Pour une question d'apparence

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Carlisle esquiva souplement un petit groupe poussant un brancard en courant vers le bloc, deux jeunes stagiaires perdus dans les couloirs, une infirmière qui éternuait continuellement en remplissant un dossier, un docteur qui râlait contre son assistant, une femme de ménage qui bouclait son service, une secrétaire d'accueil qui soupirait d'un air exaspéré au téléphone... Tout le personnel de l'hôpital, dans l'agitation habituelle, au milieu des cris, des ordres lancés à tout-va, des gémissements, des appels... Il se réfugia dans son bureau, referma la porte, puis ôta sa blouse blanche. Le directeur venait de lui signifier qu'il avait deux semaines de vacances. Il n'aimait pas trop partir, mais il fallait bien qu'il fasse semblant d'être fatigué de temps en temps.

De toute manière, ce n'était pas plus mal ainsi. Les Denali venaient de repartir chez eux, et Alec était donc resté. Et il n'était pas dans un état que l'on pourrait qualifier de bon. Il ressemblait à Jane lorsqu'elle était arrivée pour la première fois à la villa blanche : tremblant, plus pâle qu'un cadavre, très mauvaise mine et complètement abattu. Pratiquement muet, ou avec une voix faible et tremblante. Il était très distant, presque effrayé. Perdu tout simplement. Carlisle fronça les sourcils en rangeant sa sacoche. Séparer Alec et Jane était plus que cruel. Il enfila son manteau et sortit avec ses affaires, saluant quelques collègues au passage. Il s'engouffra dans sa voiture et rentra à la villa. Les enfants étaient revenus du lycée il y a une heure, et chahutaient tous ensemble dans le salon. Il posa un regard affectueux sur eux, alors qu'ils étaient plongés dans leurs activités. Les filles bavardaient avec entrain, Emmett jouaient à des jeux vidéos, Edward et Jasper se disputaient des partis d'échec à tour de bras.

Il posa ses affaires dans une autre pièce, puis repéra Alec. Il était assis dans un coin du balcon au premier étage, et regardait le paysage. Ou du moins, semblait le regarder. Il était aussi immobile qu'un statue, et sans doute aussi grave. Cela produisait un très fort contraste avec les enfants Cullen, qui bavardaient et s'amusaient au rez-de-chaussée. Carlisle l'observa un instant, peiné. Retournant poser sa veste dans sa chambre, il y trouva Esmée, et l'enlaça délicatement.

- Alec m'inquiète, avoua-t-il doucement pour que seule sa femme l'entende. S'il pouvait pleurer, il ne ferait plus que ça.

Il réfléchissait, tout en berçant Esmée. Le sevrage du jeune garçon se passait pourtant bien, mais niveau mental, il était détruit. Rien que le fait qu'il se soit laissé faire lorsque lui et Esmée l'avaient ramené de Seattle prouvait qu'il n'allait pas bien du tout. Cependant, à l'instar de Jane, il ne disait strictement rien, gardant tout bouclé soigneusement au fond de son coeur.

- Il faudrait faire en sorte de lui changer les idées tout en l'intégrant dans notre style de vie, ce sera plus facile pour la suite. On pourrait...

Il s'interrompit, songeur, une vague idée flottant dans ses pensées. Peut-être... Il serait possible de... Non, c'était idiot. Ou pas. Bizarre, en tout cas. Mais après tout, Rosalie, Alice et les garçons le faisaient bien. Et Jasper était la preuve qu'on pouvait très bien se contrôler en le désirant vraiment. Cependant, il y avait deux ou trois petites choses à savoir avant. Il s'en ouvrit à Esmée, lui parlant de son idée, et lui confiant ses doutes.

- C'est en passant par là qu'Alice et Jasper se sont bien intégrés à notre régime lorsqu'ils sont arrivés chez nous. Ça pourrait aider aussi Alec, mais je me demande si on peut le mettre au collège, ou s'arranger pour qu'il entre au lycée et reste avec les autres. Je ne sais pas trop, en plus, physiquement, il fait très jeune... Mais il faudrait savoir son niveau scolaire avant. Qu'en dis-tu ?

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Esmée réfléchissait depuis Seattle, elle ne voyait, ne comprenait pas les intentions d’Aro. Alec progressait dans l’apprentissage, correctement. Mais le moral n’y était pas, cela se voyait. Esmée se trouvait dans la chambre. Elle se dirigea vers la fenêtre pour réfléchir. Ca la perturbait. Et… L’état d’Alec l’inquiétait. Esmée soupira. Elle ferma les yeux et se concentra. Elle alla s’asseoir sur le lit. Toujours pensive. Elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’Aro avait quelque chose en tête, mais elle ne voyait pas quoi. Elle soupira, puis se releva. N’aimant pas de rester là, à rien faire. Elle devait trouver de quoi s’occuper. Mais elle fouillait la pièce du regard et… Ne voyait que ses plans à faire. Elle se dirigea vers ses dessins, quand son époux entra dans la pièce et vint déposer son manteau. Elle lui sourit, puis sentît son époux venir la prendre dans ses bras. Elle se blottit contre lui.

