[Hors Chronologie] Amoureuse, mais enceinte.

Enceinte… Bella était enceinte ! Elle fixait le test de grossesse depuis maintenant deux bonnes heures, ne sachant quoi faire. Elle était penchée sur le lavabo de la salle de bains super petite de chez Charlie, réfléchissant, se tenant la tête avec des envies de vomir. Elle ignorait ce qu’elle devait faire… Qui prévenir, dans des situations pareilles ? Elle n’avait rien fait avec Edward, rien du tout, elle était tombée amoureuse de lui il y avait maintenant un peu moins de trois mois, leur relation ayant commencé depuis deux mois officiellement. Mais elle l’aimait. Bella était amoureuse d’Edward, elle en était sûre. Elle était incapable de se passer de lui, lorsqu’elle ne le voyait pas, elle ressentait un manque et s’inquiétait alors qu’il était incroyablement solide.

Cependant, avant, il n’était pas là. Dès son retour à Forks, Jacob Black, un ancien ami d’enfance, s’était montré très proche et ils avaient rapidement sympathisé. Il était vite devenu son meilleur ami, la seule personne que Bella connaissait, la seule personne avec qui elle avait un lien et un souvenir à Forks. La seule personne qui ne la considérait pas comme « la nouvelle » ou encore, dernier surnom à la mode, « Arizona ». Pour elle, c’était le comble, elle n’était même pas bronzée ! Que du contraire, la peau blanche, très pâle, laide avec tout cela. Elle n’avait rien fait de particulièrement grandiose, s’étant simplement sacrifiée pour pouvoir laisser sa mère batifoler avec Phil, son nouveau compagnon. Bella l’aimait bien, sans plus, il était sympa et rendait Renée heureuse. Alors, que demander de plus ? C’était tout ce qui comptait. Elle avait donc accepté sans aucune hésitation. Après tout, elle pourrait revoir son père et il serait heureux, lui aussi. Pourquoi n’y aurait-il pas droit, au bonheur ? Bella savait qu’il était malheureux depuis sa séparation avec Renée, si elle voulait l’aider un peu…

Mais aujourd’hui, ce n’était pas de sa mère, de son père, encore moins de Phil ou même des élèves de Forks, qu’il était question. Il était question de Bella et de l’enfant qu’elle attendait, qui grandissait depuis maintenant au moins trois mois dans son ventre sans qu’elle ne le sache. Elle n’avait rien remarqué jusqu’aux nausées et malaises ressentis récemment, se disant que ce n’était qu’une vilaine grippe qu’elle avait choppée au Lycée. C’était courant, ces derniers temps, tout le monde était malade. Angelica, Mike, Jessica… Personne n’y avait échappé. Et puis, peut-être que rester collée à un vampire, qui a le corps relativement froid, n’était pas la solution idéale. Alors, Bella avait ses raisons pour ne pas s’inquiéter et envisager… ça ! Une grossesse… Une grossesse, quoi !

Elle porta sa main à son ventre, prenant conscience de ce que cela engendrait. Enceinte… Ce mot ne cessait de tourner en boucle dans sa tête, les lettres formant ce mot incroyable devant ses yeux, clignotant sans cesse. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, qu’elle trouve une idée, une solution. Bella fit tourner le test de grossesse dans sa main et sortit de la salle de bains, passant dans sa chambre. Du calme. Respirer, surtout, respirer. Edward avait dû passer à la Villa et n’en avait plus que pour quelques minutes. Il lui avait dit qu’il reviendrait assez vite, vu qu’elle était malade. Il fallait qu’elle se calme… S’il la voyait complètement paniquée à son retour, cela risquait de mal tourner ou de l’inquiéter pour rien.

Bella s’installa donc dans son lit, de la musique dans les oreilles pour tâcher de se calmer, de respirer profondément, de feinter une décontraction qui n’existait pas. Cependant, elle ne put s’empêcher de sursauter lorsqu’Edward apparut juste en face d’elle, comme un ange au milieu du désordre de sa chambre. Elle s’approcha de lui, doucement, essayant d’oublier la découverte qu’elle avait faite quelques minutes plus tôt. Rien qu’y penser provoquait des battements plus irréguliers de son cœur, Bella avait même l’impression que la sueur allait commencer à faire son apparition, ou des rougeurs, au choix. DU CALME. Pour distraire les sens d’Edward, qui avait sûrement tout entendu, elle lança :

Bella – Je t’ai attendu… Alors, soucis réglés ? Tu peux rester, maintenant ?

Deux mois. Voilà deux mois qu'Edward avait déclaré, très officiellement, être le petit ami de mademoiselle Isabella Marie Swan. Cela faisait un peu pompeux, dit ainsi, mais il était heureux d'avoir trouvé une femme qui lui convenait, une femme avec qui il voudrait passer son éternité. Elle était belle, douce, aimante, attentive, très maladroite, attachante, drôle et sensible. Elle prenait garde aux autres, et il avait flashé sur elle, pour reprendre une expression actuelle, assez vite.

Maintenant, restait un problème...

Il était revenu à la villa pour en discuter avec sa famille. Il aimait Bella, très bien. il voulait vivre avec elle, d'accord. Il voulait l'épouser, parfait. Mais elle était humaine. Les humains ne devaient riens avoir sur leur nature, ou mourir. Tuer Bella, hors de question, mais il pouvait la transformer. Or, cela impliquait de rompre le traité avec les Quileutes... Déclencher une guerre pour pouvoir passer l'éternité près de celle qu'il aimait ? Ils pouvaient partir, bien sûr, mais il faudra contraindre tout le modne à quitter Forks, une ville qu'ils appréciaient tous car elle leur permettait de sortir sans se faire remarquer.

Il finit par quitter la maison et repartir chez Bella. Elle était un peu malade, en ce moment, il détestait rester loin d'elle dans ces cas-là. Il aimerait aussi lui parler d'une éventuelle transformation... Elle ignorait tout sur le sujet, sur la douleur ressentie, la nécessité de tout quitter, perdre ses parents et ses amis. Il sauta par la fenêtre, comme à son habitude, la faisant sursauter. Elle se rapprocha de lui, ayant l'air plus nerveuse que jamais. Que s'était-il passé ?! Il imagina aussitôt les pires catastrophes, en entendant les battements désordonnés de son cœur.

Bella – Je t’ai attendu… Alors, soucis réglés ? Tu peux rester, maintenant ?

Edward – Toujours, murmura-t-il en l'enlaçant.

Elle n'était pas bien, il le ressentait sans peine... Que lui était-il arrivé ? Elle s'était disputé avec quelqu'un ? Quelque chose l'avait troublé ? Il n'aimait pas la voir ainsi, anxieuse et troublée. Il voulait la voir souriante, sereine, heureuse. Il voulait la voir immortelle et puissante, libre et belle, à ses côtés. Il voulait pouvoir l'appeler sa femme, sa compagne, passer les siècles auprès d'elle. Mais elle n'avait que dix-sept ans... Il ne pouvait lui demander de tout quitter ainsi, même si lui le désirait. Cependant... qu'elle reste humaine était dangereux, pour elle comme pour eux. Il y avait des forces, dans leur monde, des forces sur qui il fallait compter. Bella ignorait encore tellement de choses ! Il eut un léger soupir.

Edward – Il faut que je te parle, Bella... Mais dis-moi d'abord ce qui t'arrive. Tu as appris une mauvaise nouvelle ?

Edward – Toujours.

Et il l’enlaça, affolant encore un peu plus son cœur. Non mais… Non ! Pourquoi Bella n’était-elle pas capable de lui résister ? Et elle devait lui dire pour la grossesse ? Non, c’était impossible… Elle pouvait attendre encore un peu, juste un peu, juste le temps de digérer elle-même la nouvelle. Un mois de plus, ce n’était pas trop, si ? Elle pouvait bien attendre, juste le temps de trouver une solution, juste… N’importe quoi, mais elle ne se sentait pas capable de tout avouer à Edward. Pas maintenant. Qui plus est, évoquer un tel sujet avec lui était plus que gênant. C’était comme si elle parlait avec Charlie de la pilule, des protections lors des rapports sexuels, etc. Edward n’était même pas de la même époque ! Comment réagirait-il, face à une telle annonce ? Bella ignorait même si ce genre de choses existait, à son époque. La simple idée de lui en parler la faisait rougir… Mauvaise technique, car il en profita pour reprendre la parole et… la coincer.

Edward – Il faut que je te parle, Bella... Mais dis-moi d'abord ce qui t'arrive. Tu as appris une mauvaise nouvelle ?

Une mauvaise nouvelle ? Oh, non. Techniquement, ce n’était pas une mauvaise nouvelle… C’était juste heu… Un peu compliqué. Mais comment dire cela à Edward ? En plus, elle ne pourrait jamais le lui cacher bien longtemps. Il entendait tout ! Et, au bout d’un certain nombre de mois, cela se verrait automatiquement… Bella voulait seulement un peu de temps pour lui dire, le lui annoncer. Juste un peu, quelques jours, semaines, ou mois même. Un enfant… Mais un enfant, quoi ! Pour s’empêcher de toucher son ventre, elle commença à jouer avec ses mains. En même temps, c’était un excellent déstressant pour elle, alors autant en profiter. Elle se lança ensuite, se composant un sourire pour dissimuler son stress :

Bella – Non, non, pas de mauvaise nouvelle. Ne t’inquiètes pas. C’est juste le stress de l’école, et puis… Tu m’as fait peur en arrivant, j’écoutais de la musique et je ne t’ai pas entendu, donc mon cœur est un peu trop fragile et ne s’est pas habitué à tout ça. Donc, ne t’inquiètes pas !

Même son explication ne la convainquait pas elle-même… Bon sang, Bella, un peu plus de conviction ! Mentir n’était pas si difficile que cela, elle le faisait tous les jours. Son père ne savait pas qu’Edward « dormait » avec elle, il ignorait qu’il la rejoignait tous les soirs dans sa chambre, il ignorait que sa fille chérie sortait avec un vampire. Alors, mentir, elle savait le faire. Mais mentir à un vampire qui entend plus de choses que les humains et qui nous connait mieux que personne, c’était d’office plus difficile. Néanmoins, il restait peut-être une échappatoire possible à Bella… Si elle y arrivait. Le regardant pour essayer de rendre ce qu’elle allait dire plus crédible aux yeux d’Edward, elle dit :

Bella – Bon d’accord… J’ai appris que Renée, ma mère, risquait de venir à Forks dans les prochains jours et je panique un peu, voilà tout. Rien de bien grave, tu vois ? Pas besoin de paniquer, je stresse juste beaucoup pour pas grand-chose. Mais toi, que voulais-tu me dire ?

