Discussions dans la bibliothèque

Personne n'avait rien su de leur "escapade" à Seattle, et c'était beaucoup mieux ainsi. Dans le cas inverse, elle et Marie-Emmanuelle se seraient sûrement fait hurler dessus pendant des heures. Elle avait simplement mis Alec au courant, il savait de toute façon lorsqu'elle n'allait pas bien, même lorsqu'elle tentait de lui cacher. Mais il avait à peu près compris pourquoi elle était partie, même s'il digérait mal le fait qu'elle ne l'est pas prévenue. Quand à Marie-Emmanuelle... Elle avait été touchée par ce qu'elle lui avait dit à leur retour à la villa mais ne savait pas encore comment se comporter. Depuis Alix, depuis le divorce, elle avait peur de laisser quelqu'un d'autre s'approcher assez d'elle pour qu'elle puisse prétendre en être "proche". Ce genre de relations était si fragile. Et les gens pouvaient aussi vous laisser tomber du jour au lendemain, sans aucune explication, en vous laissant juste avec votre tristesse et vos questions. Et le doute.

Quand à son divorce, personne, en-dehors de Marie-Em et d'Alec, n'était au courant. Elle l'avait soigneusement caché au reste des Denali et aux Cullen. Elle ne voulait lire dans leur regard ni pitié, ni amusement, ni rien ! Pas question de leur montrer qu'elle souffrait. C'était peut-être idiot, mais elle ne voulait pas d'aide. Elle ignorait comment se confier à quelqu'un, et cela lui paraissait inutile. Parler n'arrangera rien, n'est-ce pas ?

Ce soir-là, elle monta dans la bibliothèque et tenta vainement de se plonger dans un livre. Marie-Em était là aussi. Voilà plusieurs jours qu'elles étaient rentrées de Seattle. Plusieurs jours où elle faisait tout pour rester impassible et naturelle. Plusieurs jours qu'elle avait envie de hurler. N'ayant eu aucune réponse à ses questions, cela la rendait à moitié dingue. Elle referma brusquement son livre et posa ses coudes sur la table, la tête entre les mains.

- Je n'en peux plus, souffla-t-elle.

Elle prit une profonde et inutile inspiration, les yeux fermés. Elle n'avait aucun moyen de savoir. Elle resta immobile un long moment, se mordant les lèvres.

- Pourquoi ça s'est passé comme ça ?! Même pas un mot d'explication... Et je l'ai raté à Seattle. Bon sang, ça ne faisait même pas un an qu'on était mariés ! Plus de 340 ans à vivre côte à côte, mariés quelques mois, puis ça... Tout ça...

Elle ne savait même pas pourquoi elle en parlait à Marie-Emmanuelle. Pourquoi si soudainement... Peut-être parce qu'elle était la seule, avec Alec, à être au courant. Peut-être parce que c'était une fille de son âge. Ou qu'elle était là, avec elle, tout bêtement. Elle serra ses bras contre elle, appuyée contre le dossier de la chaise, le regard dans le vide, pendant un petit moment. Bizarrement, elle avait envie de parler. De se confier enfin. Mais par où commencer ? Et puis, Marie-Em n'avait peut-être pas envie de l'écouter. Sa voix ne fut plus qu'un murmure.

- Désolée si je t'embête, Emma... C'est la première fois que je parle comme ça à un autre qu'Alec... Et depuis ce qui s'est passé en Alaska...

Elle s'interrompit. Cet épisode aussi était resté soigneusement caché, et pour tout le monde. Tout comme son frère, elle n'avait rien raconté de ce qui leur était arrivé. Même si ce passé lui pesait, elle ne voulait pas le dévoiler. Elle avait énormément de questions sans réponse, peut-être trop pour sa santé mentale, mais les personnes qui auraient pu lui répondre étaient mortes.

