Que veux-tu devenir ?

Il fallait juste peser le pour et le contre, rien de plus ! Alice ne comprenait pas pourquoi tout le monde était si nerveux, ni pourquoi s'inquiéter tant. C'était juste une seconde transformation,a près tout, alors de quoi avaient-ils peur, tous ? S'ils avaient pu s'adapter pour devenir vampire, ils pouvaient être de nouveau humain, no problem, peace and love, allons-y gaiement ! Vraiment, allez, on arrête de paniquer et on se contente de choisir, ce n'est pas si compliqué ! Mais Edward avait peur, d'autres aussi, et elle ne voyait vraiment pas pourquoi. Elle était enjouée par cette histoire, elle trouvait leur père génial, et voyait cela comme un tournant incroyable de l'histoire. Pouvoir redevenir humain ! C'était le rêve de beaucoup de vampires, jeunes ou vieux, et elle avait vu que beaucoup allaient sauter sur l'occasion !

Elle-même n'en faisait pas grand cas. Elle voulait guérir, mais quand à redevenir humaine ou rester vampire, ce n'était pas un choix très conséquent. Lequel des deux était le mieux ? Lequel valait le mieux ? Elle l'ignorait. Qu'avait-elle gardé de sa vie humaine, sinon des souvenirs d'enfermement, de noir, de ténèbres, de désespoir, de mort ? C'était en tant que vampire qu'elle avait vécu au soleil, qu'elle avait aimé, rit, courut ! L'humanité ne lui manquait en rien, et elle en voyait pas non plus comme une formidable occasion de la regagner, au contraire de Rose. Et puis, les conditions étaient assez gênantes, là. Imposer à Jasper de devoir mordre un humain ? Ça non, elle ne pouvait pas ! Déjà qu'il devait ressentir les souffrances de tout le monde en plus des siennes, elle ne voulait pas lui infliger de ressentir le passage de la vie à la mort d'un humain. Mais lui, que désirait-il ?

Tout le monde allait devoir discuter avec son conjoint, à présent. Alice ne fila pas dans sa chambre mais au-dehors. Jasper passait presque tout son temps dans un coin à l'écart pour ne gêner personne, et ne pas être gêné. son don était un calvaire, dans les situations comme celle-là, mais Alice était là pour le soutenir ! Elle s'arrêta au petit coin où il s'était installé, et le trouva allongé sous un petit auvent, où on rangeait du bois, sur une couverture. Elle se mit aussitôt à califourchon sur lui et lui prit les mains, l'embrassant tout d'abord longuement. Un peu d'amour allait lui faire du bien, au milieu de toute ces douleur. Elle lui caressa la joue avec le bout du nez, puis se redressa.

- Tout s'est passé exactement comme dans mes visions ! Carlisle vient de rentrer.

Elle lui expliqua et lui répéta tout ce qu'elle avait entendu, compris, deviné, sans perdre un seul détail. Tout en parlant, elle serrait ses mains dans les siennes, en le fixant avec amour et affection. Elle l'aimait, son grand blond musclé, son major, son chéri. Peu importe ce qu'il voudra, elle le suivra. Humaine ou vampire, elle s'en fichait du moment que Jasper était avec elle ! Elle conclut en parlant un peu de la réaction des autres, puis lui prit un autre long, très long baiser, toute frétillante malgré la maladie.

- Moi, tu sais, ça m'est égal, déclara-t-elle. Peu importe que je sois humaine ou vampire, je suis heureuse comme ça ! J'ai tout reçu en tant que vampire, même si les autres ont beaucoup perdu. Et grâce à toi, mon major. Je t'aime.

Elle avait prononcé les derniers mots avec force et conviction, pour qu'il en soit bien persuadé. Elle l'aimait, et lui l'aimait, rien ne pouvait les attendre tant que cela restait ainsi. Elle frotta son nez contre le sien avec un large sourire, très heureuse.

- Que veux-tu devenir, Jasper ? Au vu des conditions, ça risque d'être dur pour toi. Mais peu importe ton choix, je te suivrais ! Moi tout m'ira. Tu peux me dires ce que tu désires, mon chéri. Tu peux absolument tout me dire.

Elle fit courir avec légèreté ses lèvres entrouvertes sur le visage de son époux, les yeux fermés, puis lui donna une série de baisers brûlants dans le cou, avec un petit sourire mutin. S'il arrivait à rester concentré avec ça, chapeau. Elle en profitait ouvertement, étant donné que tout le monde était réfugié à la villa, bien occupé dans de longues discussions.

- Veux-tu rester vampire avec moi ? chuchota-t-elle. Ou veux-tu qu'on laisse tout derrière nous ? Veux-tu qu'on fasse notre existence ainsi, ou veux-tu avoir un bébé avec moi ?

Elle posa son front contre le sien, en l'observant, patiente, sereine. Peu importe son choix, elle sera avec lui de toute façon. Elle sera toujours avec lui. Elle était prête à passer l'éternité à ses côtés s'il le voulait, eux deux, pour toujours.

Ne pas s'inquiéter... C'était plus facile à dire qu'à faire ! Il y a des jours où Jasper haïssait son don. Non. En fait, il haïssait son don depuis sa naissance, maintenant qu'il y réfléchissait bien ! Oui, bien sûr, c'était parfois drôle et utile. Calmer ses frères et sœurs lorsqu'il s'emportaient trop, jouer avec ses nièces, taquiner son frère Emmett, ou n'importe quoi de ce genre, oui, c'était bien. C'était parfait aussi lorsqu'il se chargeait de certaines relations humaines indispensables avec les humain,s pour le compte de sa famille. Par exemple, quand ils devaient faire disparaître certaines traces, ou obtenir d'autres papiers d'identité. Pour tout cela, c'était utile, agréable, et tout ce que l'on veut. Un don subtil, indispensable dans certaines situations, pour l'attaque, la défense, les relations sociales, etc. Il ne le niait pas, et était content de l'avoir, parfois.