Bon, c’était un coup bas, mais elle voulait juste gagner un peu de temps. En plus, avec Charlie dans les parages, Bella n’avait pas envie de prendre un quelconque risque supplémentaire si jamais il venait à entendre que sa fille était enceinte. Edward allait lui répondre, ils parleraient de ce sujet plus tard, et tout sera parfait parce qu’elle aura déjà trouvé une solution. Du moins, elle l’espérait…

Son cœur avait encore accéléré, il l'entendait parfaitement. Son souffle était plus rapide, une fine pellicule de sueur recouvrait son visage, le sang affluait dans ses joues. Il le voyait, le sentait surtout. Aussi nettement que s'il l'avait ressenti lui-même. Et sa gorge lui brûlait autant que tous les feux de l'enfer, le faisant autant souffrir que s'il avait avalé de la lave. Bien sûr, il n'en disait rien à Bella. Elle savait qu'elle représentait une sensation forte pour lui. Elle ignorait à quel point il devait contenir sa force et ses gestes, à quel point il mourrait d'envie de la tuer, avoir son sang pour lui seul. Rester aussi proche d'elle, aussi longtemps, était à la fois une joie et une torture. Il était masochiste, à tant aimer ce qui le faisait souffrir.

Bella – Non, non, pas de mauvaise nouvelle. Ne t’inquiètes pas. C’est juste le stress de l’école, et puis… Tu m’as fait peur en arrivant, j’écoutais de la musique et je ne t’ai pas entendu, donc mon cœur est un peu trop fragile et ne s’est pas habitué à tout ça. Donc, ne t’inquiètes pas !

Explication... Bancale... Un autre mot lui était venu en tête mais il restait poli, même en pensée. Que s'était-il passé ? elle jouait avec ses mains, comme lors de ses périodes de grand stress, et son rythme cardiaque ne s'était pas apaisé, loin de là. Si elle savait... Les vampires pouvaient se mentir entre eux, tous comme les humains avec d'autres humains. Entre personnes de la même espèce, savoir que l'autre ment est plus délicat, sauf lorsqu'on possède des aptitudes particulières. En revanche, un humain ne peut mentir à un vampire. Tout leur corps, leurs gestes, leur voix les trahit. Et Bella était, de toute façon, une bien piètre menteuse. Charlie avait compris plus de choses qu'elle ne le croyait, Edward le savait.

Bella – Bon d’accord… J’ai appris que Renée, ma mère, risquait de venir à Forks dans les prochains jours et je panique un peu, voilà tout. Rien de bien grave, tu vois ? Pas besoin de paniquer, je stresse juste beaucoup pour pas grand-chose. Mais toi, que voulais-tu me dire ?

Elle parlait trop vite pour que ce soit crédible. Surtout venant d'elle, qui avait un caractère très posé et pragmatique. L'âme d'une adulte chez une adolescente, en quelque sorte. Mais elle avait parfois des réactions un peu étranges, qui le déstabilisaient. Il n'était pas habitué à côtoyer si longtemps des humains, d'aussi près, surtout des jeunes, et comprenait parfois mal leurs réactions. Lire leurs pensées aidaient, oui. Et certaines émotions ne variaient pas avec le nombre d'années. Le désir, la peur, la haine, autant de choses si aisément identifiables, et si difficiles à contrôler. Mais soit. Bella ne voulait pas lui en parler ? Bon, très bien, il pouvait lui laisser un peu de temps pour qu'elle se décide. Il l'incita à s'asseoir près de lui sur le lit, et lui prit la main, la massant doucement pour la détendre. Il allait aborder des sujets un peu... Délicats, va-t-on dire, et appréhendait quelque peu sa réaction. Il ne voulait pas lui faire peur, mais il fallait vraiment qu'elle comprenne.

Edward – Bella, il faut que je te parle d'une chose. Mais n'ai pas peur, tu ne risques rien ici.

Hum, mauvaise entrée en matière... Commencer une annonce ainsi faisait automatiquement peur à la personne. Il imaginait déjà ses parents adoptifs lever les yeux au ciel, aussi s'empressa-t-il de faire un sourire rassurant à Bella et l'embrassa sur la joue. D'autant plus qu'il n'était pas vraiment certain qu'elle ne risque rien.

Edward – Tu connais encore très peu de choses sur notre monde, Bella. Tu sais que notre famille est différente. Notre espèce n'est pas si nombreuse, et nous avons plutôt tendance à vivre seuls, ou dans des groupes de deux ou trois individus, rarement plus. Mais il y a un clan qui fait exception. Un clan, en Italie, ils sont presque quarante, si je me souviens bien. Carlisle a vécu quelques dizaines d'années avec eux lorsqu'il était très jeune.

Ça, c'était la partie la plus facile. Passons au reste, maintenant. Il prit une petite inspiration, puis se lança.

Edward – Ce clan, on les appelle les Volturi, est en quelque sorte la police de notre monde... Même les vampires ont des lois. En fait, non, il n'y en a qu'une, mais qui recouvre beaucoup d'aspects. C'est de cacher notre existence aux humains. Les Volturi se chargent de l'appliquer, et de punir les contrevenants, d'une manière assez, disons, définitive. Les humains qui découvrent la vérité sont soit transformés, soit tués.

Il fit une pause d'une micro-seconde, songeant aux conséquences de leur propre situation.

Edward – Que tu sois humaine est... Un danger, Bella. Pour toi, mais aussi pour nous. Mais il y a beaucoup de choses à penser, je ne sais pas si tu te rends compte de tout ce qu'implique notre situation...

Edward ne sembla pas croire ce que Bella venait de lui dire, mais elle s’en fichait éperdument pour le moment. Elle voulait juste un peu plus de temps pour digérer la nouvelle, il pouvait le comprendre, n’est-ce pas ? Edward n’était pas du genre à la presser, même si elle savait qu’il s’inquiétait sûrement en ce moment précis et qu’il devait se battre contre sa conscience pour ne pas la brusquer. En effet, merci de cette attention, Bella avait l’impression que sa tête allait exploser, qu’elle allait tomber là tout de suite avec ce qu’elle venait d’apprendre. Et si Edward devait lui parler, cela n’augurait rien de bon… Ce qui ne rassura pas Bella, loin de là, et cela ne passa pas inaperçu extérieurement puisqu’Edward lui prit la main en la massant. Elle sentit des frissons la parcourir, son pouls s’accélérer par la même occasion et son esprit s’embrumer légèrement. Du caaalme, rester les pieds sur terre !

Edward – Bella, il faut que je te parle d'une chose. Mais n'ai pas peur, tu ne risques rien ici.

Allô la Lune, ici la Terre. Depuis quand dire « n’aie pas peur » et « il faut que je te parle » dans la même phrase n’effraie pas ? Même Edward devait le savoir, non ? Apparemment si, puisqu’il lui fit un sourire qu’il voulait sans doute rassurant et l’embrassa sur la joue. Venant de quelqu’un d’autre, en couple, cela aurait pu être mal interprété mais Bella s’était habituée à la réserve d’Edward vu que son sang était si « tentant ». Seulement, s’il voulait la rassurer, il était mal parti… Très mal parti, même. Elle ne le quittait pas des yeux, sentant des bouffées de chaleur l’envahir à cause de sa proximité physique avec Edward, de son odeur, des sensations qu’elle ressentait. Elle se répétait en boucle de « garder la tête froide » pour écouter très attentivement ce qu’il allait lui dire. Respirer.

Edward – Tu connais encore très peu de choses sur notre monde, Bella. Tu sais que notre famille est différente. Notre espèce n'est pas si nombreuse, et nous avons plutôt tendance à vivre seuls, ou dans des groupes de deux ou trois individus, rarement plus. Mais il y a un clan qui fait exception. Un clan, en Italie, ils sont presque quarante, si je me souviens bien. Carlisle a vécu quelques dizaines d'années avec eux lorsqu'il était très jeune.

Bon, jusqu’ici, rien de bien compliqué. Bella pouvait parfaitement comprendre qu’il y avait d’autres vampires dans le Monde même si ce « monde » était encore nouveau pour elle et qu’elle découvrait tout au jour le jour. Elle comprenait qu’une famille soit plus puissante que toutes les autres, un peu comme les familles royales chez les humains, cela n’avait rien d’extraordinaire. Le seul point que Bella ne comprenait pas était la raison pour laquelle Edward lui parlait de cette famille et de Carlisle en lien avec ce clan… Il pensait vraiment l’effrayer en lui apportant cette nouvelle information ? Elle ne connaissait pas très bien le « père » d’Edward, l’ayant simplement croisé à l’hôpital et ayant appris quelques trucs par-ci, par-là. Donc, ce détail concernant sa vie ne l’inquiétait pas plus que cela.

Edward – Ce clan, on les appelle les Volturi, est en quelque sorte la police de notre monde... Même les vampires ont des lois. En fait, non, il n'y en a qu'une, mais qui recouvre beaucoup d'aspects. C'est de cacher notre existence aux humains. Les Volturi se chargent de l'appliquer, et de punir les contrevenants, d'une manière assez, disons, définitive. Les humains qui découvrent la vérité sont soit transformés, soit tués.

Ce qui voulait dire… Une minute. Non. Mais une transformation engendrait quoi, exactement ? Il y avait trop d’informations d’un coup, c’était… Non, c’était trop, une pause, une toute petite pause. Bella le regardait, son cerveau faisant les liens difficilement entre tout ce que lui disait Edward. Soit transformée, soit tuée. Inconsciemment, elle porta une main à sa gorge, l’autre à son ventre, ne sachant pas ce qui allait advenir d’elle. Elle se repassa les paroles d’Edward mentalement, réfléchissant à toute allure à ce qu’il était en train de lui dire. Certes, il n’avait pas encore parlé d’elle mais… Cela n’allait pas tarder.

Edward – Que tu sois humaine est... Un danger, Bella. Pour toi, mais aussi pour nous. Mais il y a beaucoup de choses à penser, je ne sais pas si tu te rends compte de tout ce qu'implique notre situation...

Mais si, Bella réalisait que c’était dangereux. Du moins, avec le clan qui dirigeait tous les vampires, les Volturi – si elle avait bien retenu –, elle comprenait qu’il était en danger juste à cause d’elle, que leur famille était en danger, et qu’elle aussi par conséquent. Plus important encore, que la vie qu’elle portait actuellement en elle était en danger… Elle sentit une énorme boule se former au fond de sa gorge, réfléchissant à ce qu’Edward était en train de lui dire, consciente de ne pas tout savoir. Il lui fallait des informations, sans paniquer pour autant. Après quelques minutes, Bella parvint à articuler difficilement :

Bella – Qu’est-ce que ça engendre ? Est-ce que c’est… Je… Explique-moi, je crois que mon cerveau sature, ça fait trop d’informations d’un coup.

Edward la regarda et la serra dans ses bras. Oups. Si elle voulait que son anxiété passe inaperçue, c’était raté. Complètement raté.

Edward – Ça engendre un... Départ. Et... Enfin, tu ne peux pas rester ainsi. Et je refuse de te tuer. Je suis conscient de ce que je te demande, Bella, car il s’agit de tout quitter, fuir, entrer dans un monde que tu connais pas. Mais je suis là. Et je ne veux pas, je ne peux pas te tuer, et je ne laisserais pas d’autres le faire ! Tu... Hum...

