La ténèbre n'est pas ténèbre ... Une lumière peut-elle en sortir ? [PV Marie / Tanya]

La malédiction d’Œdipe venait de toucher en plein cœur l’enfant maudite des dieux … Le meurtre de ses géniteurs venait de faire plonger Marie-Emmanuelle dans une déprime, dans une haine d’elle-même très profonde. Plus rien aujourd’hui n’avait d’importance à ses yeux, l’image du crime qu’elle venait de commettre défilait encore et encore devant ses yeux. Comment avait-elle pu commettre ce crime abject ? Comment ?

Marie courait le long d’une rue de Paris. Elle courait comme pour échapper à son destin, comme pour échapper à ce qu’elle venait de vivre. Son calvaire ne faisait que commencer. Les clous de son crucifiement étaient enfoncés profondément dans l’âme de l’enfant, dans l’esprit de la gamine. La damnation éternelle allait être sa punition. Plus jamais, non plus jamais, Marie ne pourrait regarder Tanya dans les yeux, plus jamais la fille adoptive des Denali ne pourrait se regarder dans un miroir. Sa vie ne devenait qu’une suite de ténèbres. Et dans l’obscurité de son âme, la meurtrière, que la nouvelle transformée était devenue, ne trouvait plus de branche où s’agripper. L’enfant s’en voulait vraiment. Un seul désir traversait son cœur desséché, celui de mourir.

La nuit commençait à s’installer, amplifiant par ses ténèbres le ressenti de l’enfant … Une nuit sombre, sans étoiles, à l’image de l’âme de Marie-Emmanuelle. Une nuit sombre sans étoiles, à l’image du destin qu’attendait cette enfant maudite des dieux.

Au cours de sa funèbre déambulation dans les rues de Paris, l’enfant arriva en face d’un immense monument Parisien. La Cathédrale Notre-Dame de Paris. Marie entra dans ce lieu chargé d’histoire, de vie. L’enfant se dirigea, sans vraiment savoir pourquoi, vers l’immense structure de bois qui servait de confessionnal. Marie avait besoin de parler, de confier à quelqu’un la douleur qui parcourait son cœur.

Le prêtre : « - Bonjour mon enfant, que voulez-vous à notre Seigneur ? »

Marie ne trouvait pas les mots pour répondre à cet homme du Dieu des Chrétiens, elle laissa pourtant quelques phrases lui échapper.

Marie-Em : « -Pardonnez-moi mon père car j’ai péché, j’ai commis le pire crime du monde. J’ai commis le crime d’Œdipe. »

L’homme de Dieu laissa un long moment de silence, se demandant comment il devait réagir à la déclaration de l’enfant qui était devant lui. Cette petite ne devait pas avoir plus de seize ans et elle s’accusait d’un crime horrible. L’homme en soutane tenta tant bien que mal de rassurer l’enfant, de la forcer à aller se rendre à la police si les accusations qu’elle proférait contre elle étaient fondées.

Marie, toujours emplie de colère, de haine, sortit alors du confessionnal et se dirigea vers la sortie. Elle ne prit que quelques secondes à remarquer la présence du serviteur d’un des dieux de ce monde derrière elle. Sans même chercher à se retenir, l’enfant força l’homme à rentrer dans une ruelle et lui planta ses crocs dans son cou. Puis le vidant de son sang de la même manière que ce qu’elle venait de faire subir à sa mère. Le cadavre du prêtre tomba sur le sol…

Pendant un court instant l’enfant vit à la place du prêtre l’image de sa mère étalée sur le sol, puis celle de Tanya. La folie commençait à emplir le cœur, l’âme de Marie-Emmanuelle. Tous les sens de l’enfant étaient devenus nuls. La petite se remémorait encore et encore le crime qu’elle avait commit plus tôt dans la soirée.

