Bienvenue en Alaska

Ils fourraient leurs quelques affaires dans le coffre, en silence et rapidement. Tanya ne disait rien non plus, perdue dans ses pensés. Alec était assis dans un coin du salon des Cullen, et Eléazar tentait vainement de lui arracher quelques mots. Elle soupira en tirant sur la fermeture éclair d'un sac. Jane enlevée par son clan... Il fallait s'y attendre après tout. Elle savait qu'Aro ferait tout pour récupérer les deux gosses, elle était même plus qu'étonnée qu'Alec soit revenu. Mais au moins, Eléazar était libre ! Fini, il était débarrassé de tout engagement ! Et cela la soulageait plus que tout au monde. Elle ferma le coffre en poussant un énorme soupir. Et voilà, Aro avait repris dans son giron sa petite sadique favorite, et n'allait pas tarder à refaire d'elle une parfaite garde bien cruelle et bien sadique, buveuse de sang humain, et tout.

Elle était assez inquiète pour sa fille qu'elle savait attachée, curieusement, à Jane. Elle espérait que Marie-Emmanuelle allait bien vite oublier cette petite sadique en puissance. Et reprendre sa vie, normalement, tranquillement, et surtout avec eux. Tanya ferma sa veste et fourra dans sa poche les papiers de la voiture. Elle avait déjà remercié les Cullen pour leur accueil chaleureux et surtout pour leur aide. Elle vérifia que tout était prêt et échangea quelques mots avec Irinia, puis se retourna vers la villa.

Tanya : "- Marie-Emmanuelle ! cria-t-elle vers la ville. Vient, chérie, on s'en va !"

Eléazar se leva en soupirant et les rejoignant avec Carmen. Plus tôt, il lui avait touché quelques mots au sujet de Jane et de ses projets. Elle lui avait crié dessus pendant au moins une bonne heure après ça ! C'était fini, il ne devait plus rien à ces deux gosses ! Alors inutile de se mettre en danger, une fois de plus. Marie-Emmanuelle arriva et Tanya l'attrapa dans ses bras comme une jeune enfant et la souleva.

Tanya : "- Tu vas enfin voir où on vit, ma petite puce, lui dit-elle en souriant.

Elle la fit monter dans la voiture, salua une dernière fois les Cullen, s'assura que tout son clan était dans la voiture, puis grimpa à son tour derrière le volant. Elle démarra et la grosse voiture noire s'éloigna de la villa blanche, puis du chemin de terre pour s'engager sur la grande route. Il s'était passé tant de choses ces derniers mois que cela lui donnait le tournis. Cette sacré histoire avec les jumeaux en sorcellerie... Mais c'était fini, terminé, enfin. Perdue dans ses pensées, elle ne parla que peu durant le voyage, mais fut soulagée en voyant le chalet. Elle eut un sourire puis se gara.

Tanya : "- Et voilà notre maison, Emma !"

Elle entreprit de faire une visite guidée pour sa fille. Tout en surveillant Eléazar du coin de l'oeil. Et espérant qu'il ne fasse aucune autre connerie.

Voilà quelques mois que la transformation venait de s'achever, que l'histoire de la fugue en France avait eu un dénouement plutôt potable. Enfin du moins ... Marie avait pu se confier à Tanya, pas autant que cette dernière l'aurait souhaité mais c'était déjà un bon début. Ces dernières semaines avaient été plutôt calme. Enfin si l'on ne mentionnait pas le départ de Jane ...

Jane ... Le fait de penser à ce nom, à la personne qu'il désignait, n'aidait pas Marie-Emmanuelle à faire le deuil du départ de celle qu'elle considérait comme sa soeur. Non, l'enfant ne se remettait pas du tout du départ d'une des personnes qui avait été présente pour elle depuis sa transformation. La Volturi avait, on ne sait comment gagner une place spéciale dans le coeur de l'enfant de Tanya. Et cette place, elle n'était pas prête de la quitter. Non, cet amour fraternel que Marie pouvait ressentir pour la jumelle en sorcellerie ne pouvait pas se finir de cette manière.

Depuis l'annonce du retour de Jane à Volterra, des idées saugrenues parcouraient l'esprit de la française. L'enfant n'avait qu'un désir, aller en Italie pour sauver Jane ... Et elle savait que cela se produirait, la vision d'Alice avait été on ne peut plus claire. Bien sûr, Marie c'était gardé de révéler ses propos à sa mère. Cette dernière avait déjà bien assez de soucis comme ça. Ce n'était pas le moment de parler de ça avec la vampire qui comptait encore plus que Jane aux yeux de Marie, Tanya.

La relation avec sa mère c'était grandement améliorer. Une véritable relation mère/fille commençait à se développer entre les deux Denali. On ne savait pas vraiment comment, mais la fuite en France, le meurtre des parents De Mont, avait réussi à créer un lien encore plus fort que celui du sang entre Marie et sa mère. L'enfant était heureuse, enfin du moins, quittait la déprime de son coeur à chaque passé avec sa mère. Le court de la vie se stoppait alors et seul Tanya importait aux yeux de Marie ...

D'ailleurs Tanya, cette dernière venait d'appeler sa fille, il était maintenant de partir de chez leurs cousins, de quitter la maison de Jaz ... Ce dernier était peut-être son cousin préféré, celui à qui elle pouvait se confier le plus facilement ... Jasper avait été présent au côté de sa cousine depuis le début, exerçant comme une aura rassurante pour cette dernière ...

Une aura rassurante qu'avait su aussi dégager le frère de Jane, Alec. Ce garçon qui avait tendu la main à Marie dans le grenier. Elle ne savait pas non plus expliquer la relation qu'elle avait avec ce dernier. Depuis le départ de Jane, Marie affectionnait particulièrement de se trouver dans la même pièce que lui. Il était peut-être le seul à comprendre l'amour de Marie pour sa soeur. Mais cette relation allait devoir s'estomper ...