Tout quitter… Abandonner, tout. Du jour au lendemain. C’était… Bella aimait Edward, elle ignorait si elle pouvait vivre sans lui, elle se sentait vide lorsqu’il n’était pas là. Mais Charlie ? Renée ? Le lycée ? Et… le bébé ? Si elle… Cela engendrait quoi exactement, physiquement ? Et Jacob ? Et… Ne pas paniquer. Et que voulait-il dire après « Tu » ? Que comptait-il dire, exactement ? D’une voix tremblante, Bella répondit à Edward, à peine consciente de ce qu’elle disait tandis que les mots parvenaient doucement à son esprit :

Bella – Je… Mais tu… Je quoi ? Et tu… Et physiquement ? Si… Si tu ne m’aimes plus après ? Je ne comprends pas pourquoi je devrais tout quitter si…

Edward ne dit rien, comme s’il cherchait ses mots, ce qui eut pour effet de provoquer une vague de panique chez Bella. Elle ignorait ce que lui réservait l’avenir, à présent, elle ignorait ce que tout cela engendrait… Et elle avait peur. Oui, elle avait peur.

Edward – Je ne vais pas te mentir. Tu mourras si je te laisse ici. Les Volturi savent toujours, ne me demande pas comment, quand il y a un problème de ce genre. Physiquement... Tu deviendrais comme nous. Je voudrais que tu deviennes ma compagne, mais c’est un désir égoïste, car tu as bien plus à perdre que moi.

Il fallait qu’elle lui dise… Il fallait que… Il ne comptait pas faire ça maintenant, si ? Il pouvait bien attendre quelques temps, non ? Ce n’était pas si urgent que cela, n’est-ce pas ? Elle paniquait de plus en plus et tentait de se maîtriser, consciente que cela devait être insoutenable pour Edward. D’ailleurs, il lui prit la main, un air douloureux sur le visage. Cette discussion était aussi difficile pour elle que pour lui…

Edward – En revanche, je peux te jurer que je t’aimerais toujours. Tu n’imagines pas les efforts que je déploie seulement pour te garder en vie. Je voudrais tant te voir solide et immortelle, l’une des nôtres. Et je sais que je n’ai même pas le droit de te le demander, mais... Si tu deviens comme nous, tu perdras ta famille et tes amis. Personne ne doit connaître notre existence, Bella, personne.

Bella – Je n’en suis pas si sûre… Edward, je…

Bella poussa un soupir, ne sachant comment aborder le sujet. Elle ne pouvait pas lui dire cela, c’était impossible. Et d’un autre côté, avec les Volturi, la menace de mourir, elle ignorait ce qu’elle devait faire, ce qu’elle devait dire, s’il y avait un seul petit espoir pour qu’ils puissent attendre. Elle ne le regardait plus, jouant de nouveau avec ses mains, gardant la main d’Edward dans la sienne mais osant à peine bouger. Elle lâcha, dans un murmure :

Bella – Si… Si j’accepte… Je… Il me resterait combien de temps ?

Edward – Ce serait avant la fin de la semaine. Peut-être cette nuit.

… Pardon ? Quoi ? Mais… Bella venait seulement de réaliser qu’elle était enceinte et il lui laissait uniquement la nuit ou la semaine pour… Non. Non, non, non. Elle ne pouvait pas, pas comme cela. Il fallait qu’elle prenne une décision réfléchie, qu’elle… C’était impossible. Et le bébé ? Il ne pouvait pas… Mais du calme. Edward n’était pas au courant, il l’aiderait peut-être à trouver une solution, ils trouveraient peut-être quelque chose à faire ensemble. Seulement, tuer un enfant, alors qu’elle n’aurait plus l’occasion d’en avoir un autre… Elle bafouilla, tremblant plus que jamais :

Bella – Je… Est-ce que… Ca ne peut pas attendre quelques temps ? Juste… Il faut que je… Juste quelques mois ?

Edward – Pourquoi quelques mois ?

Bella eut un moment d’arrêt, ne bougeant plus, détournant franchement le regard, portant la main à son ventre. Elle ne pouvait pas lui dire, c’était impossible. Et comment lui dire cela sans le choquer ? Elle était enceinte, et il n’était même pas le père. D’un autre côté, elle n’imaginait pas tuer un enfant. Bella ne voulait pas être mère, non, mais… Tuer un être vivant, tuer un bébé de 3 mois déjà, c’était impossible.

Bella – Parce que tu ne peux pas me demander de tout abandonner comme ça, je ne… Je veux au moins dire au revoir ou… réfléchir ou… Vous risquez d’avoir des ennuis si je disparais maintenant, avec Charlie qui sera sur votre dos. Je veux juste attendre six mois… Je t’aime. Plus que tout, n’en doute pas une seule seconde, c’est juste que…

Bella ne pouvait définitivement pas, elle poussa un soupir et baissa la tête. Elle n’osait plus regarder Edward et se sentait rougir de seconde en seconde. Elle était terrorisée et aimait Edward plus que tout, elle était seulement complètement perdue. Elle lâcha dans un murmure, ne pouvant retenir les larmes :

Bella – J’ignore ce que je dois faire… Je suis désolée…

Il lui semblait que Bella, comprenait, oui, tout ce que cela impliquait... Edward avait passé des heures et des heures à discuter de tout cela avec sa famille. Rosalie, surtout, était la plus virulente, lui reprochant de ne pas avoir laissé Bella tranquille, de l'avoir entraîné dans cette histoire pour son simple plaisir égoïste, et qu'elle se retrouvait maintenant prise au piège, littéralement, contrainte de les suivre, ou de finir par mourir. Elle l'accusait de lui avoir volé sa vie, son humanité, et tout ce qui comptait pour elle, de l'avoir arraché au monde auquel elle appartenait. Et elle n'avait pas tord, Edward le savait...

Le reste du clan était plutôt mitigé. Ses parents le soutenaient, mais il savait également leur désapprobation à l'idée que tout cela arrive si vite à Bella, si tôt. Si rapidement. Et quel moyen de faire autrement ? Il ne pouvait pas l'abandonner. Il ne pouvait pas la tuer. Il pouvait l'emmener avec lui, la transformer, et ainsi réaliser pour de bon tout ce dont Rosalie l'accusait. Et Bella ? Comment pouvait-il lui demander de tout quitter, si vite ? Ils en étaient forcés, mais cela aura des conséquences dramatiques pour elle. Sa famille, ses amis. Elle avait tant à perdre, tout cela pour gagner une vie à leurs côtés. Il s'en voulait de lui imposer cela.

Bella – Qu’est-ce que ça engendre ? Est-ce que c’est… Je… Explique-moi, je crois que mon cerveau sature, ça fait trop d’informations d’un coup.

Il retint une grimace et la serra dans ses bras pour l'aider à s'apaiser un peu. C'était à lui de tout lui dire, la rassurer, lui expliquer, faire en sorte qu'elle comprenne ce monde dans lequel il voulait la voir évoluer. Elle devait avoir tous les aspects en main. Même s'il ne lui avait pas encore tout dit. Il ne lui avait aps encore parlé de la douleur.

Edward – Ça engendre un... Départ. Et... Enfin, tu ne peux pas rester ainsi. Et je refuse de te tuer. Je suis conscient de ce que je te demande, Bella, car il s’agit de tout quitter, fuir, entrer dans un monde que tu connais pas. Mais je suis là. Et je ne veux pas, je ne peux pas te tuer, et je ne laisserais pas d’autres le faire ! Tu... Hum...

Hum, il pouvait difficilement lui dire la suite aussi crûment. Il repensait aux Volturi. Ils avaient des espions partout, Aro avait ses sbires dans le monde entier. Et Bella, bien qu'elle ne s'en rende pas compte, portait leur odeur sur elle, en permanence. N'importe quel nomade passant dans le coin saura qu'elle était en relation avec des vampires, et pourrait en informer n'importe qui. Elle avait déjà échappé à un traqueur, grâce à leur aide, mais un petit traqueur. James était un malade, oui, mais il restait d'un niveau moyen. Les Volturi disposaient de gardes d'un autre niveau. Si on pouvait égarer quelques temps James, on ne pouvait pas égarer Dimitri. Il serra les dents en repensant à l'Italien, une vague de colère l'envahissant. Une colère vite remplacée par la peine. Bella était terrifiée, il le sentait, et sa voix tremblait.

Bella – Je… Mais tu… Je quoi ? Et tu… Et physiquement ? Si… Si tu ne m’aimes plus après ? Je ne comprends pas pourquoi je devrais tout quitter si…

Bien sûr qu'il l'aimera toujours ! Et pourquoi elle devrait tout quitter... Il chercha les mots les moins alarmants, même si le sujet était particulièrement dur et brûlant. Il ne pouvait pas lui mentir... Rester ici sera la mort pour elle, et ils avaient déjà trop tardé.

Edward – Je ne vais pas te mentir. Tu mourras si je te laisse ici. Les Volturi savent toujours, ne me demande pas comment, quand il y a un problème de ce genre. Physiquement... Tu deviendrais comme nous. Je voudrais que tu deviennes ma compagne, mais c’est un désir égoïste, car tu as bien plus à perdre que moi.

Situation trèèès résumée, pour le coup. Elle paniquait, son sang pulsait avec plus de force dans ses veines, augmentant son odeur. Il bloqua sa respiration en lui prenant la main. Les humains étaient encore plus attirants pour eux lorsqu'ils étaient soumis à la peur. Les vampires étaient comme des requins, attirés par le sang, la peur. Il se domina, ce n'était pas le moment de craquer, surtout pas, et tâcha de reprendre ses esprits. Il détestait devoir lui dire tout ça, devoir la mettre dans cet état.

Edward – En revanche, je peux te jurer que je t’aimerais toujours. Tu n’imagines pas les efforts que je déploie seulement pour te garder en vie. Je voudrais tant te voir solide et immortelle, l’une des nôtres. Et je sais que je n’ai même pas le droit de te le demander, mais... Si tu deviens comme nous, tu perdras ta famille et tes amis. Personne ne doit connaître notre existence, Bella, personne.

Bella – Je n’en suis pas si sûre… Edward, je…

Pas si sûre de quoi ? Que personne ne devait savoir ? Oh, si, c'était certain. Le danger était réel, le risque était grand. Sa famille était prête, lui non, mais il savait ce qu'il avait à faire. Ils auraient déjà dû partir depuis plusieurs mois ! Les gens commençaient à se poser des questions, ils attiraient trop l'attention. Et il y avait Charlie. Il n'était pas idiot et sentait que quelque chose se tramait. Et les Quileutes. Ils devaient partir avant que les Indiens, voyant que le traité filait vers la rupture, déclenchent une guerre.

Bella – Si… Si j’accepte… Je… Il me resterait combien de temps ?

Edward – Ce serait avant la fin de la semaine. Peut-être cette nuit.

La nouvelle lui fit un choc. Il lui serra la main, plus que désolé. Bien évidemment qu'elle devait mourir de peur. Il lui demandait de tout abandonner ! Partir, loin de son père, ne plus revoir sa mère ou ses amis, couper tous liens, les laisser croire qu'elle était morte. Elle devait sûrement penser à eux tous, la douleur qu'ils ressentiront après sa disparition. Il retint un soupir, pour ne pas la paniquer un peu plus.

