Psychanalyse et grosse déprime

Cela faisait depuis le départ d'Eleazar que la jeune Marie était enfoncée dans la déprime. L'enfant ne faisait plus attention à personne. L'enfant ne faisait plus attention à elle-même. Elle avait refusé de se nourrir lorsque Tanya lui avait proposé d'aller chasser. Marie s'en voulait pour tout ce qui venait de se produire dans leurs vies. Elle s'en voulait pour le départ de Jane et pour celui d'Eleazar. Elle s'en voulait pour le malheur de sa mère et pour le meurtre de ses vrais parents. L'enfant n'arrivait plus à discerner entre la vraie et la fausse culpabilité. Pour elle, tout se confondait dans un amas terrible de rancoeur envers sa propre existence.

Marie-Emmanuelle avait demandé de l'aide à sa mère, elle avait acceptée que son grand cousin, Jasper, s'en mêle. Maintenant, la petite ne savait plus vraiment ce dont elle voulait pour elle-même. Marie ne voulait pas décevoir Tanya et pourtant sa vie n'avait plus d'importance à ses yeux. Emma ne voyait que la noirceur de son coeur, que la noirceur de sa vie. Son seul moyen de rester encore un peu en surface était le fait de savoir Alec en vie et en sécurité chez les Cullen.

Cela faisait depuis le départ d'Eleazar que la jeune Marie était restée sur son fauteuil. Ce dernier avait été la seule compagnie que l'enfant avait désirée au court de ses derniers jours. Ce fauteuil qui jouait ici la symbolique d'une vie qui tentait de s'appuyer sur quelque chose. Mais était-ce vraiment le désir de la pauvre Emma ? Elle n'en savait trop rien, elle n'en savait même vraiment rien du tout.

Le temps avait paru défilé très lentement depuis le moment où son oncle avait passé le pas de la porte avec Carmen ... Marie ne saurait plus dire quel jour et quelle heure il était. Elle ne saurait même pu dire quoi que ce soit. La petite c'était d'ailleurs enfermé dans un mutisme encore plus profond que celui du jour de sa transformation.

L'enfant ne remarqua même pas l'arrivée de son cousin Jasper, elle ne remarqua pas non plus la présence d'Alice. Elle suivait à peine le rite de bienvenue qui se déroulait à l'entrer de la demeure.

L'enfant entendit quelqu'un se poser à côté d'elle, mais sans vraiment savoir qui cela pouvait être. La seule chose qui la tira de sa torpeur, de sa nonchalance avait été l'évocation du nom d'Alec ...

Jaz « - Alec a reçu une vidéo. Une vidéo de sa soeur. Elle... Disons que... Ça ne se passait vraiment pas bien pour elle. Et, évidemment, il est aussitôt part pour la retrouver. On ne sait pas où, même si c'est probablement à Volterra. Ni Carlisle ni Esmée n'ont pu le retenir. »

Alec disparut ... Cette phrase fut comme un nouveau coup donné au coeur de Marie-Emmanuelle. Cette phrase fut comme un nouveau brasier dans lequel on la jetait. Comment ? Pourquoi ? Jane risquait-elle sa vie ? Etait-ce encore de sa faute ? Toutes ces questions frappaient à la porte de l'âme déjà broyer de Marie. Toutes ces questions forçaient la porte du coeur déjà déchiqueter de l'enfant comme un ultime coup de gourdin venant terminé de planter le clou dans la main du crucifié.

La douleur, la rancoeur, la folie augmentait progressivement dans le coeur de Marie, comme un fin poison qui la consommait de plus en plus. Qui la rendait de plus en plus inapte à assumer sa vie seule ... Cela pourrait-il changer un jour ? Elle ne le savait et Marie ne se posait quasi pas la question. Tout ce qu'elle constatait c'était son impuissance à sortir ses amis, sa famille de la merde où ils étaient. Et cela elle s'en voulait. Emma aurait voulu qu'on la tue pour la punir de son impuissance face à la tournure folle de sa vie, de son monde ...

