voilà !  Le voilà l’argument que Bella attendait depuis le début. Elle savait qu’il allait remettre cela sur le tapis et utiliser ce moyen de pression. Mais il n’était pas le seul à disposer de quelques idées, et ici, en l’occurrence, une idée trottait derrière la tête de la « jeune » humaine. Il n’aurait pas le dernier mot, sans condition de la part de Bella. Elle commençait à le connaitre… Et il commençait à la connaitre également. Ils savaient tous les deux comment cela allait se terminer, en fin de compte. Seulement, le fait qu’Edward souhaite remettre cela sur le tapis alors qu’elle pensait qu’ils en avaient terminé avec cette discussion irrita Bella et elle voulut se lever… Avant qu’il ne joue de son charme ! Reprenant son sérieux, il plongea ses yeux dans les siens tout en lui « massant » les mains. Il savait pertinemment que Bella était sensible au contact de sa peau et que cela la calmait… C’était injuste ! Et le pire, c’est que cela fonctionnait… Elle devenait de plus en plus calme.

Edward – Bella, je suis désolé de te dire ça, mais dans quelques mois, tu vas devoir... disparaître. Plus personne ne pourra te revoir, ni tes amis, ni tes parents, tu seras trop différente. Tu vas entrer dans un monde totalement différent. Alors quelle importance de ce que les gens pourront penser ? Au contraire, tu ne voudrais pas leur offrir une dernière image de bonheur, leur montrer à tous une dernière fois que tu es heureuse ?

Touchée. Mais si Edward pensait la faire changer d’avis quant à sa transformation avec de telles paroles, il se trompait. Elle était déterminée et ne changerait pas, puis… Peut-être arriverait-elle à surmonter tout cela tout en restant ici ? Bien entendu, après quelques années, elle serait obligée de partir ou de se cacher mais… En attendant, ils n’étaient pas obligés de tout quitter. Si ?  Enfin, c’était une autre histoire, elle n’allait pas y penser maintenant. Bien sûr qu’il lui arrivait d’y penser mais plus rien ne la retenait réellement ici à part Charlie et Jacob… Non, ne pas y penser. Si elle pensait à Jacob, à Charlie, elle allait d’office se trahir. Bon sang, que c’est dur face à un vampire qui voit tout ! Mais trêve de réflexion… Il lui fallait répondre.

Bella – Je… Admettons que j’accepte, j’ai plusieurs conditions moi aussi.

Allait-elle oser ? D’un côté, elle n’avait pas le choix… Mais de l’autre, Edward allait sûrement s’interroger pour l’une ou l’autre condition. Seulement, en gentleman qu’il était, il n’allait pas faire de remarque, n’est-ce pas ? Alors, autant se jeter à l’eau… Soit elle le faisait, soit il allait la griller sans mot dire. Allez…

Bella – Pour la première… J’aimerais que ça reste entre nous – enfin, en oubliant ta famille qui est déjà au courant vu qu’elle nous a entendu – jusqu’à la fin de l’année… Pour que je puisse « préparer » Charlie et parler à Renée en face, lui expliquer et… Enfin, les préparer quoi.

Bon… De une. Avec les mots choisis, Edward n’allait pas faire une fixation ou commencer à tout analyser... Si ? Il allait être gentil et laisser passer, même ce qui lui semblait étrange. L’espoir fait vivre, comme on dit.  La deuxième – et dernière vraie condition qu’elle allait dévoiler aujourd’hui – à présent :

Bella – Pour la deuxième… J’aimerais que ce soit toi qui me transformes. Je sais, que Carlisle le fasse serait plus prudent, mais…

Et sa voix se perdit. Bella n’arrivait pas à expliquer pourquoi elle voulait qu’Edward la transforme, la chose coulait de source pour elle – sans mauvais jeu de mot – et l’exprimer était plus difficile qu’elle ne le pensait. Incapable de soutenir le regard de celui qu’elle aimait, elle baissa les yeux, craignant sa réaction, ayant peur de voir un « oui » forcé de son côté. C’était une condition, en effet mais… S’il ne voulait pas la transformer lui-même, malgré les efforts pour le comprendre, Bella savait qu’elle se poserait d’innombrables questions.

Edward – Tu me fais vraiment confiance. Je ne suis pas sûr de réussir à te mo... Enfin, je ne suis pas certain de réussir à te transformer sans te...