Cependant, le revers de la médaille était brutal. Depuis que son don avait évolué... Depuis que tout avait changé... Jasper n'en pouvait plus. Il ressentait tout si violemment qu'il en étouffait. Il aurait voulu stopper ce flux incessant, ne plus garder que ses propres sentiments et pas ceux des autres, se protéger, dresser une sorte de bouclier autour de son âme et de son cœur pour n,e plus rien recevoir ! Il n'en pouvait plus ! Il était oppressé, balayé littéralement par une vague de sentiments qui n'étaient pas les siens. Un tsunami de joie, de douleur, de doute, de peur, de colère, d'agacement, de haine, de désir, d'inquiétude, de peine, d'amusement, de tristesse... Peu importe qu'il s'agisse d'émotions négatives ou positives... Elles le submergeaient à un tel point qu'il ne parvenait plus à décider quel sentiment appartenait à quelle personne. Il ne supportait plus ces vagues qui l'étouffaient. Rester à proximité d'autres personnes, depuis l'évolution de son pouvoir, le rendait malade. Il allait finir par en mourir, par vouloir se tuer tellement s'en était insupportable.

La pandémie avait aggravé les choses. Elle avait fait comprendre à Jasper ce qu'était la mort. Plus qu'un transition, un passage, c'était aussi un bouleversement. Il ressentait le décès de chaque humain présent dans le rayon où s'étendait son pouvoir. La Push, Forks... Il ressentait tout D'abord la douleur et la souffrance provoquées par la maladie. Puis la peur, la terreur lorsque la personne comprenait qu'elle était en train de mourir. Une terreur qu'il devait suivre jusqu'au bout, une angoisse si forte, insupportable, qui s'éteignait dans une explosion de peur et d'appel au secours, un profond sentiment d'impuissance et d'injustice que le malade emportait avec lui dans la mort. Ce passage qui l'étouffait à chaque fois, les yeux brûlants de larmes qu'il ne pouvait plus verser, le cœur serré, dans la peur d'un nouveau décès.

Il restait à l'écart de sa famille, peu importe qu'on le prenne pour un associable, ou qu'on pense qu'il se fichait des autres. Il ne voulait pas faire culpabiliser Carlisle, ni répondre aux questions de quoi que ce soit. La seule présence qu'il tolérait était celle d'Alice. Elle était la seule à pouvoir contrôler ce qu'elle ressentait, dans la famille, et la seule à pouvoir lui envoyer des émotions plus douces. Et parce qu'il l'aimait, il avait besoin d'elle. Il s'était réfugié sous l'appentis à bois, allongé à même le sol sur une vielle couverture. Et renvoyé balader tous ceux qui avaient voulu l'approcher sauf Alice. Il se doutait qu'il avait dû les blesser, mais tant pis. Il ne pouvait tout simplement plus être avec eux. Il ne pouvait plus supporter leur présence, même s'il les aimait.

Alice arriva au moment où il ressentait la souffrance de son père. Oh, et si, il y avait une autre présence qui lui faisait beaucoup de bien, celle de Marcus. Le vieux Volturi était un cachet d'aspirine à lui seul ! Il était si calme, apaisé, et blasé, qu'il agissait comme un baume apaisant sur Jasper. Lorsqu'il se sentait sur le point de craquer, il se focalisait sur Alice et Marcus. Ce dernier était calme en permanence, et son absence presque entière d'émotions était très bien pour Jasper. Ce type agissait comme un médicament sur son mal de crâne, et il n'avait jamais été si heureux que lorsqu'il avait appris qu'il restait chez eux pour s'occuper de Carlisle. Alice se mit à califourchon sur lui, lui prenant les mains. Ils s'embrassèrent un long moment, et il ferma les yeux pour mieux savourer le contact, se focalisant sur l'amour qu'elle ressentait pour lui. Cela aussi était reposant. Elle finit par se redresser, mais lui ne put esquisser le moindre mouvement. Ses et ses mains glisseraient au sol si elle ne le tenait pas.

Alice - Tout s'est passé exactement comme dans mes visions ! Carlisle vient de rentrer.

Elle lui expliqua tout et il l'écouta en silence. Ainsi, c'était comme ça... La possibilité de redevenir humain, au prix d'une vie sacrifiée ? Son cœur se tordit un peu plus. Prendre une vie de lui-même ? Alors qu'il voulait hurler, gémir, supplier, tout faire pour sauver ceux dont il ressentait l'agonie ? Il avait pâli encore un peu plus. Il se sentait mal, le sol, très dur sous lui, semblait l'attirer, l'aspirer pour l'enterrer à son tour. Et humain... Humain ? Il gardait peu de souvenirs de sa vie humaine. Des parents peu présents, qu'il avait quitté très vite. Une enfance solitaire. Une vie peu attrayante, une vie de soldat, qu'il avait poursuivie une fois vampire. Mais... Avec tout cela... Aurait-il la force de continuer à endurer tout ce qui lui venait en étant humain ? Le choc pourrait tout simplement le tuer.

Alice acheva de parler puis lui donna un long, très long et tendre baiser. Il n'en revenait pas de la voir toujours aussi fraîche alors qu'elle était au même stade que lui pour la maladie. Mais c'était Alice, son énergie naturelle lui permettait de mieux tenir qu'eux tous réunis. Elle était plus forte. Il l'avait toujours vu ainsi, forte, belle, indépendante. Il observa, son sourire, ses yeux pétillants et dorés. Que devaient-ils faire ?

