Amour et conception

[En accord avec Renée pour faire avancer un peu cette histoire.]


Renée était prostrée devant le berceau vide, tête baissée, de grosses larmes et silencieuses roulant sur ses joues. Voilà deux jours que la petite Allison était décédée, d'une sorte de maladie humaine. Renée n'avait rien pu faire... Il resta un moment à la porte de la chambre, à simplement l'observer. Ce voyage au Népal lui avait permis d'un peu mieux la connaître. voir sa fille aînée lui avait fait un bien fou, et elle était restée souvent près de lui, accrochée à son bras. Pour la première fois depuis des années, il avait esquissé quelques sourires. Pour la première fois depuis des centaines d'années, il avait pu parler plus de cinq minutes d'affilée et à peu près normalement à ses frères et ses belles-soeurs. Pour la première fois depuis des centaines d'années, il s'était senti vivant. Il avait vraiment voulu goûter au cours du temps.

Cependant, aujourd'hui, en ce 8 Septembre, il reprenait consciente de la terrible fragilité de la vie humaine. Lorsqu'Allison était tombée malade, renée avait su garder la tête froide et l'avait soigné, avec tout l'amour et la patience d'une mère. Il y avait eu quelques heures où la petite avait semblé rétablie. avant de retomber malade. plus gravement. Renée avait tout fait pour ne pas céder à l'affolement, s'acharnant à guérir sa fille. A un moment, elle avait crié pour l'appeler, cédant pour la première fois à la peur et la panique. Il l'avait aidé du mieux qu'il pouvait. Sans succès. Le quatrième jour, la petite avait rendu son dernier soupir. Renée s'était effondrée dans les bras de Sulpicia, puis dans les siens. Ils avaient fait enterré la petite dans le cimetière de la ville, au milieu d'autres tombes, au milieu d'autres enfants et bébés.

Il s'assit près de Renée et lui posa une main sur l'épaule. Elle se retourna aussitôt et s'accrocha à lui de toutes ses forces, secouée de brefs spasmes assez violents. Il lui frotta doucement le dos, posant sa joue contre ses cheveux, la berçant doucement contre lui comme une enfant que l'on veut apaiser. Elle resserra son étreinte, et il fit de même, sans toutefois lui faire mal.

Oui, il l'aimait. Cette évidence s'imposait dorénavant à lui... Il avait d'abord était fasciné par son regard, avait été envoûté par ses voix, ses gestes, son visage, ses yeux. Cette femme l'attirait, telle une flamme où il risquerait de se brûler. Il l'aimait, il l'aimait véritablement. Il avait été envoûté par elle comme il s'était attaché à Didyme. La même fragilité, la même douceur. Il avait mis du temps à se l'avouer, mais cette femme comptait désormais beaucoup à ses yeux. Il refusait qu'elle souffre, bien au contraire. il voulait la garder auprès de lui pour l'éternité, il voulait refaire sa vie avec elle.

Sans même réfléchir, il se pencha et posa doucement ses lèvres sur les siennes. Un baiser au goût de sel, de par ses larmes, qu'il approfondit légèrement, les yeux fermés. Il ne voulait pas la brusquer ou l'effrayer, il devait s'écarter. Mais elle s'accrocha soudain à son cou et l'entoura de ses bras. Surpris mais heureux, il l'enlaça plus fermement. A cet instant, il se fichait royalement du reste du monde. Volterra aurait bien pu être englouti par un raz-de-marée qu'il serait tout de même resté dans les bras de cette merveilleuse femme. Dans les bras de cette humaine, dont il appréciait entendre chaque battement de son coeur, sa respiration, tout.


\PARTIE INTERDITE AUX MOINS 18 !!/

Ils avaient basculés sur le lit, allongés en travers, et il embrassait toujours Renée, comme s'il craignait qu'elle ne disparaisse à l'instant. Un par un, leurs vêtements glissèrent sur le sol, enlevés presque lentement, et avec douceur. Il découvrait son corps, qu'il avait tant espéré toucher. Ils ne parlaient pas, leurs souffles entremêlés. Marcus respirait par réflexe, comme s'il retrouvait une part d'humanité qu'il avait depuis très longtemps perdu.