En effet, il était temps pour Marie de rentrer chez elle, ou plutôt de partir à la découverte de sa nouvelle maison. De ce nouveau lieu de vie qui allait surement changer la petite de sa vie en France. Le voyage du retour avait passé assez rapidement. Marie, assis devant à côté de sa mère, avait passé ce dernier à contempler sa maman adorée. Elle ne savait pourquoi, mais Emma avait, envers sa mère, une certaine admiration. Peut-être du fait de son histoire qu'elle avait osée lui raconter. Peut-être aussi du fait de l'attention qu'elle avait sue lui porter.

Mais passons cela, en effet la voiture venait de se stopper devant la demeure familiale. Tanya fit visiter cette immense bâtisse à sa fille. Après cela, Marie retourna dans sa nouvelle chambre qui, Marie se demandait pourquoi, possédait un immense lit de princesse. La petite s'installa dans ses quartiers. Elle était seule à ce moment-là. A croire que Tanya avait une discussion importante à avoir avec son oncle préféré.

Marie se retrouvait seule, complètement seule. Les pensées de l'enfant partaient de tous les côtés. Passant de sa fugue en France à sa rencontre de Jane, de leur escapade à Seattle à sa transformation. Une immense tristesse envahit le coeur de Marie, elle n'avait qu'un désir et ce dernier s'affirmait de plus en plus dans son coeur. Emma voulait retrouver Jane, peu importait à ses yeux les moyens utilisés. Sa soeur lui manquait, Alec lui manquait, Jaz lui manquait ... Elle était seule. La seule chose qui l'empêchait de faire une connerie était son amour pour Tanya. Mais peut-être, Marie arriverait-elle à lui expliquer un jour son sentiment ... Sinon, elle risquait encore une fois de la blesser.

Cela faisait déjà vingt minutes que Tanya et Eléazar se disputaient dans la cuisine. Carmen poussa un profond soupir et les laissa. Elle n'avait pas la moindre envie de s'en mêler, de se faire encore reprocher de prendre le parti de son mari sans avoir bien réfléchi à la situation ou elle ne savait quoi encore ! Tanya pouvait se révéler particulièrement exaspérante lorsqu'elle s'y mettait. Oui, Carmen était le plus effacée de la famille, mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'utilisait pas son cerveau ! Et elle comprenait parfaitement le point de vue de son mari, aussi bien que celui de Tanya, quoi qu'elle puisse en penser.

Plus tard, alors qu'elle était dans le salon à tenter de réconforter Alec, Tanya sortit en coup de vent, et Eléazar réunit leurs affaires en affichant un air exaspéré. Elle le laissa prendre sa place puis fit les bagages elle-même, histoire de ne rien abîmer par mégarde. Tanya reprenait peu à peu son calme, s'affairant près de la voiture avec Irina. Kate était elle ne savait trop où, sûrement en train de bavarder avec Esmée. Tanya finit par les appeler. Elle était navrée de laisser Alec ici, surtout dans cet état. Ils s'installèrent dans la voiture, saluant leurs cousins. Le voyage du retour se déroula rapidement et dans un silence quasi-religieux. Elle sentait Eléazar tendu et lui massait le dos de la main pour le calmer.

Carmen : "- Así ira, todo estará bien, murmura-t-elle."

Elle l'embrassa rapidement sur les lèvres puis lui serra la main. Elle-même ne croyait pas vraiment à ce qu'elle disait. Elle s'inquiétait autant que lui pour Jane, et savait qu'Alec n'allait guère tarder à la rejoindre. C'était certain. Séparer les jumeaux était plus que cruel... En arrivant au chalet, Tanya entreprit une visite guidée pour Marie-Emmanuelle. Carmen n'y participa pas, restant dans le salon avec Eléazar. Elle lui tenait les deux mains, le regardant droit dans les yeux.

Carmen : "- Je comprends ce que tu ressens, mi amor. Mais nous devons encore y réfléchir. Te quiero."

Elle l'embrassa plus profondément puis le laissa. Tanya revenait, et vu son air, elle devait avoir envie de poursuivre la discussion entamée à la villa blanche. Elle remonta et frappa doucement à la porte de la chambre de Marie-Emmanuelle. L'Espagnole passa la tête à l'intérieur et lui fit un doux sourire.

Carmen : "- Hola, niñeta. Je peux entrer ? J'aimerais te parler."

Elle s'assit doucement sur le lit à côté d'Emma, repoussant ses longs cheveux noirs et bouclés derrière ses épaules. Elle n'avait pas encore développée de vraie relation avec sa toute jeune nièce. Mais, pour elle qui aimait les enfants plus que tout, c'était une joie immense que de voir cette jeune adolescente arriver dans leur famille.

Carmen : "- Je sais qu'on ne se connait pas encore très bien, mi querida, mais j'espère que cela va s'arranger. Il y a une chose dont je voudrais discuter avec toi. J'ai remarqué, comme tout le monde d'ailleurs, que tu t'étais rapprochée des jumeaux, et surtout de Jane. Et j'imagine bien que sa disparition doit te peser. Tu ressembles à Eléazar sur ce point-là... Et sur vos projets communs, semble-t-il. Cependant, il faut que tu saches une chose. Je suis persuadée que Eléazar va tenter quelque chose, mais toi, tu ne dois rien faire. J'ignore si tu es courant, mais mon mari est un ancien garde Volturi. Il est sans doute le mieux placé ici pour savoir quoi faire, à présent. Je sais que ce n'est pas facile, que tu as sans doute juste envie de m'envoyer balader, mais tu dois comprendre que tu ne peux pas aider Jane.