Puis, d’une manière instinctive, Marie se dirigea vers les Champs Elysées, plus précisément vers l’Arc de Triomphe. Une fois arrivée là-bas. Marie grimpa à son sommet et se mit à contempler le ciel. Une voix se fit alors entendre à son oreille. Une voix qui ressemblait à s’y méprendre à celle de la mère biologique de Marie-Emmanuelle.

Voix : « - Qu’as-tu fait ? Tu es la honte de la famille ! Comment as-tu pu nous tuer ? J’espère que ce meurtre te hantera jusqu’à la fin de ces jours ! J’espère que cette femme qui t’as adoptée va te tuer pour ce que tu as fait. »

Marie n’avait qu’une envie à ce moment précis, c’était de mettre fin à ses jours. La voix venait de lui rappeler la présence de Tanya dans sa vie. Comment cette dernière allait réagir ? Elle n’allait jamais lui pardonner. Personne n’allait pouvoir lui pardonner le crime affreux qu’elle venait de commettre.

Une haine d’elle-même parcourait tout l’organisme de Marie. Cette dernière, sans même réfléchir, se dirigea vers le mur et s’y cogna la tête comme pour faire sortir cette voix qui venait la harceler, comme pour se punir de l’horreur qu’elle venait de commettre.
Tout l’univers de Marie venait se s’effondrer. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, elle n’était plus rien. La petite n’avait plus aucun désir. Elle ne savait plus vraiment où aller ou se rendre … Marie-Emmanuelle s’en voulait profondément … Les ténèbres de sa vie prenaient de plus en plus d’ampleur.

Un garde s’approcha de l’enfant. Marie le tua d’un coup sec et lui vola son téléphone puis appela Tanya. Cette dernière décrocha.

Marie-Em : « - Maman, j’ai besoin de ton aide, je ne sais plus où j’en suis. Viens me recherchez s’il te plait … Je suis sur les Champs … »

Elle gardait sa fille adoptive serrée contre son coeur, plus qu'heureuse de l'avoir retrouvée bien vivante et surtout en un seul morceau. Elle gardait les yeux fermés, sans plus se soucier de quoi que ce soit à l'exception de la jeune fille qu'elle tenait dans ses bras. Elle était là, avec elle, bien vivante, et c'était tout ce qui comptait. Tout à coup, sans qu'elle comprenne vraiment pourquoi, Marie se dégagea un peu sèchement de son étreinte puis sauta tout à coup sur sa mère biologique. Tanya tendit une main pour la tirer en arrière, l'arrêter, la... Trop tard.

Le corps sans vie de l'humaine s'affaissa et Marie le lui jeta tout à coup dans les bras ! Prise par surprise, Tanya le réceptionna de justesse puis le posa dans l'herbe. Cette femme était morte, sans l'ombre d'un doute. Le teint de sa peau, qui prenait les couleurs du décès, lui donnait une ressemblance troublante avec Marie-Emmanuelle, dont le coeur était aussi bien arrêté que celui de cette femme. Elle délaissa le cadavre puis s'élança dans la maison à la poursuite de sa fille. Elle entendit un hurlement de douleur, qui la guida vers les étages. Le manoir témoignait d'un luxe impressionnant, et décorée d'une façon très raffiné, ce qui aurait pu la fasciner dans d'autres circonstances. Elle sentit tout à coup l'odeur lourde et entêtante du sang, et bloqua aussitôt sa respiration.

Marie-Em: "- Qu'ai-je fait ?!"

Tanya : "- Marie ? l'appela Tanya. Marie, c'est moi, attends !"

Elle se retrouva dans un salon luxueux, pourvu d'une grande cheminée, et le cadavre d'un homme, aux bras et à la tête arrachés... Le spectacle lui souleva le coeur, d'une certaine manière. Et pourtant, elle en avait vu des cadavres, dont certains mutilés d'une façon bien plus atroce. Mais là, elle savait que Marie-Emmanuelle en était responsable. Le sang gouttait sur un journal, commençant à former une flaque très importante. Serrant les dents, Tanya appela de nouveau sa fille puis dû se rendre à l'évidence : elle avait de nouveau disparue.