La méthode que venait d'utiliser Jasper faisait sur Marie l'effet contraire que celui souhaité. Au lieu de la rassurer et de lui faire s'ouvrir au jeune Cullen. La petite gamine entrait de nouveau dans un mutisme digne des plus grands rochers de ce monde, digne des plus grands menhirs de Grande-Bretagne, digne de la tour Eiffel. Son mutisme était, entre guillemet, la seule protection que Marie pouvait utiliser, la seule barrière qu'elle pouvait ériger pour protéger son jardin secret. L'enfant n'avait aucun désir de se confier à Jasper. Elle venait de changer d'avis. Marie-Emmanuelle était convaincu qu'il n'arriverait pas à la comprendre.

Comment exposer au monde son amour pour Jane ? Comment faire comprendre à sa mère qu'elle tenait à Jane comme à une soeur. Elle ne savait expliquer ce qu'il s'était passer entre les deux filles. Personne au monde ne pouvait comprendre cela. Marie ne voulait pas blesser sa mère, elle l'aimait plus que tout au monde. Cependant, elle aimait aussi Jane ...

Maintenant Marie venait d'apprendre la fuite d'Alec ... Lui aussi comptait plus que tout à ses yeux. Les jumeaux avaient été les deux premiers jeunes vampires que l'enfant avait rencontrés. Marie n'avait aucune haine envers les deux jumeaux en sorcellerie. Au contraire, ces derniers lui avaient tendu la main à leurs manières.

Cependant, comment faire comprendre à Tanya que ce n'était pas contre elle. Comment lui dire qu'elle comptait plus que tout au monde. Elle lui avait redonné une chance d'être heureuse. Mais son bonheur pouvait-il se construire sans Alec, sans Jane ? Marie ne le savait pas.

L'enfant se leva rapidement et, grâce à sa force de nouvelle née, envoya Jasper dans un recoin de la pièce. Puis Marie se dirigea en courant vers la porte d'entrée de la maison. Au moment de sortir cependant, une crise de regret empêcha Marie de faire un pas de plus. L'enfant s'effondra à l'entrée de la maison. Regarda au loin, dans la direction qu'avait prise Eléazar son oncle et Carmen sa tante adorée.

Marie : - Je ne peux pas vous le dire, je ne veux pas vous faire du mal. Surtout à toi maman. Je t'aime plus que tout, pardon ... Pardon maman, ne m'en veut pas pour ce que je vais faire.

Marie se releva et partit en courant le plus rapidement possible tout droit. Elle changeait de direction dès que possible, sans même y réfléchir. Rien n'était prémédité dans cette nouvelle et énième fuite. Tanya ne lui pardonnerait jamais. Mais comment lui expliquer cela. Lui avouer son amour pour Jane lui ferait plus de mal que cette fuite. Au bout d'une heure, Marie ne savait pas ou elle était, cependant une chose était sur. C'est qu'on ne la retrouverait pas si facilement.

Tanya passait sans discontinuer du salon à la cuisine, de la cuisine à la salle à manger, de la salle à manger à sa chambre, de sa chambre à la salle de bain, de la salle de bain au hall d'entrée, avant de revenir dans le salon puis de recommencer, inlassablement. Elle attendait. Un bruit. Une voix. Un signe. Quelque chose qui lui indique qu'Eléazar et Carmen allaient revenir. Quelque chose qui lui prouve que ce n'était qu'un simple cauchemar. Que sa famille allait retrouver son intégrité. Tout allait de travers depuis l'arrivée des jumeaux chez eux! Leur vie avait basculé, et il n'y avait aucun moyen de revenir en arrière. Irina regardait d'un air éteint ses vas-et-vient, assise dans la cuisine devant la fenêtre. Kate, nerveuse, faisait comme elle, cherchant un moyen de s'occuper l'esprit. Quand à Marie-Emmanuelle, elle restait simplement assise dans le salon, sans bouger, sans parler, ni se nourrir.