Alice - Moi, tu sais, ça m'est égal, déclara-t-elle. Peu importe que je sois humaine ou vampire, je suis heureuse comme ça ! J'ai tout reçu en tant que vampire, même si les autres ont beaucoup perdu. Et grâce à toi, mon major. Je t'aime.

Il lui rendit son sourire, touché profondément par ces mots, qu'il savait vrai. La famille avait tendance à l'oublier, mais il était plus que véridique que Alice était la seule à être heureuse de son statut car elle avait pu obtenir tout ce qu'on lui avait arraché. Sa transformation lui avait donné la vie, la liberté et le soleil. Son créateur aura été son sauveur et son libérateur. Elle frotta son nez contre le sien, avec sa petite moue, puis lui demanda ce que lui voulait, lui assurant qu'elle le suivrait, que tout lui conviendra, qu'il pouvait se confier à elle sans aucune crainte.

Jasper savait qu'il pouvait parler à sa femme à cœur ouvert, mais la perspective d'une seconde transformation, un nouveau changement, le décès d'un autre humain, cela faisait beaucoup, d'un seul coup. Alors décider pour eux deux ? La panique le submergea et il se crispa, malgré le fait qu'elle l'embrasse dans le cou. Il aurait voulu avoir plus de temps, mais du temps, malgré le fait qu'ils soient vampires, ils n'en avaient plus. Il en tremblait, incapable encore de voir tous les aspects de la situation, de réfléchir à tout, de respirer même. Vampire. Humain. Un choix à faire... Un choix qu'il ne pouvait assumer, ce n'était pas possible. Alice était sincère, lorsqu'elle affirmait vouloir le suivre, il le savait. Mais s'il voulait la protéger, il ne pouvait pas décider ainsi de son avenir.

Alice - Veux-tu rester vampire avec moi ? chuchota-t-elle. Ou veux-tu qu'on laisse tout derrière nous ? Veux-tu qu'on fasse notre existence ainsi, ou veux-tu avoir un bébé avec moi ?

Elle posa son font contre le sien, alors qu'il fermait les yeux. Que devaient-ils faire ? Fallait-il absolument se décider maintenant ? Il essaya de s'imaginer humain au bras d'Alice, les yeux marrons comme il les avait eu, ceux d'Alice d'une couleur inconnue. Et son Alice, sa femme, enceinte de lui... Enceinte. Il ne se voyait pas père... Il étouffait déjà avec les émotions de sa propre famille, alors les émotions d'un bébé ? Comment pourrait-il gérer cela ? Comment pourrait-il faire pour s'occuper de son propre enfant s'il ne pouvait pas l'approcher sous peine de s'évanouir, ou pire ? Comment ? Il risquait juste de blesser Alice, et de faire croire à leur enfant qu'il le rejetait, ne voulait pas de lui. Il rouvrit les yeux, croisant le regard d'Alice. Il ne voulait la priver de rien, mais il avait peur. Elle-même était confiante, heureuse.

- J'ai peur, murmura-t-il. Je ne peux même plus m'approcher des autres... Si c'était pareil avec notre enfant ? Je ne peux pas... Je ne veux pas faire souffrir un bébé juste parce que je ne contrôle pas mon don. Même si oui, je voudrais avoir un enfant avec toi, je voudrais cela pour notre couple.

Il parlait un peu plus vite, commençant à tout envisager, réfléchir, et serra plus fort la main d'Alice pour garder son calme, et surtout, surtout, ne pas lui envoyer une émotion néfaste qui pourrait la blesser. Il ne voulait pas lui faire le moindre mal, c'était hors de question.

- Et comment cela se passerait, avec le reste de la famille ? Ils vont redevenir humains, je le ressens... Le temps fera son œuvre... Nous n'aurons plus la même vision de l'existence, le même rythme. Nous nous éloignerons d'eux. Et terminer par regretter. Et je... je sais que tu es heureuse, je le suis aussi, mais je t'avoue que ne peux pas... je ne pourrais pas tuer un humain...

Son don était le problème. Le seul et unique problème. Il devait apprendre à le maîtriser, très vite, mais comment ? Comment faire ? Il y avait bien une solution, mais... Là, il voyait mal comment l'expliquer à Alice. Et c'était un peu brutal, comme solution. Il imaginait très bien la tête de Carlisle s'il lui annonçait ça ! Il se mordilla les lèvres, sans plus regarder Alice. Ça risquait d'être sacrément douloureux, mais ça pourrait marcher. Avec ça, vu que Carlisle avait accepté la proposition de Aro, en échange, il pourrait accepter. Il regarda à nouveau sa femme, plus blême que jamais.

- Si je veux pouvoir te donner une vie humaine, ou une vie normale tout court, il faut que j'apprenne à maîtriser mon don. Il reste une solution que je n'ai pas testé. C'est un peu... Radical. Je pourrais demander à Aro de m'entraîner, pendant le temps qu'il reste avant de devoir prendre ou non le remède.

Il avait parlé très bas, pour que personne n'entende sauf Alice, pour le moment. Inutile de coller une attaque à Carlisle. Il entoura Alice de ses bras pour la serrer contre lui, tremblant et pensif.

- Je dois aller le demander à Aro...

La plus petite des Cullen attendit patiemment que Jasper réfléchisse, qu'il décide ce que lui voulait vraiment, ce qu'il désirait. Elle le suivra, de toute façon, quoi qu'il arrive. Qu'il veuille rester humain, ou qu'il veuille rester vampire, aucune importance pour elle, elle le suivra. Il était tout pour elle, il représentait tout à ses yeux, et elle fera tout pour rester à jamais à ses côtés. Elle sourit rêveusement en imaginant les années à venir. Le monde s'ouvrait à eux, peu importe leur race, peu importe la voie qu'ils choisiront. Ils pouvaient se rendre où ils le voulaient, faire ce qu'ils voulaient. Ils étaient libres, vivants, ensemble, ils pouvaient tracer leur chemin sans que personne en leur dise rien. Alice était confiante en l'avenir. Même si toute le reste de leur famille redevenait humaine, elle était confiante, parfaitement confiante. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment pouvait-il en être autrement ?