La journée était simple. Bella était de retour chez elle après son passage à l'hôpital, leur petite conversation était resté secrète jusqu'à présent mais Alice savait très bien que tôt ou tard Edward viendrait la questionner. C'est en pensant à cette discution qu'Alice entendit des échos de voix venant de la bibliothèque. En se rapprochant Alice reconnu les voix respectives de Marie-Emmanuelle, la toute jeune vampire adopté par Tanya, et Jane, l'insaisissable garde des Volturi. Certains comme Rose ne les avaient toujours pas acceptés, elle et son frère, tandis que d'autres n'avaient vu aucunes raisons de les rejetés. Alice faisait parti de la deuxième catégorie. Elle avait beau ne pas les aimer beaucoup d'une certaine manière ils n'avaient rien demandé et c'étaient fait embarqué sans le vouloir dans un pouvoir d'ou on ne pouvait pas en sortir vivant.

Alice était une personne très curieuse ce fut tout naturellement qu'elle ce mit à écouter la conversation des deux jeunes filles. Elle savait quel lien les unissait. Alice avait vu ce qui c'était passé à la suite de la demande de divorce de Démétri. Alice avait vu Jane essayer de rattraper son ex-mari et Marie-Emmanuelle la dissuader de le suivre dans l'avion qui le ramenait vers Aro et ses sbires. Ensuite elle avait vu Marie-Emmanuelle l'appeler telle une sœur. Bien sûr personne n'était au courant de cela. Même pas les propres intéressés. Alice avait estimé qu'il était déjà rare que Jane ce livre à quelqu'un alors si en plus elle venait faire son indélicate et lui en parler... Aucune chance qu'elle ce sociabilise ou plutôt qu'elle s'ouvre à quelqu'un d'autre que son frère.

La discution de Jane et Marie-Emmanuelle portait sur les différents événements des derniers temps et sur Démétri. Jane semblait triste.

Jane - Je n'en peux plus souffla celle-ci. Pourquoi ca c'est passé comme ca ? Même pas un mot d'explication... Et je l'ai raté à Seattle. Bon sang, ca ne faisait même pas un an qu'on était marié ! Plus de 340 ans à vivre côté à côté, marié quelques mois, puis ca... Tout ca... Désolé si je t'embête, Emma... C'est la première fois que j'en parle comme ca à un autre qu'Alec... Et depuis ce qui c'est passé en Alaska...

Le divorce avec Démétri la travaillait, tout comme ce qui c'était passé en Alaska. Pour tout le monde sauf les deux intéressés les événements d'Alaska restaient un mystère. Un mystère qu'Alice aurait bien voulu découvrir mais les deux seules personnes à qui poser des questions étaient les deux à qui on ne pouvait rien retirer de force. Alice avait beau savoir obtenir toutes les réponses qu'elle voulait chez les jumeaux c'était une autre paire de manches qu'elle ne voulait pas tenter car tout ce qu'elle aurait obtenu ce serait un recalage direct. Alice n'avait pas froid aux yeux mais jusqu'à un certain point quand même. La réponse de la petite Emma comme l'appelait Jane ce fit encore plus hésitante.

Marie-Emmanuelle - Pourquoi... Je n'en sais rien... Je dois avouer que ces questions m'habitent aussi d'une certaine manière. J'avoue que tu ne m'embête pas. Je n'ai cependant pas de réponses prémâchés à te donner. Je dois avouer que je découvre tout ca. Je ne sais pas non plus ce qui c'est passé en Alaska, mais le peu que j'ai pu comprendre, cela n'a pas dû être facile. Tu sais, par moment je me dis que faire semblant d'être heureuse me permettra d'accepter tout ces moments difficiles que j'ai vécu... Peut-être cela marchera-t-il aussi pour toi ? Si tu veux, on peut chercher ensemble les réponses à nos questions. Malgré ce qui nous sépare, nous nous ressemblons sur ce point. Nous ne comprenons pas ce qui nous arrive.

