Grossesse imprévue

Enceinte. le mot tournait et retournait sans cesse dans son esprit. enceinte. Elle était enceinte. Quelques mois après la naissance d'Allison. Enceinte. De Marcus. Enceinte d'un vampire. Elle... enceinte, enfin ! Enceinte ! Elle marchait de long en large dans la chambre de Marcus, prête à céder à une grosse crise de panique. Elle était enceinte de lui, elle attendait un enfant de Marcus, l'un des trois frères de la famille royale des vampires, si elle avait bien suivi l'histoire. Elle allait avoir un bébé, son troisième enfant, un... Après la mort de sa petite Allison ! Mais... Comment était-ce possible ? Les vampires mâles pouvaient concevoir, mais pas leurs femmes ? Elle continuait ses vas-et-vient, cherchant à mettre de l'ordre dans ses pensées.

Cette grossesse était tout sauf ordinaire. Déjà, elle n'aurait pas dû s'en rendre compte aussi vite, ce n'était pas normal. et surtout, surtout, son ventre n'aurait pas dû déjà gonfler. Elle s'arrêta devant un grand miroir, et souleva lentement son haut. Depuis combien de temps cet enfant était-il en elle ? Sept, six jours ? Et elle avait l'impression de l'être depuis deux ou trois mois ! Elle posa les deux mains sur son ventre et appuya légèrement. Elle sentit tout à coup quelque chose bouger en elle, et poussa une exclamation de surprise.

La tête lui tourna un peu et elle dû s'asseoir. Des rêves étranges l'assaillaient depuis quelques nuits, elle dormait mal, passant sans cesse du chaud au froid, tremblante. Elle était peut-être simplement malade, mais il y avait autre chose. Depuis deux jours, elle ne parvenait plus à s'alimenter correctement. Elle vomissait le peu qu'elle mangeait, arrivait à peine à prendre un peu d'eau. Et était littéralement épuisée. Cette grossesse l'affaiblissait. Trop rapide, déjà. Le bébé se développait à une vitesse dingue, et elle se sentait fragile. Peut-être trop fragile pour le porter à terme ou... Survivre à l'accouchement.


La nuit suivante, elle se réveilla brusquement, après avoir senti le bébé bouger. elle gémit, et se recroquevilla sur elle-même. Elle avait très faim, et avait de la peine à bouger. Très affaiblie, elle pria pour que quelqu'un vienne, n'importe qui, que quelqu'un l'aide.

Voilà maintenant quelques jours que Renée, la compagne de Marcus, était enceinte. Chose très étrange et que les Volturi n’avaient jamais vu, apparemment. Ils prenaient mille précautions pour s’occuper de Renée mais elle était de plus en plus fragile et n’arrivait même plus à manger. Marcus semblait de plus en plus inquiet et… Cette fois, même Athenodora et Sulpicia l’étaient. Il était impossible de ne pas se préoccuper de cette histoire, de l’ignorer tout simplement. Ils avaient perdu Didyme… Ils n’allaient pas la perdre, elle aussi ? C’était impossible, elle le refusait. A croire que cette ressemblance et cette dernière place étaient maudites ! Mais du calme, rien n’est joué, après tout. Ils veillaient tous sur Renée, nuit et jour. Sulpicia particulièrement qui ne voulait pas l’abandonner et qui faisait son possible pour que sa grossesse se passe bien… ou à peu près bien.

Mais le fait est que Sulpicia ignorait comment aider Renée. La nourriture qu’ils lui donnaient ne semblait pas convenir alors qu’elle venait de véritables gourmets. Un bébé vampire était difficile, en plus de cela ? Ou alors était-ce Renée qui en profitait et qui cherchait à se venger d’une quelconque manière ? Mais non… Elle n’était pas comme cela. Pas de ce que Sulpicia avait pu comprendre, voir, deviner tout du moins. Alors, il fallait trouver autre chose. La nourriture des gourmets du coin ne convenait pas ? Très bien, elle n’allait pas se laisser abattre pour autant. Sulpicia épluchait les livres un par un, tous traitant des thèmes de la grossesse, des légendes en tout genre, de la nourriture que mangeaient les humains à présent – sait-on jamais ! Mais rien. Il y avait bien quelques informations, de temps en temps, mais ce n’était pas très utile en fin de compte. Cependant, ne pas se décourager et continuer les recherches. Elle était actuellement assise au coin du feu – allumé pour l’ambiance et pour Renée – avec un livre dans les mains. L’épluchant, comme les autres.

