Cela faisait quelques jours que Bella se faisait discrète, le plus possible du moins, et qu’elle évitait franchement Lilwen pour ne plus devoir se justifier auprès de sa mère. L’amertume que la jeune femme ressentait à l’égard de sa sœur ne cessait de croître depuis son malaise, et elle ne voulait tout simplement plus la voir. L’éviter le restant de son séjour forcé ici ne devrait pas être trop difficile, après tout. De toute manière, qu’avait-elle à perdre ? Sa mère lui en voulait déjà, elle était blessée et Bella ne se le pardonnait pas. Pouvait-elle toujours la considérer comme sa mère, ou cette dernière l’avait-elle définitivement rayée des membres de sa famille ?
Cette pensée déchira le cœur de la jeune vampire mais elle entendit un craquement et un mouvement de la poignée de la porte qui coupèrent court ses réflexions. Eh bien ? Immédiatement, Bella imagina le pire, pensant que Renesmée avait un problème, qu’il s’était passé quelque chose de grave, qu’elle était blessée ou que quelque chose l’avait encore choquée, que Jacob lui avait fait peur, que… Peu importe, mais il y avait quelque chose, un problème, Bella en était sûre. Seulement, ne pas paniquer, ne pas le montrer tout de suite. D’abord appeler, ensuite paniquer. D’une voix inquiète, pressante mais surtout calme et douce, la jeune mère appela :
Bella – Renesmée ?
Bella alla directement ouvrir la porte et… tomba sur Lilwen. Ah non. Non. Non. Non. Cette fois, elle avait donné ! Elle ne voulait plus d’ennuis à cause de sa demi-sœur, c’était terminé. Tant pis si cette dernière le répétait à leur mère, Bella s’en fichait complètement. De toute façon, elle l’avait déjà perdue d’après les dernières paroles de Renée, alors qu’avait-elle à craindre ? Exaspérée, voulant simplement se débarrasser de Lilwen et retourner dans sa chambre, elle lança :
Bella – Qu’est-ce que tu me veux ?
Lilwen – Je voulais te parler Bella. Est-ce que je peux entrer s’il te plaît ?
Lui… parler ? Mais c’est incroyable ! Elle ne pouvait donc pas la laisser tranquille dix minutes ? Voire toute sa vie, tant qu’on y est ? Bella en avait marre de se faire engueuler à cause d’elle, alors cette fois, non, elle passait son tour. Elle allait renvoyer sa chère demi-sœur lorsqu’une pensée lui traversa l’esprit. Les autres Cullen étaient là, dans la Villa, et elle n’avait pas envie de se prendre un sermon de leur part si elle remballait Lilwen. La jeune mère se décala alors, à contrecœur, pour laisser passer la fille de sa mère et de Marcus. Elle referma la porte derrière elle et toisa Lilwen du regard alors qu’elle s’installait sur une chaise. Bon. Et maintenant ? Elle allait se décider à parler ?
Lilwen – Je… Je voulais te parler de…
De ? De quoi ? De son évanouissement ? De la discussion avec Renée ? Elle venait avouer qu’elle avait tout inventé juste pour se rendre intéressante, juste pour que Bella se fasse sermonner ?
Lilwen – Jevoulaisteparlerdemaman… Désoléesijetedérange…
De… maman ? Lilwen avait dit tout cela sans prendre une seule pause, à un débit extrêmement rapide mais Bella avait tout compris grâce à son ouïe vampirique. C’était le côté positif de ses sens, des facultés développées qu’ont les vampires même s’ils ne peuvent pas se défiler aussi facilement que les humains. S’évanouir… C’était le bon plan, en fait. Le plan parfait pour éviter les discussions gênantes et avoir quelques minutes, ou heures, pour se remettre du choc. Mais non, ici, il n’y avait pas moyen de se défiler. Lâchant après un court moment, de plus en plus exaspérée, Bella fixa Lilwen :
Bella – De maman ? Si tu lui as dit autre chose... Je n'ai pas envie d'avoir d'autres ennuis à cause de toi.
Lilwen – Oui de maman. J’aurais bien voulu savoir comment elle était avant ma naissance. Et puis, je voulais aussi t’écouter me raconter ce que tu as pu vivre avec elle. Maman t’aime vraiment beaucoup et je suis triste que tu ne la voies plus à cause de moi. Enfin j’ai l’impression que c’est à cause de moi hein… Désolée… Je voulais pas t’embêter Bella… Si c’est à cause de moi, je suis vraiment désolée… J’aurais bien voulu te connaître un peu plus et connaitre mieux l’histoire de maman. Mais elle n’a jamais pris le temps de me la raconter. Et quand elle parle de toi c’est pour dire combien tu comptes à ses yeux.
Bella se figea complètement, sentant une énorme boule se former dans son estomac. Quelque chose lui serrait la gorge, un objet invisible et pourtant bien présent pour elle. Lilwen voulait qu’elle lui parle de sa mère… Pour lui dire quoi ? Pour remuer le couteau dans la plaie, pour en rajouter une couche, pour se venger ou rappeler que tout cela était passé ? Que cette époque était révolue, que Bella ne vivrait plus jamais tout cela avait sa mère ? Comme l’avait dit Renée, elle s’occuperait de la plus jeune. Elle avait quitté la maison, elle s’était montrée responsable et avait pris son envol… Et l’avait payé très cher, au final. Bella ne répondit rien et se dirigea simplement vers son lit, s’y installant en restant de marbre face à sa demi-sœur, commençant à parler sans la regarder.
Bella – Oui, c’est à cause de toi. C’est à cause de toi si Maman ne veut plus me parler, maintenant. Seulement parce que tu t’es évanouie, seulement parce que tu déprimes parce que tu ne la vois pas pendant quelques semaines. Dis-toi que je ne l’ai plus vue depuis des mois ! Que je n’avais pas un père et une mère ensemble à partir de mes trois mois. Mais tu ne peux pas comprendre tout ça, toi.
Dure ? Peut-être. Tant pis, elle n’avait plus rien à perdre. Bella fit une courte pause après avoir levé la tête sur sa dernière phrase. Ses yeux exprimaient de la rancœur, de la douleur et encore d’autres sentiments que Lilwen ne comprendrait pas, de toute manière. La jeune mère reprit, sur le même ton :
Bella – Si tu veux en savoir plus sur son histoire, tu n’as qu’à le lui demander toi-même. Ce n’est pas comme si tu n’avais pas de temps.