Rien au monde n'aurait pu l'arracher à Renée en cet instant. Il caressait son corps, oublieux de tout le reste. Être si près d'elle ne le dérangeait pas. Il était assez âgé pour savoir se contrôler à la perfection, et la soif n'était, en cet instant, qu'un très vague souvenir, relégué au fin fond de son esprit. Sa main glissa sur le ventre de renée, ses jambes. Il la sentait légèrement frissonner, son coeur battre plus vite.

Le désir monta assez vite, en lui comme en elle. Il embrassa ses lèvres, sa gorge, sa poitrine. Il embrassait partout cette femme frémissante de vie et de chaleur. Découvrait son corps chaud et doux, qui n'avait pas la dureté du marbre ni sa froideur. Elle le réchauffait lui-même, elle réveillait son coeur et son esprit, engourdis par le temps et la tristesse. Elle illuminait son monde fait de ténèbres. Elle chassait es vieux fantômes.

Il fit glisser quelques doigts sur son intimité, la faisant gémir. Il n'avait jamais touché d'autres femmes depuis Didyme. Il l'embrassa à nouveau, sa main préparant son corps à le recevoir. Ils le désiraient, tous les deux, ils voulaient cette union de leurs deux corps. Marcus contrôlait sa force, le monstre qui était en lui. Il s'immisça en elle, et ce fut comme si on déchirait le dernier voile de tristesse qui l'enserrait encore. Il était vivant.


\FIN DE LA PARTIE/


Renée s'était endormie, dans le creux du lit, nue dans les draps. Il rajouta une couverture sur elle et s'habilla avant de se rallonger à ses côtés. Il caressa sa joue du bout des doigts, la regardant dormir. Elle allait devenir l'une des leurs. Il comptait l'épouser, faire d'elle sa reine. Lorsqu'elle se sentira prête, il la mordra, la transformera. et ils entameront une toute nouvelle vie, tous les deux, ensemble.

Pour être honnête, Marcus se sentait très bizarre depuis qu'il était revenu "à la vie", grâce à renée. c'était comme si il redécouvrait le monde dans toute sa splendeur, comme s'il revoyait tout avec regard neuf. il ne contentait plus de se laisser couler, il essayait au contraire de se remettre à vivre. ce n'était pas simple, il arrivait encore qu'il tombe dans son apathie coutumière, mais il s'en sortait. peu à peu, il s'en sortait.

Assis avec ses frères dans son bureau, il pensait plus à renée qu'au travail qui s'étalait devant eux. L'amour. Ce sentiment l'avait détruit, l'avait démolit, réduit à moins que rien qu'une loque. L'amour, qui l'avait porté sur ses ailes des années durant avant de brutalement le jeter à terre. Un sentiment si pur, et pourtant si dangereux. L'amour pouvait aussi bien pousser un homme à soulever des montagnes que le tuer. Marcus savait à quel point les sentiments étaient dangereux, que s'attacher à une personne vous faisait courir des risques. Durant des centaines d'années, il avait été plus mort que vif. Mais aujourd'hui... Aujourd'hui...

Renée était comme le rayon de soleil qui venait réchauffer son vieux corps glacé par le temps. Elle avait secoué, puis brisé la gangue de glace qui emprisonnait son coeur. Il s'éveillait. Lentement, mais il s'éveillait. Pour une femme, pour une humaine dont le regard lui rappelait tant sa première épouse. Pour une femme qui l'avait bouleversé. Il ne parlait que très peu de tout cela, voir pas du tout, avec ses frères. Il leur était simplement reconnaissant de laisser Renée vivre près de lui, et avec eux. Il se réveillait grâce à elle, il reprenait sa vie en main.

La porte du bureau s'ouvrit soudainement à la volée. il se leva d'un bond, alors que Renée entrait en courant et se précipita sur lui en s’agrippant à ses épaules, manquant de tomber. Elle avait l'air complètement affolée et paniquée. Ce qui l'amena à s'en faire lui aussi. Quelqu'un l'avait attaquée ?! Tenté de la tuer ? Que s'était-il passé ? Que lui était-il arrivé ?

Renée - Dis-moi que c'est impossible ! Sulpicia m'avait dit que vous ne pouviez pas ! Que... C'est impossible, n'est-ce pas ? Marcus ?

Marcus - Qu'est-ce qui est impossible ? On ne peut pas quoi ?