Elle sauta par la fenêtre et se retrouva dans le parc du manoir. rendue à ce stade, elle se fichait royalement de Mya, ou de ce que sa famille pourrait faire à la nomade. C'était sa fille qui l'inquiétait et personne d'autres. De plus, Eléazar et Kate savaient tous les deux parfaitement se battre, de même que Carmen. Et il y avait les jumeaux ! Au vu de la tête de Jane, pas difficile de deviner que la nomade risquait de passer un sale quart d'heure, peu importe ce qu'elle avait fait aux deux gamins.

Elle se retrouva en plein Paris, forcée de garder un pas plus naturel et donc moins rapide. Comment retrouver sa fille là-dedans ?! Elle en était exaspérée, regrettant de l'avoir relâchée. Elle courait tout de même, se fichant des regards qu'on lui lançait. Au diable la discrétion ! Et au diable tout le reste d'ailleurs. Où était Marie ?! Elle tournait en rond, un coup au pied de la tour Eiffel, un autre près de la Cathédrale de Notre-Dame. Lieu où il y avait d'ailleurs de l'agitation, car la police fouinait et un périmètre de sécurité avait été installé. D'après ce qu'elle entendit au passage, un des prêtres avait été assassiné. Information qui la laissa tout à fait indifférente tant elle était préoccupée par sa fille. Elle parcourait les Champs-Elysées lorsque son portable sonna.

Marie-Em : « - Maman, j’ai besoin de ton aide, je ne sais plus où j’en suis. Viens me recherchez s’il te plait … Je suis sur les Champs … »

Tanya : "- Marie ? cria-t-elle dans le téléphone. Marie, où es-tu exactement ? Ne bouge pas ma puce, j'arrive tout de suite. J'arrive."

Elle se précipita, courant aussi vite qu'elle le pouvait étant donné le monde. Elle grimpa sur l'Arc de Triomphe, puis bloqua l'accès du toit aux touristes et mit un panneau "Travaux en cours", histoire d'être sûre de ne pas être dérangée. Marie-Em était blottie dans un coin, non loin du cadavre d'un autre homme. Oh bon sang. Elle se rapprocha en vitesse de sa fille et s'accroupit devant elle.

Tanya : "- Ma chérie, c'est moi..."

Elle était visiblement choquée et complètement perdue. S'asseyant à son tour, Tanya l'attira dans ses bras puis la berça comme un petit enfant, tout en lui murmurant des paroles rassurantes. Elle voulait d'abord la rassurer et l'apaiser avant de dire quoi que ce soit. Et aussi se rassurer un peu elle-même. La peine et la colère se disputaient en elle, et elle était encore maladroite dans ce domaine. Après tout, c'était la première qu'elle s'occupait d'un enfant après plus de mille ans d'existence.

Tanya : "- Marie, dit-elle enfin. Je pense qu'il faut vraiment que l'on parle sérieusement. Pourquoi as-tu fuguée ?! Si tu m'avais confié tes doutes, tes peurs, tout se serait bien passé ! Je t'aurais accompagné où tu l'aurais voulu, t'aider à répondre à toutes tes questions ! Mais là... Une fugue enfin ! Est-ce que tu te rends compte... Tu aurais pu en mourir... Mourir, Marie !"

Elle força sa fille à la regarder dans les yeux, histoire de bien lui montrer qu'elle était on ne peut plus sérieuse.

Tanya : "- Marie, réponds-moi ! POURQUOI as-tu FUGUÉE ?! Tu aurais dû m'en parler, te confierr, te... Te... Je ne sais pas, mais pas fuguer ! Enfin, Marie ! Tu ne me fais pas assez confiance ?! Ou tu penses que je ne suis pas capable de t'aider ?! Marie... Je te considère comme ma propre fille ! Je t'ai transformé parce que j'aurais été incapable de te laisser mourir ! Maintenant...  Ecoute, je peux comprendre que tu m'en veuilles pour cela, mais s'il te plaît, ne me rejette pas tout de suite, je t'en prie. Je peux te rendre heureuse. Si tu l'acceptes.