Bella – Je… Est-ce que… Ca ne peut pas attendre quelques temps ? Juste… Il faut que je… Juste quelques mois ?

Quelques... Mois ? Là, il était surpris. Il s'était plutôt attendue à la voir demander un délai de quelques années ! Pour se préparer, préparer les autres, si c'était possible, avoir le temps de vivre un peu... Mais juste quelques mois ?

Edward – Pourquoi quelques mois ?

Elle se figea complètement, ce qui eut le don de l'alarmer. Détournant le regard, elle posa ensuite une main sur son ventre, rougissant et blêmissant à la fois, exploit. Il la regarda longuement, rageant de ne pouvoir lire ses pensées. Puis une idée vint lentement s'insinuer dans son esprit. Il la regarda. Regarda sa main. Son ventre. Son visage. De nouveau son ventre. Un doute de plus en plus pressant l'horrifiait. Serait-il possible que... Mais non. Il n'avait rien fait ! Lui, non. Elle ? Il frémit malgré lui, à cette simple idée. Bella, sa Bella ! Et avec qui ? Elle était jeune, tout de même !

Bella – Parce que tu ne peux pas me demander de tout abandonner comme ça, je ne… Je veux au moins dire au revoir ou… réfléchir ou… Vous risquez d’avoir des ennuis si je disparais maintenant, avec Charlie qui sera sur votre dos. Je veux juste attendre six mois… Je t’aime. Plus que tout, n’en doute pas une seule seconde, c’est juste que…

Neuf mois moins six, trois. Que faisait-il, il y a trois mois ? Il ne la connaissait pas encore, ils ne s'aimaient pas. Leur relation était encore toute jeune. Alors, avant, elle avait... Mais elle avait dix-sept ans ! Et elle n'était même pas mariée, en plus ! Comment aurait-elle pu faire ça ? Et son Honneur ? Son Honneur, avec un grand H, qu'en faisait-elle ? Avait-elle déjà perdue sa vertu ? Hors de l'acte sacré du mariage ? Et elle était enceinte ! Enceinte ! Elle attendait un enfant, qui n'avait d'ores et déjà pas de père, depuis trois mois. Il en tombait littéralement. Enceinte. Le mot tournait et retournait dans sa tête. Enceinte. A dix-sept ans. Charlie le savait-il ? Il fit une rapide vérification dans son esprit, et apprit que non. De mieux en mieux ! C'était à lui de préserver la vertu et l'Honneur de sa fille, après tout.

Bella – J’ignore ce que je dois faire… Je suis désolée…

Elle avait commencé à pleurer. Lui était tellement pétrifié qu'il ne pouvait plus faire un seul geste. Le problème venait de prendre d'autres proportions, il se sentait totalement dépassé. Il prit une petite inspirations, fermant les yeux quelques secondes. Du calme, et réfléchissons. Elle était enceinte, mais pas de lui. Or, ils fallait qu'ils parent, il ne pouvait la laisser là, mais il ne pouvait pas non plus la transformer. Ou si ? Mais ce serait tué le bébé en elle, un acte qui le répugnait, même s'il naissait hors-mariage.

Edward – Bella, et ta vertu ?! gémit-il soudain. Que fais-tu de ton Honneur ? C'est le plus important, pour une femme ! Tu n'es pas mariée !

C'était une chose inconcevable, pour lui, qu'une femme ne préserve pas sa pureté avant le mariage. D'accord, les choses avaient évolués, mais il avait été élevé avec ces principes, et était horrifié lorsqu'on les bafouait.

Edward – Tu attends un enfant à dix-sept ans alors que tu vis toujours sous le toit de ton père, et que tu n'as épousé personne ? Bella, enfin ! Tu ne protèges pas cet enfant, en faisant ça, et tu mets ta propre âme en danger. Comment as-tu pu ?

Edward – Bella, et ta vertu ?! Que fais-tu de ton Honneur ? C'est le plus important, pour une femme ! Tu n'es pas mariée !

… Pardon ? Bella ouvrit la bouche et resta là, comme une imbécile, à regarder Edward sans trouver quoi dire tant sa réaction l’étonnait. Il était choqué pour… Sa vertu ? Bon, d’un côté, il était né il y avait plus d’un siècle, donc elle pouvait le comprendre mais… A ce point-là ? Elle ne parvint pas à lui répondre, éberluée. Donc, il n’était pas choqué qu’elle ne soit pas enceinte de lui, mais qu’elle soit enceinte avant le mariage. Bon, d’accord. Mais cette réaction était totalement… ringarde ! Il était vieux-jeu, là, c’était clair. Mais ne pas rire, il y avait légèrement plus grave pour le moment. Les Volturi, les vampires qu’Edward avait cité quelques minutes plus tôt, en voulaient à sa vie et lui, il pensait à conserver sa vertu ?

Edward – Tu attends un enfant à dix-sept ans alors que tu vis toujours sous le toit de ton père, et que tu n'as épousé personne ? Bella, enfin ! Tu ne protèges pas cet enfant, en faisant ça, et tu mets ta propre âme en danger. Comment as-tu pu ?

Parce qu’il l’engueulait, en plus ? Mais Bella faisait ce qu’elle voulait de son corps, aux dernières nouvelles ! Et si elle avait envie de vendre son corps, hein ? Et si elle avait envie d’en faire don à la science, de gagner de l’argent ou encore d’autres choses ? Ils n’étaient même pas ensemble avant, il ne connaissait pas son existence et n’avait pensé qu’à la tuer dès la première seconde où il l’avait vue ! Il aurait pu, d’ailleurs, elle ne lui avait jamais tourné autour, seul son comportement mystérieux l’avait intriguée. Mais c’était tout, Bella n’avait pas cherché à le draguer, loin de là. Cette idée à elle seule suffisait à la faire rire, d’ailleurs, tant elle était saugrenue. Aussi, furieuse à son tour, les larmes étant bien loin à présent, elle lâcha :

Bella – Parce que tu crois que je l’ai décidé ?! Edward, désolée mais on n’était même pas ensemble et, je sais pas toi, mais j’ai tout abandonné pour venir vivre à Forks, je connaissais personne à part lui et… Eh bien, quand tu déprimes, les choses vont vite. Le soleil me manquait, ma mère me manquait, alors désolée, mais tu n’as pas à m’engueuler pour ça !

Bella fit une pause, se levant pour s’écarter d’Edward histoire de ne pas trop le tenter. C’était devenu inconscient, une sorte de réflexe pour lui faciliter la tâche, mais autant éviter un quelconque incident dans une telle situation. Elle savait que la colère risquait de compliquer les choses pour lui, mais elle était incapable de se calmer pour l’instant. Sa vertu… Mais sa vertu, quoi ! Il l’engueulait parce qu’elle avait « perdu sa vertu » avant le mariage. Il se prenait pour son père ? Encore, si elle l’avait trompée – chose qui lui était inconcevable –, elle le comprendrait, mais ici, non ! Edward n’avait pas à lui dicter sa vie, elle faisait ce qu’elle voulait !

Bella – Quant à mon âme, elle est déjà…

Bella soupira et se laissa tomber contre le mur à côté de sa commode, faisant un geste las de la main. Son âme, elle s’en fichait complètement et, selon les « valeurs » que défendait Edward, elle l’avait déjà perdue depuis longtemps. Elle sortait avec un vampire, non ? Jusqu’à preuve du contraire, et d’après tout ce qu’elle avait lu sur eux, ils étaient loin d’être des anges. Alors, son âme… Mais ne pas s’énerver. Rester calme. Bella prit une profonde inspiration, la bloquant quelques secondes pour ne pas s’emporter. Elle n’oubliait pas Charlie, il ne fallait pas qu’il l’entende hurler. Edward savait se contrôler et engueuler sans hausser la voix, mais elle… Se pinçant l’arrête du nez, elle ferma les yeux quelques secondes. Du calme. Dès qu’elle sut qu’elle pouvait parler sans crier, elle reprit en regardant Edward sans oser bouger pour l’instant :

Bella – Je suis désolée, je n’aurais pas dû hurler. Je panique, c’est tout, tu peux le comprendre, non ? Je viens de découvrir que j’étais… enceinte. Juste avant que tu n’arrives. Et toi, tu viens m’apprendre que des malades veulent me tuer. Comment veux-tu que je réagisse, Edward ?! Je panique, je… Je pensais que tu aurais une idée, quelque chose, une solution ou… Je sais pas, je voulais plus de temps pour trouver quelque chose. Je ne pensais pas te l’annoncer comme ça, ce soir, je…

Bella s’interrompit, réalisant qu’elle parlait peut-être pour rien. Et si Edward ne voulait plus d’elle, à présent ? Et s’il souhaitait la quitter, maintenant que son âme était perdue à jamais selon lui, maintenant que sa vertu avait été prise par un autre ? Cette perspective lui serra la gorge, provoqua un étrange sentiment de vide et de manque, comme si elle perdait quelque chose. Mais Bella ne pouvait pas l’obliger à rester. Si Edward préférait partir… Elle essaya de prendre une voix normale, de camoufler sa douleur, avant de dire :

Bella – Désolée, tu… Si tu veux partir ou si tu ne veux plus entendre parler de moi, je comprendrai… Je partirai, je déménagerai pour ne pas vous obliger à quitter Forks. Mais protégez Charlie… C’est tout ce que je demande.

Cette fois, Bella ne le regardait plus. Elle ne voulait pas voir de regard accusateur ou dégoûté, elle voulait simplement qu’il lui promette de veiller sur Charlie, qu’il ne l’abandonne pas à cause de ce qu’elle avait fait.

Bella sembla éberluée par sa question, puis son rythme cardiaque prit une brusque accélération, en même temps que l'adrénaline se mettait à courir dans ses veines. Il bloqua aussitôt sa respiration, car cela rendait son sang d'autant plus désirable. Mais qu'est-ce qui lui prenait ?!

Bella – Parce que tu crois que je l’ai décidé ?! Edward, désolée mais on n’était même pas ensemble et, je sais pas toi, mais j’ai tout abandonné pour venir vivre à Forks, je connaissais personne à part lui et… Eh bien, quand tu déprimes, les choses vont vite. Le soleil me manquait, ma mère me manquait, alors désolée, mais tu n’as pas à m’engueuler pour ça !

Quoi, elle était en colère ? Mais, oh ! Ce n'était pas lui qui avait sacrifié son honneur avant le mariage ! Oui, peut-être, ils n'étaient pas ensemble, et alors ? Ensemble ou pas, une femme n'avait pas à... mais elle était enceinte ! C'était cela qui le choquait le plus, dans l'affaire. Elle s'était levée, s'éloignant de lui. Et il ne pouvait s'empêcher de fixer son ventre, à présent. Voilà pourquoi il ne s'était rendu compte de rien. Cet enfant devait être protégé par la même chose qui l'empêchait de lire les pensées de Bella. A moins que ce ne soit elle qui le "couvre", en quelque sorte. Mais peu importe pour le moment. Il se contraignit à reprendre son calme. Non seulement crier ne servirait à rien, mais cela ne fera pas avancer la situation. Comment faire, à présent ? Comment ?! C'était déjà infernal, mais là... Il serra ses mains, réfléchissant à toute vitesse. Pourquoi Alice n'avait-elle rien vu ? Elle voyait bien l'avenir de Bella, alors pourquoi n'avait-elle rien perçu concernant sa grossesse ? C'était un événement sûr, et puisqu'elle surveillait l'avenir de Bella, elle aurait dû la voir accoucher, à un moment ou à un autre, surtout si cela faisait déjà trois mois.

