[Défi pour Jaz' - HC] Conversation père-fils

Carlisle ouvrit les rideaux dans le salon, une tasse de café à la main, laissant passant le soleil matinal. L'été était enfin arrivé, enfin, il restait un ou deux jours d'école. Le médecin observa un moment la forêt et les montagnes au loin, recouvertes de brume épaisse, signe d'un assez beau temps, fait rare dans la petite ville de Forks. Il finit son café. Il allait lever les enfants les plus jeunes, alors que leurs aînés étaient déjà debout, faisant un peu de bruit dans la salle de bain. Tout en lavant la tasse, il sourit à sa femme qui descendait et partait elle aussi. Elle commençait plus tôt, aujourd'hui, et le salua assez vite avant de quitter la maison.

Ils avaient emménagés à Forks quelques années plus tôt, dans cette grande villa. Carlisle travaillait à l'hôpital de Forks, et son épouse était institutrice à l'école primaire. Ils avaient quatre enfants. Des jumeaux, Jasper et Rosalie, âgés de dix-huit ans, et deux autres enfants, beaucoup plus jeunes. Edward, onze ans, tout juste entré au collège, et la petite sœur, Bella, huit ans, encore à l'école primaire. Les deux petits dormaient dans la même chambre, au premier étage. Il s'approcha du lit de son fils et lui secoua doucement l'épaule.

- Debout, c'est ton dernier jour au collège, aujourd'hui, mon poussin.

Il l'incita à se lever, puis se tourna ensuite vers le lit de sa fille, fourrée sous ses couvertures, profondément endormie. Il s'assit sur le lit à côté d'elle, et passa une main dans ses cheveux, lui chatouillant la joue pour la réveiller, alors qu'Edward se levait déjà. Il se pencha et retira un peu la couverture, puis s'empara de sa fille pour l'attirer contre lui. Elle bredouilla de la laisser dormir, s'agitant pour essayer d'attraper les couvertures. Attendri, Carlisle la pris dans ses bras et la souleva, se levant, serrant sa fille contre lui. Il l'emmena dans une des salles de bain, et fit prendre sa douche à sa fille, puis la fit s'habiller, alors qu'elle dormait debout.

Une fois que les deux enfants furent prêts, qu'ils aient mangés et tout, il s'assura qu'ils avaient leurs affaires et les fit monter dans la voiture. Il déposa d'abord Edward au collège, puis conduit Bella à l'école primaire, devant le portail. Une fois fait, il fila à l'hôpital pour sa journée de travail.

Le soir, il ne récupéra que sa fille. Edward dormait chez un ami, et Rosalie avait une soirée. C'était les vacances d'été. Tenant la main de sa fille, il dû faire une petite course avec elle, pour le repas du soir. Alors qu'il passait près du rayon pharmacie, il vit soudain son fils, son sac de cours sur le dos et clé de voiture en main, acheter une boîte de préservatifs. Il reconnut la boîte, pour en avoir vu souvent passer à l'hôpital lors de la campagne contre le sida.

- Jasper, murmura-t-il avec un petit sourire.

Voir son gamin acheter ce genre de trucs faisait bizarre. Et filait un sacré coup de vieux. Ses enfants qui grandissaient, qui commençaient à penser à autre chose qu'aux copains et aux jeux vidéos. Bella tira tout à coup sur sa manche, et il baissa la tête sur elle.

Bella - Papaaa, je peux avoir des bonbons, moi aussi ?

Hein ? Il chercha quelques secondes puis comprit. Ah oui, à huit ans, elle ne pouvait pas comprendre. Il se mit à sa hauteur et lui sourit, posant une main sur son épaule.

- Ce ne sont pas des bonbons, ma puce. Ton frère a simplement acheté quelque chose qui doit le protéger. Et il fait bien, car s'il était parti sans ça, et que je le sache plus tard, je lui serais tombé dessus.

Et pas qu'un peu, même... Carlisle avait après tout prévenu ses enfants assez jeunes de faire attention, de toujours se protéger. Pas question qu'il les retrouve à l'hôpital, après tout ! Et Jasper, tout comme Rose, étaient assez grands pour prendre leurs responsabilités. Sa fille fit une petite moue, regarda son frère qui quittait le magasin, et reprit.

Bella -Mais les bonbons, ça protège de la faim, donc je peux en avoir quand même ?

- Ma puce, tu te souviens de ce que je t'ai dit en sortant du dentiste avant-hier ? Pédale douce sur les sucreries, c'est mauvais pour tes dents. Tu mangeras un fruit à la maison.