-Carlisle- « Alec m'inquiète, avoua-t-il doucement. S'il pouvait pleurer, il ne ferait plus que ça. »

Esmée se sentît bercée. Elle soupira. Que pouvait-elle dire ? Elle savait que son mari avait raison. Et elle-même s’inquiétait pour Alec. Et la vision de tout ça lui restait désespérément floue. Elle ne voyait pas ce qu’Aro mijotait et ça avait le don de l’agacer. Elle ne connaissait pas suffisamment Aro pour juger de quoique ce soit. Et pourtant, elle avait peur. Et redoutait beaucoup ce que ça impliquerait.

-Carlisle- « - Il faudrait faire en sorte de lui changer les idées tout en l'intégrant dans notre style de vie, ce sera plus facile pour la suite. On pourrait... »

Esmée fixa son époux. «On pourrait… » ? Qu’entendait-il par là ? Elle ne voyait pas ou il voulait en venir et attendit qu’il continue. Elle n’eût pas à attendre longtemps. Carlisle lui expliqua sont idée et lui confia ses doutes. Esmée l’écouta avec attention. Et hocha la tête, pensive. Elle voulu lui dire quelque chose qui pourrait lui ôter ces doutes. Mais, elle-même en avait…

-Carlisle- « - C'est en passant par là qu'Alice et Jasper se sont bien intégrés à notre régime lorsqu'ils sont arrivés chez nous. Ça pourrait aider aussi Alec, mais je me demande si on peut le mettre au collège, ou s'arranger pour qu'il entre au lycée et reste avec les autres. Je ne sais pas trop, en plus, physiquement, il fait très jeune... Mais il faudrait savoir son niveau scolaire avant. Qu'en dis-tu ? »

Esmée réfléchit puis porta son regard par la fenêtre. Carlisle avait raison.

-« Je pense que tu as raison. Il faudrait tester son niveau scolaire. De toute façons, on ne pourra pas faire grand-chose sans... »

Elle reporta son regard sur Carlisle, qui allait chercher Alec.

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Ça ne faisait que très peu de temps qu'il était à Forks, mais il avait l'impression qu'une éternité s'était écoulée. Il avait très mal au cœur, même si ce dernier ne battait plus des siècles. Seule sa sœur occupait ses pensées, jours et nuits, sans cesse. Il ne pensait qu'à elle, et souffrait terriblement d'en être séparée. Il évitait les autres Cullen, restant dans son coin et ne parlant à personne. De quoi aurait-il pu discuter avec eux de toute façon ? Ils n'avaient absolument rien en commun, aujourd'hui encore plus que jamais. Il ne les détestait pas, mais ne les "aimait" pas non plus, enfin, pas au point de pouvoir leur parler de façon naturelle.

Il les entendait tous, au rez-de-chaussée, en pleine activité. Lui regardait pensivement le paysage, aussi immobile qu'une statue. Il n'avait strictement rien à faire là. Ce n'était pas sa famille, ne le sera jamais, pas sa vie. Il soupira profondément, bouleversé. Comment continuer de vivre séparé de sa sœur ?! Comment... Il ferma les yeux, éprouvant une curieuse envie de pleurer.

Des pas le tirèrent de son petit monde et il tourna la tête. Le docteur Cullen était venu le chercher pour lui annoncer qu'il aimerait évaluer son niveau scolaire. Alec cligna des yeux, déstabilisé. Son... Niveau scolaire ? Pardon ? Quel intérêt de savoir ça ? Puis il retomba dans son apathie, aussi rapidement qu'il en était sorti. Quelle importance après tout ?

- Très bien, marmonna-t-il d'une voix atone.

Il suivit le docteur jusqu'à son bureau, où se trouvait déjà Esmée. Si ça les amusait... Il s'assit avec eux, n'écoutant même pas ce que le docteur lui racontait, les yeux dans le vide. Que pouvait bien faire Jane en ce moment ? Avait-elle recommencé à boire naturellement du sang humain ? Aro lui avait-il pardonné ? Il sentait confusément qu'elle n'allait pas bien, sans être capable de l'expliquer.

