Repas familial

Renée se pencha et remonta très délicatement la couverture bleue ciel sur Allison, qui dormait paisiblement, le point fermé sur son doudou. Elle lui caressa délicatement la joue, puis le duvet noir qui recouvrait sa tête. Elle s'était toujours demandé à quoi rêvait les bébés, et s'ils sentaient tout l'amour et l'affection dont ils étaient entourés. Elle restait un long moment à observer son bébé, dans sa grenouillère blanche, avec ses petites mains si mignonnes. Son petit ange, bien au chaud et à l'abri, plongé dans ses rêves. Elle mit en marche le mobile au-dessus du lit à barreau, posa le baby-phone à proximité, puis ferma sans faire de bruit les volets de la chambre. Le mobile donnait une atmosphère presque féerique, et servait en même temps de veilleuse.

Refermant délicatement la porte, elle redescendit. Charlie venait de finir d'installer la table, et Phil était en plein dans sa préparation culinaire. Il maniait couteaux, cuillères, bols, ingrédients, four et tout le reste beaucoup plus sûrement qu'elle qui était assez maladroite, en plus d'être une mauvaise cuisinière. Laissant la cuisine et les bonnes odeurs qui commençaient à s'en dégager, elle observa la décoration du salon d'un œil critique. Elle entreprit d'arranger tout cela lorsqu'on sonna et que Charlie se précipita pour ouvrir. Elle lui jeta un coup d'oeil attendri alors qu'il rougissait devant la Quileute. Elle n'était pas la seule à refaire sa vie.

A peine plus tard, Charlie réserva un accueil bien moins chaleureux à Edward. L'ignorant, Renée se précipita et serra sa fille dans ses bras, accordant même un bisou à Edward.

- Tu feras attention ce soir, ma puce, Allison dort dans ta chambre. Installez-vous, on va se mettre à table !

Elle les poussa à s'asseoir, prenant leurs manteaux pour les mettre dans un coin. Sa fille semblait tendue à un point inimaginable ! Allons, tout allait bien se passer ! Que sa fille ne fasse pas cette tête, voyons. Elle apporta les plats et servit généreusement chaque convive, alors que Charlie servait les boissons.

- Et bien, Edward, Bella, vous n'avez rien à dire ?

Bella était montée dans la Volvo à contrecœur, il le voyait bien. Derrière eux, Emmett se fichait ouvertement de sa pomme en lui lançant un "Bon appétit !" et en lui disant de prendre des gants avec son futur beau-père. Edward lui lança un regard agacé en s'installant au volant et en bouclant vivement sa ceinture. Il ne l'avait pas avoué à Bella mais considérait comme plus difficile de manger de la nourriture humaine que d'annoncer à Charlie qu'il lui prenait sa fille... Mais il devait le faire. C'était son devoir. Il démarra, serrant brièvement la main de sa fiancée pour la rassurer avant d'enfoncer l'accélérateur.

Deux voitures étaient garées devant la maison des Swan, et Edward captait des pensées plus ou moins agitées. Il aperçut la tête du père de Bella à l'une des fenêtres et ses pensées assassines. Il n'était pas franchement le bienvenue, disons les choses ainsi. Charlie le considérait comme un bellâtre crâneur, faux-jeton, hypocrite, insensible... La liste était très longue. Si seulement il savait à quel point Edward s'en voulait pour avoir abandonné Bella ! S'il savait les remords qui le travaillait, tous les jours ! Mais il ne pouvait pas. Il n'avait même pas le droit de le savoir. Il répondit par un sourire et une salutation polis à Charlie après un accueil glacial. Renée arriva en sautillant et enlaça sa fille avant de lui coller un lui un bisou sur la joue. Il écarquilla les yeux, surpris.

Renée - Tu feras attention ce soir, ma puce, Allison dort dans ta chambre. Installez-vous, on va se mettre à table !