Oui, il y avait le risque qu'ils s'éloignent tous les deux des Cullen, mais ce n'était pas le souci principal pour elle. Même s'ils s'éloignaient, ils en s'oublieront pas, c'était l'essentiel, non ? Ils avaient passé si peu de temps dans ce clan, et Alice fera d'abord passer le bien-être de son mari, autant mental que physique. Elle ira au bout du monde avec lui s'il avait besoin d'être seul, ou juste avec elle. S'il avait besoin de se retrouver, faire le point, s'entraîner, elle le suivra. Il rouvrit les yeux, leurs regards se croisèrent. Fais-moi confiance, criait le regard d'Alice. Quoi que tu décides, je serais avec toi, près de toi. Elle l'avait épousé car elle ne voulait plus jamais le quitter. Elle voulait être avec lui, avec son major.

- J'ai peur, murmura-t-il. Je ne peux même plus m'approcher des autres... Si c'était pareil avec notre enfant ? Je ne peux pas... Je ne veux pas faire souffrir un bébé juste parce que je ne contrôle pas mon don. Même si oui, je voudrais avoir un enfant avec toi, je voudrais cela pour notre couple.

Il lui serra plus fort la main, perdu, déboussolé. Roh, son pauvre Jazounet... Elle comprenait tout à fait sa peur, mais comment faire pour le réconforter ? Il ne sera jamais tout seul puisqu'elle sera là, pour lui, pour l'aider, le soutenir, le guider. Et même, s'il ne pouvait pas, ce n'était pas si grave. Ils avaient toujours été heureux, simplement l'un avec l'autre, n'est-ce pas ? Le désir de maternité n'étreignait pas Alice. Bien moins que Rose, Esmée, ou même Bella. Elle ne souvenait que peu de sa vie humaine, et ne pensait pas devenir mère. Elle ne se voyait pas l'être, tout simplement ! Qu'était-ce être mère,a près tout ? Alice n'avait pas la même fibre qu'Esmée, ou que ses belles-sœurs. Avec ça, si Jasper craignait de ne pouvoir y arriver, ce n'est pas elle qui le forcera. Elle voulait l'aider, pas l'enfoncer !

- Et comment cela se passerait, avec le reste de la famille ? Ils vont redevenir humains, je le ressens... Le temps fera son œuvre... Nous n'aurons plus la même vision de l'existence, le même rythme. Nous nous éloignerons d'eux. Et terminer par regretter. Et je... je sais que tu es heureuse, je le suis aussi, mais je t'avoue que ne peux pas... je ne pourrais pas tuer un humain...

Elle ne regrettera pas de rester avec lui, ça, jamais. Jamais ! Il devra le comprendre, elle en pouvait regretter de faire sa vie avec lui. Bien sûr, finir par s'éloigner vraiment de tous les autres était triste, mais c'était la vie. Alice ne les oubliera pas, aucun d'entre eux, même si elle continuait vampire, eux humains. Elle ne décidera pas du cours de sa vie avec le choix que vont effectuer tous les autres. Oui, peut-être se perdront-ils complètement de vue. Mais non, désolée si c'était blessant ou choquant, mais elle ne pouvait se forcer à des choses car sa famille le faisait. S'ils redevenaient humains, tant mieux pour eux. Mais si pour elle et Jasper, le choix le plus simple et évident consistait à rester vampires, elle ne suivra pas une autre voie pour simplement faire plaisir aux autres. Jasper ne pouvait pas tuer, elle en était parfaitement consciente, et elle le respectera. Elle ne le forcera certainement pas à commettre une acte qu'il regrettera ensuite.

- Si je veux pouvoir te donner une vie humaine, ou une vie normale tout court, il faut que j'apprenne à maîtriser mon don. Il reste une solution que je n'ai pas testé. C'est un peu... Radical. Je pourrais demander à Aro de m'entraîner, pendant le temps qu'il reste avant de devoir prendre ou non le remède.

Demander à Aro ? Il la serra contre lui, alors qu'elle écarquillait légèrement les yeux. Hum, en effet, c'était un tantinet radical. Était-ce vraiment la seule solution ? On pouvait la qualifier de surprotectrice, mais elle n'était pas très chaude à l'idée de laisser son mari entre les jambes d'Aro, ou pire, de Caïus ! En plus, il était malade ! Oui, il fallait bien qu'il apprenne à maîtriser son don, mais pas pour se forcer à redevenir humain, pas juste pour elle. Il devait le faire pour lui, et rien d'autre. Il ne devait pas se sentir obligé de lui offrir une "vie humaine". Il lui avait déjà offert une vie normale, il lui avait déjà tout offert ! C'était avec lui qu'elle avait goûté pour la première fois à la vie de couple. C'était lui, le premier, qui l'avait accepté pour ce qu'elle était, qui l'avait aimée, qui ne l'avait pas vue comme une folle ou elle ne savait quoi. Il lui avait donné la sécurité, la stabilité, l'amour, un soutien inconditionnel de tous les instants. Il ne lui avait jamais rien enlevé, alors de quoi pensait-il lui être redevable ? Vraiment... Il ne devait pas se torturer ainsi.

- Je dois aller le demander à Aro...

Elle eut un petit soupir en se blottissant contre lui, le serrant contre elle. Doucement, mon cœur, il fallait d'abord prendre le temps de discuter ! Il n'y avait pas à se précipiter, ils avaient encore le temps, lui et elle. Elle l'embrassa longuement, pour l'aider à se calmer et à reprendre ses esprits, puis lui caressa doucement la joue. Calme-toi, mon amour... Elle était là, tout allait bien. Tout ira bien. Elle lui donna un autre baiser plus rapide, puis lui sourit.