Bella – Quant à mon âme, elle est déjà…

Déjà quoi ? Perdue ? Et pourquoi cela ? Elle se laissa tomber contre le mur avec un geste négligent de la main. Oh, d'accord, elle s'en fichait en fait. Il n'arrivait pas à concevoir que Bella ne soit pas croyante, surtout dans un pays où quasiment tous les humains croyaient en Dieu. Mais son âme n'était pas perdue, non, quoi qu'elle en pense. Il retint un long soupir, restant assis sur le lit.

Bella – Je suis désolée, je n’aurais pas dû hurler. Je panique, c’est tout, tu peux le comprendre, non ? Je viens de découvrir que j’étais… enceinte. Juste avant que tu n’arrives. Et toi, tu viens m’apprendre que des malades veulent me tuer. Comment veux-tu que je réagisse, Edward ?! Je panique, je… Je pensais que tu aurais une idée, quelque chose, une solution ou… Je sais pas, je voulais plus de temps pour trouver quelque chose. Je ne pensais pas te l’annoncer comme ça, ce soir, je…

Il ne dit rien pour le moment. Un bébé compliquait tout, et très sérieusement ! L'emmener, elle, d'accord, mais enceinte ? Comment allaient-ils gérer ce fait ? Un bébé, enfin ! Il ne voyait même pas comment elle pourrait le garder. Ils avaient beaucoup trop tardé. Si elle le gardait, elle ne pourra pas le voir ou s'en occuper lors de sa première année en tant que vampire. Et même si elle restait humaine le temps de l'élever, elle vieillira, chose qu'elle refusera, et ne supportera sans doute pas d'être coupée des humains durant tout ce temps. Et si elle avortait... A moins qu'elle ne garde l'enfant, puis ne le donne ensuite à son père à sa naissance ? C'était impossible. Jacob ne la voyait plus, depuis qu'ils sortaient ensemble, et refusera de s'occuper du bébé pour que sa mère puisse partir avec les Cullen, transformée.

Bella – Désolée, tu… Si tu veux partir ou si tu ne veux plus entendre parler de moi, je comprendrai… Je partirai, je déménagerai pour ne pas vous obliger à quitter Forks. Mais protégez Charlie… C’est tout ce que je demande.

QUOI ??! Il se leva d'un bond et se précipita sur elle, la souleva, et la serra dans ses bras, le tout en un seul mouvement très fluide. Qu'elle arrête de dire des âneries ! Il la serra contre son cœur, aussi fort que possible sans toutefois la blesser, et lui chuchota que c'était hors de question, qu'il ne l'abandonnera pas, et qu'il ne la laissera jamais derrière lui.Il la ramena ensuite s'asseoir sur le lit, et lui prit les mains.

Edward – Bella, il y a plusieurs solutions, mais... Si tu gardes cet enfant, soit tu acceptes ne plus le voir le temps que tu apprennes à te contrôler en tant que vampire, c'est à dire minimum un an, soit tu l'élèves mais tu vieilliras toi aussi. Et il faudra accepter qu'il souffre lui aussi pour le transformer, car il ne pourra rester humains très longtemps.

Solution qui ne lui plaisait pas du tout. Il prit une petite inspiration.

Edward – Tu peux aussi laisser cet enfant à Charlie... car je doute que son père en veuille, surtout si tu pars avec nous. Et, dernière solution, tu peux... Tu peux aussi avorter.

Bella eut à peine le temps de finir sa phrase qu’Edward s’était levé d’un bond, l’avait soulevée et serrée dans ses bras. Eh ! Mais quoi ? Il était furieux, il la pensait salie, souillée, et pourtant, il l’aimait ? Elle était un peu perdue, là. Il la serrait très fort dans ses bras sans que cela soit douloureux pour autant, c’était même apaisant et rassurant. Bella se sentait protégée, ici, en sécurité, envahie par la sensation que rien au monde ne pouvait l’atteindre, les atteindre. Qu’ils étaient protégés de tout le monde, de tout, tout simplement.

Il lui chuchota qu’il ne l’abandonnerait pas, qu’il ne la laisserait jamais, comme s’il était choqué qu’elle puisse dire quelque chose comme cela. Pendant ces brefs instants, Bella avait fermé les yeux, profitant de ce moment de calme loin de tous les soucis, ignorant tout ce qui se profilait à l’horizon. Elle savait que les prochaines semaines allaient être difficiles… Ce ne fut que lorsqu’Edward l’entraina sur le lit, lui prenant les mains, qu’elle rouvrit ses yeux encore humides, ne le regardant pas encore.

Edward – Bella, il y a plusieurs solutions, mais... Si tu gardes cet enfant, soit tu acceptes ne plus le voir le temps que tu apprennes à te contrôler en tant que vampire, c'est à dire minimum un an, soit tu l'élèves mais tu vieilliras toi aussi. Et il faudra accepter qu'il souffre lui aussi pour le transformer, car il ne pourra rester humain très longtemps.

Ne… plus le voir pendant un an ? Ou le faire souffrir ? Non, c’était impossible. Bella ne pouvait pas infliger un tel supplice à un enfant, elle ignorait la douleur ressentie lors de la transformation, mais le ton et le visage d’Edward en disaient long. Assez pour laisser deviner que c’était un calvaire et un moment plus que pénible à vivre. Donc non, hors de question. Un enfant ne pouvait pas supporter cela, il pouvait très bien en mourir ! Et vieillir… Vieillir… de combien d’années ? Elle ne voulait pas devenir une vieille femme, plus vieille qu’Edward en apparence, atteindre vingt ans et ne pas oser être transformée après. En plus, si elle vieillissait, si elle voulait élever cet enfant… Edward l’aimerait-il toujours ? Bella ne répondit rien, réfléchissant. Il fallait prendre une décision, mais celles-ci ne lui plaisaient pas du tout… Il y en avait sûrement d’autres, non ?

Edward – Tu peux aussi laisser cet enfant à Charlie... car je doute que son père en veuille, surtout si tu pars avec nous. Et, dernière solution, tu peux... Tu peux aussi avorter.

Avorter ?! Mais… Mais non ! Sûrement pas ! Elle n’allait pas tuer un enfant, elle n’allait pas être une meurtrière ! Bella s’était braquée, fixant Edward droit dans les yeux. C’était mort d’avance, elle ne voulait pas avorter, elle refusait d’abandonner un enfant, d’ôter la vie à un être qui n’est même pas né. Chaque être humain doit avoir sa chance, et elle refusait de priver quelqu’un de la chance de vivre sa vie, de faire quelque chose qui pourrait même changer le monde, qui sait ? Portant sa main à son ventre, elle lâcha, aussi tendue qu’un arc :

Bella – Je refuse. Je ne vais pas tuer un enfant, Edward ! Je sais que ce n’est qu’un « fœtus » pour toi, mais je le sens en moi, je ne compte pas le priver de cette vie, je veux lui laisser une chance ! Tu imagines, et si c’était un futur Einstein ? Hein ? Non, Edward, non, non, et non !

Bon, il avait peu de chance d’être un futur Einstein, mais Bella avait lancé cela sans vraiment réfléchir. Et elle savait que cela lui faisait perdre toute crédibilité, d’ailleurs. Mais peu importe ! Le message était clair : elle ne voulait pas avorter. Par contre… La deuxième solution qu’avait apportée Edward n’était pas mauvaise. De cette façon, Bella ne pourra pas voir cet enfant grandir, elle le savait. Alors, pourquoi ne pas le laisser à Charlie ? Il serait en sécurité, ici. Elle ignorait pourquoi, mais malgré la présence des vampires, personne ne s’était fait tuer dans le coin, comme si Forks était protégé par quelque chose ou quelqu’un. Oui… Cette solution était la meilleure. La plus douloureuse pour elle, mais la meilleure. Bella se mordit les lèvres, réfléchissant encore pour voir si elle n’oubliait rien. Jacob pourrait même venir voir l’enfant, s’il le souhaitait par après. Elle finit par reprendre :

Bella – Je crois que… Je… Tu as raison. Charlie saura s’en occuper, je crois. Et si je dois… disparaitre, il aura au moins un « souvenir », tout ne lui sera pas enlevé. Et puis, peut-être que Jacob…

Bella se tut, sentant sa gorge se serrer. Elle prenait conscience de ce que tout cela allait engendrer, qu’il lui restait, au maximum, neuf mois à vivre. Et comment cela allait-il se passer ? Eux ne risquaient-ils rien ? Comment l’annoncer à Charlie ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, elle avait l’impression qu’elle allait s’évanouir. C’était trop en une seule soirée, et dormir ne changerait rien. Elle n’avait pas envie qu’Edward parte pour le moment, il fallait qu’elle fasse quelque chose, il fallait tout organiser, il fallait protéger Charlie, Forks, tant de monde. Uniquement à cause d’elle. Bella jeta un coup d’œil à l’horloge posée sur sa table de nuit. Une heure du matin. Parler à Charlie maintenant, impossible. Seulement, il fallait qu’elle fasse quelque chose, qu’elle bouge, qu’elle ait des informations supplémentaires, qu’elle… Elle se leva et répondit d’une voix tremblante et pressée :

Bella – Je suis désolée, j’ai tout gâché. Je ne sais même pas ce qui m’attend, comment va réagir Charlie ? Et si jamais il est anéanti, et s’il n’arrive pas à se remettre à cause de moi ? Je ne suis qu’une tête de mule, j’aurais dû t’écouter au tout début, quand tu disais que je ne devais pas t’approcher, j’ai attiré des problèmes à tout le monde, même à quelqu’un qui n’est pas encore né ! Il faut prévenir Charlie, Renée, il faut… Et je n’aurai aucun diplôme, il faut au moins aider Charlie, trouver une crèche, une garderie, lui dire quelles écoles seront bien pour l’enfant, le…

Bella s’agitait dans tous les sens, paniquant littéralement. Après le coup, le contrecoup. Qui se traduisait en une crise de panique chez elle, et sûrement en un malaise qui n’allait pas tarder si elle continuait comme cela. Elle s’interrompit d’ailleurs à cause de ce dernier point, s’appuyant contre la commode et portant une main à son front. Elle tenta de rassurer Edward :

Bella – Je vais bien. C’est le contrecoup, c’est rien. Je ne sais même pas par quoi commencer… Où sont les numéros des garderies ? Des crèches ?

Bella se dirigea vers son bureau, voulant prendre un bottin pour rechercher ces informations.


[HJ : Désolée, ça me manquait, ces crises (a) Cadeau !]

Bella s'était totalement tendue et braquée, une main sur son ventre. Enfin une réaction normale, il commençait à désespérer. Et Edward souhaitait que la dernière solution la dégoûte aussi pour qu'elle choisisse la solution Charlie. C'était le mieux, à la fois pour elle et pour l'enfant. pour l'enfant car il ne sera pas abandonné et grandira dans sa propre famille, pour elle car elle le saura heureux et entre de bonnes mains.