Leur conversation n'apprenait rien de nouveau à Alice à part que les deux jeunes filles étaient torturés intérieurement. La jeune femme ce demanda si elle devait intervenir, aller leur parler même si elle ne les connaissait pas. Mais peut-être que le fait de leur parler pourrait déclencher en elle des visions car depuis quelques temps Alice ce posait de nombreuses questions sur Aro et son plan. Car oui elle en était sur Aro avait un plan. Le fait de laisser les jumeaux tester le régime végétarien sans leurs mettre aucuns bâtons dans les roues était louche selon elle. Et elle ne cessait de penser aussi que ce qu'il c'était passé en Alaska avait un rapport avec lui. Ce fut pour cette raison que Alice décida de ce manifester. Elle hésita longuement pour savoir comment  faire. Arriver et dire qu'elle avait tout entendu, faire comme si de rien n'était (ca ne mènerait à rien de faire ca) ou encore de la jouer subtile. Elle choisit la dernière solution. Elle marcha jusqu'à la porte de la bibliothèque sans chercher à faire moins de bruit que possible pour que Jane et Marie-Emmanuelle sachent qu'elle arrivait.

Alice entra dans la pièce rempli de livre et découvrit l'emplacement des jeunes femmes. Elles relevèrent la tête pour regarder la nouvelle venue. Une légère lueur de surprise apparu sur le visage de Marie-Emmanuelle très vite effacé tandis que Jane semblait pâlir. Etait-ce possible pour un vampire ? En tout cas son teint était très blanc. Elle avait sans doute peur de ce qu'Alice avait entendu. Et malheureusement pour elle, Alice avait Tout entendu.

Alice fit un sourire discret à leur attention pour essayer de les détendre ou... Quelque chose d'autre que leur visage crispé. Elle ce déplaça à une allure normale jusqu'à leur table, de son pas léger et dansant. Alice ce retrouva néanmoins bras ballant devant elles ne sachant comment aborder le sujet.

Alice - Bonjour. Je sais qu'on ne s'est jamais parler Marie-Emmanuelle et que toi Jane c'était toujours dans de mauvaise conditions mais bon... dit-elle faisant une grimace. Je pensais que nous pourrions faire abstraction de cela et que nous pourrions parler dit-elle d'un ton qui se voulait amical.

Cette phrase sonnait bizarrement dans la bouche d'Alice. A l'avis général sans doute, cette intervention était bizarre tout court. Alice prit un chaise et s'assis à la table des deux jeunes femmes. Elle les regarda puis ce décida à prendre la parole.

Alice - Je vous ai "vue" pendant votre escapade à Seattle. Enfin j'ai eu la vision de ce moment. Jane je... Je suis désolé. Une petite lueur de tristesse passa dans le regard d'Alice qu'elle cacha aussi vite qu'elle était arrivé. Et je n'ai pu m'empêcher d'entendre et... d'écouter votre conversation. Je pense que nous nous posons un peu les mêmes questions. Enfin toi Jane tu te demande pourquoi Démétri t'a quitté. Petite parenthèse, je sais que personne n'est au courant à part Marie-Emmanuelle et ton frère mais mes visions m'ont montré certaines choses... Et je pense qu'Aro n'y est pas pour rien. Je crois même qu'il est intiment lié avec tout les événements défavorables qui t'arrivent Jane. Et toi Marie Emmanuelle, tu te demande ce qui ce passe dans ta vie... Je peux répondre à tes questions si tu veux mais peut-être que Jane peut le faire aussi, car tu as plus confiance en elle quand moi. Ce qui est totalement logique vu que l'on ne ce connait pas.

Un silence plat suivi sa prise de parole. Alice réfléchissait à tout les événements, à Démétri, à Jane, à Aro... Mais à peine quelques secondes plutard ses pensées avaient déjà disparu pour laisser place à une Alice avec des yeux vitreux, l'air absente. La vision dura un peu plus longtemps que d'habitude car il y avait  plus de choses à "voir". Néanmoins ca ne dura pas plus de 10 secondes. Le visage d'Alice trahissait son inquiétude. Que signifiait ce qu'elle avait vu ? Pouvait-elle empêcher ce qui allait ce passer ?