Elle fit la moue et croisa les bras, marmonnant un d'accord peu enthousiaste. Il lui ébouriffa les cheveux en souriant puis lui reprit la main pour terminer les courses. Quand ils retournent à la maison, Jasper était dans le salon, en train de pianoter sur son téléphone portable. Laissant Bella aller jouer plus loin, il s'assit près de son fils.

- Jasper, je dois te parler. Et éteint ce machin, s'il te plaît.

Il lui prit son portable des mains et le posa fermement sur la table du salon. Regardant ensuite son fils, il lui dit d'un posé.

- Je t'ai vu acheter quelque chose, toute à l'heure... Sur ça, rien à dire. Je suis très content que tu ais conscience de te protéger. En revanche, pourquoi n'as-tu jamais dit que tuas une petite amie ?

Jasper regarda pour la énième fois son monstre, tapant impatiemment du pied à la porte de la salle de bains. Lui était déjà prêt, habillé, coiffé, apprêté, prêt pour cette dernière journée. Ils avaient passés les examens, il ne lui restait plus qu'un oral aujourd'hui, et après, c'était les vacances d'été. Il relis la fiche qu'il s'était faite, appuyer contre le mur, puis finit par relever la tête, un peu agacé.

- Rose ! Tu te bouges ?

Seul un bruit d'éclaboussures lui répondit. Certains jours, franchement, il avait envie de tuer sa sœur jumelle ! Elle passait toujours trois heures dans la douche, plus un temps fou à se coiffer, puis à se maquiller. D'accord, elle était super belle, il l'admettait facilement, mais qu'elle arrête un peu de passer autant de temps à se préparer qu'une star de cinéma ! Il replongea dans ses livraisons, un œil sur la montre, l'autre sur le chronomètre qu'il avait enclenché lorsque Rosalie était entrée dans dans la salle de bains. Son record absolu, cinq heures et quarante-cinq minutes, établi un soir de réveillon. Pas mal, même maman avait beaucoup râlé ce soir-là, histoire qu'elle soit sortie avant qu'ils ne parent réveillonner.

Enfin, mademoiselle daigna sortir de la salle de bains. Il attrapa ses clés de voiture et sortit avec sa jumelle, s'engouffrant dans la voiture. Ils s'arrêtèrent au lycée, et il laissa sa sœur rejoindre ses copines, alors que lui-même allait re-vérifier l'horaire de son dernier oral. Allez, plus qu'un examen, et c'était les vacances. Tout en discutant avec ses amis, il repensa à Alice. Alice, la petite Alice, la fille des gérants du restaurant, flette et vivace, mignonne et intelligente, belle et réfléchie. Il sortait avec elle depuis plusieurs mois, et tous avaient rendez-vous demain soir. Il attendait le moment avec une impatience extrême. Le soir venu, laissant sa sœur dormir chez Angela, pour sa première nuit de vacances, il fila jusqu'au magasin général. Acheter une boîte de préservatifs.

Il rougit quelque peu à la caisse, mais l'homme qui le fit payer se contenta de lui faire un sourire bienveillant. C'était la première fois que Jasper effectuait ce genre d'achat, mais il valait mieux. Si jamais il passait à l'acte sans se protéger, et que son père l'apprenait ensuite, autant dire qu'il était mort et enterré. Danger, dans ces situations, d'avoir un père médecin. Il se ferait assassiner sur-place, laminer, étriper. Dooonc, autant éviter de prendre des risques.

Rentrant à la maison, il cria "Je suis rentré !" à la porte, mais seule sa mère était revenue. Bah, où était passé son père et les deux mômes ? Ah oui, Edward était aussi chez un de ses copains. Et Bella ? Son moustique de petite sœur adorée était sûrement avec leur père. Il se laissa tomber dans le canapé, sortant son portable pour échanger des textos amoureux avec Alice. Il était occupé à ça lorsqu'un bruit de voitures se fit entendre, puis la porte d'entrée. Il jeta à peine un coup d'œil à son père, perdu dans ses pensées.

Papa - Jasper, je dois te parler. Et éteint ce machin, s'il te plaît.

Son père s'était assis à côté de lui, et lui prit son portable des mains. Non mais eh ! Qu'est-ce qu'il avait fait, encore ? Il détestait quand son père prenait ce temps aussi sérieux, c'était toujours comme ça quand il voulait l'engueuler ou qu'il avait une nouvelle grave à lui dire. Jasper fit donc la moue, peu enthousiaste.

Papa - Je t'ai vu acheter quelque chose, toute à l'heure... Sur ça, rien à dire. Je suis très content que tu ais conscience de te protéger. En revanche, pourquoi n'as-tu jamais dit que tu as une petite amie ?