La sonnerie de son téléphone portable, pourtant faible, le fit violemment sursauter. Il porta un regard confus sur Carlisle et Esmée et leur demanda pardon pour sa réaction. Il tira son téléphone de sa poche et l'ouvrit. on lui avait envoyé une vidéo, qu'il chargea avec une pointe d'appréhension et augmenta un tout petit peu le son. Il reconnut aussitôt l'endroit qui apparut et ouvrit la bouche à moitié, les yeux écarquillés. Sa soeur apparut dans le champ de la caméra, poussée par une femme, Gabrielle. Il se raidit.

Gabrielle : « - Rappelle toi ma belle que tu n'es pas censé résister ! Sinon c'est simple j'accentuerai les douleurs que tu subiras. Comment as-tu osée penser que tu pourrais être heureuse ailleurs qu'avec notre maitre ... Comment as-tu pu imaginer ça espèce de petite garce ... »

Il pâlit, alors que l'autre folle s'allongeait sur sa soeur et la mordait. Non. Non !

Gabrielle : « - On va bien s'amuser ma puce ! J'espère que tu es prête à passer la pire nuit de ta vie ... »

Jane se fit frapper, puis l'autre lui fonça dessus et la mordit, tant de fois qu'il aurait été incapable de compter. Sa sœur criait, sa voix transpirant la souffrance et l'humiliation. Alec avait totalement oublié la présence du couple Cullen juste devant lui, et qui pouvait tout entendre. Il tremblait violemment alors que la vidéo défilait sous ses yeux. Gabrielle continuait à torturer sa soeur, l'air de s'amuser follement.

- Jany, murmura-t-il d'une voix blanche.

Comme il s'y attendait, le don de sa jumelle finit par échapper à son contrôle et foncer sur Gabrielle. Peu de temps hélas. Et la torture reprit, encore plus violente. Il mit une main sur sa bouche, restant fixé sur la vidéo. Sa sœur hurla à nouveau et il se tendit violemment. Jane ! Non, bon sang, bon sang... Il ne pouvait pas supporter de la voir souffrir comme ça, de... Non. Pas elle. pas la seule famille qui lui restait. Pas elle, pas la seule personne qu'il aimait véritablement dans ce monde.

Gabrielle : - Tout ça à cause de la petite Alix ... Tu n'aurais jamais dû prendre en amitié, en affection une petite chienne comme elle. Et puis tenir tête à Aro ... Comment as-tu osée ? Ce n'est vraiment pas intelligent. Comment notre maitre a pu t'accorder sa clémence. Je ne le comprends pas. Tu ne le mérites vraiment pas du tout.

Il ferma un instant les yeux et gémit, incapable de voir ça. Gabrielle poursuivait encore et encore. A un moment, elle bâillonna sa sœur pour l'empêcher de crier, puis se moqua d'elle. Sans même s'en rendre compte, Alec s'était levé, lâchant son portable où continuait de défiler la terrible vidéo. L'image finit par s'arrêter sur sa sœur, attachée et inerte, allongée en-dessous de Gabrielle, et sur son visage tordue dans un cri de souffrance qui ne pouvait sortir. Terriblement pâle, Alec détruit son téléphone d'un mouvement compulsif du poing. Puis il regarda Carlisle et Esmée.

- Je, balbutia-t-il, je m'en vais...

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HRP : Bon, Alec m'a dit d'écrire qu'il nous paralysait et se barrait, hein.^^'

Lorsque Carlisle vint le chercher, Alec eut l'air perdu une micro-seconde avant de retomber dans son apathie. Il marmonna un « Très bien » peu convaincu et le suivit. Cela augmenta l'inquiétude de Carlisle, qui s'était plutôt attendu à ce que le jeune garçon l'envoie balader, qu'il proteste, demande des explications, enfin, qu'il réagisse à la situation ! Mais il avait l'air de se moquer de tout, et même le fait que Carlisle et Esmée veuillent le mettre à l'école ne le réveillait pas. En un sens, c'était très compréhensible, mais malgré tout troublant. Que faire pour qu'il recommence à vivre ? Pas grand-chose, il en avait peur. Il le guida jusqu'à son bureau, où se trouvait déjà Esmée, et tenta d'expliquer au jeune garçon pourquoi ils comptaient faire ça, et ce qu'ils avaient besoin de savoir. Peine perdue... Il était quasiment certain qu'Alec n'écoutait rien. Il était là physiquement, mais son esprit était ailleurs. Et inutile de posséder le don d'Edward pour savoir qu'Alec pensait à sa jumelle.

Il cherchait un moyen de l'intéresser, lorsque le portable du jeune garçon sonna. Il eut un violent sursaut, tiré de ses pensées et leur balbutia un ou deux mots d'excuses, l'air totalement perdu. Carlisle échangea un regard navré avec Esmée. Puis une voix narquoise et mauvaise s'éleva, une voix qui n'augurait franchement rien de bon.