Elle leur prit leurs manteaux, et Edward attrapa la main de Bella avant de lui frotter doucement le dos pour la rassurer. Tout allait bien se passer. Elle lui jeta un regard, blême tout à coup, et amorça un brusque mouvement vers la sortie. Il l'attrapa par la taille et la serra dans ses bras. Ah non, non, non. Pas le moment de se défiler ! Il fallait l'annoncer de toute façon, alors un peu de courage et on y va ! Il s'assit à côté, juste en face de Charlie et Sue, alors que Phil et Renée se mettaient chacun à un bout de table. Renée leur servit l'entrée, remplissant généreusement les assiettes.

Renée - Et bien, Edward, Bella, vous n'avez rien à dire ?

Il sursauta légèrement, trop légèrement pour un oeil humain. Bien, merci Renée, comment mettre les deux pieds dans le plat en éclaboussant tout le monde. Charlie leur coula un regard soupçonneux auquel il répondit par un sourire avenant. Il attrapa la main de Bella, autant pour se donner du courage que pour l'empêcher de s'enfuir, comme elle brûlait sûrement de le faire. Elle rougissait puis pâlissait alternativement, avec une intéressante petite touche de vert au coin des lèvres. Il se redressa et fixa Charlie dans les yeux.

Edward - En effet, Charlie, nous avons quelque chose d'important à vous annoncer. Je suis navré, j'aurais dû vous en parler tout d'abord, mais l'avis de Bella est plus important que tout, pour moi. Mais je ne désire pas saper votre autorité paternelle, croyez-le bien. Nous avons décidé de nous marier, Charlie.

Edward – Hum, Bella, sachant qu'on se marie dans deux mois et demi, il est plus que temps d'en informer ton père ! Ne t'inquiètes pas pour moi, je résiste aux balles et je peux arrêter ton père sans lui faire du mal si jamais il essaye de me planter un couteau de cuisine dans l'estomac.

Sans même avoir eu son mot à dire, Bella fut attirée dans les bras d’Edward tandis qu’il répondait, la berçant pour la calmer. Mais… A sa réponse, elle pâlit instantanément. Elle imaginait déjà les dégâts de cette annonce, ce que Charlie risquait de faire ou de dire ou… Non ! Elle ne pouvait pas… Il ne fallait pas le lui annoncer aussi vite. De plus, comment allait-il le prendre ? Et s’il empêchait Bella de revoir Edward ? D’un autre côté, elle avait accepté et il ne pouvait donc pas l’empêcher de vivre sa vie. Mais… S’il faisait une bêtise, lui ? Si jamais il tentait de faire quoi que ce soit pour que sa fille fasse attention à lui et non plus à Edward ? Non, non, non ! Elle ne… Mais voilà qu’Edward l’embrassa, comme pour la rassurer. Il lui dit que tout allait bien se passer, qu’elle ne devait pas s’inquiéter. Ou pas ? Elle ne le sentait pas, cette voix lui murmurait que cela allait mal tourner et que la soirée serait horriblement longue, intenable, et qu’elle allait mal se terminer. Bon sang, ils ne devaient pas y aller… Mais lui n’était pas du même avis. Il lui prit la main, lui fit un baisemain. D’accord, elle n’avait pas vraiment le choix, en fin de compte. Bella le sentait mal. Très mal.