L'écartant légèrement de lui, il vérifia si elle n'était pas blessée. Mais elle semblait en bonne santé si ce n'était sa peur et sa panique. C'est alors qu'il remarqua son ventre un peu gonflé. Il posa sa main dessus, de plus en plus pâle. Non. Croisant le regard de sa future épouse, il comprit alors ce qui la bouleversait à ce point. Mais ça ne pouvait pas être ça ! Il secoua la tête, se mordant les lèvres.

Marcus - Ça ne peut pas être ça, murmura-t-il. Les vampires ne peuvent pas concevoir. Tu ne peux pas être... Non...

Pour tout dire, Aro était assez surpris. C'était la première fois depuis très longtemps que ses deux frères travaillaient avec lui dans une ambiance calme et efficacement. Enfin, ce n'était pas la première fois pour Caïus mais pour Marcus, si. Il n'avait même pas l'air endormi, ou terriblement ennuyé par ce qui se passait sous son nez. Il n'y était pas plongé comme eux, mais il y avait tout de même un gros progrès.

Aro, lui, imputait ce changement à Renée, la mère de Bella. Il trouvait assez étrange que cette femme, cette humaine, ait pu toucher à ce point le vieux cœur mort de leur frère. A l'éveiller, même ! Finalement, il avait bien fait d'accorder la vie sauve à cette femme, laisser Marcus s'occuper d'elle. Son bébé n'était qu'un petit bémol vite réglé, et Orlin s'était bien débrouillé sur cette affaire. Après tout, inutile de laisser grandir parmi eux un enfant humain et le mordre ensuite, sans même la garantie qu'il soit utile un jour.

Il reposa son dossier, et consulta un rapport de mission. Il y avait de plus en plus d'agitation en Irlande et en Angleterre en ce moment. On leur signalait des disparitions inexpliquées, des meurtres peu habituels, bref, tous les signes précurseurs annonçant la création, la mise en oeuvre d'une ou plusieurs armées de jeunes vampires. Encore. Bon, il faudra envoyer une équipe sur-place afin de garder la situation sous contrôle et voir un peu de quoi il en retourne. Il passait à autre chose lorsque Renée entra brusquement sans frapper et se précipita sur Marcus en l'agrippant par les épaules.

Renée - Dis-moi que c'est impossible ! Sulpicia m'avait dit que vous ne pouviez pas ! Que... C'est impossible, n'est-ce pas ? Marcus ?

Marcus - Qu'est-ce qui est impossible ? On ne peut pas quoi ?

Aro fronça légèrement les sourcils, et échangea un long regard avec Caïus alors que leur frère semblait vérifier si Renée n'était pas blessée. Mais elle semblait juste plongée dans le choc le plus complet. Que s'était-il passé ? Marcus pâlit tout à coup, lui aussi, une main posée sur le ventre de Renée. Aro prit une légère inspiration, les yeux écarquillés. Non. C'était impossible. Ce n'était pas ce qu'il pensait.

Marcus - Ça ne peut pas être ça, murmura-t-il. Les vampires ne peuvent pas concevoir. Tu ne peux pas être... Non...

Aro croisa les bras, les yeux fixés sur Renée. Enceinte ? Enceinte ?! Il passa une main devant ses yeux, un peu choqué. Enceinte... Mais les vampires ne pouvaient concevoir. Jamais une de leurs femmes n'avait pu concevoir naturellement un enfant ! Sauf que Renée était humaine. Et si les hommes de leur espèce pouvaient encore concevoir, mais pas les femmes ? Car leur corps est figé, sans perspective d'évolution. Il réfléchissait à toute vitesse, plongé dans ses réflexions. Il secoua la tête, puis s'avança et posa une main sur le ventre de Renée. Puis siffla de surprise. Impossible. Et pourtant vrai ! Il sentait, ressentait une conscience étrangère en elle. Certes encore très ténue, mais bien présente.

- Félicitations, lâcha-t-il d'un ton où perçait sa surprise. Vous êtes enceinte.

Il se redressa, alors que Renée semblait sur le point de s'évanouir. Marcus l'entoura de ses bras et l'emmena dans leur chambre. Aro, pensif, les regarda partir. Enceinte... Hum, affaire à surveiller de très près. Vraiment très près...