La vision concernait Jane, Marie-Emmanuelle et Aro. Ils étaient tous liés au cour de qui allait ce passer. Alice ce demandait si elle devait en parler aux intéressés. Elles avaient bien leur mot à dire mais... Si Alice dévoilait tout la vie des jumeaux serait en danger. Et celle de Marie-Emmanuelle aussi. Car ce qu'avait vu Alice était de mauvaise augure pour les jumeaux.

Alice - Euh... Jane ? Je... Je t'ai vu. Et toi aussi Marie-Emmanuelle. Je vous ai vu et ce n'était pas... dans une super condition. Jane disons que tu vas....

Alice pesait ses mots pour ne pas paraitre trop effrayante, enfin plutôt sa vision. Elle prit une grande inspiration et ce mit à tout déballer.

Alice - Jane tu vas te faire enlever. Aro va te tendre un piège et tu vas y aller je ne sais pas pourquoi. Je pense qu'il y aura quelqu'un à qui tu tiens beaucoup, qui va faire que tu vas y aller. Et ils vont t'emmener, il y a un rapport avec l'Alaska. Je n'arrive pas à comprendre car je ne sais pas ce qui c'est passé là-bas. Il faudrait que tu m'explique... Et aussi tu vas être menacé de mort mais ca sera du bluff. Pour bluffer qui je ne sais pas trop encore. Mais au final tu seras toujours vivante. Et toi Marie-Emmanuelle tu vas faire une grosse bêtise. J'ai vu que peu importe ce qui arriverait à Jane tu la suivra toujours. Et la tu voudras la suivre jusqu'à l'endroit ou Aro va l'emmener c'est à dire à Volterra. Tu vas même essayer de la sauver en faisant un pacte avec Aro. Tu vas lui demander sois d'échanger vos place, sois... Tu vas demander à intégré la garde pour rester avec Jane.

Alice n'en revenait pas. Sa vision était tout simplement complétement folle ! Tout comme Marie-Emmanuelle. Vouloir intégrer la garde des Volturri pour rester avec Jane était complétement inimaginable. Elle devait réagir. L'empêcher de faire cette  bêtise. Bien qu'elle ne la connaissait pas Alice savait très bien qu'en tant que jeune vampire cela serait très dur. Et que la douleur de Tanya serait.... très, très grande. C'est dans cette optique qu'elle essaya de convaincre Marie-Emmanuelle de ne pas le faire.

Alice - Je sais Marie-Emmanuelle que tu vas le faire ou vouloir le faire. Mais tu sais ce que tu vas devoir faire si tu intègre la garde ? Tu vas devoir apprendre à te battre, tu vas devoir tuer des humains pour te nourrir, toi qui t'es senti si coupable lorsque pendant la chasse un  randonneur a fait les frais de ta transformation récente, tu vas devoir mettre en action ce que tu auras appris pour te battre, tu vas devoir tuer des gens. Tu te rend compte ? Tu vas devoir tuer des hommes, des femmes et même des enfants,... Et si tu vas là-bas et que tu "t'engage", ce sera définitif. Tu ne pourras jamais parti. Tu n'auras pas la même chance qu'Eleazar. Ce sera pour toujours et à jamais. Et puis pense à Tanya. A ta nouvelle mère. A celle qui t'a sauvé, donné une nouvelle vie, celle qui t'a offert une chance de découvrir l'amour d'une mère. Pense à son chagrin, à l'immense peine de savoir que tu l'as quitte. Et si tu ne me crois pas demande à Jane.