Elle resta silencieuse un court instant, puis se tourna à nouveau vers sa jeune nièce. Elle l'embrassa sur le front puis lui murmura :

Carmen : "- Así ira, todo estará bien. No te preocupes."

Eléazar poussa un énorme soupir et appuya les deux mains sur le plan de travail, sans regarder Tanya qui sortait rageusement de la cuisine. Il lui en voulait, pour dire les choses clairement. Elle refusait encore de comprendre, malgré tout ce qui s'était passé ! Pourquoi une telle obstination à ne pas vouloir voir la vérité ?! Il n'en pouvait plus. D'accord, elle haïssait les jumeaux, elle détestait les Volturi, mais elle devait bien voir dans quel état se trouvait les jumeaux depuis des mois. Il soupira de lassitude. Il était libre, d'accord, mais Jane ?

Il s'enferma dans un silence morose pour le retour, même si Carmen tenta quelque peu de le distraire et de le rassurer. Il lui dédia un maigre sourire, perdu dans ses pensées, et le regard fixé sur la nuque de Tanya. Il se doutait bien qu'elle lui en voulait à lui aussi. Cette histoire avait sérieusement entamée l'entente qui existait entre eux. Le passé d'Eléazar lui revenait en pleine figure, le torturant presque. Il ne regrettait pas la période passée chez les Volturi, non, ce n'était pas ça le problème. En revanche, il avait du mal à accepter que l'on condamne quelqu'un, comme Tanya le faisait, sans même lui laisser une chance ! Ils arrivèrent chez eux et Tanya fit une visite pour Marie-Emmanuelle. Il ne les suivit pas, ignorant même Tanya lorsqu'elle passa près de lui. Carmen était aussi restée, visiblement inquiète.

Carmen : "- Je comprends ce que tu ressens, mi amor. Mais nous devons encore y réfléchir. Te quiero."

Ils s'embrassèrent, puis il la laissa filer avec un doux sourire. Elle au moins le comprenait. Tout comme Marie-Emmanuelle, qui s'était attachée à Jane et Alec. Tanya revint dans la pièce, avec les autres soeurs. Il croisa les bras et lui jeta un regard furieux. Elle voulait sans doute continuer la discussion ? Mais oui, sans aucun problème ! Il était prêt à lui asséner en face ce qu'il pensait véritablement. Ce n'était pas du tout dans sa nature de crier, il était plutôt calme en général. En général. Mais là, stop, c'était bon. Alors que Tanya allait parler, il la coupa brusquement :

Eléazar : "- Tanya, je crois vraiment qu'il est temps qu'on s'explique une bonne fois pour toute. Et pour vous aussi, Kate, Irina. Tanya, écoute. Je sais ce que tu penses d'Aro et de son clan. Je sais aussi ce que tu penses d'Alec et Jane. Mais j'aimerais maintenant que tu réfléchisses à une chose ! On ne peut condamner les gens sans même leur laisser une seconde chance. Oui, vous m'avez aidé, oui, vous m'avez soutenu malgré tout. Mais aujourd'hui, je me rends enfin compte que vous vous forciez sans cesse. Je sais, j'aurais dû m'en rendre compte avant, je suis désolé."

Il pinçait les lèvres, partagé entre la colère et la tristesse. Et regardait profondément les trois soeurs.

Eléazar : "- Est-ce que tu sais pourquoi je voulais tant aider Jane et Alec ?! Pourquoi ça me tenait autant à coeur depuis le début ? Parce que je m'en veux ! Tu connais mon don. C'est grâce à lui qu'Aro a découvert le potentiel de Jane et Alec ! Il y a plus de 340 ans, j'étais dans leur village avec les Volturi pour régler une affaire d'Enfants de la Lune. Et il y avait ces deux gosses, ils avaient à peine cinq ans. J'ai senti leurs dons, et j'ai été suffisamment idiot pour avertir Aro. Dès lors, ils ont été mis sous surveillance. Puis tout ce qui a suivi, jusqu'à leur transformation... Et je m'en suis voulu, Tanya ! J'ai vu comment ils ont évolués, comment... Ce qu'Aro a fait d'eux. Tu ne te rends pas compte. Tu ignores tout de ce qu'est la vie d'un garde à Volterra... Et j'ai pensé qu'en les aidant à changer de vie, je pourrais réparer cette erreur !

Il s'interrompit, presque à bout de souffle. Voilà au moins l'explication que Kate, et ses soeurs, attendaient depuis le début. Il n'arrivait pas à croire qu'il venait d'avouer ça comme cela, alors qu'il s'était toujours refusé à en parler.

Eléazar :"- Tanya, pourquoi m'avoir accepté puisque tu détestes autant les Volturi ? Je comprend ton ressentiment, mais tu l'as entièrement ciblé sur Aro et les jumeaux. J'étais là, moi aussi, ce jour-là. Et pourtant tu m'as accepté."

Après la visite que Tanya lui fit de la maison, Marie avait préférée s'enfermer dans sa chambre, laissant les grands finirent leurs discussions. Ce fut ce moment que choisit Carmen, Cette dernière avait, envers la petite nouvelle du clan Dénali, une attitude très affectueuse. Ce qui fit se sentir un peu l'enfant pourtant si habitué à la déprime.

Marie : « - Tata, on peut redescendre ? »

Cette phrase qui n'était pas vraiment une question fit comprendre gentiment à Carmen que Marie s'inquiétait de l'ambiance qui régnait actuellement entre sa mère et son oncle, son seul oncle. Qu'avait-il bien pu se passer dans l'histoire de sa nouvelle famille pour que ses deux vampires puissent s'engueuler d'une telle manière. Etait-ce l'arrivée de Marie qui venait de fragiliser la soudure pourtant si belle qui unissait cette famille ? Cette question habitait vraiment le coeur de l'enfant. D'une certaine manière, elle s'en voulait à elle-même pour ce qui se passait entre son oncle et Tanya. Marie prit alors la main de sa tante et la força à redescendre avec elle. Les deux femmes arrivèrent dans le salon pile au moment qu'avait choisi Eleazar pour s'expliquer.