Jasper devient cramoisi. Il l'avait vu ?! Il mit plusieurs secondes à digérer ça, se sentant affreusement que son père, son propre père, l'ait vu acheter des préservatifs. Et il était médecin, en plus ! Comme si les adolescents emmenaient leurs parents avec eux pour ce genre d'achats. Il finit par se reprendre et leva légèrement les yeux au ciel.

- Papa, je vais vous raconter toutes mes histoires non plus ! C'est normal d'avoir une copine, à mon âge. Et je sais que si je l'avais amené ici, toi et maman, vous lui auriez fait passer un interrogatoire pour mieux la connaître, Rosalie l'aurait ignoré, voir prise en grippe, puis les deux petits ne l'auraient plus lâché.

Avec ça, il n'avait pas dit à Alice qui était ses parents, craignant qu'elle ne le considère que comme un gosse de riches. Il y avait ça, aussi ! Mais son père ne le comprendra sans doute pas.

- Tu m'as déjà expliqué à quel point c'est important de se protéger et tout. Mais je n'ai plus dix ans, je suis capable aussi de mener ma propre vie.

Son fils devint presque aussitôt rouge vif, ses joues prenant une magnifique couleur cramoisie. Carlisle attendit patiemment, sans cesser de le fixer. Il voudrait bien savoir, et son fils n'allait sûrement pas tarder à se livrer. De plus, il était tout à fait normal, pour un père ou une mère, de voir si son enfant avait de bonnes fréquentations, et s'il était heureux. Surtout à l'âge de Jasper et Rosalie ! Pour Edward et Bella, Carlisle était moins inquiet. Ni l'un ni l'autre ne s'intéressaient encore au sexe opposé, pas plus que leurs camarades, et leurs plus graves soucis étaient sans doute les devoirs à rendre ou comment convaincre leurs parents d'inviter tant de camarades à la maison pour leur goûter d'anniversaire.

Jasper et Rose, cependant, devenaient adultes. En plus de l'amour, ils commençaient à s'orienter dans leur vie professionnelle. A cet âge plus que tout autre, les parents devaient être là afin de les guider, les rassurer, répondre à leurs questions, et les mettre en garde. Jasper, cependant, ne devait pas exactement suivre son mode de pensée car il avait levé les yeux au ciel.

Jasper - Papa, je vais vous raconter toutes mes histoires non plus ! C'est normal d'avoir une copine, à mon âge. Et je sais que si je l'avais amené ici, toi et maman, vous lui auriez fait passer un interrogatoire pour mieux la connaître, Rosalie l'aurait ignoré, voir prise en grippe, puis les deux petits ne l'auraient plus lâché.

Carlisle pinça légèrement les lèvres. Et bien, il ne savait pas que son fils les considérait comme ça... Un petit frère et une petite sœur collants. Une sœur jumelle possessive et peu aimable avec les les filles qui l'approchaient, des parents sur-protecteurs et pots de colle. Génial. Vive la considération des adolescents. Rose pensait-elle la même chose ? Ce serait possible, mais il n'avait guère envie de vérifier, pour le coup.

Jasper - Tu m'as déjà expliqué à quel point c'est important de se protéger et tout. Mais je n'ai plus dix ans, je suis capable aussi de mener ma propre vie.

Carlisle eut un léger soupir, regardant toujours son fils.

- Je sais que tu n'as plus dix ans, Jasper. Mais à ton âge, quand on commence à se rapprocher... Physiquement de son ou de sa petite amie, il faut garder quelques règles en tête. Ce que tu as acheté ne suffit pas toujours, tu sais.

Il se pencha, et sortit un petit carnet de la poche de sa veste.

- Toi et ta copine, vous allez venir à l'hôpital pour faire le test dont je t'avais parlé.

Autrement dit, le test du sida, comme Carlisle lui en avait déjà longuement parlé. C'était un test assez simple, et si la relation de Jasper avec sa petite amie se consolide et devient plus sérieuse avec le temps, qu'ils envisagent de rester ensemble à long terme, il faudra bien que l'un et l'autre sachent s'ils peuvent avoir des relations sexuelles non protégées. Il savait que Jasper n'était que peu réceptif à cette idée, mais c'était pour son bien.

- Vous pourrez, demain matin ? Je vous emmènerais directement à l'hôpital.

Papa - Je sais que tu n'as plus dix ans, Jasper. Mais à ton âge, quand on commence à se rapprocher... Physiquement de son ou de sa petite amie, il faut garder quelques règles en tête. Ce que tu as acheté ne suffit pas toujours, tu sais.