Qu'est ce qu'Alice pouvait dire de plus pour la convaincre ? Une certaine tristesse c'était abattue sur les trois jeunes femmes. Alice était triste de n'avoir jamais ou presque connu l'amour d'une mère, Marie-Emmanuelle était triste à cause du choix qu'elle devait faire et Jane sans doute en train de se torturer à cause de ce qui allait ce passer pour elle ou pour son frère.

Que de problème auquel une seule et simple réponse pouvait tout changer. Et après le tour de Marie-Emmanuelle c'était celui de Jane.

Alice - Et toi Jane, il va falloir que tu me raconte ce qui c'est passé en Alaska pour que je puisse t'aider. Je sais que ce n'est pas facile, que je suis sans doute une des dernières personnes à qui tu voudrais le raconter mais je peux t'aider. Je peux essayer du moins... J'ai compris que ce qui c'était passé là-bas était dur, et je sais que je ne peux pas comprendre ta douleur mais... Si tu ne me raconte pas je ne pourrais pas te prévenir de ce qui va t'arriver et tu sais à quel point les plans d'Aro sont complexe parfois et méchant... Et je ne pense pas que tu veuille te retrouver "à nue" devant lui. Je veux dire sans aucune défense,...

Alice à court d'argument ce tu. De toute façon qu'aurait-elle pu ajouter d'autre pour que Jane accepte de se confier ? Rien. Le silence qui suivit tout le monologue d'Alice fut long, pesant et même angoissant. Comment les deux jeunes femmes allaient réagir ? Allaient-elles tout simplement lui dire de ce mêler de ce qui la regarde et monter un plan toutes seules ? Ou alors tout lui déballer ? La deuxième idée lui semblait un peu trop impossible. Tout d'abord car ce n'était pas le style de Jane et deuxièmement car elles ne vivaient pas dans le monde des bisounours.

Alice attendit tout simplement que l'une des deux fille ce mette à parler au lieu d'imaginer de nombreuses théories et qu'au final peut-être, qu'aucune d'elles ne ce réalise. A la dernière minute Alice ce rappela qu'elle avait mentionné Alec mais sans rien dire ce qu'elle avait vu sur lui. Pour éviter que Jane change de sujet elle ajouta cette dernière parenthèse.

Alice - Et pour Alec je ne vois rien à part que le chérif Swan, le père de Bella va le ramener à la Villa. Et il sera dans un état... assez triste à voir. Il ne sera pas blessé physiquement mais je pense que moralement il sera à ramasser à la petite cuillère.

Alice employa une métaphore qui ne risquerait pas d'atténuer les doutes et les peurs de tous. Surtout de Jane... Qu'est ce qu'Aro avait bien pu prévoir à Alec pour le mettre dans cet état là ? Alice ce mit encore à divaguer sur les différents plans qu'Aro aurait pu mettre en place. Elle pensa que cela avait encore un rapport avec l'Alaska. Toujours ce problème de ne rien savoir sur ce sujet... Cela aiderait tellement Alice pourtant ce savoir ce qui c'était passé là-bas. Ca éclairerait ses visions et ca l'aiderait à mieux dormir. Façon de parler bien sur car cela fesait des siècles qu'elle ne dormait plus. Mais ca l'aiderait plutôt à ne plus être torturé, à toujours ce creuser les méninges pour chercher ce qu'il c'était passé. Que de mystères autour de Jane et Alec. A  part Aro personne ne devait en connaitre la moitié. Alice s'égarait dans ses pensées lorsque quelqu'un pris la parole.

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Marie-Em : - Pourquoi ... Je n'en sais rien ... Je dois avouer que ces questions m'habitent aussi d'une certaine manière. J'avoue que tu ne m'embêtes pas. Je n'ai cependant pas de réponse pré-mâché à te donner. Je dois avouer que je découvre tout cela. Je ne sais pas non plus ce qui s'est passé en Alaska, mais le peu que j'ai pu comprendre, cela n'a pas dû être facile. Tu sais, par moment je me dis que faire semblant d'être heureuse me permettra d'accepter tous ces moments difficiles que j'ai vécus ... Peut-être cela marchera-t-il aussi pour toi ?

