Edward Elric était définitivement le pire crétin que cette terre ait jamais porté. Roy remercia l'officier qui lui laissa son bureau, restant bien debout, très droit, très raide, les poings serrés, la main crispée avec force sur le téléphone. Il appela au QG, annonçant son nom et son grade au standard, demandant à parler au lieutenant Hawkeye. Il attendit quelques minutes, s'asseyant sur le bord du bureau en bois, regardant sans les voir les murs gris et vides de toute trace de décoration. Cette forteresse était assez pesante... D'autant plus que Roy savait très bien pourquoi ils avaient eu des secours, la générale Armstrong avait dû se méfier en le voyant dans le Nord. Il salua Riza par son grade lorsqu'elle arriva, comme à chaque fois qu'ils utilisaient une ligne de l'armée ou étaient au travail. Il lui raconta rapidement ce qui s'était passé cet après-midi, l'attaque par Scar, Edward, son automail brisé, le fait qu'il ne leur ai rien dit plus tôt, encore vibrant de fureur. Sa voix trahissait sans aucune peine la colère qui le rongeait encore, il n'en revenait pas que le jeune alchimiste ait pu leur dissimuler que son automail le blessait.
– Cet imbécile est en train d'être soigné, siffla-t-il d'un ton très noir. Je retourne lui crier dessus ensuite.
Roy retint un soupir en passant une main sur son front, repoussant une ou deux mèches, calant un peu mieux le téléphone contre son oreille. Riza devait sans doute être furieuse, elle aussi. Cacher un "détail" pareil ! Pourquoi avait-il fait ça ?!
– Il est irrécupérable... soupira-t-elle, reprenant ensuite d'un ton plus inquiet. Je lui dirai deux mots à son retour. Vous n'avez rien, vous ? Pas de blessures graves ?
– Non, rien. C'est Edward qui a eu le bras arraché, des engelures... On va sans doute devoir le renvoyer à East City. Scar était seul, lors de l'attaque, aucune trace du commandant Madless, nous allons poursuivre les recherches. Pour le moment, nous sommes au fort de Briggs, leurs troupes sont intervenues pendant le combat. Ce type est bien un Ishbal. Mais il utilise l'alchimie.
Scar avait un motif parfait et légitime de vengeance, pour autant, il n'avait pas hésité à s'en prendre à Edward simplement car il possédait la licence d'alchimiste de l'armée, alors qu'il n'avait jamais participé à aucune guerre. Ce n'était qu'une brute sanguinaire qui ne souciait pas de savoir si un enfant avait participé à la guerre ou non, s'en prenant à tous les toutous de l'armée sans exception. Un Ishbal. Un moine guerrier Ishbal, au vu de sa carrure et de sa technique de combat. Un Ishbal qui utilisait l'alchimie alors que c'était cette même alchimie qui avait détruit les siens. Il entendit Riza bouger, reprenant la parole d'un ton choqué.
– Un Ishbal qui utilise l'alchimie ? Je ne comprends pas, je croyais qu'il fallait d'office reconstruire. S'il s'arrête à la destruction, il ne manque pas une étape ?
– Il y a trois étapes et il s'arrête à la deuxième, mais cela reste de l'alchimie. Il a un motif de vengeance solide contre les alchimistes d'état, pourtant, il s'en prend à un gosse qui n'a jamais participé à la guerre. Edward ne sait que les grandes lignes de cette histoire, avec ça, il ignore ce qui s'est passé réellement. Pourquoi il est visé.
– Il est aveuglé par la vengeance... Et je peux le comprendre.
Peut-être... Il s'en prenait à un gamin sans défense, comme Roy et ses pairs l'avaient faits, contre des femmes, des bébés, des vieillards. Sa subordonnée avait pris un temps plus sombre, écho à la tête que le colonel tirait en cet instant. Un léger silence s'écoula, sur une note plus sombre.
– Il faudrait avertir Edward. Il est en danger, maintenant, Scar le connaît.
– Lieutenant, soupira-t-il, nous sommes en pleine mission, ce n'est pas le moment de raconter en détails ce qui s'est passé à Ishbal. Il est sur ses gardes, je compte bien l'alerter.
Roy n'avait pas envie de s'asseoir à côté de lui pour tout lui dire platement, c'était au-dessus de ses forces. Il avait toujours esquivé ce genre de conversations avec un très grand soin, ce n'était pas pour revenir dessus maintenant. Oui, Edward avait le droit de savoir, il devait être mis au courant... Et ce sera fait d'une autre façon.
– Je ne sais pas s'il était assez sur ses gardes, il sous-estime Scar. Son désir de vengeance est immense, il faut le prévenir. Si vous ne pouvez pas, je le ferai.
– S'il écoute.
– Faites-moi confiance, il m'écoutera. Je lui expliquerai tout, j'en suis capable.
Si elle le disait. Il se contenta d'hocher la tête, bien qu'elle ne puisse pas le voir.
– Je vous avertirai pour que vous puissiez le récupérer à la sortie du train.
Elle le remercia et il échangea encore un ou deux mots sur les affaires en cours au QG Est avant de raccrocher, ressortant du bureau. Parfait, maintenant, retrouver ses coéquipiers et vérifier s'il pouvait voir Edward. Il avait des petites choses à lui hurler, encore...