Ah ? Et qu'est-ce qu'il voulait faire de plus ? Alice prenait la pilule, il lui avait déjà posé la question. Et lui comptait bien se protéger. Alors quoi ? Son père se pencha et tira un carnet de sa sacoche. Jasper croisa lentement les bras en soupirant. Il n'arrivait pas à croire que son père se préoccupe de ça ! Il n'avait rien dit à Rosalie lorsqu'elle s'était mise à sortir avec Emmett. Esmée lui avait sans doute parlé en privé... Mais leur père n'avait pas à s'en inquiéter. Il était assez mature pour savoir ce qu'il devait faire et comment. Les règles, il les avait parfaitement en tête, merci bien ! On ne brade pas les beaux sentiments avec n'importe qui, on fait attention à sa santé, on se protège lors des rapports sexuels, et ainsi de suite. Avantage d'avoir un père docteur, il était parfaitement au courant de ce genre de choses.

De toute façon, Jasper estimait être assez grand pour prendre ses responsabilités. Il ne sautait pas sur toutes les filles non plus, et était capable de comprendre qu'on devait se protéger. Il n'était pas crétin non plus ! Parfois, il avait vraiment l'impression que ses parents ne voyaient pas qu'il avait grandi, qu'il était capable de prendre ses propres décisions, qu'il n'était plus un enfant.

Papa - Toi et ta copine, vous allez venir à l'hôpital pour faire le test dont je t'avais parlé.

Le test... Le test du sida ? Ah non ! Et puis quoi encore ? Pourquoi pas l'examen de la peste, tant qu'on y est ! C'était génial, ça, pour débuter une relation ! "Oh, Alice, il y a deux trucs que je ne t'ai pas dit. En fait, mon père est docteur, et il veut qu'on aille passer un petit test pour savoir si je peux faire un enfant avec toi !" Ah oui, là, parfait, c'était génial pour débuter une relation.

Papa - Vous pourrez, demain matin ? Je vous emmènerais directement à l'hôpital.

- Mais... Papa ! Alice ne sait même pas que tu es médecin, je vais quand même pas l'emmener à l'hôpital pour ça !

Il n'en revenait pas que son père ne comprenne pas ça. Il ne pouvait pas forcer Alice à se faire dépister, ce n'était pas possible ! Surtout aussi rapidement ! Ils ne sortaient pas ensemble depuis si longtemps, quelques mois tout au plus, alors non, c'était trop tôt, trop rapide, trop... Trop ! Bella débarqua tout à coup dans le salon, courant vers eux, et sauta sur les genoux de leur père.

Moustique - Papa a toujours dit qu'on devait aller à l'hôpital quand n'était pas bien ! Pas juste, faut que tu y ailles !

- De quoi tu te mêles, moustique ? siffla Jasper, agacé. Je ne suis même pas malade, avec ça !

Moustique - Papaaa, il m'a traitée de moustique ! Et puis, si t'es pas malade, t'as quoi alors ? Papa le sait mieux que toi, s'il dit que tu dois y aller, faut que tu y ailles !

Jasper leva les yeux au ciel, exaspéré, et ne voyant vraiment pas pourquoi sa sœur se mêlait de ça.

- Mais ça ne te regarde pas ! C'est pour un examen de contrôle ! Et il n'y a pas de raisons que je le fasse maintenant. De quoi tu t'occupes, toi ? Tu es trop petite pour comprendre, retourne jouer à la poupée.

Moustique - Pas envie de jouer à la poupée, d'abord ! Et puis, tu as acheté des bonbons pour te protéger, pourquoi tu les as pas mangé ? Je t'ai vu, dans le magasin !

Jasper leva les yeux au ciel, lui répondit sèchement que ce n'était pas du tout des bonbons, puis fourra la main dans sa poche pour en sortir le paquet. Il s'arrêta cependant net en croisant le regard d'avertissement de Carlisle. Ok, d'accord... Il se laissa retomba contre le dossier du fauteuil et croisa les bras.

- Ok, ok... Mais non, p'pa, je n'irais pas à l'hôpital dès demain. Et toi, moustique, retourne à tes propres occupations.

Moustique - Nan, je veux pas, je reste ici !

Elle s'agrippa encore plus à leur père.

Moustique - Et c'est quoi, alors ? Je partirai pas tant que je saurai pas !

- Fous-moi la paix, Bella.

Il récupéra son portable, et partit à grands pas, avant de se fourrer dans sa chambre et se jeter sur on lit, avec un grand soupir.