Ely : « -Est-ce que tu sais pourquoi je voulais tant aider Jane et Alec ?! Pourquoi ça me tenait autant à coeur depuis le début ? Parce que je m'en veux ! Tu connais mon don. C'est grâce à lui qu'Aro a découvert le potentiel de Jane et Alec ! Il y a plus de 340 ans, j'étais dans leur village avec les Volturi pour régler une affaire d'Enfants de la Lune. Et il y avait ces deux gosses, ils avaient à peine cinq ans. J'ai senti leurs dons, et j'ai été suffisamment idiot pour avertir Aro. Dès lors, ils ont été mis sous surveillance. Puis tout ce qui a suivi, jusqu'à leur transformation... Et je m'en suis voulu, Tanya ! J'ai vu comment ils ont évolués, comment... Ce qu'Aro a fait d'eux. Tu ne te rends pas compte. Tu ignores tout de ce qu'est la vie d'un garde à Volterra... Et j'ai pensé qu'en les aidant à changer de vie, je pourrais réparer cette erreur ! Tanya, pourquoi m'avoir accepté puisque tu détestes autant les Volturi ? Je comprend ton ressentiment, mais tu l'as entièrement ciblé sur Aro et les jumeaux. J'étais là, moi aussi, ce jour-là. Et pourtant tu m'as accepté. »

Cette longue tirade de son oncle ne laissait vraiment rien présagé de bon. Et c'était un peu pour cela que Marie s'en voulait. Le lien qui unissait Eléazar aux jumeaux venait d'une certaine manière d'être révélé à la nièce de ce dernier. Elle comprenait un peu mieux sa réaction. Cependant, rien de tout cela n'était de bon augure à ce moment précis ... Entre Tanya qui s'en voulait encore de la fuite de Marie et Eléazar qui risquait de faire une connerie, Emma ne savait plus vraiment où se mettre. Elle osa cependant prendre la parole.

Marie : « - Pourquoi tu dis ça tonton ? Qu'est ce qui se passe ici ? Je ne comprends pas ... Pourquoi maman t'a accepté ? Pourquoi tu remets en cause ton appartenance à notre famille ? Je ne comprends vraiment pas. »

Marie s'approcha rapidement de son oncle et le serra dans ses bras comme pour lui témoigner de toute l'affection qu'elle avait pour lui. Elle ne le connaissait que très peu, mais pourtant, elle savait que pour rien au monde elle n'aurait voulu le perdre.

Marie : « - Je t'aime mon oncle ... Alors, s'il te plait, ne me fais pas de peine, ne fait pas de peine à maman ... S'il te plait ne pars pas .... »

Eleazar n'avait pas du tout évoqué la possibilité de faire une connerie où même de partir, mais Marie ne savait pas pourquoi, elle avait comme un pressentiment. La dispute qui avait lieu à ce moment-là était souvent un des signes aven coureur de rupture ou de séparation d'un groupe, d'une famille. Et ce dernier point n'était pas très positif. Ce geste d'affection, certes infime, était la seule chose que Marie pouvait faire. Ce geste était peut-être son seul moyen de faire comprendre à Ely combien elle tenait à lui ...

Emma continua d'enlacer son oncle tendrement, comme si elle espérait que ce geste pouvait faire éviter un drame.

Après avoir fait visiter la maison à Marie-Emmanuelle et lui avoir montré sa chambre, Tanya revint au pas de charge vers le salon. Elle n'avait pas terminé sa "discussion" avec Eléazar et comptait bien remettre les points sur les i dès maintenant ! Elle croisa Carmen au passage, et Tanya s'écarta légèrement pour laisser la place à sa petite soeur. Son mari l'attendait au milieu du salon, debout et bien droit, bras croisés. Une attitude déjà peu engageante. Elle ouvrait la bouche lorsqu'il la prit de vitesse. Et en resta coite. C'était seulement maintenant qu'il avait compris qu'elles ne l'avait aidé que pour qu'il ne reparte pas à Volterra ? Mais bon sang, c'était plus qu'évident, pourtant ! Il savait, il SAVAIT ce qu'elles pensaient des Volturi ! Comment pourrait-elle oublier ce jour, ce jour maudit où Sasha était morte ?! Oui, leur mère avait commis un crime. Elle avait payé pour cela. Mais malgré tout, elle la pleurait encore.

Eléazar fit une petite pause, juste au moment où Carmen et Emma redescendirent, sans doute alertée par les cris et l'ambiance. Puis son frère se décida EFIn à expliquer pourquoi il avait tant tenu à sauver les jumeaux Volturi. Ébahie, elle l'écouta sans un mot. Il s'en voulait pour ça ? Il culpabilisait pour quelque chose d'aussi ridicule, d'aussi idiot, d'aussi insignifiant que ça ?! Mais ce n'était pas possible ! Comment... Non, elle ne pouvait pas croire ça !

Eléazar : "- Tanya, pourquoi m'avoir accepté puisque tu détestes autant les Volturi ? Je comprend ton ressentiment, mais tu l'as entièrement ciblé sur Aro et les jumeaux. J'étais là, moi aussi, ce jour-là. Et pourtant tu m'as accepté."

Elle blêmit encore plus qu'elle ne l'était déjà. Oui, ça, elle le savait, pas besoin d'une piqûre de rappel ! Elle se souvenait très bien de lui, près d'Aro, vêtu de l'uniforme de la garde, l'air impassible. Mais il était resté en retrait, justement. Alors que les jumeaux...