Spoiler:

Un vent, qui devait être frais, parcourait la peau de la petite. Ce dernier était comme la volonté de Marie d'effacer ce qui venait de se passer quelques instants plus tôt. Ce dernier était comme l'acte d'un dieu, des dieux, de la providence qui voulait faire comprendre à l'enfant qu'elle pouvait espérer un pardon. Qu'elle pouvait espérer de pouvoir tourner la page à l'image des contes de fée. Cependant, nous n'étions pas dans un conte et cela, Marie-Emmanuelle l'avait compris depuis un petit moment. Elle l'avait compris depuis le moment où la douleur de la transformation avait parcouru son corps ou plutôt avait transpercé son corps. Où cette douleur lui avait brulé la moindre parcelle de vie, de son humanité, de son âme.

Une douleur immense traversait actuellement le coeur de l'enfant maudite. Une douleur qui n'était comparable à aucune douleur humaine, à aucune souffrance mortelle. Même la douleur de Job fasse aux malheurs de sa vie n'était rien. Même la souffrance de Caïn une fois qu'il eut tué son frère Abel n'était rien ... Seul le malheureux Œdipe pouvait comprendre l'enfant. Mais cet homme, maudit des dieux lui aussi, n'était plus de ce monde.

La solitude de Marie sur ce monument parisien ne fut guère longue ... Un visage connut arriva, comme une étoile dans la nuit, comme un feu dans l'obscurité. Elle entendit alors la douce voix, au timbre quasi-angélique, de sa mère d'adoption. Un geste accompagna cela ... Tanya prit dans ses bras son enfant comme pour lui faire un cocon, un rempart contre la noirceur de son coeur. Cependant, une tristesse et une colère faisait aussi vibrer l'atmosphère à ce moment précis. A croire que la rancoeur de Tanya, envers sa fille, était aussi élevée que l'amour que cette mère trahit ressentait pour son enfant. Puis, coupant avec le silence de la nuit. Le timbre si spécifique de la Denali résonna dans l'atmosphère et des paroles d'incompréhension, de douleur, poignardèrent le coeur de Marie.
Ces mots étaient comme des parpaings balancés à la figure de l'enfant, comme des couteaux qui lacéraient le corps entier de ce fruit pourri d'un arbre maudit. La tristesse qui s'était emparé du coeur de Marie augmentait encore. Cette douleur qu'elle ne pensait plus ressentir après avoir commis le crime qui avait ôté la vie de ses géniteurs.

Marie releva la tête deux secondes et tenta de regarda la figure de celle qui lui avait tout donné et qu'elle avait osée trahir. Ce geste, si anodin pourtant, était devenu si difficile, était devenu impossible. Une telle honte traversait l'enfant qu'elle n'osait pas implorer le pardon qu'elle pensait ne pas mériter. Après tout, la petite avait transgressé le cinquième commandement. Le seul qui, dans la bible, était suivi d'une parole de bénédiction. A croire que Marie venait de se couper à tout jamais des bénédictions du ciel.

Marie agrippa sa mère en passant ses deux bras autour de son cou et, d'une manière peu élégante mais assez communicative, se blottie contre sa mère ne sachant plus trop quoi penser d'elle quoi dire ... Seul quelques mots réussirent à sortir de la bouche de l'enfant.

Mariem : « - Je suis vraiment désolé ... Je ...»

Si l'enfant avait pu pleurer, toutes les larmes du corps humain n'auraient pas réussi à étancher cette tristesse. Marie venait de réaliser l'acte horrible qu'elle venait de faire. Elle, qui avait toujours détesté ses parents, venait de leur prendre leurs vies ... Marie-Emmanuelle s'en voulait plus que tout ... Malgré toute une vie de haine, à ce moment précis, elle ressentait de l'amour et de la gratitude pour ces deux personnes qui lui avaient donné la vie ... L'enfant était aussi remplit de gratitude, à ce moment précis, envers Tanya qui était présente pour elle et qui avait accepté de l'adopter ...

