Le soleil se levait lentement, mais sa lumière, très pâle, se retrouva rapidement cachée par les lourds nuages gris. Un temps si habituel que l'on n'y prêtait plus attention. Le village de Beith s'éveillait. Le camion du boulanger se retrouvait chargé pour la tournée matinale, alors que le magasin ouvrait avec la figure souriante de la patronne qui hissait les rideaux avec force. A côté, un grand-père sortait de chez lui en s'appuyant sur sa canne, partant acheter son journal du matin au kiosque du coin, humant au passage l'odeur de pain chaud. Les fenêtres s'ouvraient, quelques personnes fonçaient dans leurs voitures, une moitié de tartine dans la bouche et la mallette dans une main.
Rosalie observait tout cela depuis la fenêtre de sa chambre. Beith. Les voilà revenus en Europe, dans le Nord de l'Ecosse, plus précisément. Pourquoi ici ? Il n'y aurait pas d'Enfants de la Lune, pas encore du moins, et vivre au milieu d'humains ferait du bien à Renesmée. Rosalie avait l'air d'une statut de marbre, debout, ainsi, à sa fenêtre, le vent agitant doucement ses cheveux d'or. Elle n'était pas humaine, n'en avait pas l'air.
Elle s'habilla, se coiffa puis prit son sac. Elle descendit et sortit dehors, sans prévenir personne. Marchant dans les rues, elle salua d'un sourire ceux qui lui disaient bonjour. Elle se rendit directement à l'orphelinat du village, situé un peu de dehors, et assez important. Il accueillait beaucoup d'enfants, qui commençaient à peine à se réveiller. Dans le hall d'entrée, elle fut accueillie par une femme assez grande et forte qui lui fit un large sourire.
- Madame, dit-elle en lui serrant la main. C'est pour une adoption ? Ou des renseignements sur un de nos anciens résidents ?
- Non, madame. Je cherche du travail.
Deux bonnes heures plus tard, elle serrait la main de sa nouvelle patronne, qui l'emmena faire un tour du propriétaire. Rosalie n'avait pas averti qui que ce soit, pas même Emmett, qu'elle comptait se lancer là-dedans. Ils comprendront. Ou non. Peu importe. Elle installa ses affaires dans ses nouveaux quartiers, situés tous près des chambres des enfants. Elle voulait rester ici. S'occuper de ces enfants, vivre enfin sa vie.