Puis, sans pouvoir terminer sa phrase, Bella se retrouva allongée sur le lit contre Edward, ses bras l’entourant. Traitre ! Elle ne pouvait pas bouger, détourner le regard ou quoi que ce soit du style dans cette position… De plus, il jouait avec ses cheveux. Elle sentait son souffle sur sa peau, contre elle. Bon, d’accord, ce n’était pas vraiment un souffle, mais sans doute avait-il appris à respirer « comme elle » pour passer inaperçu. Mais ce souffle, même factice, avait un effet incroyable sur Bella. Il était cruel avec elle, et sadique qui plus est. Mais elle ne démordrait pas de ses conditions, elle n’accepterait que si lui-même acceptait… Après tout, des sacrifices doivent être faits des deux côtés. Et elle avait confiance en lui, elle savait qu’il n’allait pas la tuer. Il ne l’avait pas tuée avec le traqueur… Alors pourquoi serait-ce le cas maintenant ?

Edward – Je crois que tu me fais trop confiance, Bella. Mais je veux pouvoir te rendre heureuse...

Bella allait riposter pour lui dire qu’il se trompait, elle ne lui faisait pas « trop » confiance mais elle lui accordait la confiance qu’il méritait. Seulement… Il ne lui laissa pas l’occasion de parler, l’embrassant directement. Elle sentait son cœur s’emballer, le rouge lui monter aux joues. Et elle imaginait Edward sourire intérieurement des réflexes incontrôlables d’humaine. Il la connaissait si bien, il savait comment agir avec elle, il savait prédire ses réactions, ses pensées parfois. Comment pouvait-elle ne pas lui faire confiance ? Comment se méfier d’une personne que l’on pense être ce qui correspond le plus à une âme sœur ? Bella ne pouvait pas… Elle avait besoin de quelqu’un ici, elle aimait et était aimée. Que demander de plus ? Puis, ce mariage… Mais Edward avait accepté toutes les conditions de Bella, elle ne pouvait pas refuser. Surtout que ses raisons n’étaient pas suffisantes aux yeux d’Edward et elle ne voulait pas s’étaler sur ce sujet plus longtemps, et décrire ce qu’elle pensait. Parfois, le fait qu’Edward ne puisse pas lire dans ses pensées lui était très utile. Mais voilà qu’Edward relâchait ses lèvres :

Edward – Si ce sont tes conditions, j'accepte. Par contre, il faut que tu saches que les règles de bienséance veulent que ce soit moi qui annonce à tes parents que je te demande en mariage...

C’est à ce moment-là que Bella repensa à l’âge d’Edward… En effet, il avait grandi avec ces « règles » et il était logique qu’il souhaite cela. Le dire à Renée, pas de problème, elle serait sûrement heureuse. Un peu réticente au début, mais elle faisait confiance à Bella, elle acceptait de la laisser faire ses erreurs. Et puis, elle voyait que sa fille était heureuse. Elle avait elle-même dit que Bella semblait heureuse et que Forks lui réussissait plutôt bien, qu’elle était plus souriante – du moins, sa voix au téléphone – et que cela lui faisait plaisir. Donc il n’y avait vraiment rien à craindre avec Renée. Par contre, Charlie… C’était une autre histoire. Bella avait peur de sa réaction, peur de ce qu’il allait dire, de comment il allait réagir. Une sensation étrange lui traversa les entrailles… Elle n’était pas à l’aise. Mais elle ne voulait pas qu’Edward s’inquiète, alors pour répondre à sa requête, elle tenta l’ironie :

Bella – Je ne peux pas te refuser ça… Pour Renée, ça ira, ce sera « simple ». Quant à Charlie… Espérons que tu résistes bien aux balles.

Bien entendu, Bella n’était pas sérieuse. Du moins, elle l’espérait. Mais elle avait tout de même accompagné sa dernière phrase d’un sourire pour détendre l’atmosphère, même si elle stressait intérieurement. Mentalement, elle compta les moutons, se concentra sur un point pour se détendre et ne pas laisser son cœur s’emballer. Même si Edward ne savait pas lire ses pensées, il entendait son cœur et commençait sûrement à comprendre ses battements. Quoi que… Un battement rapide pouvait signifier bien des choses.

Bella * Allez… Calme-toi. Sinon tu vas te faire griller en trente secondes.