Dans la matinée, Alice et Jasper arrivèrent. Tanya sortit pour les accueillir. Elle aurait voulu ne plus déranger leurs cousins, ne plus les mêler à toutes ces histoires, mais elle était complètement dépassée. Elle avait l'impression de se retrouver comme après la mort de leur mère, tentant tant bien que mal de reprendre la tête, en tant qu'aînée, d'une famille déchirée par la douleur et totalement perdue, tentant de consoler et de s'occuper de ses petites soeurs, sans se laisser aller.

Tanya : - Bienvenue, Alice, Jasper. Et merci d'être venus.

Ils s'installèrent tous dans le salon. Marie ne prêta pas la moindre attention aux nouveaux venus, bloquée dans son petit monde. Manière pour elle, sans doute, de se protéger. Tanya parla un peu, mais sa gorge se serra vite lorsqu'elle évoqua Carmen et Eléazar. Puis, Jasper leur annonça qu'eux aussi avaient eu un problème.

Jasper « - Alec a reçu une vidéo. Une vidéo de sa soeur. Elle... Disons que... Ça ne se passait vraiment pas bien pour elle. Et, évidemment, il est aussitôt parti pour la retrouver. On ne sait pas où, même si c'est probablement à Volterra. Ni Carlisle ni Esmée n'ont pu le retenir. »

C'était cela, son problème ? Tanya faillit bien laisser échapper un soupir de soulagement. Elle pensait  quelque chose de grave, pas aux jumeaux ! Jasper avait-il vraiment besoin de les effrayer ainsi... Elle se moquait de ce qui avait bien pu arriver à Jane ou à son jumeau. Au contraire, elle était soulagée qu'ils aient tous les deux disparus de leur vie ou de celle des Cullen. Ce n'était pas leur place ! Leur véritable place, le seul endroit où ils pouvaient vivre était Volterra. Chez ceux qui les avait élevés, qui avaient faits d'eux les armes, les monstres sans coeur qu'ils étaient. Qui serait assez stupide pour regretter cela ? Des démons à l'apparence d'enfants, c'était tout ce qu'ils étaient.

Jasper s'occupa alors de Marie-Emmanuelle, et Tanya chassa les jumeaux de son esprit. Elle était tout à fait prête à les oublier immédiatement et sans l'ombre d'un remords. Elle savait très bien qu'Aro ne les tuera pas, leurs dons étaient trop précieux à ses yeux. Et jamais le chef de ce clan dégénéré ne se débarrassera comme ça de ses deux petites armes favorites. Ce qui comptait, à présent, c'était la santé mentale de sa fille adoptive. Elle espérait que le vampire empatte pourrait aider Marie, qu'il pourrait la faire sortir de sa déprime. Tout à coup, Marie se redressa soudain et repoussa violemment Jasper avant de sauter sur ses pieds et de courir à la porte. Tanya se précipita derrière elle, bouleversée. Comment pouvait-elle prétendre être une mère si elle ne pouvait ni comprendre ni aider Emma ?

Marie : - Je ne peux pas vous le dire, je ne veux pas vous faire du mal. Surtout à toi maman. Je t'aime plus que tout, pardon ... Pardon maman, ne m'en veut pas pour ce que je vais faire.

Que... La jeune fille bondit tout à coup au-dehors, avant que quiconque ne puisse réagir. Tanya se précipita à son tour, mais sa fille, encore remplie des forces que lui fournissait son propre sang, imprégnant encore ses tissus, était déjà rendue loin.

Tanya : - MARIE ! hurla-t-elle.

Elle courut à son tour, à peine consciente de ses soeurs qui suivaient derrière. Mais la petite avait disparue. Tanya tourna en rond plus d'une heure, cherchant des traces, se maudissant d'être une incapable au niveau de la traque. Plus elle courait dans la neige, et plus la tristesse l'envahissait, mêlée à une certaine colère. Colère dirigée contre elle-même, pour son incapacité à s'occuper correctement d'Emma. Elle finit par s'arrêter, dans la clairière d'une forêt.

Tanya : - Marie...