Marie : « - Pourquoi tu dis ça tonton ? Qu'est ce qui se passe ici ? Je ne comprends pas ... Pourquoi maman t'a accepté ? Pourquoi tu remets en cause ton appartenance à notre famille ? Je ne comprends vraiment pas. »

Non, mais Marie, elle n'avait pas à se mêler de ça ! Elle ne connaissait rien de l'histoire d'Eléazar et n'avait échangé que quelques mots avec lui qui plus est ! Elle poussa un profond soupir. Emma serra son oncle dans ses bras, lâchant la main de Carmen pour ça. Evidemment qu'elle ne comprenait pas ! Et ce n'était certainement pas le moment de tout expliquer. De plus en plus énervée, Tanya poussa un soupir exaspéré.

Marie : « - Je t'aime mon oncle ... Alors, s'il te plait, ne me fais pas de peine, ne fait pas de peine à maman ... S'il te plait ne pars pas .... »

Ne pars pas, oui ! Et ce n'était pas seulement à elle qu'il risquait de faire de la peine, mais à la famille toute entière ! Pouvait-il COMPRENDRE ça ?! Ou alors il s'en fichait complètement ?

Tanya : "- Comment tu peux t'en vouloir pour ÇA, Ely ?! On parle des jumeaux Volturi ! Bien sûr que je ne t'ai uniquement pour ne pas te perdre ! Tu veux savoir pourquoi je t'ai accepté ? Parce que tu avais déjà quitté ton clan depuis un moment, parce que toi et Carmen recherchiez de vous-même un mode de vie plus compatissant. Ce n'était certainement pas le cas des jumeaux ! On savait tous qu'Aro n'allait jamais les lâcher comme ça, il tient trop à leur pouvoir. Oui, tu étais là, ce jour-là, mais ce n'est pas toi qui a jeté Vasilii au feu en souriant, mais bel et bien Jane ! Oui, je les hais. Je les hais à un point que tu ne peux même pas imaginer. Mais toi, non ! Je n'ai pas envie de te perdre, surtout à cause d'eux ! Je sais que je n'ai pas le droit de te forcer à rester à Denali, mais je te demande au moins de ne pas gâcher ta vie pour les jumeaux !"

Marie : « - Pourquoi tu dis ça tonton ? Qu'est ce qui se passe ici ? Je ne comprends pas ... Pourquoi maman t'a accepté ? Pourquoi tu remets en cause ton appartenance à notre famille ? Je ne comprends vraiment pas. »

Elle vint dans ses bras, et il hésita à refermer les siens sur elle. Bien sûr, elle ne comprenait pas, il ne lui avait jamais raconté son histoire... Il se sentit soudain un peu honteux de ne jamais avoir vraiment pris le temps de parler correctement avec elle. Mais il ne remettait pas en cause son appartenance à la famille. Enfin, pas vraiment.

Marie : « - Je t'aime mon oncle ... Alors, s'il te plait, ne me fais pas de peine, ne fait pas de peine à maman ... S'il te plait ne pars pas .... »

Il se crispa brusquement. Elle lisait dans ses pensées ou quoi ? Il n'avait pas dit qu'il voulait partir ! En tout, il ne l'avait pas dit à elles. Il en avait seulement discuté avec Carmen, longuement, au cours des derniers jours. Marie les avait-elle entendu ? A moins qu'elle n'ait simplement deviné, après une telle dispute, ce qui allait en découler.

Tanya : "- Comment tu peux t'en vouloir pour ÇA, Ely ?! On parle des jumeaux Volturi ! Bien sûr que je ne t'ai uniquement pour ne pas te perdre ! Tu veux savoir pourquoi je t'ai accepté ? Parce que tu avais déjà quitté ton clan depuis un moment, parce que toi et Carmen recherchiez de vous-même un mode de vie plus compatissant. Ce n'était certainement pas le cas des jumeaux ! On savait tous qu'Aro n'allait jamais les lâcher comme ça, il tient trop à leur pouvoir. Oui, tu étais là, ce jour-là, mais ce n'est pas toi qui a jeté Vasilii au feu en souriant, mais bel et bien Jane ! Oui, je les hais. Je les hais à un point que tu ne peux même pas imaginer. Mais toi, non ! Je n'ai pas envie de te perdre, surtout à cause d'eux ! Je sais que je n'ai pas le droit de te forcer à rester à Denali, mais je te demande au moins de ne pas gâcher ta vie pour les jumeaux !"

Il poussa un profond soupir, clairement exaspéré cette fois.

Eléazar : "- J'ai déjà beaucoup discuté de tout ça avec Carmen. Je comprends ce que tu ressens, Tanya, mais ça ne peut plus continuer comme ça. On compte partir au moins quelques jours, histoire de faire le point...

Il détacha doucement Marie-Emmanuelle de lui, puis murmura qu'il était désolé. Attrapant la main de Carmen, il remonta avec elle dans leurs appartements pour faire rapidement leurs bagages. Il ne savait même pas s'ils partaient juste quelques jours ou plus longtemps. Il était simplement conscient de ne plus pouvoir poursuivre de cette manière.

Ils redescendirent, et fourrèrent leurs sacs dans la voiture d'Eléazar. Il se retourna une dernière fois pour regarder les Denali, puis monta avec Carmen. Claqua la portière de sa voiture. Puis démarra. Ils s'éloignèrent rapidement du chalet, sans plus regarder en arrière.

Tout semblait s'accélérer, le pressentiment qu'avait eu Marie avait été bon ... Eléazar était parti. La seule altérité masculine pour elle dans cette maison venait de fermer la porte de sa voiture ... Partit ... Le contact de la voiture venait d'être mit ... Ely ... Le vrombissement du moteur commençait à se faire entendre ... Ely et Carmen étaient partis .... La voiture quittait la cour de la maison Denali ...

