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 Un vivant chez les morts

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MessageSujet: Un vivant chez les morts   Un vivant chez les morts EmptyMar 13 Mai 2014 - 23:04

Voila, la première phase du plan était à présent enclenchée. Il fallait attendre à présent, surement une journée ou deux. Elena avait vraiment fait n'importe quoi. Non seulement elle s'était enfuie comme une voleuse, mais en plus, elle avait donné son vrai nom et le vrai but de sa visite ! Par dessus le marché, elle avait été assez stupide pour rendre une bête infirmière assez suspicieuse et assez bien protégée pour ne pas pouvoir simplement la transformer en dessert. Sa soeur Bonnie avait sûrement déjà du y passer et elle n'allait pas tarder à suivre. BREF ! Se débarasser de l'infirmière donc...Orlin avait, pour commencer, glissé un peu de poudre d'amanites, le même champignon qui avait tué Allison, dans un verre de lait que l'infirmière avait bu. Il avait vérifié, le jour même elle avait mangé des champignons. Impossible donc de soupçonner un empoisonnement.

En attendant que sa super arme de la mort qui ne tue pas fasse effet, Orlin voulait absolument revoir la tombe sa mère. S'il avait accepté cette mission à Forks, c'était aussi en partie pour cela : voir comment les choses avaient changé en 2 ans et vérifier les dires de Charles-Edward. Il avait pris soin de mettre des lentilles de couleurs et de chasser à Port Angeles avant de venir. Il entra au cimetière et marcha donc dans les allées vers la tombe de sa mère. Quel endroit pesant. Tous ces morts, tous ces gens endeuillés. Les tombes se ressemblaient toutes. Marbres avec inscription. Seul la forme et la taille de la pierre variait.

- Bonjour maman, c'est moi. Tu m'as manqué !

La tombe de sa mère était comme toutes les autres. Taille modeste pour un revenu modeste. C'est comme ça que ça fonctionnait aux États-Unis, comme partout ailleurs imaginait-il. Il y a avait toujours la plaque qu'il avait sculptée lui même dans du bois, faute de moyens "Je t'aime plus que tout.". Le temps avait fait son ouvrage et la plaque de bois c'était bien abîmée. La tombe était fleurie ce qui ne manqua pas d'arracher un soupir d'exaspération à Orlin.

- Woodrow vient toujours te voir ? Tu en a bien de la chance ! M'enfin tu connais l'histoire, je te l'ai déjà racontée.

Woodrow, un sacré numéro celui-là. Orlin ne comprenait pas ses choix, sa façon de vivre. Il lui en voulait beaucoup. Il lui en voulait d'être resté si loin de lui, d'avoir été secondaire dans sa vie. Il lui en voulait de ne pas avoir fait l'effort de l'aimer. Parlons de ce qu'il aimait d'ailleurs : ses chèrs tableaux. La seule chose qui comptait vraiment. Sa précieuse peinture qu'il adorait plus que son fils. Orlin avait conclu qu'il le gênait, qu'il n'était qu'un boulet, et que c'est pour cela que son père l'avait jeté dans ce coin paumé, dans cet institut catholique. Rien que d'y penser, ça le rendait malade.

Il entendit un bruit particulier qu'il aurait pu reconnaître entre mille : le moteur de la voiture de Woodrow. *Toujours là quand il faut pas celui-là* Il serra les poings de colère. Il ne voulait pas partir. Il parait que Woodrow avait pleuré à sa disparition, selon CE. Il voulait en avoir le cœur net, il voulait savoir ce qu'il éprouvait réellement et peut-être réfléchir à un moyen détourné de se réconcilier.