Deux heures plus tard, ils étaient dans la voiture d’Edward. Bella y était montée à contrecœur, prétextant n’importe quoi pour retarder ce moment. « J’ai mal au ventre », « Je dois aller au toilette », « Flûte, mon sac ! ». Mais, à force, il avait préparé tout ce qu’il fallait et, à son dernier argument, il lui avait simplement montré ce qu’elle cherchait. Aussi, elle se contenta de s’installer dans la voiture alors qu’il lui ouvrait la porte pour la laisser entrer, comme à son habitude. Au fur et à mesure que l’heure approchait, Bella se sentait mal, jouait avec ses doigts, ne tenait même plus compte des remarques que leur faisait Emmett. Elle regardait par la vitre de la Volvo, ne se préoccupant même pas du paysage qui défilait à une vitesse folle. Dans quoi s’était-elle engagée… Comment allait réagir Charlie ? Elle avait accepté le mariage avec le seul être qu’il détestait au plus haut point, même s’il semblait moins le haïr depuis un moment. Elle le trahissait, d’une certaine manière. En réalité, Bella se demandait même si ce n’était pas contre elle que gueulerait Charlie. Edward lui retirait sa fille, certes, mais c’était elle qui avait accepté et personne d’autre. Bah, au moins, il ne ferait rien à Edward ! Seulement, c’était là la meilleure situation qui puisse exister. Jamais Charlie ne réagirait comme cela…

Soudain, Bella faillit tomber à la renverse sans comprendre ce qu’il se passait. Ils étaient arrivés chez Charlie. Deux voitures étaient garées devant la maison : celle de son père et celle de Phil. Mais ce n’était pas uniquement cela qui avait failli faire tomber Bella… Perdue dans ses pensées, trop occupée à imaginer les divers scénarios possibles, elle s’était appuyée à la portière de la Volvo et Edward, en ouvrant la porte, l’avait rattrapée de justesse avant qu’elle ne tombe. Rougissant de cette maladresse – ce qui lui donnait un peu de couleur –, elle lui prit la main et le suivit en trainant les pieds jusqu’au porche. Elle tremblait des pieds à la tête, plus que nerveuse. Edward devait sûrement le sentir d’ailleurs, parce qu’il sonna lui-même à la porte avant qu’elle n’ait le temps d’esquisser un seul mouvement. Charlie vint leur ouvrir, réservant un accueil chaleureux à « sa fille chérie » tandis qu’il en fit un bien plus froid pour Edward. Les choses commençaient bien… Elle le sentait de plus en plus mal. Mon Dieu, comment cela allait-il se terminer ?! Tout à coup, Renée débarqua en sautillant et la prit dans ses bras, la serrant plutôt fort. Trop, peut-être ? Elle fit même un bisou à Edward ! Là, c’était sûr, elle cherchait à les encourager. Mais ce n’était pas du tout le moment…

Renée – Tu feras attention ce soir, ma puce, Allison dort dans ta chambre. Installez-vous, on va se mettre à table !

Renée prit leurs manteaux alors qu’Edward prit la main de Bella et lui frottait le dos pour la calmer. C’était inutile, cela ne fonctionnait pas. En était-il conscient, au moins ? Sûrement, mais la voir stresser à ce point devait fameusement l’amuser… Qu’elle le haïssait ! C’était trop pour elle, elle ne pouvait pas annoncer son mariage à Charlie. Il allait la détester, la renier peut-être. Non, non. Et si jamais il tentait réellement de tuer Edward ? Ou, pire, s’il essayait mais que le coup partait vers Renée ? Ou si jamais il explosait et que les choses s’envenimaient ? Non, non, non. Non, elle ne pouvait pas. Bella jeta un regard blême à Edward et voulut sortir, il lui fallait de l’air, elle voulait respirer, ne pas devoir l’annoncer tout de suite. Juste quelques minutes, pas plus. Ou quelques heures, qui sait. Mais… Edward n’était pas du même avis. Il la retint par la taille, l’attrapant beaucoup trop rapidement pour elle, et la serra dans ses bras comme pour dissimuler ce geste. Tricheur ! Bella lui lança un regard noir, mais cela ne changea rien. Elle se résigna donc à le suivre, s’installant à ses côtés pendant que Renée et Charlie les servaient. Elle fixait désespérément son assiette, lui trouvant soudainement un intérêt particulier.

Renée – Et bien, Edward, Bella, vous n'avez rien à dire ?

