Un voyage d'affaires. Voilà longtemps qu'il n'avait pas eu à en faire, mais il s'agit d'un cas de force majeure. Et puis, il valait bien de soigner leurs relations humaines, ce qui s'avérait toujours très utile en cas de soucis. Comme le massacre qui avait eu lieu à Volterra. A propos de ça, il aimerait tant que Marcus daigne se réveiller un minimum ! Parce que là, non, franchement, il avait atteint le sommet ! Tout à fait du genre : "Oh, tiens ? Il y a un massacre juste sous ma fenêtre mais je m'en fous. Et si j'allais arroser les fleurs ?" Pathétique. Et c'était son frère. Désespérant.
Le soleil était désormais par de lourds nuages d'orage. Parfait. Le Président Italien, Giovanni, les attendait à l'aéroport de Rome, en grande pompe. Il s'agissait d'un homme rusé et fier, dur en affaires, et qui avait écrasé très facilement tous ses ennemis politiques. Aro le reconnaissait volontiers, chose rare pour un humain, comme un homme de valeur et méritant. Il était pratiquement impossible à casser, les manifestations et révoltes ne l'émouvaient guère. En fait, il n'avait qu'une faiblesse, mais non des moindres. Un attachement irrésistible aux enfants.
Dans ce sens, ce cher président incarnait très bien les valeurs de l'Italie, très tournée vers l'Honneur et la Famille. Et sans aucun doute très tourné aussi vers la Mafia, mais c'était le genre de chose qu'on ne disait pas. Il aimait énormément les enfants, en avait donné six à sa femme, et craquait littéralement devant tous les bambins qui lui passaient sous le nez. C'était pour ça qu'il avait emmené Alec, d'ailleurs. Et lui seul, car il savait très bien qu'ainsi, Jane restera tout à fait tranquille à Volterra.
- On est arrivé, lança-t-il à son escorte.
L'avion se posa sur le tarmac, où toute une délégation officielle les attendait. Ils descendirent, et il se composa un sourire poli en serrant la main du Président. Ils échangèrent quelques politesses et banalités d'usage. Puis Giovanni regarda derrière lui, et un immense sourire se plaqua sur son visage lorsqu'il vit Alec, resté soigneusement en retrait.
Président - C'est votre fils ? lança-t-il avec enthousiasme en s'approchant. Bienvenue à Rome, mon garçon, approche, n'ai pas peur !
Aro retint un éclat de rire en avisant la tête que tirait Alec, de même que les gardes derrière eux. Lui et sa sœur étaient les seuls vampires au monde à avoir un aspect si juvénile, et cela pouvait parfois être d'une précieuse utilité. Giovanni serra la main de son jeune garde avec une joie débordante, comme si on ne pouvait lui faire de plus beau cadeau que de lui présenter un enfant.
Président - Parfait, parfait, en voiture.
Aro posa une main sur l'épaule d'Alec et l'entraîna avec lui. Ils allaient maintenant devoir passer par un tas de cérémonies officielles avant d'arriver aux choses sérieuses. Ils filèrent jusqu'au Palais Présidentiel, au cœur de Rome, et furent présentés à un tas d'humains. Un ecclésiastique vint aussi les saluer. Alec se crispa aussitôt, et son regard vira à l'orage. Ni lui ni Jane n'avaient oublié l'Inquisition, le pouvoir du Vatican qui avait assassiné leurs parents et bien failli les tuer tous les deux. Aro prit sa main dans la sienne et la serra, à la fois pour l'exhorter à rester naturel, et pour le rassurer.
- Tout va bien se passe, Alec, murmura-t-il. Respire.
Il garda sa main, l'entraînant avec lui d'un groupe à l'autre, souriant et détendu.