Edward – Et bien, pour te rassurer, sache qu'une balle n'est pas prête de m'atteindre. Tu n'as pas à stresser pour ça, Bella... Il est vrai que j'aurais d'abord dû demander ta main à ton père dans les règles de l'art, je fais tout de travers. Cependant, ton avis est si important pour moi que je ne voudrais édulcorer ton choix.

Bella fit un mince sourire, touchée par cet argument. Au moins, il ne lui imposait vraiment rien et elle était libre de son choix. Après tout, c’était normal venant de sa part vu qu’il n’allait pas l’obliger à passer sa vie avec lui si elle ne l’aimait pas, c’était d’ailleurs pour une raison similaire qu’il avait quitté Forks pendant quelques mois. Mais elle évita de penser à cet épisode, c’était un moment « heureux » si l’on peut dire cela et elle ne voulait pas se souvenir de sa période la plus noire lors de la demande en mariage de l’être qu’elle aimait le plus au monde. Certes, cela l’effrayait, elle était terrorisée par la réaction future de Charlie… Mais elle n’allait pas gâcher ce moment pour autant. Edward essayait de la rassurer, effleurant son visage, son cou… Il trichait ! Mais, et il le savait, elle était sensible à toutes ces attentions, au contact des doigts d’Edward sur sa peau, à son souffle, à tout.

Edward – N'aie pas peur.

Après avoir dit cela, Edward se pencha un peu plus sur son cou, l’effleurant du bout des lèvres, puis embrassant sa gorge avant de remonter vers son visage. Il l’embrassa tendrement… Si Bella n’avait pas été couchée, elle aurait sûrement défailli face à tant de tendresse. Il jouait avec ses nerfs, mais réussissait tout de même à la calmer grâce à cela. Si elle le détestait ? Oui, car il profitait de son « pouvoir », mais elle ne pouvait pas le détester parce qu’elle l’aimait. Il lui tapait sur le système de temps en temps, et Edward le sentait lorsqu’il allait trop loin, mais cela s’arrêtait là et ne dérapait jamais. En d’autres mots, même si la situation était compliquée entre eux deux de part le statut vampire-humaine, tout se passait pour le mieux et Bella s’imaginait très bien vivre avec lui pour l’éternité. L’Eternité… Était-ce long ? Allait-il vraiment l’aimer pour toujours, ne risquait-il pas de se lasser ? Des couples aussi longs… Était-ce possible ? Oui, Edward venait de la demander en mariage, c’était donc une preuve d’amour. Mais…  Cet amour allait-il durer ? Pour Bella, il était logique qu’elle l’aime pour l’éternité, c’était d’ailleurs pour cela qu’elle voulait être transformée.

Mais voilà que les autres Cullen étaient rentrés. Bella ne les avait pas entendus mais elle avait entendu l’écho de la conversation qui montait du rez-de-chaussée. Leur moment privilégié était déjà terminé ? Il fallait le croire… Mais Edward n’avait pas changé de comportement pour autant, il avait agi comme s’il n’avait rien entendu. Sans doute voulait-il faire durer ce moment un peu plus longtemps… Cependant, Bella savait qu’ils allaient devoir redescendre pour constater l’étendue des dégâts. De plus, elle voulait s’excuser, elle aussi, pour avoir mis la pagaille dans la famille. Si elle n’avait pas été là… Mais voilà qu’Edward relâchait progressivement l’étreinte dans laquelle ils étaient tous les deux « enfermés » depuis quelques minutes. Tout près de son visage, il lui dit :

Edward – Ai-je le droit de te faire essayer la bague ? Je ne veux pas la souder à ton doigt, juste vérifier qu'elle te va bien.

Bella – Heu… Bien sûr.