- De quoi imagines-tu donc me priver, Jasper ? murmura-t-elle. Personnellement, je ne brûle en rien du désir d'avoir un enfant. Ce n'est pas un besoin, pour moi, et je t'imposerais pas cela si tu ne te sens pas encore capable... Nous deux, ça me suffit. Tant que je suis avec toi, tout me va. Et comment pourrais-je regretter la vie que tu m'as donné ?! Humaine, je n'étais rien. Avec toi, je suis devenue femme. Tu me suffit.

Elle comprenait que d'autres désirent l'humanité, sans aucun problème. Et elle, non. Non, jamais, en rien. Son humanité l'effrayait, elle voulait oublier son ancienne vie d'humaine, pour ne garder que ses souvenirs depuis Jasper. L'humanité était pour elle synonyme de froid, de souffrance, de solitude, de terreur et d'abandon. Sa vie de vampire n'avait été que soleil, découvertes et joies. Elle n'avait vécu que depuis sa transformation, depuis sa rencontre avec son major. Elle était heureuse dans ce monde, dans cette peau, avec lui, juste avec lui.

- Oublier le clan Cullen ne sera pas possible, Jasper. Mais je ne ferais pas mon choix en fonction du leur, uniquement en fonction de toi. Et ne réfléchis pas en pensant à ce que tu pourrais m'ôter, je t'en prie ! Il s'agit de notre vie, je la trouve belle tant que tu es avec moi. Humains ou vampires, ça n'a aucune importance. Tu ne dois penser qu'à ce que tu désires vraiment... Tu connais mon ressenti. Tu ne dois pas te freiner à cause de ce que vont faire le reste de la famille, ni par peur de m'enlever des choses que je désire pas.

Elle lui sourit d'une façon très douce et tendre. Ce qu'il voulait, lui, voilà ce qu'Alice désirait savoir. Elle le regarda un moment, une petite moue aux lèvres.

- Que tu ailles t'entraîner à Volterra, soit, mais je t'accompagnerais ! Mais sois conscient que tu dois le faire juste pour toi. Tu me l'as déjà offerte, cette "vie normale". Si tu choisis de redevenir humains, alors oui, allons à Volterra tout de suite. Sinon, attendons que tu sois guéris.

Sa femme avait eu un soupir, et il craignit de l'avoir blessée. Par son incapacité à être père, ses difficultés à se maîtriser, tout ce qu'il ne parvenait pas à faire, tout ce qu'il ne pouvait pas faire. Elle devait être fatiguée de lui, car il lui refusait des rêves sans doute anciens et chers, pour elle. Elle devait en avoir assez, car elle savait que Jasper ne pouvait être le père dont elle aurait besoin. Parce qu'il ne pouvait tout simplement pas tuer un humain pour l'être de nouveau lui-même, c'était impossible ! Non, jamais, ça, il ne pouvait pas. Même pas pour ce petit bout de femme, cette petite lutine brune et sautillante qu'il aimait plus que tout au monde. Et il s'en voulait. Il s'en voulait de ne pouvoir lui donner ça, de ne pas être capable de ça pour la combler. C'était égoïste, il en était conscient, mais il ne pouvait vraiment pas. Toute la volonté de ce monde ne lui serait pas suffisante pour ôter la vie à un être humain, pas après avoir souffert chacune de ces morts

Mais Alice, loin de s'énerver, de crier, ou de le rejeter comme il s'y attendait, se blottit contre lui et l'embrasa, longuement. Il ferma les yeux, sentant l'espoir renaître qu'elle ne lui en veuille pas. C'était sa plus grande peur, qu'elle veuille se séparer de lui afin de vivre ses rêves d'humanité au loin, avec un autre qui saura lui offrir ce dont elle avait besoin. Une vie, une famille, un enfant. Ce qu'il ne pouvait lui donner. Il avait peur de la perdre, peur par dessus-tout d'être séparé d'elle. Une peur qui supplantait tout autre. Il avait beau aimé sa vie, aimé sa famille, si Alice voulait filer au loin, il la suivrait, abandonnant derrière lui les Cullen et tout ce qu'il aura construit avec eux. Il les aimera, se souviendra d'eux, mais Alice passait la première à ses yeux. Avant toute famille.

Plusieurs fois, il avait imaginé cette séparation. Non pas qu'il voulait quitter les Cullen, mais il était persuadé depuis bien longtemps de ne pas être véritablement à sa place dans le clan de Carlisle. Eux tous arrivaient à suivre le régime végétarien sans problème. Ils avaient tous été mordus et élevés par Carlisle et Esmée. Tous avaient eu des débuts de vie où ils étaient encadrés, soutenus. Jasper s'était toujours senti à part. Plus vieux que tous ses frères et sœurs par le nombre d'années vécus en tant que vampire. Ancien chef d'armée sanglant. Un don puissant mais problématique. Un passif très lourd. Une vie qu'il peinait à suivre ou à comprendre. Il se sentait à l'écart, et pensait qu'il n'avait pas sa place.

Alice était son point de repère quotidien, car elle lui ressemblait. Elle aussi n'était pas vraiment comme le reste de la famille. Tous deux étaient des "rajouts" si on peut dire comme ça. Ils étaient venus sur le tas, sans lien aucun au préalable. Carlisle avait transformé Edward, épousé Esmée, mordu Rose. Emmett l'avait épousé, Bella était devenu la femme d'Edward, la mère de leur fille. Eux s'étaient "rajoutés" juste comme ça, déjà vampire depuis des dizaines d'années. Ils n'étaient pas nés végétariens. Peut-être était-ce idiot, peut-être étaient-ils aussi membres à part entière de cette famille, mais il ne pouvait s'empêcher de croire que non.