Eleazar, celui qui était venu dans la forêt arrachée Marie des griffes de Mya en compagnie des jumeaux, venait de partir de la maison. Une nouvelle qui résonnait comme le glas dans le coeur de Marie, ce coeur qui ne battait déjà plus depuis un bon moment. Il était parti laissant derrière lui une partie de son histoire, laissant derrière lui une enfant qui venait à peine de sortir du traumatisme du meurtre de ses parents ...

Autant dire que ce départ était un nouveau coup de poignard dans le coeur du fruit pourri de l'arbre maudit qu'était Marie-Emmanuelle. L'enfant sortit rapidement de la maison et tenta de courir après la voiture. Son émotion était si forte qu'à peine arrivé à l'embrasure de la porte de la maison, Emma tomba sous le poids de la tristesse, sous le poids des ténèbres qui venaient de nouveau frapper au coeur de l'enfant ...

Marie : « - Pourquoi ... Pourquoi ... Que vous ai-je fait ? Oh vous les dieux de ce monde, qu'ai-je bien pu vous faire ? Pourquoi s'en prendre encore une fois à moi, à ma famille, à ce monde qui m'entoure ... Ne suis-je qu'un déchet de la société ? Est-ce vraiment ce que je mérite ? Pourquoi moi ? Pourquoi Tanya ? Pourquoi ma famille ? »

Marie tenta de se relever, mais elle ne le pouvait pas. Elle ne voulait pas. Sa vie se résumait à ça. Se sentir prêt à rentrer dans une nouvelle vie et être stoppé à l'entrée, à l'embrasure de la porte. A croire qu'elle n'aurait jamais le droit d'être heureuse, à croire que tout ce qui tournait autour d'elle allait de mal en pire ...

Et si c'était elle la source de tout cela ? Et si les dieux lui montraient encore une fois que toute la merde du monde n'avait qu'une seule source, elle, Marie-Emmanuelle Denali ... Celle qui avait tué ses parents, celle qui n'avait jamais eu le droit de connaitre plus d'une semaine de bonheur ...

Marie était triste, s'il n'y avait pas Tanya, la petite aurait surement fait la pire connerie au monde. Mais son amour pour sa mère était comme le frein de la voiture qui empêchait cette dernière de tomber dans le ravin. Cependant, même les meilleurs freins du monde avaient une usure ... Et l'amour de Marie pour Tanya allait-il suffire à l'empêcher de faire cette connerie que son coeur lui rappelait au quotidien depuis le départ de Jane.

Cette décision que voulait prendre Marie était peut-être la seule envisageable ... Mais comment allait le prendre Tanya ? Accepterait-elle de perdre sa fille, peut-être définitivement ? Etait-ce vraiment la seule solution ? Marie ne le savait pas, où plutôt, elle ne voulait plus le savoir. Emma n'avait qu'un seul désir, celui de rattraper les erreurs de sa vie, de rattraper celle qu'elle considérait comme sa soeur, de rattraper Jane ...

Une voix lui murmurait à son oreille qu'elle devait remettre les pieds sur terre ... Que ces idées qui l'envahissaient ne venait pas d'elle. Que ces idées n'étaient que destructrices ... Que cela n'allait engager qu'encore plus de ténèbres dans son coeur, dans celui de Tanya.

Mais pourtant ... Avait-elle le droit de laisser tout ce qu'elle touchait se détruire ? Avait-elle le droit de laisser mourir ce pour quoi elle avait reprit gout à la vie ? Avait-elle le droit de vivre ?

Marie : « - JANE, NE PARS PAS ! TU NE PEUX PAS ... »

Ce cri venait de sortir du coeur de l'enfant. Etait-ce un fruit de la volonté d'Emma, mais elle avait remplacé le nom d'Ely par celui de sa soeur de coeur. Le départ de ce dernier était comme une piqure de rappel, comme une mouture lui rappelant ce qu'elle avait perdu ...

Marie : « - JANE, TU ES COMME MA SŒUR REVIENT ! »

Cette fois, Marie n'était plus vraiment claire dans ses idées. Son cerveau venait comme de mettre le bouton off. L'enfant commençait à sombrer dans une crise d'hystérie, de folie, de déprime. Marie venait d'atteindre le fond du gouffre. Et elle ne savait plus où ce raccrocher. Plus où aller ... Etait-ce la fin de la lucidité pour elle ?

Eléazar : - J'ai déjà beaucoup discuté de tout ça avec Carmen. Je comprends ce que tu ressens, Tanya, mais ça ne peut plus continuer comme ça. On compte partir au moins quelques jours, histoire de faire le point...

Il quitta la pièce avec Carmen, filant à l'étage. Tanya tenta de lui attraper le bras au passage mais il l'esquiva d'un seul geste. Partir ? Comment cela, partir ?! Mais non, non, il ne pouvait pas faire cela ! Il ne comptait tout de même pas vraiment les quitter ! Glacée d'horreur, elle les regarda fourrer quelques affaires dans le coffre de leur voiture, puis s'y installer. Claquer la porte. Démarrer. Sans un regard en arrière. Marie se précipita à la porte de la maison puis tomba tout à coup sur les genoux. Tanya était trop effarée pour seulement bouger. Elle regarda la voiture noire filer, tourner au carrefour, disparaître au loin. Mais où allaient-ils ?! Carmen... Eléazar... Ils ne pouvaient pas faire ça, ils ne pouvaient pas partir comme ça ! Déchirée, elle trembla doucement, la culpabilité la rongeant de l'intérieur. Si... S'ils ne s'étaient pas disputés ? Elle eut un hoquet, dévastée.