Sulpicia – Mais oui ! C’est ça !

Sulpicia se leva pour aller trouver Aro, lui montrer ce qu’elle venait de trouver, lorsqu’elle entendit des gémissements provenant de l’appartement de Marcus. Renée. Abandonnant son idée pour le moment et laissant son livre ouvert à la page dite, elle se précipita vers les gémissements et retrouva la jeune femme recroquevillée sur elle-même, dans le lit. Remplissant un verre d’eau en attendant de trouver une meilleure solution – elle était seule qui plus est –, Sulpicia s’approcha doucement de Renée et lui releva la tête pour la faire boire. Il fallait absolument trouver une solution… L’aider… Mais comment ? Il fallait qu’elle parle à Aro. Ou à Marcus. Un des deux.

Sulpicia – Ne t’inquiète pas… On trouvera une solution. Bois en attendant.

Mais où étaient-ils ?! Ce n’était pas possible, laisser Renée seule ! Bon, d’accord, elle ne l’était pas tout à fait vu que Sulpicia était à l’étage du dessous… Mais tout de même ! On était au beau milieu de la nuit, qu’ils ne viennent pas dire qu’ils avaient des affaires à régler maintenant. Si ? Ceux-là…

[Court... Désolée ><]

Sulpicia était encore à côté de Renée lorsqu’elle vit arriver Aro, un air beaucoup plus assuré que ces derniers jours sur le visage. Oh ? Il avait donc vu le livre et la page qu’elle voulait lui montrer avant d’être interrompue par les gémissements de Renée. Elle n’avait lu que quelques lignes, très rapidement, mais cela avait suffit à lui redonner espoir quant au sauvetage de cette humaine. Aro avait pu réagir directement, d’après l’odeur que Sulpicia avait sentie lorsqu’il était entré dans la pièce. Du sang humain ? Elle n’avait pas pensé à cela… Mais, s’il était sûr de ce qu’il faisait. Elle lui faisait confiance, ils n’avaient plus rien à perdre si ce n’est du temps. Et Renée l’inquiétait de plus en plus… Elle ne voulait pas la perdre, elle aussi. Aro s’en était d’ailleurs sans doute rendu compte en l’observant, ces derniers jours.

Aro vint s’asseoir à la place de Sulpicia, une gourde dans la main, et soutint la tête de Renée pour la faire boire. Elle craignait un peu la réaction de la jeune femme mais cette dernière était tellement épuisée, à bout de forces, qu’elle ne résista pas très longtemps. Les premières secondes furent les plus « dures » mais… Renée, face à Aro, ne faisait pas le poids et elle se résigna bien vite. Puis… Elle but. De plus en plus vite, reprenant des couleurs, ne manifestant pas l’apparition de nausées – si ce n’est celles dues à la perspective de boire du sang, naturellement. Mais cela ne dégoûta pas Renée pour autant et elle put garder ce qu’elle venait d’avaler sans problème. Aucun rejet. Cette idée avait fonctionné ! C’était parfait, elle était donc sauvée ! Elle ne connaitrait donc pas une mort soudaine comme la dernière épouse de Marcus, elle serait saine et sauve. Enfin, en ce qui concernait la grossesse, du moins. Mais c’était le plus important, elle était sauvée ! Echangeant un regard entendu avec Sulpicia, Aro s’adressa ensuite à Renée :

Aro – On va attendre un peu, puis tu essayeras de manger aussi de la nourriture humaine. Repose-toi, Marcus fait des recherches pour l'accouchement, mais il te rejoindra vite.