Bella lança un regard furieux à sa mère. Bon sang, pas maintenant ! Charlie leur jeta un regard plus que soupçonneux, auquel Edward répondit par un sourire. Elle recommença à fixer son assiette et voulut commencer à manger même si elle n’avait pas faim. Au moins, elle aurait une excuse pour ne pas parler, pour ne pas devoir supporter le regard de son père lorsqu’il apprendrait la nouvelle. Ou pourquoi pas ne pas aller à la cuisine, tout simplement, ou à la toilette ? Cela passerait sans problème, ils n’y verraient que du feu et elle pourrait éviter l’annonce. Bonne idée ! Bella commença à se lever mais Edward lui attrapa la main, l’empêchant ainsi de faire tout mouvement pour sortir. Traître ! C’était… bas. Très bas. Etant obligée de rester assise à table, elle supporta le regard de Charlie tandis qu’Edward se lançait. Non, non, non. Non, pas maintenant… Bella pâlissait à vue d’œil, et elle le savait. Mais cette fois, c’était incontrôlable.

Edward – En effet, Charlie, nous avons quelque chose d'important à vous annoncer. Je suis navré, j'aurais dû vous en parler tout d'abord, mais l'avis de Bella est plus important que tout, pour moi. Mais je ne désire pas saper votre autorité paternelle, croyez-le bien. Nous avons décidé de nous marier, Charlie.

Bella tremblait de plus en plus. Elle en tremblait tellement que… Au lieu de couper correctement ce qu’elle s’apprêtait à couper, elle l’envoya valser sur son chemisier. Un morceau de viande juteux atterrit en plein sur son chemisier blanc. Bravo ! Alors là, bravo, juste maintenant ! Rougissant de plus belle, sentant soudainement une bouffée de chaleur l’envahir, elle marmonna, avant de se lever précipitamment pour monter dans la salle de bains :

Bella – Je… Pardon. Je… Je vais nettoyer tout ça, je reviens dans deux minutes.

Bella * Bravo ! Il n’y a que toi pour faire des bourdes pareilles…

Elle avait à peine achevé sa phrase que Bella lui jetait un regard furieux et pâlissait à vu d'oeil. Allons, inutile de s'inquiéter à ce point ! Elle-même l'avait bien pris, non ? Alors ce n'était pas la peine de tant stresser face à Charlie. Il serait sûrement un peu inquiet, mais une fois le choc passé, il prendra bien la nouvelle. D'accord, peut-être pas immédiatement, mais tout de même. Elle encouragea mentalement sa fille à se lancer, mais elle était visiblement incapable de produire un seul son. Edward finit par se redresser, visiblement résigné à annoncer lui-même la nouvelle à Charlie. Brave garçon. il était si protecteur et attentif envers Bella ! Elle était certaine qu'il fera un époux, puis un père formidable. Renée en était déjà à imaginer la tête de ses futurs petits-enfants, rêveuse.

Edward – En effet, Charlie, nous avons quelque chose d'important à vous annoncer. Je suis navré, j'aurais dû vous en parler tout d'abord, mais l'avis de Bella est plus important que tout, pour moi. Mais je ne désire pas saper votre autorité paternelle, croyez-le bien. Nous avons décidé de nous marier, Charlie.

Elle eut un lumineux sourire, sans même se rendre compte de la même expression choquée qui ornait les visages de Charlie et Bella. Et bien voilà, ce n'était pas plus compliqué que cela ! Il suffisait juste de se lancer, le reste venait tout seul. Cependant, sa fille aînée tremblait de plus en plus, concentrée sur un morceau de viande qu'elle ne parvenait pas à couper. Prise de pitié, Renée s'apprêtait à aller l'aider lorsqu'elle l'envoya en plein sur son chemisier blanc. Ah là là, voilà qui était du Bella du Bella tout craché. Elle rougit encore plus et se leva.