Marie : « - Pourquoi ... Pourquoi ... Que vous ai-je fait ? Oh vous les dieux de ce monde, qu'ai-je bien pu vous faire ? Pourquoi s'en prendre encore une fois à moi, à ma famille, à ce monde qui m'entoure ... Ne suis-je qu'un déchet de la société ? Est-ce vraiment ce que je mérite ? Pourquoi moi ? Pourquoi Tanya ? Pourquoi ma famille ? »

Marie semblait sous le choc, elle aussi, les yeux fixés au-dehors. Tanya ne savait plus du tout que faire et comment réagir. Elle espérait que ce ne soit qu'une blague. Eléazar et Carmen allaient revenir tout de suite, en souriant, comme si rien ne s'était passé. Ils ne pouvaient pas les avoir quittés comme ça. « Au moins quelques jours »... Elle avait peur de ce que cela pouvait signifier. Le temps n'avait d'ordinaire que peu d'importance aux yeux des vampires mais ici, c'était très différent.

Elle mit les deux mains sur son visage, choquée, effarée, détruite. Elle ne voulait pas y croire, ne pas penser que le couple était vraiment parti, que son clan soit soudain amputé si violemment de deux membres. Comme s'ils étaient morts... Elle fit un pas mal assuré puis stoppa, perdue. Que faire ? Elle ignorait totalement où ils étaient partis ! Il n'y avait pas de traqueur ici, et même s'il y en aurait eu un, était-elle en droit de protester ? Alors qu'Eléazar était parti à cause d'elle ? Elle secoua la tête, son regard dérivant sur le chalet, Marie-Em, au-dehors, ses sœurs, sans jamais se fixer nulle part.

Ce départ réveillait une blessure plus ancienne mais tout aussi vivace et brûlante. Tanya serra ses bras autour d'elle en se mordant les lèvres. Qui aurait cru... A peine rentrés et le clan se déchirait ! Par sa faute ! Ou par la faute d'une dispute, sur un sujet si... Elle grogna. Eléazar n'avait pas à remettre en cause son appartenance à cette famille, il n'en avait tout simplement pas le droit ! Il était leur frère, tout comme Carmen était leur petite sœur, et il n'avait pas en douter ! Mais il était tout de même parti. Toujours prostrée à terre, Marie semblait avoir envie de hurler. Tanya se doutait de ce qu'elle voulait crier. Sur son oncle. Qu'il ne l'abandonne pas.

Marie : « - JANE, NE PARS PAS ! TU NE PEUX PAS ... »

Tanya sursauta, complètement choquée. Elle s'était attendue à ce que ce soit le nom d'Eléazar qui allait jaillir de ce cri, pas celui de la petite sadique. Tanya gémit sans même s'en rendre compte. Ce n'était pas possible ! Marie n'avait pu s'attacher à ce point à la garde Volturi !

Marie : « - JANE, TU ES COMME MA SŒUR REVIENT ! »

La Denali avait l'étrange impression qu'elle allait s'évanouir. Son monde continuait de s'effriter, de s'écrouler sans qu'elle puisse rien y faire. Et ça faisait très mal. Elle était plus que choquée de voir le lien qui unissait Marie à Jane. Mais ne se rendait-elle pas compte qu'il ne pouvait s'agir que d'un lien à sens unique ? Jane était partie de toute façon ! Disparue au loin, en Italie. Et son frère n'allait guère tarder à la rejoindre. Les jumeaux en sorcellerie à nouveau réunis sous la coupe d'Aro, et c'était tout aussi bien comme cela. C'était là-bas qu'était leur place, et nulle part ailleurs. Elle s'approcha d'Emma, hésitant à lui dire cela. S'agenouillant, elle lui posa une main sur l'épaule.

- Emma...

Elle ne put rien rajouter, perdue. La disparition de Jane lui semblait tellement insignifiante à elle, mais importante pour Marie. Elle regarda encore une fois au-dehors, bouleversée en revanche par le départ d'Eléazar. S'il n'avait pas ramené les jumeaux ici, rien de tout cela ne serait arrivé ! Absolument rien. Marie ne serait peut-être même jamais née. Elle soupira.

- Emma, il faut que tu oublies Jane. Elle ne reviendra plus, et tu ne la reverras jamais. Elle ne peut pas être ta sœur, c'est impossible ! Vous avez deux histoires bien trop différentes...

Elle se releva et lança un regard perdu et implorant à ses sœurs. Elle ne savait plus quoi faire.

Tout le monde de Marie venait de s'écrouler en quelques secondes ... Il était peut-être temps de partir, de partir loin d'ici. Tout ce qu'elle avait fait avait conduit à un drame. Toutes ses actions étaient sous le signe du malheur. Autant vous dire que l'ange noir de la vie planait au-dessus d'elle ... La vie de l'enfant était donc maudite, rien ne pouvait l'aider ...

Le départ d'Eléazar avait été comme un coup de poignard, comme une lacération ultime qui faisait comprendre à Emma qu'elle n'avait plus sa place dans ce monde. L'enfant n'avait plus aucune estime d'elle, l'enfant ne savait plus discerner le bon du mauvais, le bien du mal ... Tous ses sens venaient de sombrer dans une folie quasi-totale.

Aussi, c'est sans vraiment penser à la connerie qu'elle allait faire que Marie profitait du fait que sa famille soit sous le choc du départ d'un des leurs pour s'enfuir discrètement. Elle partit dans la direction qu'avait pris Ely et Carmen, courant si vite que toute sa vision en était troublée. Courant si vite qu'elle avait déjà mis assez de distance entre elle et la demeure Denali pour pouvoir se ralentir le rythme en toute sérénité.

L'enfant n'était plus du tout maître de ses moyens, l'enfant ne savait plus ce qu'elle faisait. Son monde venait de s'écrouler, son monde venait de s'anéantir. Elle n'avait plus aucun repère, elle n'avait plus aucune envie. Elle ne savait plus du tout du discerner le bon du mauvais, elle ne savait plus discerner le bien du mal. Sa folie avait atteint un tel paroxysme que ce n'était plus vraiment Marie-Emmanuelle qui avait le contrôle de ce corps, que ce n'était plus vraiment son cerveau qui agissait à ce moment précis.