Alice - De quoi imagines-tu donc me priver, Jasper ? murmura-t-elle. Personnellement, je ne brûle en rien du désir d'avoir un enfant. Ce n'est pas un besoin, pour moi, et je t'imposerais pas cela si tu ne te sens pas encore capable... Nous deux, ça me suffit. Tant que je suis avec toi, tout me va. Et comment pourrais-je regretter la vie que tu m'as donné ?! Humaine, je n'étais rien. Avec toi, je suis devenue femme. Tu me suffit.

Oh ? Il cligna des yeux, mettant plusieurs secondes avant de digérer l'information. Elle ne voulait pas d'enfants, alors ? Il sentait sa sincérité, elle était trop près pour qu'il puisse se tromper là-dessus, et un curieux soulagement l'envahit. Au moins, il ne l'avait ni blessée ni déçue. Égoïsme, encore une fois, s'il était soulagé qu'elle ne veuille pas d'enfants... Et touché, ému qu'elle soit heureuse d'être avec lui. Elle l'étonnait encore, même après tant de temps passés ensemble. Elle l'étonnait depuis le jour où elle l'avait trouvé, s'adressant à lui comme si elle le connaissait depuis toujours. Il n'en était jamais revenu, surpris et heureux que ce soit lui qu'elle ait choisi. Il parvint à lui sourire, tout doucement, presque timidement.

Alice - Oublier le clan Cullen ne sera pas possible, Jasper. Mais je ne ferais pas mon choix en fonction du leur, uniquement en fonction de toi. Et ne réfléchis pas en pensant à ce que tu pourrais m'ôter, je t'en prie ! Il s'agit de notre vie, je la trouve belle tant que tu es avec moi. Humains ou vampires, ça n'a aucune importance. Tu ne dois penser qu'à ce que tu désires vraiment... Tu connais mon ressenti. Tu ne dois pas te freiner à cause de ce que vont faire le reste de la famille, ni par peur de m'enlever des choses que je désire pas.

Elle lui sourit, si tendrement qu'il se sentit fondre. Elle avait son choix, oui, et il le comprenait. Le choix de rester ainsi, si lui le voulait aussi. Et il comprenait bien ce qu'elle pensait. Alice ne pouvait rien regretter de sa vie humaine, pire que ça, c'était une vie qui l'effrayait encore aujourd'hui, il le ressentait dans son cœur. Le redevenir la ferait souffrir inutilement. Tout ce que pouvait offrir l'humanité ne valait pas la peine de tuer un humain... Rien, aucun argument au monde, aucune promesse ne valait assez pour abandonner cette vie. Il avait cependant un peu peur. La mise à l'écart, encore une fois. La différence, encore plus marquée. Qu'allait choisir le reste de la famille ? Seront-ils donc les seuls à rester vampires ? Le départ semblait de plus en plus proche, de plus en plus inévitable. Car s'ils restaient ainsi, et les autres humains, ils ne pourront rester. Il ne voulait pas de nouveau mettre la vie de l'un d'entre eux en danger.

Alice - Que tu ailles t'entraîner à Volterra, soit, mais je t'accompagnerais ! Mais sois conscient que tu dois le faire juste pour toi. Tu me l'as déjà offerte, cette "vie normale". Si tu choisis de redevenir humains, alors oui, allons à Volterra tout de suite. Sinon, attendons que tu sois guéris.

Il fit un effort pour se redresser, se mettre assis à côté d'Alice, sur la couverture, rester à sa hauteur. Et il sourit, franchement, tendrement, avec un regard exprimant tout l'amour qu'il avait pour elle. Ils n'étaient pas obligés de changer pour s'aimer, pour être ensemble. Ils pouvaient poursuivre ainsi, juste tous les deux, cette vie qu'ils avaient entamé à deux, qu'ils pouvaient poursuivre. Oui, il ne devait pas choisir en fonction des autres, mais il lui faudra un peu de temps tout de même pour accepter ce qu'il portait comme un secret trop lourd depuis qu'ils étaient arrivés dans la famille de Carlisle. Cette différence.

- Je ne peux pas tuer un humain, même la possibilité d'une humanité ne vaut pas ce prix-là, pour moi. Et puisque tu ne le désires pas non plus... Je veux passer toute mon existence avec toi, Alice. Je veux qu'on reste ensemble. Que ce soit pour des siècles ou des années, mais que l'on fasse notre vie ensemble, tous les deux, peu importe quand elle devra finir.

Il se pencha délicatement ses lèvres, les effleurant d'abord, avant de lui prendre un long baiser. Des lèvres toujours aussi douces malgré les siècles qui passaient, des lèvres qu'il aimait touchait et caresser. Tant qu'elle était là, il ne craignait pas le futur, ni même de tout quitter à nouveau. Il se détacha un peu d'elle au bout d'un moment, le regard brillant d'amour. Puis soupira légèrement. Il fallait annoncer cette décision au reste de la famille. Leur dire qu'ils se quitteront bientôt. Un bruit lui fit relever la tête, puis il frémit en entendant le bruit de battements de cœurs. Ça commençait déjà... Sûrement Emmett, Rosalie et Ashley. Il prit une grande inspiration, puis regarda de nouveau Alice.

- Viens.