Bella – Je… Pardon. Je… Je vais nettoyer tout ça, je reviens dans deux minutes.

Renée la suivit du regard, alors que Charlie ne parut même pas se rendre compte de son départ, tant il était sous le choc. Hum, elle savait qu'il n'appréciait guère Edward, alors il avait de quoi être un petit choqué. Enfin bref. Elle se leva à son tour et s'excusa auprès des autres. Posant sa serviette sur la table, elle confia le baby-phone à Phil puis grimpa les escaliers.

Bella était dans la salle de bain, tremblante, écarlate et nerveuse, en train d'essuyer la tache. Mais elle était si agitée qu'elle étalait plus la sauce au lieu de la nettoyer. Renée secoua légèrement la tête et s'avança. Elle lui prit le chiffon des mains, l'imbiba d'eau et d'un peu de savon, puis entreprit elle-même de réparer les dégâts. Combien de fois avait-elle procédé à cette opération, lorsque Bella était petite fille et passait son temps à tomber, se tâcher... Elle sourit doucement en se remémorant ses souvenirs, l'enfance de Bella, qu'elle avait élevé seule sur son salaire d'institutrice. Elle avait toujours veillé à ce qu'elle ne manque de rien.

Renée - Voilà, ma chérie, c'est déjà mieux comme ça. Et ne t'en fais pas, une fois le choc passé, ton père prendra bien la nouvelle ! Il ne veut que ton bonheur, et si tu es heureuse avec Edward, il sera heureux aussi. Tout comme moi.

Éprouvant soudain une forte envie de pleurer, elle serra longuement sa fille dans ses bras pour dissimuler ses larmes. Sa petite fille partait. Son bébé allait se marier. Elle avait toujours su que ce jour viendrait, mais en était troublée, émue. Et dire qu'un jour Allison se retrouvera dans la même situation, qu'elle deviendra une belle jeune femme et se mariera comme sa grande soeur. Renée eut un rire nerveux et se détacha légèrement de Bella, l'embrassant sur la joue.

Bella était dans la salle de bains, occupée à retirer la tache qu’elle venait de se faire. Maudit soit cette maladresse ! Toujours là quand il ne le faut pas, surtout en cet instant précis. Pourquoi était-elle incapable de faire les choses normalement ? Pourquoi ne pouvait-elle pas, rien qu’une fois, rester tranquille, propre et, surtout, ne pas se salir bêtement ? Surtout dans un moment pareil ! Edward devait lui en vouloir comme cela n’était pas permis, il devait la maudire intérieurement de l’avoir laissé seul face à Charlie. D’un autre côté… Lui-même avait fait la même chose avec Bella face à sa famille. Chacun son tour, non ? Mais Charlie n’aimait pas Edward, au contraire des Cullen qui appréciaient leur « petite humaine ». Par conséquent, ce n’était pas comparable et elle aurait dû rester en bas pour le soutenir. Foutue maladresse… Il fallait que ça arrive maintenant ! Juste ce soir, LE soir où ils devaient annoncer leur mariage. Enfin, techniquement, c’était chose faite à présent. Mais Edward était seul avec Charlie et Renée, en bas. Quelle gourde !

Bella – Et toi, dégage, tu m’as déjà assez attiré la gêne pour aujourd’hui ! Devant toute ma famille en plus, et mon futur mari, alors stop !