Mariem : « - Je suis vraiment désolé ... Je ...»

Elle s'était blottie contre elle, avec force, comme si elle cherchait une protection, de l'amour, un rempart contre toutes les émotions qui l'assaillaient. Tanya ne rajouta rien pour l'instant. Elle sentait que sa fille adoptive était complètement bouleversée, et il était extrêmement dur pour les nouveaux-nés de gérer leurs émotions. Après tout, Marie-Emmanuelle n'avait que quelques mois, elle ne devait pas l'oublier. Cependant, les doutes commençaient à envahir le chef des Denali. Était-elle vraiment une bonne mère ? Était-elle vraiment capable de s'occuper d'un enfant alors qu'elle ne pouvait rien faire contre la déprime de sa fille ? Était-elle vraiment la bonne personne, la plus apte à s'occuper d'Emma ? Elle doutait de plus en plus, tout en serrant sa fille contre elle.

Elle ne savait plus comment aider cette enfant, comment la faire sortir de sa déprime, comment... Non, elle n'y arrivait pas. Il n'était pas question de l'abandonner pour autant ! Elle l'aimait. Elle l'aimait véritablement, alors qu'en plus de mille ans d'existence, elle n'avait jamais éprouvé le plus petit bout d'instinct maternel. Ce constat l'amener à songer à sa propre mère, à Sasha, et elle soupira. Qu'aurait-elle fait à sa place ? Mais ce n'était peut-être pas le meilleur exemple... Cependant, en parler aiderait peut-être Marie-Emmanuelle à comprendre ce qu'était l'amour d'une mère pour son enfant ? Tanya la recala sur ses genoux et s'adossa à un mur, gardant sa fille blottie contre elle.

Tanya : "- J'espère qu'un jour, tu parviendras à comprendre ce que je peux ressentir pour toi, même si ça prendra du temps. Je vais te raconter une histoire. Qui t'aidera peut-être à comprendre, qui pourra peut-être t'éclairer sur ce qu'est l'amour maternel. Du moins je l'espère. Et savoir tout cela t'aidera encore plus à t'intégrer dans la famille."

Elle fit une petite pause pour rassembler ses souvenirs, massant doucement la nuque de sa fille.

Tanya : "- J'ai environ 1021 ans, Marie. Je suis née dans l'ancienne Slovaquie, tout comme Irina et Kate. Une vie simple, dans une famille paysanne à la campagne. Plus que mes parents, il y avait quelqu'un que j'affectionnais plus que tout au monde. Ma grande-tante, Sasha. Je l'adorais littéralement, elle représentait tout ce que j'aurais voulu devenir une fois adulte. Mais un jour, elle a disparu sans laisser de traces. - Sa voix faiblit un peu, puis reprit de la vigueur - J'ai été terriblement attristée, mais il fallait bien continuer à vivre. J'ai grandis, vieillis. Un jour, alors que je travaillais seule non loin de notre village, je l'ai soudain revue. C'était elle, mais sans être elle. Elle avait la peau trop pâle, les yeux si rouges, bien plus belle que dans tous mes souvenirs ! J'étais si heureuse de la revoir ! Elle m'a expliqué qu'elle se sentait seule, et tout. J'étais si fascinée que je l'ai suivie sans réfléchir. Elle m'a emmené plus loin et m'a mordu. J'avais vingt-six ans."

Elle eut un rire nerveux, tout en berçant Marie-Emmanuelle contre elle.

Tanya : "- Le réveil fut... Douloureux. Mais joyeux à la fois. J'avais retrouvé Sasha, ma grande-tante adorée. Elle s'occupa bien de moi, et très vite, je la considéra comme ma propre mère. Elle était mon modèle, elle m'apprit tout ! Plus tard, elle trouvé Katrina et la transforma à son tour. Puis, encore plus tard, Irina. Nous étions aussi unies que des soeurs, et Sasha était notre mère. Une véritable mère. elle nous avait transformées pour former une famille, parce qu'elle nous aimait. Et... Et le devoir d'une mère... Est.. De préserver ses enfants. Il y a eu...