« - Rappelle toi ma belle que tu n'es pas censé résister ! Sinon c'est simple j'accentuerai les douleurs que tu subiras. Comment as-tu osée penser que tu pourrais être heureuse ailleurs qu'avec notre maître ... Comment as-tu pu imaginer ça espèce de petite garce ... »

Il tourna aussitôt le regard vers leur « protégé ». Il avait les yeux rivés sur son portable, plus pâle que jamais, et ne leur prêtait plus la moindre attention. Il entendit des bruits de coups, des gémissements, puis un brusque cri de douleur. La voix de Jane, il n'y avait plus aucun doute. Ce qui se confirma en avisant la réaction d'Alec. Il avait l'air prêt à fondre en larmes, blanc comme un mort, et il murmura le sur nom de sa sœur. En bas, le silence s'était fait, et Carlisle savait que ces enfants se demandaient ce qui se passaient. Lui-même n'osait plus bouger, effaré par ce qu'il entendait, et n'osait imaginer les images qui devaient accompagner le son. Les hurlements de Jane retentirent à nouveau, chargés de douleur. Il se crispa violemment, attrapant la main d'Esmée sous le bureau. Qu'arrivait-il à Jane ?! Que lui faisait-on subir ? Et pourquoi... Qu'avait-elle fait qui justifierait un tel traitement ? Ses cris furent soudains étouffés, comme si sa tortionnaire lui avait plaqué une main sur la bouche ou l'avait bâillonné. A moins qu'elle n'ait tout simplement plus la force de hurler.

Gabrielle : - Tout ça à cause de la petite Alix ... Tu n'aurais jamais dû prendre en amitié, en affection une petite chienne comme elle. Et puis tenir tête à Aro ... Comment as-tu osée ? Ce n'est vraiment pas intelligent. Comment notre maître a pu t'accorder sa clémence. Je ne le comprends pas. Tu ne le mérites vraiment pas du tout.

Esmée blêmit en entendant le nom d'Alix et il lui serra la main pour la réconforter. Quand à Alec... Il s'était levé, lâchant son portable. Carlisle eut le temps d'apercevoir très brièvement sa sœur, attachée, bâillonné, et apparemment très affaiblie, avant que son frère ne détruise le téléphone d'un geste sec. Il les fixa, les yeux noirs et le teint blafard. Le médecin compris avant qu'il n'ouvre la bouche et se leva à son tour.

Alec - Je, balbutia-t-il, je m'en vais...

Carlisle - Alec, attend, dit-il en levant une main vers lui. Tu as reçu cette vidéo parce qu'ils voulaient t'attirer là-bas. C'est un piège ! Si tu y vas, tu risques de subir la même chose que ta sœur jumelle. Que tu en sois bouleversé est normal, mais je t'en conjure, ne fais pas de bêtise ! Si tu...

Il n'eut le temps de rajouter autre chose. Une sorte de vapeur noire s'échappa des mains d'Alec et les enveloppa tous les deux. Il s'effondra, ne sentant plus rien, ne voyant plus rien, n'entendant plus rien, totalement paralysé. Il tenta de se débattre, d'appeler, de bouger, mais son corps refusait de lui obéir. Il tenta de combattre la panique et la peur l'envahissant. Il ne sut combien de temps il resta plongé dans cette sorte de coma choquant, ce vide terrifiant, ce néant total, mais il vint un moment où il recouvra le contrôle de ses sens. Clignant des yeux, il se redressa. Lui et Esmée étaient effondrés au sol. Il se précipita sur cette dernière et la prit dans ses bras.

Carlisle - Ma chérie, tu vas bien ?

Il lui frotta doucement le dos en la gardant contre lui. Alec avait bien entendu disparu... Il aida Esmée à se relever et ils sortirent. Impossible de le poursuivre ! Lui savait peut-être où se trouvait sa soeur, mais pas eux. de plus, ils ignoraient combien de temps avait duré leur coma. désorienté et perdu, Carlisle ne savait plus comment réagir.

Carlisle - Bon, murmura-t-il pour Esmée. J'espère que ça va bien se passer pour eux mais...

Il n'eut pas le courage d'achever sa phrase. Selon ce qu'il avait entendu, Jane était passée par quelque chose de terrible. Qui sait ce qui attendait Alec une fois qu'il sera face aux Volturi ? Il serra sa femme dans ses bras, regrettant que les choses se soient passées ainsi.

» Et une petite folie pour la Saint-Jean, une ! [Défi de Jasper pour Adalyn]
» Pour la Résistance
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» Une ruse pour une vie.