- Désolé maman, je reviens vite

Il mit sa capuche et s'éloigna rapidement de la tombe et, quand il fut hors de vue des humains, il alla se cacher un peu en hauteur de façon à pouvoir voir et entendre tout ce qui allait être dit ou fait. *Allez Woodrow, montre-moi que j'ai raison, que je n'étais qu'on boulet pour toi, et tu auras une mort rapide...*
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Woodrow Evans
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MessageSujet: Re: Un vivant chez les morts   Un vivant chez les morts EmptyMer 14 Mai 2014 - 20:01

La radio crachait sa litanie habituelle de nouvelles sans intérêt, que Woodrow n'écoutait même pas. Il avait pris l'habitude de l'allumer lorsqu'il devait se préparer pour sortir, peu importe le programme ou la musique qui passait, peu importe qu'un animateur idiot raconte ses soit-disant blague à son public, il s'agissait pour lui d'un moyen de combler le silence trop oppressant. Juste un moyen de percer ce silence trop lourd qu'il percevait lorsqu'il n'était pas occupé à peindre ou trop fatigué pour l'ignorer. Il se fichait comme d'une guigne du nouveau pont qui allait être construit ou des modifications pour obtenir le permis de chasse, tout comme il se moquait des illuminés qui prédisaient la fin du monde pour 2012, tout comme il méprisait les hommes politiques véreux qui se succédaient, lançant des promesses que même les plus crédules ne croyaient plus. Il boutonna lentement sa chemise, couvrant un corps déjà ravagé par le temps alors que son âge ne pouvait le désigner comme un vieillard. Mais les faits étaient là. Il avait brutalement vieilli, comme si son corps, à l'instar de son esprit, voulait courir plus vite vers le tombeau.

Il recula d'un pas et éteignit la radio, s'observant dans la glace. Un visage livide creusé par les rides. Un corps maigre qui cachait très bien toute la force qui lui restait. Une bouche qui ne souriait plus. Seule la lueur presque fiévreuse de ses yeux prouvait qu'il était en vie. Une vie fragile, secouée, dévastée, mais une vie tout de même. Il soupira puis quitta la salle de bain, enfilant un long manteau un peu terni, qu'il avait acheté à l'aube de ses vingt ans. Ramassant la gerbe de fleurs dans le hall d'entrée, il fila jusqu'à sa voiture, tête baissée pour ne pas risquer de croiser le regard d'un voisin trop curieux, puis posa les fleurs sur la banquette. C'était de grands lys blancs, les fleurs qu'il avait offert à Kayla le jour de leur premier rendez-vous.

Il roula plutôt lentement jusqu'au cimetière, sous la menace de lourds nuages gris, puis se gara sous un petit porche. Serrant son manteau et les fleurs contre lui, il entra par le petit portillon. Le calme environnant l'apaisa presque aussitôt, alors qu'il s'engageait dans l'allée. Ce sont des vivants dont il faut se méfier, les morts sont inoffensifs. S'asseyant près de la tombe de son épouse, il posa les fleurs sur le marbre et se signa.

- Bonjour Kayla.

Il n'ajouta rien durant quelques minutes. Plus par épuisement que par crainte qu'on ne le surprenne. Qu'on le prenne pour un fou parce qu'il parlait à une tombe, il n'en avait cure.

- J'ai vu le shérif Swan, hier. Ce n'est plus le même homme depuis le décès de sa fille... On a un peu parlé, et je lui ai demandé pour le petit. Toujours rien. Il paraît que la police Italienne veut même cesser les recherches ! De quoi être malade... Je sais que deux ans sont quasiment passés, mais est-ce une raison ?

Sa voix se brisa, il balbutia les derniers mots. Cette sensation familière de vide l'envahit, tout comme ce goût âcre dans sa bouche. Il prit une profonde inspiration, regardant le ciel, les larmes aux yeux.

- Il va avoir dix-huit ans, tu te rends compte ? Je me demande dans quelle université il serait allé, l'année prochaine. Peut-être dans la police... Il a toujours été doué pour obtenir que les gens fassent ce qu'il veut ou le suive.