Elle fut obligée de s'interrompre, et se crispa. Elle en arrêta même de bercer Emma et lâcha un soupir où se mêlaient déception, colère, et tristesse.

Tanya : "- Les vampires ont une Histoire, Emma. et il y a eu des périodes très noires, vraiment très noires. Dont... Dont celle des Enfants Immortels. Un Enfant Immortel, c'est un vampire transformé alors qu'il n'a pas dix ans. Et donc totalement incapable de se contrôler, pouvant détruire tout un village sur une simple colère. Mais si mignons, si envoûtants, qu'on ne pouvait qu'avoir envie de les protéger. Et il vint un moment où ils auraient pu dévoiler l'existence de notre monde aux humains. Ce fut le clan Volturi qui se chargea de régler le problème. A leur façon... Tous les Enfants Immortels et leurs créateurs furent tués. De même que ceux qui tentaient de les protéger. Des clans entiers furent décimés durant cette période. Et... Un jour... Nous... Nous avons vu débarquer les Volturi... Ils tenaient Sasha, et le petit garçon, Vasilii, un Enfant Immortel, qu'elle avait créé. Nous ignorions tout de cela ! Aro, le chef du clan Volturi, et le créateur de Jane et Alec entre parenthèses, la fit brûler, elle et l'enfant. Mais ils nous épargnèrent car nous ne savions rien de tout cela. Tout ça pour te dire que, au-delà de sa trahison, Sasha a pu nous préserver en nous cachant tout. Cette ignorance nous a sauvée des Volturi. Et c'est ça le devoir d'une mère, Emma. Préserver son enfant. et l'aimer. Je mentirais si je disais que je ne lui en veux pas pour ce qu'elle a fait, mais ça ne m'empêche pas de toujours pleurer sa mort.

Elle regarda un court instant le ciel, perdue dans ses pensées. Cela lui faisait du bien d'avoir confié cela à Marie-Emmanuelle. elle était sa fille, elle faisait partie de la fille, elle avait le droit de savoir.

Tanya : "- C'est aussi à cause de cela que j'ai beaucoup de mal à supporter les jumeaux, même si je fais un effort pour Eléazar. Après tout, c'est Jane qui a jeté Vasilii au feu... Ils étaient déjà là à cette époque.

Elle ne rajouta rien, espérant juste que sa fille avait pu comprendre le message qu'elle avait tenté de lui passer.

Le temps passait lentement, si lentement qu'il en devenait presque une éternité. Et pourtant, pour rien au monde l'enfant maudite ne voulait que la vitesse du temps rallonge. Ce moment de partage, de communion avec sa mère d'adoption, non avec sa mère, était si bon, si doux si particulier que Marie en oubliait presque l'acte horrible qu'elle venait de commettre. Ce moment de partage était un peu comme le signe du pardon donné. Acte qui, même s'il est anodin pour beaucoup, était chère aux yeux de la petite Denali.

La chaleur que dégageait l'amour de cette mère était une aide fondamentale dans l'atmosphère glaciale de l'âme de Marie. Mais passons ce passage hivernal. Ce n'est pas le plus important pour le moment.

Lorsque Tanya se mit à raconter une histoire, son histoire, Marie, sa fille, en fut très ému. C'était la première fois que quelqu'un lui donnait une confiance pareille. C'était la première fois qu'on la jugeait digne de recevoir, mais surtout de comprendre un récit comme celui de sa mère.