Bella – Je refuse. Je ne vais pas tuer un enfant, Edward ! Je sais que ce n’est qu’un « fœtus » pour toi, mais je le sens en moi, je ne compte pas le priver de cette vie, je veux lui laisser une chance ! Tu imagines, et si c’était un futur Einstein ? Hein ? Non, Edward, non, non, et non !

Lui qui était prêt à laisser échapper un sourire de victoire haussa les sourcils en l'entendant. Un... Futur Einstein ? Cette réponse était si incongrue qu'il faillit bien en rire. Celle-là, on ne lui avait jamais faite, et il ne s'y attendait pas. Il attendit patiemment qu'elle se calme et remette de l'ordre dans ses pensées. La situation était tendue, mais il y avait sans doute un moyen de s'organiser. Même si sa famille partait maintenant, lui pouvait rester, sans se faire voir du moment. Il fera comme s'il avait quitté Forks pour de bon avec ses parents, ses frères et sœurs, et rejoindra Bella lorsqu'elle sera seule. Ce qui allait sûrement se passer d'ailleurs.

Bella – Je crois que… Je… Tu as raison. Charlie saura s’en occuper, je crois. Et si je dois… disparaître, il aura au moins un « souvenir », tout ne lui sera pas enlevé. Et puis, peut-être que Jacob…

Hum. Moui. Jacob... Etait-il seulement au courant que Bella attendait un enfant de lui ? Peut-être, mais ça changeait rien au fait qu'il refusait de la voir depuis qu'elle sortait avec un vampire. Il retint un soupir, se demandant pourquoi cette petite guerre imbécile continuait avec les Quileutes. Peut-être à cause de l'odeur ? Bon, arrêtons de penser à des idioties, ce n'était pas le moment, et surtout pas l'endroit. Bella s'était levée, et son taux d'adrénaline grimpait en flèche. Ouh là, ça sentait la crise de panique, là, il la voyait venir à trois kilomètres. Il se leva à son tour, tendant légèrement les mains vers elle, comme par crainte de la voir tomber. Il ne voudrait pas qu'elle s'ouvre le front en tombant sur le parquet, surtout qu'il n'avait rien ici pour lui recoudre la peau. Et il imaginait bien la réaction de Carlisle et d'Esmée s'il revenait à la villa en tenant une Bella couverte de sang dans ses bras.

Bella – Je suis désolée, j’ai tout gâché. Je ne sais même pas ce qui m’attend, comment va réagir Charlie ? Et si jamais il est anéanti, et s’il n’arrive pas à se remettre à cause de moi ? Je ne suis qu’une tête de mule, j’aurais dû t’écouter au tout début, quand tu disais que je ne devais pas t’approcher, j’ai attiré des problèmes à tout le monde, même à quelqu’un qui n’est pas encore né ! Il faut prévenir Charlie, Renée, il faut… Et je n’aurai aucun diplôme, il faut au moins aider Charlie, trouver une crèche, une garderie, lui dire quelles écoles seront bien pour l’enfant, le…

Elle s'était appuyée contre la commode, chancelante, puis se dirigea vers son bureau, voulant les numéros de garderies ou de crèches. Edward fut en un bond près d'elle, désormais persuader qu'elle allait s'évanouir, et la prit fermement dans ses bras. Il la berça contre lui, la soutenant discrètement dans le dos pour qu'elle ne s'évanouisse pas. Il lui chuchota de se calmer, de respirer doucement, de ne pas paniquer. La soulevant, il la ramena sur son lit, et s'allongea avec elle, la gardant toujours serré contre lui.

Edward – On ne va chercher des garderies à une heure du matin, Bella, lui dit-il d'un ton raisonnable, tout en continuant à la masser pour la détendre. Calme-toi...

Il se pencha sur elle et l'embrassa sur le front, l'enveloppant exprès de son odeur au passage. Il savait qu'elle était incapable d'y résister, et usait souvent de cette technique lorsqu'il voulait la calmer ou la détendre. Il le serra un peu plus contre lui, les yeux fermés. L'odeur de son sang lui brûlait de plus en plus la gorge mais il arrivait à faire comme si de rien n'était, à ne pas lui montrer. Pas besoin de la faire culpabiliser pour ça en plus.

Edward – Avec ça, avoir ou non un diplôme ne sera pas un souci. On a beau aller au lycée pour nous occuper, apprendre des trucs, et s'amuser, aucun nous n'arrivera jamais à paraître assez vieux pour exercer un emploi. Sauf peut-être Emmett et Jasper, mais ils seraient forcés de n'y rester que deux ou trois ans, de toute façon.

Il ne lui dit pas la suite, mais elle le savait de toute façon : même Carlisle ne pouvait pas rester plus de six ou sept ans dans un même endroit. S'il pouvait donner l'illusion d'avoir au moins trente ans, personne ne pourrait le croire plus vieux.

Edward – En attendant, comment comptes-tu dire à Charlie que tu es enceinte ?

Bella n’eut même pas le temps de prendre le bottin téléphonique pour chercher des numéros qu’Edward était à côté d’elle, la tenant fermement dans ses bras. Mais eh ! Pas besoin, elle tenait parfaitement bien sur ses jambes ! Enfin, plus ou moins. D’accord, peut-être que sa vue commençait à se brouiller mais se trouver dans les bras d’Edward n’allait certainement pas l’aider ! Alors, s’il pouvait juste lui laisser un peu d’espace pour respirer, puis pour chercher des informations, puis paniquer à son aise, elle lui serait reconnaissante. Mais visiblement, il n’était pas de cet avis. Il avait commencé à la bercer, lui murmurant de se calmer et de respirer, de ne pas paniquer. Bella s’exécuta malgré elle, comme si une force l’obligeait à écouter Edward. Après quoi, ce dernier la porta comme si elle n’avait pas été plus lourde qu’une plume et la déposa sur le lit, s’allongeant à côté d’elle sans la lâcher. Son odeur… Sa proximité… Non, garder l’esprit clair. Et son cœur qui s’affolait. Bella sentait ses joues s’enflammer alors qu’elle était littéralement morte de peur, et elle était sûre qu’Edward en profitait honteusement !

Edward – On ne va chercher des garderies à une heure du matin. Calme-toi...

Hum. Une heure du matin… Bella avait légèrement oublié ce détail, avec la panique et la découverte qu’elle avait faite. Il faut l’excuser, tout cela, c’était un peu trop pour son cerveau, ses nerfs et son cœur. Elle ignorait dans quoi elle s’engageait, n’avait pas envisagé d’avoir un enfant aussi jeune, même si Charlie s’en occupait. Et puis, avec ce que lui avait dit Edward, les choses se compliquaient… Comment allait-il faire, lui ? Eux ? Ils n’allaient pas rester, non plus, pas pour une simple humaine. Et, d’un autre côté, Bella ignorait si elle était capable de supporter d’être loin d’Edward… Elle imaginait déjà le supplice, alors qu’ils ne sortaient ensemble que depuis deux mois. C’était un peu malsain, en fait, mais les évènements les avaient… un peu rapprochés, dirons-nous.

D’ailleurs, en parlant de rapprochement, Edward venait de se pencher sur elle et de l’embrasser sur le front, son odeur l’envahissant littéralement. Le cœur de Bella faisait d’énormes bonds, dans sa poitrine, c’était clair et net. Et il en profitait, le bougre, la jeune humaine en aurait mis sa main à couper ! Seulement, cette fois, elle n’allait pas lui en vouloir, certainement pas. Cette odeur l’apaisait et la calmait petit à petit, même si son cœur refusait de s’apaiser à son tour. Bella ne bougeait pas d’un pouce, essayant de se calmer et de ralentir les battements de son cœur, consciente que cela devait être incroyablement difficile pour Edward. Et pourtant, il restait de marbre, aucun geste ne le trahissait… Peut-être commençait-il à s’habituer à elle ? Lorsqu’il la serra alors un peu plus dans ses bras, cela ne fit que pousser Bella à penser cela mais… Non. Pas de jugement trop hâtif.

Edward – Avec ça, avoir ou non un diplôme ne sera pas un souci. On a beau aller au lycée pour nous occuper, apprendre des trucs, et s'amuser, aucun nous n'arrivera jamais à paraître assez vieux pour exercer un emploi. Sauf peut-être Emmett et Jasper, mais ils seraient forcés de n'y rester que deux ou trois ans, de toute façon.

Ah… Oui, vu comme cela… Mais, à vrai dire, Bella n’y avait jamais pensé. Désolée, mais entre le traqueur, la découverte des vampires, la traque à travers tout le pays, et sa probable mort, penser à des choses comme celle-ci n’était pas vraiment une priorité pour Bella. Cette question ne lui avait même jamais effleuré l’esprit, en réalité. D’une, parce que tout cela était bien trop nouveau pour elle, de deux, parce que tout le monde, à Forks, semblait connaitre les Cullen. Donc l’idée qu’ils puissent « partir » un jour était… étrange. Comme si Forks ne serait plus Forks sans eux, comme si quelque chose disparaissait s’ils n’étaient pas là. Vu comme ça, ses préoccupations semblaient dérisoires et le rouge lui montait aux joues tant elle avait honte. Eux, ils devaient changer de ville tous les six ou sept ans, et elle… Non.

Edward – En attendant, comment comptes-tu dire à Charlie que tu es enceinte ?

Le… dire à Charlie ? Mais non ! Non, non, non ! Zut, mais me***, elle avait complètement oublié son père ! Et comment allait-il prendre la nouvelle, lui ? Il penserait d’office qu’Edward et elle… Non, non, non ! Elle ne voulait certainement pas avoir cette discussion avec son père ! Non, non. Ah non, sûrement pas, Edward pouvait courir, Bella ne pouvait pas parler de cela avec son père ! En attendant, il fallait trouver une autre solution car, si elle le gardait – et accessoirement, si elle voulait laisser le bébé avec Charlie –, sa grossesse se verrait très vite et elle ne pourrait pas le cacher à son père éternellement. Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine en entendant la question d’Edward, Bella avait ouvert de grands yeux et s’était tendue comme si elle avait eu une crampe tant cette perspective l’avait choquée. Charlie… Elle l’avait complètement oublié ! Mais ne pas le dire. Ne pas le dire. Ne pas se trahir. La jouer décontractée et ça passerait comme une lettre à la Poste. Se lançant avec une voix étrangement aigue dans les débuts, elle répondit à Edward :

Bella – Je… Comme je viens de le découvrir, je n’y ai pas encore vraiment réfléchi. Mais il est hors de question que je parle de… ça avec lui. C’est… Non, c’est impossible. Je ne peux pas. Peut-être en parler à Renée, mais j’ai peur de sa réaction. En plus, ils penseraient tous les deux que… Heu…

Bella ne finit pas sa phrase, rougissant comme jamais et détournant franchement la tête pour éviter le regard d’Edward. Elle fit mine de vouloir prendre un verre d’eau posé sur sa table de nuit pour se dégager et changer de sujet par la même occasion. Non, aborder un sujet pareil avec ses parents était impossible. Et pourtant… Pourtant, Bella savait qu’elle n’avait pas le choix. Qui, d’entre Renée et Charlie, réagirait le mieux ? Peut-être Charlie, mais elle avait peur de ses élans de père surprotecteurs. Surtout que depuis l’histoire avec James, il aimait un tout petit peu moins Edward, même s’il ne le disait jamais vraiment à Bella. Quant à Renée… Elle poussa un soupir, envisageant toutes les réactions possibles de sa mère. Il y aurait sûrement la panique, l’engueulade, mais vite calmée par l’image « Bella sérieuse ». Bella sérieuse… Tout allait s’effondrer. Regardant pensivement le verre qu’elle tenait en mains, elle dit :

Bella – Ils vont être déçus… Et puis, comment veux-tu que je leur annonce ça ? Je suis leur seule fille, je vais leur laisser l’enfant et disparaitre dans la nature directement après. J’ignore comment faire… Comment les préparer. J’imagine déjà la discussion avec ma mère, elle va me ressortir ce qu’elle m’a dit quand elle m’a jugée apte à « m’intéresser aux garçons ».