Oui. Bella parlait, actuellement, à la tache qu’elle avait sur son chemisier. Cette dernière refusait de s’en aller malgré tous les efforts de Bella, impossible de la faire disparaitre. Et ce, peu importe les produits qu’elle voulait utiliser. Du shampoing, du gel douche… Rien à faire. Même de l’eau, simplement, ne faisait rien ! Et ses mains qui tremblaient… Le comble. Cela ne faisait qu’étaler la tache sur son chemisier, le chiffon ne retenait rien et n’aidait pas du tout celle qui le contrôlait. Mais soudain, Renée lui prit des chiffons des mains sans prévenir. Bella eut un léger sursaut tandis qu’elle porta ses mains à son visage, désespérée et complètement hors d’elle. Rester calme, ce n’était qu’un peu de sauce, Renée allait tout arranger. Comme elle le faisait à chaque fois dans ces cas-là… Il fallait bien qu’elle le reconnaisse ; malgré le manque de maturité et l’exubérance de sa mère, cette dernière savait rester calme alors que sa fille s’agitait comme maintenant. Elle était si attentionnée, si… Mère ? Aucun autre mot ne pouvait la définir, en réalité, mais Bella ne comptait pas le lui avouer pour l’instant. Après tout, techniquement, c’était à cause d’elle si elle s’était tachée. Elle n’avait pas à imposer leur annonce aussi rapidement !

Renée – Voilà, ma chérie, c'est déjà mieux comme ça. Et ne t'en fais pas, une fois le choc passé, ton père prendra bien la nouvelle ! Il ne veut que ton bonheur, et si tu es heureuse avec Edward, il sera heureux aussi. Tout comme moi.

Charlie ? Bien prendre la nouvelle ? Qu’elle le dise à quelqu’un d’autre, mais Bella ne comptait pas la croire de sitôt. Un simple regard avait suffit pour qu’elle devine sa réaction. D’ailleurs, elle l’entendit hurler d’en bas, contre Edward qui n’avait rien fait. Bella comptait descendre illico presto pour demander à son père de se calmer, de laisser Edward tranquille, elle voulait lui dire qu’elle aimait l’homme qui se trouvait ici et que rien ni personne ne pourrait l’en empêcher. Mais… Renée la coupa dans son élan et la prit dans ses bras, la serrant longuement sans sembler vouloir se détacher de sa fille. Les effusions de bonheur, maintenant… Décidément, ils ne lui auront rien épargné. Elle qui détestait cela ! Renée eut alors un rire étrange, de la nervosité sûrement, et se détacha enfin d’elle. Bella voulut descendre pour protéger Edward – quelle pensée idiote… – mais Charlie débarqua à son tour et précipita encore plus le détachement entre sa fille et Renée en… la prenant dans ses bras à son tour. Pitié, pas lui aussi ! Ils voulaient l’assommer, ou quoi ? Dieu sait ce qu’elle détestait les « câlins » comme ceux-ci, n’étant pas du tout démonstrative en ce qui concerne les sentiments et les émotions. C’était, d’ailleurs, pour cette raison que Bella s’entendait particulièrement bien avec Charlie. Après de looongues secondes, elle tenta de se détacher un peu et s’adressa à son père :

Bella – Ch… Papa, s’il te plaît, accepte Edward. Pour moi. Il m’aime, je l’aime. C’est ce qui compte, non ? Si tu penses que c’est une erreur, si vous pensez que c’est une erreur, laissez-moi la faire. Mais je l’aime, et on va se marier.

Bella esquissa un bref sourire, voulant les rassurer. Mais elle était très mal à l’aise, le tête-à-tête avec ses parents n’étant pas du tout dans son programme. Elle reprit la parole et amorça déjà un mouvement vers la sortie, vers la salle-à-manger, pour ne pas leur laisser l’occasion de l’en empêcher. Elle voulait voir Edward et être à côté de lui, se sentant véritablement mal à l’aise ici. Cet espace était définitivement trop confiné.

Bella – Nous devrions descendre. Je vous rappelle qu’Edward, Sue et Phil sont toujours en bas et c’est très malpoli de les laisser seuls. Sue doit se sentir un peu seule elle-même, d’ailleurs. Et ce sont les invités.