Faire semblant d'être pour accepter tous les moments difficiles ? Elle n'avait absolument jamais pensé à cette solution, qui lui paraissait un peu bizarre. Et elle ne voyait pas trop non plus comment mettre cette solution en pratique. "Faire semblant" d'être heureuse marcherait peut-être avec les Denali mais certainement pas avec Alec. Mais lorsqu'elle voulait le lui cacher, il devinait toujours qu'elle n'allait pas bien.

Marie-Em : - Si tu veux, on peut rechercher ensemble les réponses à nos questions. Malgré ce qui nous séparent, nous nous ressemblons sur ce point. Nous ne comprenons pas ce qui nous arrive.

Oui... Oui, sans doute. Il était vrai qu'elle ne désirait qu'une seule chose : comprendre. Elle ferait n'importe quoi pour ça. Mais pouvait-elle vraiment mener ce genre de recherches avec Marie-Emmanuelle ? Elles se ressemblaient peut-être sur ce point, mais tout le reste différait. Deux vies radicalement opposées, ce qui était normal bien sûr. La différence d'âge jouait beaucoup là-dedans. Elle se tritura les mains, la tête baissée. Par où commencer de toute façon ? Elle ignorait totalement quelles réponses donner à Marie-Em. Quand à ses propres questions, seul Démétri était en mesure de lui répondre, et il avait disparu. Elle retint un gémissement, serrant les dents.

Elle entendit tout coup des pas puis Alice Cullen fit son apparition. Elle releva la tête, pâlissant d'un seul coup. Que venait-elle faire ici ? Était-il possible qu'elle ait... tout entendu ? Mon dieu, faites que non. Personne n'était au courant pour son divorce, à part Emma et Alec. Et cela devait absolument rester ainsi. Comme tout le reste. Elle ramena ses mains contre elle, sur ses genoux. Alice leur adressa un petit sourire auquel elle ne répondit pas. Elle ne lui avait jamais parlé, ni même approché maintenant qu'elle y pensait bien.

Alice - Bonjour. Je sais qu'on ne s'est jamais parler Marie-Emmanuelle et que toi Jane c'était toujours dans de mauvaise conditions mais bon... dit-elle faisant une grimace. Je pensais que nous pourrions faire abstraction de cela et que nous pourrions parler dit-elle d'un ton qui se voulait amical.

Parler ? Elle voulait parler ? Alors elle avait bien tout entendu ? Bon sang, ça lui apprendra à confier ses états d'âmes à quelqu'un d'autre qu'Alec et surtout dans un endroit où on pouvait les surprendre ! Alice s'assit avec elles, et Jane fut terriblement tentée à cet instant de sauter sur ses pieds et de s'enfuir. Mais bon, ce ne serait franchement pas courageux. Et elle passerait pour une associable incurable. Non pas que ça la gênait, mais tant qu'elle était ici, autant faire un peu d'efforts. Enfin, cela dépendrait de quoi Alice voulait parler. Elle voyait l'avenir, c'était bien cela ? Encore plus inquiétant.

Alice - Je vous ai "vue" pendant votre escapade à Seattle. Enfin j'ai eu la vision de ce moment. Jane je... Je suis désolé. Une petite lueur de tristesse passa dans le regard d'Alice qu'elle cacha aussi vite qu'elle était arrivé. Et je n'ai pu m'empêcher d'entendre et... d'écouter votre conversation. Je pense que nous nous posons un peu les mêmes questions. Enfin toi Jane tu te demande pourquoi Démétri t'a quitté. Petite parenthèse, je sais que personne n'est au courant à part Marie-Emmanuelle et ton frère mais mes visions m'ont montré certaines choses... Et je pense qu'Aro n'y est pas pour rien. Je crois même qu'il est intiment lié avec tout les évènements défavorables qui t'arrivent Jane.