Il caressa lentement le marbre du bout des doigts, puis retira sa main, gardant à nouveau le silence. Il ne savait même pas si son fils était vivant ou mort. Et s'il vivait, quelle avait été sa vie depuis lors. Il rêvait de lui, la nuit. Il le revoyait, quittant la maison et revenant ensanglanté. Ou pointer sur lui un doigt accusateur en disant que tout était de sa faute. Il le voyait emporté dans les flots et les flammes, loin de lui, alors qu'il courait pour essayer de le rattraper, le retenir, et sa main lui échappait juste au moment où il allait la saisir.

- Vous avez tous les deux disparu de la même façon, sais-tu ? Si brutalement... Et pour aucun de vous deux, je n'ai encore compris. Qu'as-tu voulu fuir, Kayla ? Moi, la vie, les problèmes ? Un mélange de tout cela ? Et notre bébé ? S'il est mort, où se trouve son corps ? S'il est vivant, pourquoi n'est-il pas revenu ? Même si vous avez voulu me fuir, toi et Orlin, dites-moi au moins adieu !

Il avait presque hurlé la dernière phrase, ses larmes recommençant à couler, à la fois glacées et brûlantes, si lourdes, si étouffantes. Il les essuya d'un geste rageur, le souffle court, tremblant comme une feuille. Seul le silence lui répondait, comme si tout le cimetière était amusée de le voir perdre son calme, comme si hurler contre une tombe pouvait changer quoi que ce soit à la triste réalité. Il se calma peu à peu, les bras serrés autour de lui.

- J'ai achevé le tableau de vous deux hier... Encore un autre, vas-tu me dire. Mais je préfère fixer mes souvenirs au lieu de les voir disparaître. Il n'y a qu'à toi que je parle à cœur ouvert, Kayla. Je t'en ai longtemps voulu, pourtant. Pour être partie sans un mot ni un regard en arrière. Je ne pouvais élever Orlin convenablement sans toi. Et aujourd'hui... Aujourd'hui, je peins ce que je ne peux plus lui dire.

Il baissa la tête, alors que ses larmes se tarissaient d'elle-même. Il n'en avait plus assez pour pleurer longtemps, à présent.

- Je veux juste s'il est mort ou en vie, murmura-t-il. Je veux un endroit où me recueillir. Je veux vous retrouver tous les deux.

Il se coucha à moitié sur la tombe, les épaules agitées de soubresauts nerveux. Il voudrait qu'on retrouve le corps de son fils. Qu'il puisse reposer aux côtés de sa mère, ici, pour l'éternité.
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MessageSujet: Re: Un vivant chez les morts   Un vivant chez les morts EmptyJeu 15 Mai 2014 - 22:23

Woodrow
Vous avez tous les deux disparu de la même façon, sais-tu ? Si brutalement... Et pour aucun de vous deux, je n'ai encore compris. Qu'as-tu voulu fuir, Kayla ? Moi, la vie, les problèmes ? Un mélange de tout cela ? Et notre bébé ? S'il est mort, où se trouve son corps ? S'il est vivant, pourquoi n'est-il pas revenu ? Même si vous avez voulu me fuir, toi et Orlin, dites-moi au moins adieu !

Il avait l’impression que Woodrow avait parlé tellement fort que toute la ville avait entendu. Inconsciemment il se cacha un peu plus derrière le tronc d'arbre. Il savait qu'il ne pouvait pas le voir mais il ne pouvait s’empêcher de se demander "Et si ?". Ça lui avait bizarre. Jamais il n'avait vu son père comme ça, lui qui était si solide avant, trop solide même ! Jouait-il la comédie ? Il le pensait sincèrement. Ça contrastait tellement avec ce qu'il savait de lui que ça ne pouvait être que la seule explication logique. Depuis quand se souciait-il de lui, d'ailleurs ? C'était un peu tard pour avoir des regrets.