Ils restèrent encore quelques minutes, le temps que Renée s’endorme, puis descendirent ensemble. Sulpicia aurait voulu rester avec elle plus longtemps, voire, veiller toute la nuit, mais ils ne pouvaient faire qu’attendre à présent et elle le savait pertinemment bien. Cependant, elle ne resterait pas loin de la chambre, ne comptant pas abandonner Renée comme elle avait abandonné Didyme – d’une certaine manière. Une fois en bas, Sulpicia vit le livre dans lequel s’était trouvée la réponse depuis le début. Une question de hasard… Une pure question de hasard. Du sang… C’était si simple, pourtant ! Et elle ne l’avait pas vu.

Sulpicia – J’ai été complètement stupide, j’aurais dû le voir dès le début. Ce livre, je l’ai sur cette table depuis un moment, Aro. Du sang… C’était si simple ! Tu crois qu’elle va aller mieux, maintenant ? Et si jamais le bébé rejette la nourriture humaine, comment on fera ? Je ne veux pas l’abandonner.

Et voilà, au bout de recherches aussi longues que celles-ci, il y a bien un moment où les nerfs lâchent. Sulpicia se maîtrisait, en général, mais il s’agissait de Renée. Dès le premier regard, elle s’était « attachée » à elle, il était donc normal qu’elle soit plus sensible à ce sujet. Et… Comme à chaque fois qu’elle craque, elle pose mille questions d’un coup : vestiges de sa vie humaine.

HJ : Ecrit en accord avec Renée/Aro !

Marcus plissa les yeux, les doigts posés délicatement sur le papier parcheminé. Il s'agissait de documents très anciens, même plus vieux qu'eux, conservés au coeur de la bibliothèque du château. Il lisait des anciennes légendes, des contes, des histoires enfouies et oubliées. La plupart n'étaient que fadaises pour les gens de cette époque, mais pour les avoir vécues, Marcus savaient qu'elles étaient véridiques. Combien de choses incroyables et bouleversantes avaient-ils vues. Combien de choses étaient tombées dans l'oublie ou étaient-elles entrées dans les légendes. Des dizaines de mythes refoulés et oubliés, mais imprégnant l'Histoire.

Il cherchait certains éléments de vérité qui auraient pu disparaître avec le temps. Quelque chose qui pourrait le mettre sur la voie, lui indiquer comment se débrouiller, le meilleur moyen de prendre soin de Renée et de l'enfant qu'elle portait en son sein. Cette grossesse si rapide, si soudaine. Il tomba sur un passage intéressant, parlant d'être mythologiques, de démons buveurs de sang, qui s'attaquaient aux belles femmes afin de concevoir leur descendance. On racontait qu'il fallait tuer le foetus tout de suite, avant qu'il n'ait le temps de devenir trop fort. Ces hybrides avaient des caractéristiques de leurs deux parents, se nourrissaient de sang, et, apparemment, utilisaient leurs propres dents pour sortir du ventre de leur mère. Il eut un frémissement, et referma le dossier contenant les précieux incunables.

Remontant au sommet de la tour, il trouva Aro et Sulpicia accrochés l'un à l'autre dans le salon. Il effleura la main d'Aro pour qu'il sache ce qu'il avait trouvé et monta dans ses propres appartements rejoindre sa future. En rentrant, il trouva une gourde où restait un fond de sang, et comprit aussitôt ce qu'avait fait Aro. Bien sûr... Tenter de combler les besoins du bébé pour aider la mère. C'était si évident. Et cela avait visiblement fait beaucoup de bien à Renée. Elle avait repris des couleurs et des forces, couchée sur le côté dans le grand lit, protégeant instinctivement son ventre, même endormie. Ses cheveux roux formaient comme une auréole sur l'oreiller blanc, et sa respiration était enfin paisible. Il caressa délicatement sa joue, puis posa une main sur son ventre. Il sentit l'enfant bouger, comme s'il avait senti la présence de son père. Il sourit très tendrement et s'installa dans un fauteuil près du lit.