Il se releva, et lui tendit la main. Ils rentrèrent doucement à l'intérieur de la villa, écoutant ce qui se passait. Le clan commençait déjà à se déliter. Les autres étaient encore en train de discuter. Marcus était toujours là, impassible, regardant au-dehors, totalement indifférent à ce qui se passait autour de lui. Jasper traversa la pièce, se rendant plus loin avec Alice, s'asseyant avec elle. Il posa la tête sur son épaule, cherchant ses mots, cherchant la meilleure façon de formuler un adieu. Il regardait la villa comme s'il la voyait pour la toute dernière fois. Maintenant que leur décision était prise, maintenant qu'il savait qu'il leur faudra partir, il se sentait un peu bizarre. Il redressa la tête, jetant un regard circulaire sur la pièce.

- J'ai beaucoup aimé cet endroit, confia-t-il à Alice. Partir est un peu étrange, maintenant qu'on y est rendu.

Il l'attira dans ses bras, la serrant contre lui. Ils étaient arrivés ici il y a de ça trente ans, environ. Au même endroit, et ils allaient repartir ainsi. Reprendre leur vie de nomade, à deux, reprendre là où ils en étaient avant d'entrer dans ce clan. Il songea à tout ce qu'il avait vécu avec les Cullen, tout ce qui s'était passé, tout ce qu'il avait vécu avec eux. Il ressentait toutes les émotions des autres, leurs désirs et leurs peurs. Tous allaient reprendre le chemin de l'humanité. Tous, sauf eux deux.

- Je me demande ce qui va se passer pour eux, murmura-t-il à Alice. Je n'ai jamais cru être... à ma place ici... A cause de la différence. Mais ils vont quand même me manquer.

Il l'embrassa sur le front, la tenant toujours dans ses bras.

- Mais je veux rester avec toi. Pour l'éternité. On a commencé ainsi, on terminera ainsi, tous les deux. Je t'aime.

Jasper se redressa et elle s'écarta un peu pour lui laisser la place de se mettre comme il le voulait, restant aussi proche de lui que possible. Il devait lui parler, elle était prête à toute entendre, tout accepter. S'il voulait redevenir humain, elle fera tous les efforts du monde pour se faire à cette nouvelle existence, repartir de zéro, s'installer à deux, profiter de leurs vies. S'il voulait rester vampire, elle partira avec lui, même au bout du monde s'il le fallait, et ils resteront ainsi, immortels et amoureux, pour l'éternité. Au fond d'elle, Alice préférait tout de même rester vampire. Elle avait tout eu de cette façon, sa vie, son âme, sa joie, son mari. L'humanité n'était pas vraiment faite pour elle. Différente depuis sa naissance, elle n'était pas née pour rester humaine, même si elle redeviendrait tant que Jasper le voulait. Elle suivrait son choix.

- Je ne peux pas tuer un humain, même la possibilité d'une humanité ne vaut pas ce prix-là, pour moi. Et puisque tu ne le désires pas non plus... Je veux passer toute mon existence avec toi, Alice. Je veux qu'on reste ensemble. Que ce soit pour des siècles ou des années, mais que l'on fasse notre vie ensemble, tous les deux, peu importe quand elle devra finir.

Alice sentit presque son cœur s'emballer, et ferma les yeux lorsqu'il se pencha pour l'embrasser, procédant avec délicatesse, comme si elle était en cristal précieux. Alors cela allait se passer ainsi, et elle sourit tout en l'embrassant. Ils allaient poursuivre, donc, leur vie sans rien changer. Ils allaient rester ensemble à jamais, arpentant la terre, avide de tout voir, tout ressentir, goûtant pleinement leur vie à deux. C'était ainsi qu'elle voyait son existence. Découvrir chaque pays de la terre, apprendre les langues de chaque peuple, s'enrichir de toutes les cultures, rencontrer des dizaines de personnes différentes, sourire chaque jour qui passait, chanter toutes les nuits, danser toute son existence dans le bal éternel de la vie avec Jasper à ses côtés. Voilà l'existence comme elle voyait. Avec Jasper, jour et nuit. Elle voulait parer leur vie de toutes les couleurs du monde, passer chaque minute à aimer, sourire, rire, chanter et danser.

Jasper mit doucement fin à leur baiser, avec un petit soupir. Il songeait sûrement à la réaction des autres. Mais qu'il ne s'en fasse pas. Chacun d'entre eux était libre, entièrement libre de ce choix, et eux deux avaient fait le leur. Même si tous les autres Cullen redevenaient humains, Alice ne décidera pas en fonction d'eux. Du bruit vint de la maison, et elle redressa légèrement la tête, alors que Jasper se levait. C'était déjà commencé. Sûrement Rose et Emmett, avec leur petite fille, ils n'attendaient que ça depuis des dizaines d'années. Jasper lui tendit la main, et elle sourit en le voyant bien droit, avec ses yeux dorés.

- Viens.

Ils rentrèrent ensemble, à la villa blanche, s'installant sur une causeuse, tous les deux. Elle aussi était mélancolique. Jasper posa la tête sur son épaule, et elle le rapprocha d'elle, posant une main sur sa joue. Ils attendaient que tout le monde ait finit de parler ou soit en état de discuter. Ils partaient. Elle observa la pièce où elle se trouvait, lâchant un soupir. Ils étaient arrivés ici il y a si peu de temps, mais ils partaient. Comment allait se poursuivre la vie pour le reste de la famille ? Ils allaient tous retrouver un rythme humain, continuer, grandir et vieillir, reprendre là où ils avaient tout quitté. Ils n'auront plus du tout le même rythme qu'eux deux, à présent. Jour et nuit, pour eux, seront bien distincts. Cette idée aussi n'était pas attirante pour Alice. Son humanité s'était faite dans le noir complet. Elle voulait poursuivre dans le soleil et la joie.

- J'ai beaucoup aimé cet endroit, confia-t-il à Alice. Partir est un peu étrange, maintenant qu'on y est rendu.