Bella courait avec des chevaux, partout, elle volait presque ! Elle en était sûre, ils comprenaient ce qu’elle disait, ils l’aimaient et voulaient qu’elle soit leur reine et qu’elle voyage avec eux. C’était magnifique, magique ! Oui, enfin, jusqu’à ce qu’elle sente quelque chose l’attirer à elle, la tirant doucement de ce qu’elle pensait être la réalité. Bella n’ouvrit même pas les yeux, voulant rester endormie. Elle connaissait déjà l’auteur de cet affront horrible : son père. Lorsqu’elle sentit une main passer dans ses cheveux et lui toucher la joue, la fillette plissa encore plus les yeux pour montrer qu’elle voulait dormir. Dormir. Dormir. Retourner jouer avec les chevaux. Mais dormiiiir !

Seulement, son père ne semblait pas du même avis. Après quelques secondes, Bella se sentit attirée dans les bras de quelqu’un. Mais non, elle voulait dormir ! Elle bredouilla à son père de la laisser dormir et s’agita pour essayer de regagner son lit, ses couvertures bien chaudes, douillettes, favorables à de beaux rêves. Mais, définitivement, son père n’était pas enclin à la laisser dormir. Cruel ! Horriblement cruel ! Il la prit dans ses bras, la tirant complètement du lit alors qu’elle s’agrippait à lui pour ne pas tomber. Pff, quitte à devoir bouger, autant bien s’accrocher. Elle cacha son visage à l’aide de ses mains, éblouie par le Soleil, voulant gagner quelques minutes de plus. Ce ne fut que lorsque Bella toucha le sol froid qu’elle frissonna, ne lâchant pas la jambe de son père, encore moins ses bras par peur de tomber. La jeune enfant tentait, en vain, d’ouvrir les yeux mais ils semblaient comme collés. Beuh. Tant pis.

Tout s’enchaîna très vite, ensuite. Bella s’était retrouvée habillée comme par magie et, après son petit-déjeuner, fut conduite à l’école où elle apprit plein de nouvelles choses. Le soir, son père vint la chercher et ils firent un crochet par le magasin. Ce centre commercial immense, pour elle, où il y avait toujours plein de bonnes odeurs, plein de choses à prendre, à manger… Miam. Mais ce n’était pas ça qui perturbait Bella, pour le moment. Elle venait de voir son grand frère, Jasper, acheter une boîte avec des trucs ronds. Des bonbons ! C’était pas juste, elle en voulait aussi ! Elle avait vu que son père avait aperçu Jasper aussi, il l’avait regardé et faisait une tête bizarre. Donc, autant en profiter. Tirant sur sa manche, Bella le regarda avec les yeux qui disaient « Pitié, pitié, je suis gentille et sage comme une image » et lui dit :

Bella – Papaaa, je peux avoir des bonbons, moi aussi ?

Son père ne répondit pas tout de suite. Eh oui, c’était raté, Bella avait vu que Jasper avait acheté des bonbons ! Il pouvait pas refuser, eh toc ! Mais son père s’abaissa, lui posant une main sur l’épaule. Quand il faisait ça, c’était raté.

Papa – Ce ne sont pas des bonbons, ma puce. Ton frère a simplement acheté quelque chose qui doit le protéger. Et il fait bien, car s'il était parti sans ça, et que je le sache plus tard, je lui serais tombé dessus.

Hein ? C’était pas des bonbons ? Mais c’était quoi, alors ? Bella était sûre que son père mentait, que c’était une autre tactique pour la déconcentrer et lui faire perdre son objectif de vue. Elle ne cessait de faire la navette entre son père et son frère, cherchant quelque chose à répondre. Elle ne comprenait rien du tout et le montrait, mais elle voulait ses bonbons. Et elle les aurait ! Reprenant, déterminée, Bella dit :

Bella – Mais les bonbons, ça protège de la faim, donc je peux en avoir quand même ?

Papa – Ma puce, tu te souviens de ce que je t'ai dit en sortant du dentiste avant-hier ? Pédale douce sur les sucreries, c'est mauvais pour tes dents. Tu mangeras un fruit à la maison.

Roh. Quand son père dit cela, c’est même pas la peine d’essayer, c’est perdu d’avance. Bella fit la moue « je râle et je boude » en croisant les bras pour accentuer la chose. Il allait craquer, cette fois. Pour en rajouter une couche, elle bredouilla un d’accord sans y croire une seconde et... son père lui ébouriffa les cheveux. Mais eh ! Et ses bonbons, alors ?! Il lui prit la main, l’éloignant du rayon tant désiré. Maiiiis, ses bonbons…

C’était injuste. Carrément injuste. Mais tant pis pour cette fois, Bella aurait sa revanche la prochaine fois. Elle se tut pendant le reste des courses et fila lorsqu’ils arrivèrent à la maison, se cachant dans un coin, plus loin. Pourquoi ? Car elle avait vu son père se diriger vers son frère. Il allait l’engueuler, il allait l’engueuler, il allait l’engueuler ! Et elle voulait tout entendre ! Et ça commençait fort, en plus, vu qu’elle l’entendit lui prendre son téléphone des mains. Eh toc !