Bella reposa le verre et se rallongea sur le lit, son esprit était un peu plus clair à présent, elle pouvait réfléchir même en étant à côté d’Edward. Tant qu’il ne trichait pas, du moins. Elle fixait le plafond, réfléchissant, ne sachant pas du tout comment annoncer une telle chose. « Papa, Maman, je suis enceinte. Je vous laisse l’enfant parce que je dois vous abandonner et l’abandonner aussi pour ne pas prendre le risque de le tuer. » Pathétique. Lâchant alors d’un ton las, d’une voix où l’on sentait une pointe d’ironie mais tout en restant sérieuse, Bella dit :

Bella – Sinon, je peux leur envoyer un mail, je leur explique la situation puis je disparais dans un hôtel pas loin d’ici pour éviter les tornades « Charlie et Renée » très dangereuses pour la santé. Ensuite, je me pointe fraîche comme une rose avec le bébé et je le leur laisse. Ouais. Ca peut être la solution. Ou tu leur écris une lettre en les suppliant de m’éviter la discussion « mère-fille » en leur disant que tu l’as déjà fait ? Pour me sauver d’une honte sans pareille ?

Le cœur de Bella avait littéralement bondi dans sa poitrine. un son aussi claire que de l'eau de roche pour lui, aussi perceptible que s'il s'était agit de son propre cœur. Il dissimula un sourire. Un tel battement, il était sûr que même sa famille aurait pu le percevoir si elle avait pris le soin de le guetter. Mais il aimait ce son. Il le connaissait si bien, à présent, qu'il l'aurait reconnu au milieu d'une foule, les yeux fermés et sans se servir des odeurs. Il était sûr que la panique de Bella était également montée en flèche et l'envahissait toute entière. C'était une réaction normale, cela, et même soulageant. Au moins était-elle consciente qu'il s'agissait là d'une grossesse trop précoce et trop inattendue. Il attendit qu'elle digère l'idée, allongé tranquillement à côté d'elle.

Bella – Je… Comme je viens de le découvrir, je n’y ai pas encore vraiment réfléchi. Mais il est hors de question que je parle de… ça avec lui. C’est… Non, c’est impossible. Je ne peux pas. Peut-être en parler à Renée, mais j’ai peur de sa réaction. En plus, ils penseraient tous les deux que… Heu…

Que ? Que Edward était le père ? Oui, les gens croiront certainement cela, à commencer par Charlie. Et Edward ne voyait pas comment leur enlever cette idée de la tête. Tout le monde savait qu'il sortait avec Bella, et tout le monde ignorait, en revanche, les deux points cruciaux qui font qu'il ne pourra jamais être le père de cet enfant. De un, il respectait trop la vertu de Bella pour l'en priver avant l'acte sacré sacré du mariage. C'était une idée inconcevable, pour lui qui avait été élevé dans l'idée de respecter et protéger les femmes, de rester vierge jusqu'au mariage. De deux, avec sa nature, il voyait mal comment il pourrait approcher de Bella trop près sans la tuer au passage. Il avait déjà tant de mal à se retenir de la blesser ou la mordre lorsqu'il l'embrassait.

De toute manière, quoi qu'elle en dise, Bella était bien obligée de lancer la discussion avec son père. Elle en était à quatre mois de grossesse, et maintenant qu'Edward prenait la peine d'examiner son tour de taille, il était indéniable qu'elle avait commencé à grossir. Dans un mois, peut-être moins, il sera impossible de le cacher. Elle faisait illusion pour le moment grâce aux vêtements souples et amples qu'elle avait l'habitude de porter, mais ça ne durera pas. Lui aussi pensait qu'il serait tout de même, peut-être, mieux d'en parler d'abord à Renée. Entre femmes, comme on dit, on se comprend mieux, et Renée aussi avait eu sa fille très jeune. Dans tous les cas, cependant, Bella n'échappera pas à la discussion. Elle s'était dégagée pour attraper un verre d'eau, encore sous le choc.

Bella – Ils vont être déçus… Et puis, comment veux-tu que je leur annonce ça ? Je suis leur seule fille, je vais leur laisser l’enfant et disparaître dans la nature directement après. J’ignore comment faire… Comment les préparer. J’imagine déjà la discussion avec ma mère, elle va me ressortir ce qu’elle m’a dit quand elle m’a jugée apte à « m’intéresser aux garçons ».

Les préparer ? Honnêtement, il ne voyait pas non plus. Ni Charlie ni Renée ne prendront bien la disparition de leur fille, d'autant plus si elle vient d'accoucher. La solution serait de la laisser tranquille, chez sa mère ou son, père. après l'accouchement, faire en sorte que Bella ait un "accident". Un accident mortel, dont elle n'a pas réchappé. Tout le monde la pensera décédée, et le bébé ira vivre chez l'un de ses grands-parents. Il grandira, aura la vie humaine que sa mère n'avait pas eu, qu'elle n'avait pas voulu suivre. Il restera loin à jamais de ces histoires atroces de guerre et de vampires. Il vivra. Bella, elle, les rejoindra, comme elle en avait souvent exprimé le souhait. Il l'épousera. Et elle aura au moins la certitude que son fils ou sa fille aura eu une vie normale, saine et heureuse. Dit comme cela, cela paraissait si simple. Mais il restait encore à vivre cette grossesse. Parler à Charlie et Renée. Puis disparaître, le jour venu. "Mourir". Partir en sachant que cette mort tourmentera profondément ceux qui restent. Et même pour Bella, ce ne sera pas terminé. Il restera la douleur affreuse de la transformation. La première année en tant que vampire. Le combat pour maîtriser sa soif.

Bella – Sinon, je peux leur envoyer un mail, je leur explique la situation puis je disparais dans un hôtel pas loin d’ici pour éviter les tornades « Charlie et Renée » très dangereuses pour la santé. Ensuite, je me pointe fraîche comme une rose avec le bébé et je le leur laisse. Ouais. Ca peut être la solution. Ou tu leur écris une lettre en les suppliant de m’éviter la discussion « mère-fille » en leur disant que tu l’as déjà fait ? Pour me sauver d’une honte sans pareille ?

Il retint un soupir. Elle était visiblement loin de ses propres pensées... Il la serra contre lui, soudain très conscient de sa grossesse, de ce ventre légèrement enflé, du minuscule être qu'elle abritait en son sein. Il était sûr qu'en se concentrant un peu, il pourra percevoir la conscience de cet enfant. Souriant doucement, il effleura la nuque de Bella de ses doigts glacés, lui déclenchant sans doute involontairement des frissons.

Edward – Je pensais plutôt te faire vivre chez ta mère, dit-il en essayant d'être doux. Te laisser accoucher. Ensuite, si tu le souhaites toujours évidemment, faire croire à un "accident"... Où tu auras perdu la vie. Renée est en couple, c'est elle qui t'a élevé, le petit sera mieux chez elle.

Il se pencha pour l'embrasser doucement sur les lèvres, tendrement, puis se redressa un peu, un petit sourire aux lèvres.

Edward – Et si, il va bien falloir que tu leur parle... Je n'écrirais pas de lettres, moi.

[Fait avec Edward et Renée.]

Bella ne put empêcher son cœur de battre plus vite et plus fort lorsqu’Edward la serra contre lui, envoyant une vague de chaleur directement dans ses joues lorsqu’il lui effleura la nuque. Elle tenta, en vain, de contenir un frisson qui la saisit soudainement mais fut rapidement vaincue. Un jour, elle s’habituerait à ce contact. Un jour, elle ne frissonnerait plus comme cela et serait capable de lui résister plus longtemps. Ou, mieux encore, elle lui déclencherait les mêmes réactions – ou du moins, l’équivalent pour un vampire – et pourrait jubiler à son tour.

Edward – Je pensais plutôt te faire vivre chez ta mère. Te laisser accoucher. Ensuite, si tu le souhaites toujours évidemment, faire croire à un "accident"... Où tu auras perdu la vie. Renée est en couple, c'est elle qui t'a élevé, le petit sera mieux chez elle.

Edward avait raison mais l’idée de disparaitre, l’idée de devoir gérer tout cela aussi vite… était effrayant. Bella blêmit en un rien de temps, se sentant presque défaillir même si le contact avec Edward l’empêcha de perdre tout lien avec la réalité. Lorsqu’il se pencha pour l’embrasser sur les lèvres, cependant, cela ne l’aida pas du tout à rester consciente et maître d’elle-même. De même que le sourire qu’il lui fit en poursuivant.

Edward – Et si, il va bien falloir que tu leur parle... Je n'écrirais pas de lettres, moi.

Bon. Bella ne croyait pas sincèrement qu’Edward allait accepter ce qu’elle lui avait demandé, mais elle ne put s’empêcher d’être un tout petit peu déçue. L’idée de parler à Renée, de tout lui annoncer… Elle ne put s’empêcher de passer du blanc au rouge en l’espace de quelques secondes.

Bella – Je peux le faire demain, alors ? Ou dans une semaine ? Un mois ? Ca peut attendre, sinon, c’est pas urgent du tout…

Edward – De un, tu as déjà commencé à grossir, de deux, non, ça ne peut pas attendre.

Hein ? Mais non ! Eh, pour un jour ! En plus, il était une heure du matin, elle voulait dormir et, surtout, elle voulait gagner du temps. Comment annoncer cela à sa mère ? Sa propre mère ! Elle pâlit de nouveau et bafouilla des trucs inintelligibles puis parvint à articuler :

Bella – Mais il est 1h du matin ! Je l’appellerai demain…

Edward – Il fait grand jour chez elle, ne fais pas comme si tu l'avais oublié. Tu peux l'appeler maintenant.

Maintenant ?! Ah non ! Non, non, non ! Bella ne comptait certainement pas appeler sa mère maintenant ! Elle voulait l’appeler le lendemain, gagner juste un peu de temps, rien qu’un peu. Mais elle ne se voyait pas du tout tout annoncer à Renée comme cela… C’était mort d’avance. Sortant la première excuse pourrie qui lui passa par la tête, elle lui dit :

Bella – Mais je suis fatiguée, je risque de dire des bêtises et de la faire paniquer. Je l’appellerai demain… C’est pas à un jour près.

