Surveillance étroite

Bien des personnes chuchotaient sur son passage, voire le pointaient du doigt, et on sentait que les militaires du QG Est se retenaient pour ne pas adopter le même comportement. Marcoh continua d'avancer sans s'en préoccuper, n'étant de toute façon que de passage à East City, il n'allait pas s'attarder plus de temps que nécessaire dans la région, d'autant plus dans une caserne. Il était ici car il avait besoin de certaines archives d'Ishbal, ayant un accès privilégié à la plupart d'entre elles, conservés sous clé et étroite surveillance. Personne ne pouvait y accéder à l'exception du Président lui-même et de certains scientifiques de Central, dont il faisait parti. En passant dans les couloirs, il vit le jeune Roy, enfin sorti de l'hôpital, avec son équipe un peu plus loin. Il ignorait totalement dans quoi il avait bien pu mettre le doigt... Marcoh soupira longuement puis poussa la double-porte de la section des archives, composée de plusieurs salles et d'espaces de travail. Bien, au travail à présent. La peur ne le quittait pas, la peur de toute perdre, la peur de jouer avec la vie des villageois avec qui il avait reconstruit toute sa vie, la peur que ce ne soit qu'une lutte en vain. Mais la peur n'évite pas le danger, il ne pouvait pas simplement fermer les yeux sans agir.

S'arrêtant devant la plus petite des pièces, il montra son passe au garde devant la porte, puis entra à l'intérieur. Moitié moins profonde et large que les autres pièces des archives, celle-ci ne contenaient que des documents sur le massacre d'Ishbal, depuis le début de l'insurrection jusqu'à l'extermination complète et la prise de contrôle de la région par l'armée d'Amestris. Le docteur parcourut les quelques rayonnages du regard puis sortit le dossier visé, l'ouvrant et notant rapidement sur un petit calepin, qui ne le quittait jamais, les informations désirées. Dès que ce fut terminé, il rangea tous les documents avec soin et ressortit, réfléchissant aux semaines qui allaient suivre. Passant dans la section suivante, il tomba tout à coup vers le jeune Fuery qui s'aventurait vers les rayonnages où étaient classés les dossiers des anciennes guerres ayant secouées la région Est depuis la naissance même de ce pays. Marcoh lui attrapa discrètement le poignet pour l'arrêter et le poussa à l'écart, dans un autre rayonnage, en regardant derrière eux. Le responsable des archives passa encore une autre fois, vérifiant le rayon où avait voulu se rendre le sergent une seconde plus tôt.

– Vous êtes surveillé, dit-il d'un ton sombre en relâchant le sergent. Ne recherchez pas des informations comme cela en plein jour et à la vue de tous.

Il avait dit cela d'un ton à la fois morne et désespéré, sans même s'en rendre compte. Bien qu'il trouve très bien que d'autres soldats s'impliquent et s'activent, une part de lui continuait de croire que cela ne servait plus à rien, désormais.

– Faites un peu attention, vous ne savez pas dans quoi vous vous engagez. Pourquoi le faites-vous ?