[PNJ Gaël – Enfant de la Lune]
Deux mois. Cela faisait maintenant deux mois qu’ils préparaient tout cela, mais tous ne connaissaient pas le plan initial. Seuls certains privilégiés savaient ce que chaque équipe devait faire pour aider à tout organiser mais, autrement, les membres des différentes équipes ne connaissaient que les détails les concernant. Moins de gens au courant, moins de risque de se faire prendre, telle était leur devise. Gaël, responsable d’un petit groupe, ne connaissait donc pas grand-chose et n’avait pas l’immense honneur de connaitre les étapes suivantes du plan.
Tout ce qu’il savait, c’était qu’il devait se rendre dans cette immonde bourgade pluvieuse qu’il avait quittée quelques années auparavant pour voir si c’était sans risque ou pas. Pourquoi cette ville guère plus grande qu’une ferme ? Parce qu’il avait eu le malheur de l’ouvrir, le malheur de dire que des gens étranges habitaient dans ce coin-là, des gens réputés, que personne n’osait approcher, qui ne se montraient jamais lors des jours de Soleil. Le beau cliché, en somme, mais cela avait suffi pour convaincre de faire un tour par ici. Et Gaël était en première ligne, uniquement parce qu’il avait grandi dans cette ville, qu’il en connaissait le moindre recoin et, pis encore, qu’il connaissait les personnes qu’ils devaient espionner. Vérifier qu’ils n’étaient plus là, c’était la règle d’or pour leur équipe. Vérifier, partir, et transformer si jamais ils se faisaient repérer pour avoir quelques partisans de plus.
Pour l’instant, c’était « vérifier ». Ils couraient, tapis dans l’ombre, dans les forêts pour ne pas se faire remarquer. Il huma l’air environnant, se faisait aussi petit que possible, essayant de passer inaperçu. Les nouvelles recrues n’étaient pas avec lui, elles étaient encore bien trop instables pour cela et incontrôlables. Ils devaient agir vite et bien, mordre deux personnes bien précises, mais c’était tout, pas transformer à tout va. Surtout pas. Ils agissaient à trois pour l’instant, l’un allait transformer une personne, l’autre une autre, suivant scrupuleusement les indications que Gaël aurait données en arrivant sur place. Quant à lui, il devait aller vérifier si les personnes « dont tout le monde parlait » étaient bien leur ennemi numéro un, il devait vérifier si elles étaient toujours là. Intérieurement, il trouvait cela bien inutile… Pourquoi ne seraient-elles pas là ? Elles n’avaient pas bougé d’un centimètre pendant toute son enfance ! Toute la période durant laquelle il avait vécu ici, ils n’avaient pas déménagé, n’avaient pas changé leurs habitudes, rien ! M’enfin, écouter et agir. Ils l’avaient convaincu, il était sûr de lui et de sa position.
- Stop, ordonna-t-il dans un souffle à ses compagnons.
Il avait stoppé net tout le monde, d’un geste de la main qui ne permettait aucune riposte. Ils étaient à la limite de Forks. C’était étrange de revenir ici. Très étrange, même. Surtout maintenant qu’il savait tout cela, surtout maintenant qu’il avait découvert des choses plus invraisemblables les unes que les autres. Il n’avait plus le même regard sur la ville.
- On fait comme on a dit, dit-il à ses deux complices.
Et ils se séparèrent. Gaël, lui, se dirigea lentement mais sûrement vers la Villa qu’il recherchait, la Villa Blanche, Villa des Cullen. Le docteur et sa femme avec leurs enfants adoptifs, dont des jumeaux. Maintenant qu’il réfléchissait, c’était tellement gros ! Et une odeur bizarre régnait ici. Il ne lui fallut guère longtemps avant d’arriver à destination, découvrant… une villa déserte. Les mauvaises herbes avaient pris le dessus, se répandant dans tous les coins, envahissant tout, démolissant les murs de cette Villa si belle et propre autrefois. Ils étaient partis. Tout était désert, il n’y avait plus aucune trace de vie ici depuis plusieurs mois, peut-être même années. Bon, il ne savait pas trop estimer, mais en tout cas, ici, c’était sûr. Les Cullen avaient déserté. Dommage, il aurait bien voulu s’amuser un peu. Enfin… Ils ne lui avaient jamais rien fait, mais un désir de guerre grandissait en lui sans qu’il ne puisse l’expliquer.
Gaël fureta encore dans le coin pendant un bon moment, se remémorant ses souvenirs « de jeunesse », savourant l’odeur qu’il sentait, les vieilles et grandes forêts qui l’environnaient. Il attendait que les autres reviennent, qu’ils aient accompli leur part, qu’ils aient placé des « pions » ici aussi. L’union fait la force. Cependant, il n’eut pas à attendre très longtemps, après son tour effectué. Les deux autres revinrent comme convenu, hochant de la tête lorsqu’il demanda si tout s’était bien passé.
- Parfait. Repartons. Les autres finiront le boulot.