Il l'attira dans ses bras, et elle le gratifia d'un baiser dans le cou. Oui, c'était triste de partir ainsi, mais c'était la vie, il fallait bien continuer. Ils avaient vécu longtemps seuls, tous les deux, avant de rejoindre les Cullen. Fin d'une époque, maintenant ils repartaient, comme ils étaient venus, un beau matin d'hiver, sans prévenir. Ils feront leurs adieux, puis s'en iront. Alice comptait bien revenir, bien sûr, mais elle ne pouvait pas renoncer à sa vie actuelle pour l'humanité. Elle était heureuse comme ça, et voulait le rester. Une fois que Jasper aura appris à maîtriser son don, ils pourront de nouveau voyager. Ils pourront aller là où il leur plaira, libre, heureux et ensemble.

- Je me demande ce qui va se passer pour eux, murmura-t-il à Alice. Je n'ai jamais cru être... à ma place ici... A cause de la différence. Mais ils vont quand même me manquer.

A Alice aussi, ils allaient tous beaucoup manquer, mais elle ne les oubliera pas, tout comme Jasper. Comment pourraient-ils, de toute façon ? Elle avait passé de trop bons moments avec eux tous pour les effacer ainsi de sa mémoire. Jasper l'embrassa sur le front et elle lui sourit. Elle savait depuis longtemps qu'il s'était toujours senti à l'écart, différent. Mais elle allait s'occuper de lui. Tant qu'ils étaient tous les deux, que pouvait-il arriver de mal ? Avec elle, il n'avait pas besoin de se forcer à être quelqu'un d'autre, à cacher ses doutes ou ses peurs.  Elle l'aimait très exactement comme il était, nul besoin de changer.

- Mais je veux rester avec toi. Pour l'éternité. On a commencé ainsi, on terminera ainsi, tous les deux. Je t'aime.

Elle sourit encore plus fort, prenant le visage de son mari en coupe pour lui donner un long baiser. Oui, c'était cela qu'elle voulait. Qu'ils soient ainsi, tous les deux, à jamais. Elle n'avait pas envie d'une humanité, elle ne voulait pas grandir, elle ne voulait pas être enceinte et mère, elle ne désirait rien de tout cela. Juste être avec lui, et continuer leur existence. Se détachant légèrement de Jasper, elle lui murmura que tout allait bien se passer, assez bas pour que lui seul l'entende. Elle était là pour l'aider à maîtriser son don, reprendre confiance en lui, et avoir cette joie qui la caractérisait et qu'elle voulait lui transmettre. Elle l'embrassait encore lorsqu'elle finit par se rendre compte que Bella était entrée tout doucement dans la pièce. Ah, Edward et elle avaient terminé de discuter ?

- On a entendu... Je... Vous comptez vraiment partir ? Mais... et si on veut vous parler ou... vous voir ?

Alice lui sourit, confiante en l'avenir, et hocha la tête. Oui, ils allaient partir, comment faire autrement ? Deux vampires ne pouvaient habiter dans une maison remplie d'humain, c'était à la fois trop dangereux et trop compliqué.

- Oui, on va partir. Redevenir humains ne vaut pas la peine, pour nous. Mais on se reverra ! On reviendra vous voir, de temps en temps. On va d'abord partir un moment pour que Jasper maîtrise mieux son don, et on reviendra vous faire coucou après.

Elle lança un regard rempli d'amour et de confiance à son mari, les mains toujours accrochées à sa chemise, blottie sur ses genoux. Il pouvait avoir confiance, lui aussi ! Elle visualisait déjà la vie qui les attendait. Après le passage à Volterra, pourquoi ne pas retourner sur les lieux où ils avaient vécu leurs premières semaines ensemble ? Le bar où ils s'étaient rencontrés. La petite chapelle où ils s'étaient mariés. les lieux de leurs premiers émois. Une sorte de pèlerinage, en quelque sorte. Ils pourront aussi faire un tour en Ecosse et au Népal. Ils chasseront dans des immenses forêts ensemble, avant de faire une pause dans un endroit tranquille et ensoleillé. Ils se baladeront sur les plages la nuit, se baigneront tous les deux.

- Mais on sait toutes les deux que le temps est différent, lorsqu'on est vampire... Vous reviendrez souvent ? Tu sais que vous pourrez venir dès que vous en aurez envie, hein ? Tous les deux ?

Alice se leva, après avoir donné un autre baiser à Jasper, puis se jeta dans les bras de Bella pour la serrer contre elle. Bien sûr qu'ils reviendront ! Ils reviendront, ça oui, aucun souci là-dessus. Ils reviendront chaque fois qu'ils le pourront, même s'ils en avaient mare de voir leurs têtes. Elle fit signe à Jasper de les rejoindre, mais se doutait que ce débordement d'affection devait être très dur à supporter pour lui.

- Ta petite bouille d'humaine me manquerait trop, sourit-elle.

Relâchant Bella, elle attrapa la main de son mari et la serra, lui souriant. Bella souriait tristement, de son côté. Alice vérifia rapidement, en se penchant, si Marcus était encore là, étant donné qu'il ne faisait aucun bruit. Mais c'était bon, le vieux vampire n'avait pas bougé d'un millimètre, aussi raide et perdu dans ses pensées que s'il était seul au monde.

- On va aller un moment à Volterra, pour que Jasper puisse s'entraîner, annonça-t-elle. Il faudrait qu'on prenne le remède normal, puis qu'on parte.

- Quoi ? Mais vous allez partir tout de suite, alors ? Vous n'allez même pas attendre un peu ?

- On reviendra un moment avec vous après, évidement ! Mais pour Jasper, c'est trop difficile si ça reste en l'état, il faut régler ça, d'abord. n va aller parler à Aro.

Elle embrassa Bella sur la bouche, puis quitta la pièce, et la villa avec son mari. Ils partirent en voiture, pour aller retrouver le chef des Volturi et lui demander ce petit service.