Papa – Je t'ai vu acheter quelque chose, toute à l'heure... Sur ça, rien à dire. Je suis très content que tu ais conscience de te protéger. En revanche, pourquoi n'as-tu jamais dit que tuas une petite amie ?

Hein ? Il était où, le rapport entre une petite amie et les bonbons que Jasper avait achetés ? Bella était complètement perdue, là. Ou alors, il voulait faire plaisir à son amoureuse et c’était comme ça que leur père avait tout découvert ? Il était fort. Très fort. Elle retenait son souffle, se plaquant la main sur la bouche pour ne faire aucun bruit.

Jasper – Papa, je vais vous raconter toutes mes histoires non plus ! C'est normal d'avoir une copine, à mon âge. Et je sais que si je l'avais amené ici, toi et maman, vous lui auriez fait passer un interrogatoire pour mieux la connaître, Rosalie l'aurait ignoré, voir prise en grippe, puis les deux petits ne l'auraient plus lâché.

Les deux petits ? Mais eh ! Là, c’était méchant ! Cruel, c’était injuste. Bella avait bien envie d’intervenir, juste pour râler et faire une crise. Son frère ne l’aimait pas, alors ? Il ne lui disait même pas qu’il avait une amoureuse uniquement parce qu’Edward et elle allaient l’ennuyer ? Mais ! C’était pas vrai, en plus…

Jasper – Tu m'as déjà expliqué à quel point c'est important de se protéger et tout. Mais je n'ai plus dix ans, je suis capable aussi de mener ma propre vie.

Papa – Je sais que tu n'as plus dix ans, Jasper. Mais à ton âge, quand on commence à se rapprocher... Physiquement de son ou de sa petite amie, il faut garder quelques règles en tête. Ce que tu as acheté ne suffit pas toujours, tu sais.

Hein ? Se rapprocher physiquement de sa petite amie ? Garder quelques règles en tête ? Avoir acheté des bonbons, ça suffisait pas ? Bella était de plus en plus perdue. Elle secoua la tête, comme pour s’éclaircir les idées, mélangeant ses cheveux par la même occasion. Bella voulut regarder, juste un tout petit peu, juste pour voir ce que son père et son frère faisaient. Mais non, elle voulait tout entendre et ne pas être prise pour une enfant, elle voulait comprendre !

Papa – Toi et ta copine, vous allez venir à l'hôpital pour faire le test dont je t'avais parlé. Vous pourrez, demain matin ? Je vous emmènerais directement à l'hôpital.

Jasper – Mais... Papa ! Alice ne sait même pas que tu es médecin, je vais quand même pas l'emmener à l'hôpital pour ça !

Hein ? Mais si ! Si Jasper était malade, il devait aller à l’hôpital ! Il allait pas mourir pour son amoureuse, quand même ! Si, si, si ! Et puis, y’a quoi de mauvais à être le garçon d’un médecin, en plus ? Son papa, il sauvait des gens, tous les jours en plus. Jasper ne devait pas avoir honte ! Et puis, il était malade. Alors, d’accord ou pas, il devait y aller ! Sans plus attendre, Bella déboula dans le salon et sauta sur les genoux de son père en lançant à son frère :

Bella – Papa a toujours dit qu'on devait aller à l'hôpital quand n'était pas bien ! Pas juste, faut que tu y ailles !

Jasper – De quoi tu te mêles, moustique ? Je ne suis même pas malade, avec ça !

Bella – Papaaa, il m'a traitée de moustique ! Et puis, si t'es pas malade, t'as quoi alors ? Papa le sait mieux que toi, s'il dit que tu dois y aller, faut que tu y ailles !

Son frère leva les yeux au ciel. Mais il était méchant ! C’était injuste, il n’avait pas à la traiter de moustique, c’était pas vrai en plus ! Bella s’était tournée vers son père, les larmes lui montant aux yeux. Jaz’ était méchant, c’est tout. Il était cruel, méchant, et pas beau avec ça.

Méchant – Mais ça ne te regarde pas ! C'est pour un examen de contrôle ! Et il n'y a pas de raisons que je le fasse maintenant. De quoi tu t'occupes, toi ? Tu es trop petite pour comprendre, retourne jouer à la poupée.

Bella – Pas envie de jouer à la poupée, d'abord ! Et puis, tu as acheté des bonbons pour te protéger, pourquoi tu les as pas mangés ? Je t'ai vu, dans le magasin !