Edward – Nous prenons déjà assez de risques Bella.... Ne compliquons pas les choses.

Bella – Pour UN jour ? UN malheureux jour ? Edward, tu es à côté de moi, aucun vampire ne serait assez fou pour oser m’attaquer maintenant…

Edward – Je fais ça pour ta sécurité, et la nôtre. Pour info, si les Volturi débarquent, on se ferait écraser en à peine quatre minutes. Et je suis généreux.

Bella fit la moue, ne répondant rien du tout pour l’instant. Elle ne voulait définitivement pas l’appeler, cherchant un dernier argument, une parade, n’importe quoi ! Elle s’éloigna un peu d’Edward, essaya du moins, pour retrouver ses esprits et réfléchir clairement sans être influencée par quelqu’un d’autre. Poussant un énorme soupir, Bella attrapa son téléphone en posant une main sur son ventre. Elle appela alors sa mère, tremblant de plus en plus et tentant de le camoufler dans sa voix :

Bella – Maman ? C’est Bella, je voulais te parler mais… Je ne te dérange pas ?

Renée – Pas du tout, ma chérie ? Qu'est-ce qui se passe ? Le mal du pays ou du soleil ?

Sa mère avait une voix si enjouée… Elle ne pouvait définitivement pas lui dire tout ça ! Bon, allez, courage. Ne cessant de regarder Edward, Bella rassembla le peu de courage qu’elle avait en elle pour se lancer.

Bella – Oh, tout se passe bien, ne t’inquiètes pas. Je… voulais simplement entendre ta voix. Et avoir de tes nouvelles, voir si tout allait bien…

Renée – Hum... Et sinon ? Tu es malade, ma puce ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu t'es disputé avec Edward ? Avec Charlie ? Une amie ? Tout va bien ? Parle-moi.

… Tentative ratée. Et cela sonnait si faux à ses oreilles que Bella se doutait que sa mère allait découvrir son mensonge et la ramener à la case départ. Et maintenant, comment devait-elle faire ? C’était impossible ! « Au fait, Maman, je suis enceinte et Edward n’est pas le père. »… Non. Définitivement non ! Bella répondit avec empressement :

Bella – Non, non, non ! Rien de tout ça, tout va bien avec Edward, Charlie… Ne t’inquiète pas pour ça, tout baigne. C’est juste un sujet gênant et heu… J’avais besoin d’un avis. Mais rien de grave, je t’assure ! Si tu es pressée, ça peut attendre.

Renée – Bella, tu mens mal. Ça ne va pas. Que s'est-il passé ?

Bella blêmit instantanément. Elle savait que sa mère allait tout voir, tout comprendre. Elle savait, avant même d’appeler, que sa mère l’aurait grillée dès les premières secondes d’appel. La jeune humaine s’assit au bord du lit, se sentant à nouveau défaillir. Du calme. Sa mère était à des heures de route de Forks, elle ne pouvait rien lui dire. Après un moment, Bella poussa un soupir et se résigna.

Bella – Tu te souviens de mon ami Jacob ? Celui avec qui je restais quand on habitait ensemble, tous les trois ? L’Indien avec les longs cheveux, le seul que je connaissais ici avant mon arrivée ?

Du coin de l’œil, Bella surveillait Edward même si elle évitait franchement son regard. Elle n’avait pas envie de le croiser, pas maintenant. Pas pendant qu’elle racontait tout cela. Surtout qu’elle savait que ce qu’elle allait dire ne serait qu’une partie de la vérité, que l’autre serait, à jamais, dissimulée à sa mère pour la protéger. Et cette perspective lui nouait la gorge, l’estomac, tout. Seulement, la réaction de Renée fut, comme elle aurait dû s’en douter, la pire de toutes puisque sa mère se mit à hurler en disant :

Renée – Il t'a violé ??! Oh mon bébé ! J'arrive tout de suite !

Bella – Quoi ? Mais non ! Non, non, non ! Maman, non ! Il ne m’a RIEN fait ! Je n’ai pas été violée, reste à Phoenix, je te le promets, il ne m’a rien fait du tout !

Bella, sous le coup de la panique, s’était redressée comme si quelque chose venait de la piquer, de la frapper, comme si elle venait de se prendre une décharge destinée à réveiller un mort. Mais sa mère ne l’écoutait déjà plus, Bella l’entendait se précipiter dans sa voiture en lui disant qu’elle serait là très vite. Bon, au diable la manière douce, elle n’avait plus d’autre choix.

Bella – MAMAN ! Non, c’est… Je suis enceinte. De Jacob.

Mais Bella regretta immédiatement ce qu’elle dit. L’instant d’après, elle entendit sa mère se casser la figure contre, logiquement, la voiture en hurlant un « Aaaaah !! ». De plus en plus paniquée, Bella l’appela, espérant avoir une réponse.

Renée – Merde... Phiiiiil ! Je crois que je me suis cassé le poignet !

Il y eut un silence, sans doute silence durant lequel Bella imaginait Phil arriver auprès de sa mère pour voir si son poignet était, effectivement, cassé. L’adolescente n’osa rien dire pendant ce temps, retenant son souffle, la main sur la bouche comme si cela allait changer quelque chose.

Renée – Il va m'entendre, ce fumier ! MON bébé !!

Rah mais c’était pas possible ! Il fallait le lui dire en quelle langue ?! Cette relation était consentante, Jacob n’avait rien fait du tout ! Bella reprit très vite, sur un ton implorant, suppliant littéralement sa mère :

Bella – Maman, pitié, non ! Je… C’était consentant, ne viens pas, par pitié ! Il ne m’a rien fait contre mon gré, je te le jure !

Mauvaise idée, au final. Très, très mauvaise idée. Dire cela à sa mère, non mais, franchement ! Bella avait eu la pire idée du siècle en disant une telle chose, en choisissant sa mère plutôt que son père. Et maintenant en plus ! Elle entendit sa mère grogner à cause de la douleur puis commencer à bafouiller, à moitié en larmes tandis qu’elle-même levait les yeux au ciel :

Renée – QUOI ? Parce que tu étais consentante ? Tu as dix-sept ans ! Tu ne t'es même pas protégée ? Je croyais t'avoir expliqué à quoi servait la pilule, Bella !

Bella – Je sais, Maman. Mais… J’ai… Ecoute, Edward m’a déjà sermonnée pour ça, la question n’est pas là. J’ai juste un léger problème et heu… Je ne sais pas quoi faire.

Renée – Et le préservatif ?! Jacob ignore ce que c'est ?! Ce gosse... JE VAIS LE TUER ! Et toi, qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas rentrer ici TOUT DE SUITE !

Quoi ?! Rentrer ?! Mais non, pas tout de suite ! Il lui fallait des billets, et puis une organisation aussi, et elle ne voulait pas être éloignée d’Edward non plus ! D’un autre côté, les Cullen n’allaient pas tous partir, et Edward n’allait pas non plus abandonner sa famille, si ? Elle savait qu’il voulait qu’elle vive chez sa mère, mais laisser Edward ici, être séparée de lui pendant sa grossesse… Non, non, non ! Se raclant la gorge, totalement refroidie, Bella répondit à sa mère :

Bella – Non, je ne veux pas. Je ne peux pas. Il y a Edward, puis Charlie, puis mes amis à Forks, puis mon année… Je ne peux pas tout quitter comme ça, Maman !

Renée – Quoi, tu préfères que je vienne ? Je fais mes bagages... PHIL ! Appelle l'aéroport !!

Bella – Non, non, non, Maman ! Reste à Phoenix, ça ira, ici. Et puis tu ne peux pas… Tu… Tu as Phil, vous avez votre vie à Phoenix, et puis tu peux pas tout abandonner le temps de la grossesse ! Et tu vas t’ennuyer, à Forks. Sinon, on peut venir nous, mais je ne sais même pas si Edward est d’accord et puis… Maman, on doit réfléchir plus que ça, tu ne peux pas tout abandonner du jour au lendemain !

Renée – Soit tu viens, soi je viens ! Edward peut venir si sa famille est d'accord, peu m'importe, mais je veux que tu sois dans l'avion demain matin à la première heure, tu m'entends ?! Ou je viendrais, mais décide-toi tout de suite !

Mais… Bella ne pouvait pas se décider tout de suite ! En plus, Renée ne savait pas qu’Edward était à côté d’elle, il fallait préserver les apparences un minimum. Qu’elle lui laisse au moins annoncer à Charlie qu’elle partait à Phoenix, il n’était au courant de rien ! Qui plus est, Bella n’était plus sûre de ce qu’avait dit Edward, tout se mélangeait dans sa tête. C’était le chaos le plus total pour l’instant, il fallait qu’elle réfléchisse. Après un moment, évitant toujours le regard d’Edward pour rester consciente de ce qu’elle disait, Bella répondit :

Bella – Mais Maman, il est une heure du matin ici ! Je l’ai dit à Edward… par téléphone. Tu me laisses au moins prévenir Charlie et demander à Edward s’il peut, lui ? Je ne vais pas réveiller ses parents au beau milieu de la nuit ! Je leur demande et je t’envoie un mail juste après, ok ?

Renée – C'est ça. Je suis en train de téléphoner à Carlisle Cullen avec le fixe, j'ai son numéro dans le bottin que tu avais oublié merci. Et ne fais de gestes brusques, ne va pas te blesser !

Ce coup-ci, Bella arrêta tout mouvement tant elle était choquée. Carlisle. Carlisle. Carlisle allait être au courant avant même qu’Edward n’ait pu le lui dire ! Non mais oh, Carlisle quoi ! Bella se sentit rougir sans qu’elle ne contrôle rien, sentant également son cœur s’affoler sans pouvoir répondre quoi que ce soit. Elle se passa une main sur le visage, complètement paniquée. Il fallait qu’elle parle à Edward. Absolument.

Bella – Je… Maman, il est une heure du matin, il ne décrochera pas ! Et puis, il faut que je prévienne Edward, moi. Je peux l’appeler ou tu veux encore me dire un truc ?

Renée – Tu l'appelles sur ton portable, et moi, j'appelle son père. Il va bien finir par répondre. Et reste allongée ! Si tu te blesses, ça blessera aussi l'enfant.

Bella – D’accord… Je te laisse, alors, et j’appelle Edward.

Renée – Oui. Et à demain, dans l'avion, je passerais te prendre à l'aéroport, ma puce. D'ici là, fais attention à toi, et n'oublie rien dans tes affaires.

Bella – Oui… Bonne journée à toi. Je ferai attention, c’est promis.

Bella raccrocha ensuite, se prenant la tête dans les mains en jetant son téléphone sur le lit. Elle avait fait une énorme connerie. Et elle en était consciente. Prévenir Renée était une mauvaise idée, en fin de compte… Redressant la tête pour regarder Edward, elle lâcha :

Bella – Je crois que j’ai fait une connerie… Qu’est-ce qu’on fait ?