Une autre semaine passa. Et Marcus était de plus en plus nerveux. Il sentait confusément que le moment approchait. Aro tentait, vainement, de le rassurer, lui répétant que tout allait bien se passer et qu'ils avaient tout prévu pour que Renée et l'enfant s'en sorte. Ce qui n'empêchait pas Marcus d'être plus que nerveux. Le sang humain avait permis de soutenir Renée pour la seconde semaine. elle avait pu avaler de la nourriture humaine, mais dépendait entièrement d'eux pour se nourrir, se déplacer, se laver. Elle était si fragile, et le foetus était très fort pour elle. Elle assurait se sentir bien, disait ne pas craindre l'avenir, mais la peur se lisait au fond de ses yeux. Peur de mourir, peur de perdre aussi ce bébé, peur de la transformation, peur de ce qui fera sa vie si elle survit à son enfant.

Il était prêt d'elle à lui lire un roman pour la distraire lorsqu'elle s'arc-bouta soudain et poussa un hurlement de douleur. Il sursauta, jeta le livre dans un coin, et se précipita sur elle. Elle criait et pleurait, s'accrochant aux draps. la porte s'ouvrit en coup de vent, laissant passer Aro, Sulpicia et Athenodora. Il regarda son frère d'un air complètement affolé.

Marcus - Aro...

Renée eut un hoquet de douleur. Le chef du clan déchira sa robe, laissant apparaître son ventre, puis fit une piqûre de morphine à Renée. Avant de couper son ventre d'un coup de scalpel. Glacé, Marcus posa une main sur les yeux de Renée, comme pour lui cacher la vue du sang qui coulait à flot. Il n'avait jamais autant béni le fait que son frère dispose d'un aussi parfait contrôle sur lui-même. D'eux trois, il était le meilleur dans ce domaine. Marcus se décida enfin à réagir, aidant son frère du mieux qu'il le put, puisant dans ce qu'il connaissait au sujet de la médecine. Athenodora s'évertuait à garder Renée calme, à la convaincre de ne pas bouger. Sulpicia leur fournissait des linges et de l'eau chaude. Seuls les cris, les gémissements et les pleurs de Renée se faisaient entendre. En bas, et sûrement dans tout le château, toute activité avait cessé. Les draps blancs s'imbibaient de sang chaud, coulant sur eux tous.Renée cria encore puis serra les dents.

Renée - Le bébé, murmura-t-elle d'une voix faible.

Marcus - Tout va bien.

faisant une totale abstraction du sang qui recouvrait ses mains et ses bras, la soif n'étant plus qu'un très, très lointain souvenir, il sortit tout à coup l'enfant. Son cri déchira l'air, faisant presque sursauter Marcus. Renée eut un faible sourire à travers ses larmes. Marcus mit l'enfant dans les bras de Sulpicia, puis se pencha pour mordre sa future femme. Il la mordit au cou, aux poignets, aux chevilles, puis lui injecta du venin directement dans son coeur. La même méthode qu'avait utilisé son frère pour sauver ses deux enfants. Renée hoqueta et s'effondra contre ses oreillers, abattue par le venin et la morphine.

Un grand silence s'ensuivit. Tout le monde était hébété, couvert de sang, debout près d'une jeune femme venant de commencer sa transformation. Marcus se secoua puis reprit l'enfant dans ses bras. C'était une fille. Une toute petite fille avec deux grands yeux bleus comme l'océan. La couleur de ses propres yeux alors qu'il était humain. Très ému, il la rajusta contre lui. Un bébé. Son bébé. Leur fille. Il passa de l'enfant à Renée, tremblant. Elle était née... Ils se lavèrent tous, s'occupèrent de Renée et de leur enfant. La petite remuait tout doucement contre lui. Il l'enveloppa dans une petite couverture blanche, avec mille précautions.

Il avait une fille !

A cet instant, les dernières traces de brume de son sombre passé s'évanouirent à jamais. Il avait une fille. Sa future femme allait être transformée, s'éveillerait à sa nouvelle vie, et ensemble, ils élèveront et aimeront leur enfant. Il descendit à son tour, le bébé au creux des bras. Caïus faisait une tête étrange, Orlin également, et les jumeaux restaient un peu à l'écart. Il s'assit avec sa famille, les yeux rivés sur le bébé.

Marcus - Nous voulions la nommer Lilwen.