Bella était encore un peu dans le gaz, mais elle avait compris la demande d’Edward. Lui donnant sa main pour qu’il puisse lui mettre la bague, elle observa ce bijou si… Gros ? Il lui semblait énorme, mais il restait magnifique. C’était un bijou ancien, sûrement dans la famille depuis longtemps. La perspective de porter une telle bague donna presque un vertige à Bella, qui ne réalisait que maintenant la décision qu’elle venait de prendre, avec Edward. Elle fit un sourire à Edward, mais une dernière question lui taraudait l’esprit :

Bella – Edward… Avant de descendre rejoindre les autres…

Allait-elle oser poser sa question ? Bella avait peur de la réponse, peur d’apprendre que, si cela se trouvait, il ne voulait l’épouser que parce qu’il n’était pas sûr de l’aimer indéfiniment. Mais non… Elle se faisait sûrement des films, il y avait peut-être une autre raison. Allez… Lance-toi :

Bella – Je peux savoir pourquoi ce mariage te tient tant à cœur ? Enfin… Que ce soit officiel, et maintenant…

Bella baissa presqu’instantanément les yeux, n’osant regarder Edward lorsqu’il allait lui donner sa réponse. Sa voix avait diminué, se confondant presque avec un murmure. Mais elle savait qu’Edward l’avait entendue grâce à son ouïe surdéveloppée. Seulement… Elle regrettait sa question, elle n’aurait pas dû la poser. Mais soit, c’était fait, elle ne pouvait qu’attendre.

Edward – Ai-je le droit de te faire essayer la bague ? Je ne veux pas la souder à ton doigt, juste vérifier qu'elle te va bien.

Bella – Heu… Bien sûr.

Il eut un très grand sourire et s'empara de la petite boîte noire. Finalement, il avait bien fait de ne pas la jeter par la fenêtre quelques instants plus tôt ! Il prit délicatement la main de Bella puis lui passa la bague au doigt. C'était un moment magique... Le bijou s'adaptait parfaitement à sa main. Assez imposant, magnifique, Edward le possédait depuis longtemps, il l'avait eu à la mort de sa mère. Qui elle-même l'avait hérité des femmes de sa famille. Il se transmettait ainsi dans la famille, offert aux femmes pour leur fiançailles. Voilà longtemps qu'Edward gardait cette bague précieusement rangé dans ses affaires, attendant le jour où il pourrait la passer au doigt de la femme qu'il aura choisit.

Bella lui sourit et il se retint de sauter sur elle pour l'embrasser fougueusement. Il devait sans cesse réprimer ses instincts, par peur de la blesser, voir pire. Le très bon côté à sa future transformation est qu'il n'aurait plus à se retenir. Elle serait forte, tout comme lui, et même plus durant ses premières années. Il prit la main de sa belle, presque étouffé par le bonheur.

Bella – Edward… Avant de descendre rejoindre les autres…

Elle rougit et son coeur accéléra quelque peu. Il lui prit les deux mains, la regardant intensément. Que se passait-il ? un autre problème ? Grave ou pas ? Elle était malade ? Gênée ? Anxieuse ?Elle voulait... se rétracter ?

Bella – Je peux savoir pourquoi ce mariage te tient tant à cœur ? Enfin… Que ce soit officiel, et maintenant…

Il ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Ah, c'était ça. Evidemment, son empressement devait sans doute l'étonner. Elle baissa la tête mais il la lui releva aussitôt, tenant son menton avec quelques doigts. Puis il se pencha, jusqu'à n'être qu'à un ou deux centimètres de son visage.

"- J'ai été élevé comme cela, Bella, murmura-t-il en s'arrangeant pour effleurer ses lèvres tout en parlant. Pour moi, il ne serait pas convenable de vivre l'éternité avec toi, à tes côtés, sans être ton époux en bonne et dû forme. Et puisque tu vas devenir comme moi, comme nous, je veux aussi m'unir à toi de la façon la plus officielle qui soit. Je veux pouvoir t'appeler ma femme, que tous sachent que toi et moi sommes ensembles..."

Il captura tout à coup ses lèvres, prenant son visage entre ses mains. Et éclata de rire.

"- Autre chose. Je veux aussi casser définitivement les espoirs de Mike Newton et des autres types du lycée. Leurs pensées salaces me tapent vraiment sur le système, et je m'en voudrais beaucoup si j'en tuais un par accident... Surtout si la victime est Mike, ajouta-t-il avec ironie. Là, oui, je ne m'en remettrais jamais !"

Il lui dédia un grand sourire, pour bien lui montrer qu'il plaisantait, et se leva, l'entraînant du même coup avec lui puisqu'il l'avait gardé dans ses bras. Il l'enlaça, heureux comme jamais.

"- Bien, descendons, Esmée trépigne en bas. Et j'aimerais leur annoncer officiellement que nous sommes fiancés."


[Suite du RP]