Un court moment, Marie réussit à oublier la tristesse de son coeur. Un court moment, elle se sentit heureuse. D'une certaine manière, il était heureux que cette enfant ait pu ressentir cela, même un bref instant. Ce récit de Tanya était comme la pierre qui clôturait la construction d'une maison. Cette histoire était comme une manière de sceller à jamais l'appartenance de Marie au clan des Denali. Aussi, pour remercier sa mère, la petite se tourna vers elle et l'embrassa sur la joue. C'était d'ailleurs l'une des rares fois de sa vie où ce geste fut posé sur quelqu'un que Marie aimait vraiment plus que tout au monde.

Marie : « - Maman, je t'aime. Et c'est parce que je t'aime que je vais te raconter mon histoire. Peut-être comprendras-tu mieux mes réactions. »

L'enfant marqua une courte pause, regarda le ciel et se leva doucement pour ne rompre ce contact avec Tanya de la manière la plus douce et agréable possible. Une fois debout, Marie se dirigea vers le bord de l'acte de triomphe. Elle regarda alors au loin, en direction de la demeure familiale. Quelques secondes plus tard, elle sentit Tanya dans son dos. La petite lui prit alors la main et se colla à elle de nouveau. Puis, tout en regardant au loin, Marie commença son récit.

Marie : « - Voilà, tu sais maintenant que je suis née au sein de la famille royale française. Autant te dire que malgré cela, je ne fus jamais aimée de mes parents. Ces derniers auraient préféré avoir un héritier de sexe masculin. Aussi, j'ai dû passer toute ma vie, jusqu'à ce que tu m'adoptes, à accepter le fait que je n'avais et que je n'aurais jamais le droit d'aimer et d'être aimé par mes parents et en particulier par mère. Je n'ai jamais eu à subir de brimade physique ... Pour autant, mes parents ne m'ont appris qu'une chose, c'est la haine. Je n'ai ressentit que cela dans ma vie à leur égard ... Je n'ai jamais été aimé ... Enfin jusqu'à aujourd'hui !

Marie se tourna alors vers Tanya ... Si l'enfant avait encore eu des larmes à verser, elle aurait pu en faire couler des torrents ... Des tonnes de questions l'habitaient encore ... Mais ce n'était pas le moment. Ce qu'elle venait de confier à sa mère, Marie n'avait jamais réussie à le confier à d'autre ... L'enfant espérait qu'elle arriverait à s'accrocher à cet amour que voulait lui donner à profusion Tanya ... Y arriverait elle ? Elle n'en savait vraiment rien ...

Marie : « - Maman, je ne peux pas te promettre de ne plus faire de bêtise . Mais je peux t'assurer d'une chose, je vais faire de mon possible pour me montrer digne de cet amour que tu me portes ! »

La petite toujours collée à sa mère repensa alors à toutes les vies qu'elle avait ôté ... Comment avait-elle pu commettre des choses pareilles ? Pourquoi avait-elle tué ces parents, ces deux hommes ? Etait-elle devenu un monstre ? Toutes ces questions commençaient à refaire surface dans le coeur, dans l'âme de Marie ... Et, malgré l'amour de Tanya, l'enfant damné s'en voulait. Elle avait encore du mal à quitter les ténèbres de son coeur ... Elle ne savait vraiment pas comment faire ... Et puis, elle ne voulait pas inquiéter sa mère avec cela ... Du moins pas maintenant ... Marie ne voulait, pour rien au monde, arrêté ce moment d'intimité avec celle qui lui avait apporté plus en quelques jours que ses vrais parents au court de leurs vies !

Marie : « - Maman, m'en veux-tu pour ma fugue ? Je ne voulais pas te blesser ... Je t'aime trop pour vouloir te faire souffrir ... En si peu de temps tu as su gagner mon coeur maman ! Et je ne veux pas te perdre ! »

Marie se tourna vers sa mère et resserra un peu plus son étreinte de manière à ne pas faire souffrir Tanya, mais de toujours plus sentir la douceur de sa peau, la chaleur de son amour ...