Son parcourt était totalement improvisé, aucune décision n'était prise à l'avance. L'enfant continuait sa nouvelle fuite, elle s'en voulait tellement, tout était de sa faute ... L'enlèvement de Jane, la fuite de son oncle et de sa tante ... Elle s'en voulait pour tout ...

Marie avançait toujours le long de la route qui partait de la demeure Denali, le long de la route de sa vie ... Lorsque soudain elle s'arrêta. Une immense culpabilité envahit son coeur une immense culpabilité envahit son âme ... Pourquoi avait-elle fait cela ? Pourquoi avoir abandonné sa mère, sa famille ? Elle venait d'agir comme son oncle. Emma venait d'abandonner elle aussi sa famille et cela elle ne le voulait pas ....

Comme prit d'un immense regret, elle décida de faire demi-tour, de rentrer chez elle de retourner près de sa mère .... Sa rancune envers elle-même était si grande qu'elle ne pouvait pas continuer cette stupidité !

Elle ne mit pas très longtemps à rentrer à la maison, à passer la porte de la maison de son clan, de sa nouvelle famille. Marie se rendait soudain compte du prix qu'avait Tanya à ses yeux, lui faire du mal était devenu quelque chose d'impensable aujourd'hui.

L'enfant se présenta alors devant celle qui l'avait arraché de l'enfer et s'agrippa à sa taille. L'âme de Marie sombrait de plus en plus dans des profondeurs d'où elle n'était pas sur de pouvoir se tirer .... La seule piste entrouverte pour la sauver de là était son amour pour celle qui avait tout donné pour elle, son amour pour celle qui lui avait offert une nouvelle vie.

Marie : « - Excuse moi pour tout maman ! Excuse moi pour cette fugue, pour le meurtre de mes parents, pour ce manque de confiance en toi ... Excuse moi, car je ne mérite plus d'être appelé ta fille. J'ai trahi le nom que tu m'as donné ... Je ne mérite pas ton pardon, pourtant je sais que tu me le donneras ! Alors merci maman et encore pardon ... »

Marie enfonça sa tête contre la poitrine de sa mère ... Elle ne savait pas si elle sortirait un jour de sa dépression, mais elle tenterait pour l'amour de sa mère.

Marie : « - Je veux sortir de cette tristesse qui m'habites, je veux survivre à cette douleur ... Alors aide moi maman, que Jaz aussi m'aide ... Je veux sortir de cette déprime continue. »

La confusion. C'était le mot qui décrivait le mieux l'humeur de Tanya en cet instant. Elle avait le plus grand mal à comprendre ce qui se passait, à suivre ce qui arrivait. Son cerveau était restée bloqué sur le moment où cette voiture avait démarré, emportant Eléazar et Carmen. Emportant son frère et sa sœur. Emportant sa famille. Elle baissa la tête. Serra ses bras autour d'elle. Que faire... Que dire ? Comment réagir ? Elle était complètement perdue, incapable de faire un seul mouvement ! Partis. Ils... Rah, que faire ! Elle n'allait tout de même pas courir derrière la voiture ! Marie-Emmanuelle était même sortie, sans doute pour tenter d'apercevoir une dernière fois la voiture...

Le souffle coupé, Tanya lança un regard implorant à ses soeurs, l'air de dire "Aidez-moi, je ne sais plus du tout quoi faire !". La dernière fois qu'elle s'était retrouvée dans une telle situation, c'était après le décès de leur mère. Elles s'étaient retrouvées seules, brutalement, perdant d'un seul coup tous leurs repères, tout ce qui cadrait leurs vies. En tant qu'aînée, Tanya avait dû prendre, bon an mal an, la tête de la famille. Amener son clan ailleurs. S'occuper de ses petites soeurs et les réconforter.

Période noire. Période de misère. Elle avait l'impression de replonger dans cette période, de replonger dans l'enfer qu'elles avaient vécu. Elle prit une brusque inspiration, essayant de se calmer. Du calme. Du calme. Ce n'était que pour quelques jours, non ? Juste quelques jours ! Quelques malheureux petits jours, il allait très vite revenir ! Pas comme Sasha qui elle ne reviendrait jamais... Elle eut un petit hoquet puis vit tout à coup Marie revenir en courant dans la maison et se jeter dans ses bras. Elle la serra contre elle, bouleversée.

Marie : « - Excuse moi pour tout maman ! Excuse moi pour cette fugue, pour le meurtre de mes parents, pour ce manque de confiance en toi ... Excuse moi, car je ne mérite plus d'être appelé ta fille. J'ai trahi le nom que tu m'as donné ... Je ne mérite pas ton pardon, pourtant je sais que tu me le donneras ! Alors merci maman et encore pardon ... »

Ouh là, visiblement le départ d'Eléazar et Carmen avait encore plus fragilisé sa petite fille ! Elle lui caressa doucement la nuque, cherchant à la réconforter alors qu'elle-même était tout à fait perdue. C'était exactement pareil, finalement. Pareil. Comme lorsqu'elle avait dû s'occuper de ses soeurs, essayer de continuer à vivre, tenir droite pour elles.

Marie : « - Je veux sortir de cette tristesse qui m'habites, je veux survivre à cette douleur ... Alors aide moi maman, que Jaz aussi m'aide ... Je veux sortir de cette déprime continue. »

Tanya la serra un peu plus fort contre elle, les yeux fermés. Oui, elle voulait l'aider, elle voulait qu'elle soit heureuse. Si elle ne pouvait rien faire pour son frère et sa soeur, qu'elle essaye au moins d'aider son unique fille. Aussi, elle décida d'inviter Jasper et Alice quelques temps à la maison. Histoire de les aider.