Il vit que Woodrow se mit à pleurer. Pitoyable, mais quel bon acteur ! Il entendait sa respiration saccadée, il percevait son épuisement, d'où il était. Il ne se sentait pas bien en l'écoutant. Lui aussi commençait à avoir envie de pleurer. Mais pourquoi pensait-il ? Woodrow n'en valait pas la peine, il en était intimement convaincu ! Mais il avait l'impression que tout était de sa faute. L'idée qu'il avait été trop dur avec son père lui traversa l'esprit comme une flèche avant de se faire écraser par la rancœur qu'il éprouvait. Il était bien mieux avec les Volturis, avec Alec ! Il le savait, il se le martelait, mais au fond de lui il y avait toujours cette petite voix qui lui disait *Regarde le bien, Orlin. C'est ton père, ton vrai père. Il t'aime et tu le sais. Tu refuses juste de l'admettre* et l'autre qui répondait *Mais non, il n'en vaut pas la peine. Il a eu sa chance. Tu as déjà oublié toute ton enfance ? Oublie le et donne toi entièrement à Alec. Au moins tu sais qu'il t'aime et toi aussi tu l'aimes !*

Woodrow
J'ai achevé le tableau de vous deux hier... Encore un autre, vas-tu me dire. Mais je préfère fixer mes souvenirs au lieu de les voir disparaître. Il n'y a qu'à toi que je parle à cœur ouvert, Kayla. Je t'en ai longtemps voulu, pourtant. Pour être partie sans un mot ni un regard en arrière. Je ne pouvais élever Orlin convenablement sans toi. Et aujourd'hui... Aujourd'hui, je peins ce que je ne peux plus lui dire.

Ah ça pour peindre il peignait ! À croire qu'il ne faisait que ça ! Qu'il ne savait faire que ça ! La famille ça lui avait toujours passé bien au-dessus...Attends, il avait dit quoi ? Qu'il le peignait, lui !? Orlin cru un moment avoir mal entendu. Il resta dubitatif. Il n'avait pas imaginé qu'il pourrait le peindre, lui, après deux ans. Et apparemment, ce n'était pas la première fois...La maison en était sûrement remplie de portraits. Il se mordit les lèvres. Encore un coup en faveur de la première voix.

Woodrow
Je veux juste s'il est mort ou en vie, murmura-t-il. Je veux un endroit où me recueillir. Je veux vous retrouver tous les deux.

Il baissa la tête un moment. Non c'était un canular. On lui faisait juste une énorme farce ! Un vampire avait usé de son don sur lui pour le déstabiliser, ce n'était pas possible autrement. Ça lui paraissait tellement surréaliste. Il détourna le regard et s'assit sur la branche.

Arrête, arrête, Woodrow. Tu me fais pitié, murmura-t-il.

Il en avait assez vu. Il quitta le cimetière. Il avait pris une sacrée claque.

Le reste de la journée, il ne cessa d'y repenser, de se repasser la scène dans sa tête, en cherchant le moindre petit détail qui permettrait de démontrer que ça n'était qu'un canular. Il ne trouva rien. Il décida alors de mettre son père à l'épreuve. Il attendit que la nuit tombe et se rendit à son ancienne maison.

La première chose qui le frappa en arrivant, c'était que rien n'avait changé de l’extérieur. Tout était exactement comme dans ses souvenirs. Il guettait les activités de Woodrow à l'intérieur, s’éloignait quand les Quileutes rodaient, revenait aussi vite. Une fois qu'il était couché et dormait profondément. Il s'introduisit à l'intérieur. Son agilité vampirique lui permettait de ne faire aucun bruit. Il commença par visiter le rez de chaussé : tout était pareil. Il touchait les meubles, se rappelait de la texture de chacun d'entre eux. Il s'allongea sur le canapé, dans l'exacte position qui fallait adopter pour qu'il n'y ait aucun grincement. Exactement comme dans ses souvenirs. Il se mit à regarder les tableaux. Tous le représentaient lui et sa mère. Il caressa son portrait, se rappelant de son visage, à quel point elle était belle. Il passa plusieurs minutes à la contempler comme ça. Tous les tableaux dégageaient une même atmosphère lourde, grise, remplie de chagrin. Les préjugées d'Orlin commençaient à être ébréchés, bien qu'ils restaient toujours solidement ancrés.