Bella se tourna vers son père, sentant les larmes lui monter aux yeux encore plus, cherchant un appui comme pour dire qu’elle avait raison. Elle aidait son père, c’était bien, non ? Il allait être content, non ? Jasper lâcha alors que ce n'était pas des bonbons, glissant sa main dans sa poche. Ah ? Elle allait enfin savoir ? Mais non, leur père lança un regard noir par-dessus sa tête lorsque Bella tourna à nouveau sa tête vers leur père, toute contente de découvrir enfin un truc. Directement, la fillette reporta son regard vers son frère qui se laissa soudainement retomber contre le dossier de son fauteuil en croisant les bras. Hein ? Bella regarda successivement son père et son frère. Elle avait loupé un épisode, là.

Méchant – Ok, ok... Mais non, p'pa, je n'irais pas à l'hôpital dès demain. Et toi, moustique, retourne à tes propres occupations.

Bella – Nan, je veux pas, je reste ici !

Et ça, il n’allait pas réussir à la faire partir ! Ni lui, ni leur père d’abord ! Pour le leur faire comprendre, Bella s’agrippa à son père. Seulement, elle ne démordait pas, elle voulait savoir ce qu’était cette boîte si ce n’étaient pas des bonbons. Et elle le saurait !

Bella – Et c'est quoi, alors ? Je partirai pas tant que je saurai pas !

Méchant – Fous-moi la paix, Bella.

Hein ? Mais eh ! Jasper avait pris son téléphone et partit de la pièce. Ah non ! Non, non, non ! Se débattant, Bella sauta des bras de son père et courut vers la chambre de son frère, lui bondissant dessus et l’écrasant le plus possible en même temps. Il était méchant, de toute façon.

Bella – Je veux savoir ! C’est quoi ? Tu les as mis où ? Je veux un bonbon, moi aussi !

Bella sautait sur le lit, surexcitée, déterminée à savoir. Elle descendit tout à coup du lit pour chercher elle-même. Elle allait trouver, elle voulait aussi des bonbons et, si personne ne lui répondait, elle découvrirait la vérité toute seule ! Son objectif : la table de nuit de son grand frère. Tout à l'heure, il avait glissé sa main dans sa poche... Impossible qu'une boîte tienne là-dedans. Et essayer de prendre ce qui était dans la poche de Jasper était une mission impossible. Par conséquent, trouver le reste du paquet ! Bella ouvrit le tiroir de la table de nuit sans laisser le temps à son frère de réagir, trouva la boîte tant recherchée et la brandit fièrement :

Bella – Je l’aiiiiiiiii ! A moi les bonbooooons !

Ne voulant pas prendre le risque de se faire crier dessus par Jasper, Bella sortit de la chambre en trombe et commença à courir à travers la maison en brandissant son trésor et en scandant « Je l’ai ! » à tout va.

Bella – Tu m’attraperas paaaaaas-euh !

Jasper – Mais... Papa ! Alice ne sait même pas que tu es médecin, je vais quand même pas l'emmener à l'hôpital pour ça !

Carlisle soupira. Voilà, un autre problème... Pourquoi ne lui avait-il pas dit que son père était médecin ? Il y avait de quoi en avoir honte ? Un de ses collègues, quelques mois plus tôt, lui avait raconté que sa fille aussi avait mis des semaines avant d'avouer à son petit ami ce que faisait vraiment son père, par peur de ne passer que une petite gosse de riche hautaine et sans cervelle. Sur le coup, Carlisle n'avait pas cru que leurs propres enfants puissent penser ça... Mais ce que Jasper venait d'avouer le faisait quelque peu tomber de haut. Il en venait à se demander ce que Rose pensait, elle, lorsque Bella déboula tout à coup et sauta sur ses genoux. Il eut une seconde d'arrêt, la rattrapant par les bras par pur réflexe. Que s'était-il passé ? Elle était malade ? Elle s'était blessée ?

Bella – Papa a toujours dit qu'on devait aller à l'hôpital quand n'était pas bien ! Pas juste, faut que tu y ailles !

Jasper – De quoi tu te mêles, moustique ? Je ne suis même pas malade, avec ça !

Bella – Papaaa, il m'a traitée de moustique ! Et puis, si t'es pas malade, t'as quoi alors ? Papa le sait mieux que toi, s'il dit que tu dois y aller, faut que tu y ailles !