Bella tremblait de plus en plus à côté de lui. On aurait dit qu'ils confessaient un meurtre ! Alors qu'il s'agissait d'une merveilleuse nouvelle, d'une chose belle, magnifique, et si importante dans la vie d'un homme et d'une femme. Cependant, sa fiancée n'était visiblement pas du même avis, s'acharnant sur un malheureux morceau de viande qui n'avait pourtant rien demandé à personne. Prise de pitié, renée songeait à voler au secours de sa fille lorsque ledit morceau de viande s'échappa de l'assiette pour atterrir sur le chemisier blanc tout neuf de Bella, un cadeau d'Alice, toujours agacée par l'allergie de Bella aux vêtements neufs. elle rougit encore plus avant de se lever, fébrile.

Bella – Je… Pardon. Je… Je vais nettoyer tout ça, je reviens dans deux minutes.

Charlie - Bella...

Elle fila aussitôt, et Edward se retrouva seul face à son père. Lequel poussa un énorme et profond soupir. situation qui ne s'arrangea guère lorsque Renée fila à la rescousse de sa fille, la pensant apparemment trop nerveuse pour être capable de se débrouiller seule. Le vampire adressa un sourire timide au chef de la police, qui était littéralement en train de s'étouffer. Si ses frères avaient été là, ils se seraient étouffés aussi, mais de rire. Et dire qu'il avait imaginé ce moment durant sa vie toute entière, rêvant de l'instant fatidique où il demanderait la main de sa future femme à son père. Inutile de préciser que rien ne s'était déroulée comme il l'avait imaginé. alors que Charlie tentait de reprendre contenance, Phil mâchait lentement sa viande, mi-amusé, mi-gêné. Un rapide tour dans ses pensées fit comprendre à Edward qu'il se demandait comment lui-même réagira lorsqu'Allison viendra lui annoncer qu'elle avait l'intention de se marier avec un homme que lui-même n'appréciait pas du tout, voir détestait franchement.

Charlie - Vous allez vous marier ?! cracha-t-il, de plus en plus furieux. Tu comptes épouser Bella alors que tu l'as tant fait souffrir ?! Et je peux savoir depuis combien de temps cette affaire est entendue ?! Vous marier ! TOI et ma fille ?! Mais bon sang, ce n'est pas vrai ! Toi... et ma fille... Rah.

Il fourra sa tête entre ses mains, alors qu'Edward n'osait plus rien dire. sur ce terrain-là, il avait entièrement raison. Il avait fait souffrir Bella comme jamais, et il n'était pas en droit d'oser la demander en mariage. cependant, il ne pouvait s'imaginer vivre sans elle ! Il l'aimait plus que tout, il l'aimait comme un fou, il l'aimait à un tel point qu'elle ne pouvait sans doute que l'imaginer. Alors lui, malgré ses erreurs, malgré cette période douloureuse, il osait se présenter chez Charlie et lui déclarer qu'il prenait sa fille.  Charlie qui prenait peu à peu conscience qu'il ne pouvait rien contre ça. Il se leva d'un bond puis quitta tout à coup la table en courant.

Le silence s'installa. Phil avait lâché ses couverts, très gêné, se raclant difficilement la gorge. Sue restait silencieuse, ses pensées dérivant vers ses deux enfants, loups-garous de leur état, ou modificateurs selon Aro. Elle songeait à ce qui allait se produire dans les prochains mois. Une telle union, entre Bella et Edward, signifiait immanquablement que le traité risquait d'être rompu ! Ce qui allait conduire à une guerre... Il évita de croiser son regard, sachant très bien que l'information allait parvenir aux oreilles de la meute.

A l'étage, la famille Swan était en pleine effusions sentimentales. Bella tentait de convaincre son père que tout irait bien, lui-même tentait de reprendre ses esprits, et Renée tentait tant bien que mal de contenir son émotion. Heureusement que Jasper n'était pas présent, où il se serait payé un mal de crâne monstrueux. La petite famille redescendit et se réinstalla à table. Edward serra discrètement la main de Bella dans la sienne, heureux de la savoir à ses côtés, et pour toujours.