Puis il se rendit dans son ancienne chambre pour voir ce qu'elle était devenue. Il fut stupéfait quand il découvrit que rien n'avait changé ! Tout était comme avant, exactement à sa place. Il y avait son t-shirt des Redbulls de Chicago, son télescope, toute sa collection de figurines Pokemon, ses cartes à jouer, sa batte de base-ball dédicacée. Il avait même retrouvé les revues coquines qu'il avait planquées à l’abri de son père et qui annonçaient déjà le genre de compagnon qu'il allait avoir. Il espérait au fond qu'elles aient été découvertes. Si jamais ils devaient se revoir un jour, sa ferait un poids en moins à porter.

Il remit tout à sa place et se tourna vers le lit. Il sourit quand il vit son doudou préféré. Il le prit, respira son odeur et le serra contre lui.

- Tu m'as manqué, mon petit lapinou, murmura-t-il à voix très très basse

Il s'allongea alors sur le lit, quelques minutes. Qu'est-ce qu'il était bien. Il se rendait compte que tout lui avait manqué, terriblement manqué.

Le moment fatidique de repartir arriva. Il se leva remis tout en place. Il hésita un instant et décida de ne laisser comme seule indication le drap légèrement fripé. Il quitta la maison aussi discrètement qu'il était rentré, après avoir fait un adieu comme il se devait à la vingtaine de peluches qu'il possédait, en les appelant toutes par leurs petit nom. Il retourna guetter Woodrow dans son arbre à l'écart.
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Woodrow Evans
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MessageSujet: Re: Un vivant chez les morts   Un vivant chez les morts EmptySam 17 Mai 2014 - 11:11

Ce fut le froid glacial qui finit par décider Woodrow à se redresser et à quitter le cimetière. Il retourna dans sa vieille voiture, qu'il avait retapé qu'il lui-même, à l'âge de dix-huit ans, dans l'idée un peu folle de partir à l'aventure à travers l'Amérique et découvrir ses habitants, les paysages, tout ce qui s'ensuit. Il voulait découvrir les trésors de son pays. Et il en avait trouvé un. Il en avait trouvé un en la personne de Kayla, qui habitait l'Etat voisin. Il s'assit au volant, avec un grand sourire. Venir ici le faisait pleurer, le réconfortait, et le plongeait encore plus dans une mélancolie profonde. Il respira profondément, puis démarra, quittant le petit cimetière pour rentrer chez lui.

Cette ville était sas arrêt pluvieuse et maussade. Elle était à l'image de son humeur. On lui avait parfois demandé ce qui le retenait ici... Tout lui rappelait la mort de sa femme et la disparition de son fils. Il n'avait à Forks que des souvenirs douloureux, des regrets, il était entouré par tout ce qui lui rappelait les égarements de son existence. Alors pourquoi rester ? Il l'ignorait lui-même. Peut-être dans l'espoir qu'un jour, son fils revienne, et retrouve la maison telle qu'il l'avait laissé. Pour qu'il ne soit as dépaysé, qu'il retrouve facilement ses repères. Peut-être n'était-ce qu'un rêve utopique, mais il s'y accrochait. Il s'y accrochait pour ne pas sombrer dans la folie, pour rester en vie.

Rentré chez lui, il s'occupa de ses activités ordinaires et coutumières. Régler les factures, ranger la maison, faire la vaisselle, nettoyer un peu, s'occuper de mille détails insignifiants mais dont il fallait faire attention. En triant son courrier, il tomba sur une lettre qu'il l'invitait à un vernissage d'un peintre assez connu dans la région. Il jeta l'enveloppe au feu. Il n'allait jamais à ce genre de trucs. Il ne se rendait même pas à ses propres expositions et ventes de tableaux. "Un artiste timide !" s'écriait à chaque fois son agent en riant. Qu'ils rient donc, tous. Lui en avait perdu l'envie. Ce n'était pas la timidité qui l'empêchait de se rendre à de telles réunions, plutôt le dégoût, la lassitude, la fatigue.