Que... Stop, on se calme ! Ce n'était qu'une simple discussion avec son fils, à la base, il n'avait pas prévu que ça dégénère en une dispute entre frère et sœur, quoi qu'il aurait dû s'y attendre. Il voulait leur demander de se calmer mais ils enchaînèrent tous les deux aussitôt, et le ton monta. Carlisle secoua légèrement la tête, se demandant qui lui avait donné des gosses pareils... Qu'est-ce qu'il avait fait au ciel pour mériter ça, au juste ? Résigné, il attendit que les deux gamins aient fini de se hurler dessus, et comprennent que ça ne servait strictement à rien.

Jasper marmonna tout à coup que ce n'était pas des bonbons et glissa la main dans sa poche. Carlisle lui jeta aussitôt un regard noir, à valeur d'avertissement. Certainement pas ! Il n'allait pas montrer ça à une petite fille de huit ans ! Ni même à Edward, d'ailleurs, pas avant un ou deux encore ! Jasper se laissa retomber dans le canapé, ayant visiblement compris le message. Bien ! Au moins une chose qui avait pu être évitée.

Jasper – Ok, ok... Mais non, p'pa, je n'irais pas à l'hôpital dès demain. Et toi, moustique, retourne à tes propres occupations.

Carlisle ouvrait la bouche pour lui répondre lorsque Bella s'enflamma aussi sec, repartant dans la dispute, et s'agrippa à lui. Mais bon sang, ils ne se calmaient jamais ?! Là, ça devenait pénible, et il était presque tenté de crier lui aussi. Jasper finit par récupérer son téléphone et partir dans sa chambre. Bon. Maintenant, essayer de calmer sa fille, lui expliquer qu'elle était encore trop petite pour voir ça, et lui dire d'aller jouer dans sa chambre en attendant l'heure du repas. Fille qui sauta tout à coup de ses genoux pour courir derrière son frère. Mais non !

Il se leva à son tour et soupira longuement exaspéré. Faites des enfants... Lui qui avait espéré passer une soirée calme, surtout qu'Edward et Rosalie étaient chez des amis, c'était raté. Complètement raté. Il se dirigea à son tour vers la chambre de son fils, puis entendit la petite hurler d'une voix fière et surexcitée :

Bella – Tu m’attraperas paaaaaas-euh !

Bon, allez, ça suffit les bêtises. Carlisle contourna le couloir, reprit un passage pour couper la route à sa fille, puis lui arracha illico la boîte des mains avant de la fourrer dans sa poche. Une très bonne chose de faite ! Il n'osait même pas imaginer la réaction d'Esmée si elle avait vu sa petite fille débarquer en hurlant et en brandissant une boîte de préservatif. Nul doute qu'elle aurait tué tout le monde sur place avant de s'enfermer avec Bella, contrainte de lui expliquer les mystères du monde. Sa fille essaya aussitôt de la lui reprendre, agitant les bras en sautillant.

Bella – Papaaaaa, c'est moi qui l'ai eue, c'est à moi !

- Ça suffit, maintenant ! s'écria-t-il. De un, non, ce n'est pas à toi, de deux, je te préviens que si tu continues comme ça, je te prive de dessert et de télé pendant toutes les vacances d'été !

Elle arrêta aussitôt d'essayer de récupérer la boîte, marmonnant un "Pas juste". Enfin un peu de calme, ça faisait du bien. Il n'aimait déjà pas crier sur ses enfants, mais s'ils se conduisaient comme des sauvages, ça devenait impossible à vivre.

Bella – Mais Jaz' m'a traitée de moustique ! Il aura rien, lui ?

- Vous passez votre vie à vous envoyer des piques, tous les deux, je ne vais pas passer mes journées à crier pour ça. Maintenant, tu files dans ta chambre et tu y restes jusqu'à l'heure du dîner.

Sa fille ne bougea pas, se contenta de rester plantée là, les bras croisés, une moue boudeuse aux lèvres. Carlisle secoua légèrement la tête. Il attrapa la main de sa fille et la traîna avec lui, jusqu'à sa chambre, avant de la forcer à rentrer dedans. Il appuya la main contre le chambranle de la porte, fixant sa fille.

- Très bien, ma puce, tu viens de gagner une semaine sans télé pour désobéissance.

Bella – Mais j'ai rien fait ! Et Jaz' t'a pas écouté non plus, il veut pas aller à l'hôpital comme tu lui as dit !

- Ça, je m'en occupe. Et si tu ne veux pas être punie un peu plus, je te conseille de te calmer !

Il referma un peu sèchement la porte, puis retourna voir son fils. Il lui fourra sa boîte dans les mains avec un soupir, le fixant droit dans les yeux. Il lui rappela que ce genre de test était important, et qu'il faudra bien qu'il y passe un jour ou l'autre. Il le laissa ensuite, allant retrouver sa femme. Voilà des vacances d'été qui commençaient bien...