Tanya ne disait plus rien, repensant à Sasha, ses petites soeurs, leur passé. Tout cela était tellement loin, mais brûlait encore sa mémoire. Elles avaient tellement de mal à se remettre à flots, à trouver le style de vie qui leur convenait le mieux. Et, très honnêtement, l'arrivée aussi brusques des jumeaux dans sa vie avait ramené tout cela à la surface d'une manière très violente. Marie se redressa et lui fit un bisou sur la joue. Revenue à la réalité et très touché, Tanya lui sourit.

Marie : « - Maman, je t'aime. Et c'est parce que je t'aime que je vais te raconter mon histoire. Peut-être comprendras-tu mieux mes réactions. »

Si le coeur de Tanya battait encore, il se serait stoppé un très court instant. Sa petite fille allait-elle enfin se confier ? Ouvrir son coeur qu'elle gardait scellé depuis si longtemps ? Elle se leva, très doucement, prenant garde à ne pas être trop brusque, puis se dirigea vers le parapet. Tanya l'imita aussitôt, la rejoignant silencieusement. La petite se colla à elle, lui prenant la main. Ce contact était devenu important pour Tanya, et pour la première fois, elle comprenait véritablement la douleur de Carmen, de Rosalie, dans leur manque de ne pouvoir serrer un petit être contre soi.

Marie-Em débuta alors son récit. Un récit que Tanya n'osa interrompre, à la fois effarée et désespérée. Ce n'était pas possible ! Ce genre de comportement n'était plus censé exister depuis des siècles ! A quoi bon avoir un enfant si l'on n'était pas capable de lui procurer l'amour dont il avait besoin ?! C'était quelque chose qui la dépassait totalement. Et elle pouvait sentir la souffrance de sa fille dans sa voix.

Elle se retourna tout à coup vers elle, avec une évidente envie de pleurer. Tanya ne l'aurait jamais avoué à haute voix, même sous la torture, mais elle ne regrettait pas le moins du monde que les parents biologiques de la petite soient morts. Enfin, inutile de lui révéler ça, ce ne serait pas très malin.

Marie : « - Maman, je ne peux pas te promettre de ne plus faire de bêtise . Mais je peux t'assurer d'une chose, je vais faire de mon possible pour me montrer digne de cet amour que tu me portes ! »

Honnêtement, Tanya aurait préférée que sa fille lui dise qu'elle allait stopper les bêtises, mais pouvait-on vraiment demander cela à un enfant ? Enfin, à une adolescente. Elle sourit et secoua la tête, serrant sa fille contre elle. Lorsqu'ils rentreront à Denali, le chalet allait être bien plus mouvementé, animé. Ce qui lui rappela que les jumeaux rentraient aussi avec eux. Elle devra composer avec.

Marie : « - Maman, m'en veux-tu pour ma fugue ? Je ne voulais pas te blesser ... Je t'aime trop pour vouloir te faire souffrir ... En si peu de temps tu as su gagner mon coeur maman ! Et je ne veux pas te perdre ! »

Attendrie, elle la garda contre elle.

- Tu sais, ma puce, on en veut toujours un peu à quelqu'un pour une fugue, car il pourrait arriver n'importe quoi à cette personne ! Je me suis mise en colère car je m'inquiétais pour toi, tu le comprends ? C'est parce que je t'aime, et que moi non plus je ne veux pas te perdre. Mais ne me refais jamais un coup pareil ! J'ai bien cru mourir. Tu peux me parler de tout et n'importe quoi, faire des bêtises, mais pas de cette ampleur !

Elle la tenait par les épaules et la regardait droit dans les yeux, pour bien lui faire comprendre qu'elle était on ne peut plus sérieuse. Puis un sourire mutin éclaira ses lèvres et elle ajouta sur un ton d'humour :

- Jeune fille, pour vous être sauvée comme ça, vous êtes consignée à la maison pour les trois prochains siècles ! Votre libération dépendra de votre attitude.

Elle riait, mais à moitié seulement. Attirant sa fille contre elle, elle l'embrassa sur le front, on ne peut plus soulagée de l'avoir retrouvé saine et sauve.

- Allez viens. on rentre.