Il se coucha assez tôt et s'endormit rapidement. Pour une nuit, comme de coutume, courte et agitée, peuplée de longs cauchemars qui le laissaient frissonnant. Il se réveilla encore plus tôt que d'habitude, ensommeillé. Après une bonne douche, il sortit, sous un ciel menaçant, jeter au compost les résidus de la semaine. Il faisait à peine jour. Il entendit tout à coup des bruits de pas, et vit arriver Mylène Anew. Il la salua de la tête. Elle était l'une des rares personnes à qui il adressait encore la parole, car ils se ressemblaient. Elle écrivait, il peignait. Elle avait perdu son mari, il avait perdu une femme. Mais lui ne se droguait pas.

- Salut, dit-il d'une voix particulièrement rauque, comme la voix d'un homme. Tu dors jamais ?

- Toi non plus. Tu veux du café ?

- T'as pas plutôt du rhum ?

- Je ne bois pas, Mylène.

- Tu devrais, l'alcool peut être un moyen comme un autre d'oublier nos morts.

Il lui jeta un regard triste et alla chercher du café. Mylène s'était laissée tomber sur une des chaises extérieures à la table du jardin, avec très peu de grâce. Et avait sortie une sorte de grosse cigarette, sûrement de la drogue. Il s'assit à son tour, une veste sur les épaules, malgré la chaleur très lourde annonçant un orage. Il ne dit rien durant une minute, versant le café.

- Comment va Jalyn ?

- Qui ça ?

- Ta fille, ton enfant, Jalyn Anew, tu te souviens ?

- Ah ouais. Boarf, je suppose qu'elle va bien. La voit pas, j'ai autre chose à foutre.

Woodrow fit tourner sa tasse entre ses dents sans boire,durant un très long moment. Le chagrin recommençait à lui serrer la gorge. Et il était assez outré que Mylène puisse oublier sa seule fille, alors qu'elle vivait avec elle, qu'elle était désormais sa seule famille restante.

- Tu pourrais le regretter plus tard, si jamais elle pars de Forks, tu pourrais regretter de ne pas avoir pris soin d'elle.

Mylène tira une grosse bouffée et souffla, renversant la tête en arrière, puis eut un rire étrange. Le rire d'une droguée qui se paye la tête de la vie, le rire de quelqu'un qui considère n'avoir plus rien à perdre et qui se fiche de tout. Elle ferma les yeux, fumant encore, toujours en riant.

- Ça fait huit ans qu'elle n'a plus besoin de moi pour exister ! Qu'elle vive, qu'elle parte, je m'en fous. Elle ressemble trop à son père.

- Orlin aussi ressemblait beaucoup à sa mère, et je ne l'oublie pas à cause de cela...

- Ton gosse va avoir dix-huit ans. Ma fille en a vingt. Ils ont plus besoin de nous pour être heureux. Laisse tomber, mon vieux. Continue ta putain de vie et oublie. Bois, peins, fume, et oublie. On mourra tous à la fin de toute façon.

Il lui jeta un regard choqué amis elle s'était déjà levée, pâle, les yeux injectés de sang, et le salua de la main. Elle ne semblait plus elle-même, dévorée par ses addictions.

- Tiens, dit-elle en lui donnant un petit paquet très serré qu'elle tira de son sac. Si un jour, tu veux oublier, essaye de fumer ça. C'est la première taffe qui arrache, les suivantes sont meilleures. Et arrête de vivre dans le passé, ça change rien. Peuvent vivre sans nous, nos gosses.

Elle s'en alla. Woodrow prit le paquet et alla le jeter au milieu du compost, avec un soupir exaspéré. Ramassant les tasses, il retourna chez lui, puis s'enferma dans son atelier. Il se mit devant un nouveau tableau vierge et attrapa ses pinceaux. Il commença son travail, retrouvant très vite un air paisible et concentré, un air qu'il ne prenait que dans ces circonstances.

Il peignit toute la journée, puis en fin d'après-midi, il sortit à nouveau. Pour se promener ou croiser du monde, il ne savait pas. il se contenta de marcher droit devant lui.
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