Elle avait tout écouté... D'accord, elle l'avait "vue" avant mais tout de même ! Elle fronça légèrement les sourcils, agacée. Et puis, le fait qu'Aro soit lié à tout cela... Peut-être que oui, peut-être que non.

Alice - Et toi Marie Emmanuelle, tu te demande ce qui ce passe dans ta vie... Je peux répondre à tes questions si tu veux mais peut-être que Jane peut le faire aussi, car tu as plus confiance en elle quand moi. Ce qui est totalement logique vu que l'on ne ce connait pas.

Non, elle ne pouvait pas répondre, pour la simple et bonne raison qu'elle ne disposait pas des éléments pour le faire. D'ailleurs, pourquoi Alice venait-elle leur parler ainsi ? Elle le disait elle-même, elle ne les connaissait pas, même si Marie-Emmanuelle était officiellement devenue sa cousine en étant adoptée par Tanya. A ce moment, l'expression d'Alice changea, comme si elle était brusquement partie dans un rêve éveillé. Surprise, Jane mit quelques secondes avant de comprendre qu'elle avait une vision. C'était très étrange à observer. La petite Cullen revint à la réalité, visiblement inquiète. Des ennuis supplémentaires ? Qu'est-ce qui pouvait être pire ?

Alice - Euh... Jane ? Je... Je t'ai vu. Et toi aussi Marie-Emmanuelle. Je vous ai vu et ce n'était pas... dans une super condition. Jane disons que tu vas....

Elle va ? A peine inquiétante, cette fille ! Pas dans une super condition. Dire ça était vraiment le meilleur moyen de faire stresser une personne. Sans compter cette hésitation qui n'augurait rien de bon pour la suite. Alice prit tout à coup une grosse inspiration puis lança assez vite :

Alice - Jane tu vas te faire enlever. Aro va te tendre un piège et tu vas y aller je ne sais pas pourquoi. Je pense qu'il y aura quelqu'un à qui tu tiens beaucoup, qui va faire que tu vas y aller. Et ils vont t'emmener, il y a un rapport avec l'Alaska. Je n'arrive pas à comprendre car je ne sais pas ce qui c'est passé là-bas. Il faudrait que tu m'explique... Et aussi tu vas être menacé de mort mais ça sera du bluff. Pour bluffer qui je ne sais pas trop encore. Mais au final tu seras toujours vivante. Et toi Marie-Emmanuelle tu vas faire une grosse bêtise. J'ai vu que peu importe ce qui arriverait à Jane tu la suivra toujours. Et la tu voudras la suivre jusqu'à l'endroit ou Aro va l'emmener c'est à dire à Volterra. Tu vas même essayer de la sauver en faisant un pacte avec Aro. Tu vas lui demander sois d'échanger vos place, sois... Tu vas demander à intégré la garde pour rester avec Jane.

D'accord... Du calme, réfléchissons, et reprenons les choses dans l'ordre. Ça commençait très bien dès la première phrase ! Elle allait se faire "enlever" ?! Quelqu'un à qui elle tenait beaucoup, ça ne pouvait être que son frère. Il allait donc être menacé, et le tout aurait un rapport avec l'Alaska. A cause de Mya ? Elle était toujours vivante. Elle se crispa, la peur revenant en force. Et on allait faire semblant de la menacer de mort pour "bluffer" quelqu'un. elle ne comprenait pas. Pourquoi Aro lui tendrait-il un piège alors qu'il leur avait laissé deux ans ?!

La suite de la déclaration d'Alice était encore plus étonnante et sidérait Jane. Marie-Emmanuelle la suivrait si Aro la kidnappait et l'emmenait à Volterra ?! C'était du délire total ! Aro n'accepterait jamais qu'elle échange leurs places. Quand à ce qu'elle intègre la garde, ce n'était tout simplement pas possible. Elle n'avait pas don, et était une nouvelle-née. elle ne savait pas se battre, n'était pas cruelle ni sadique, n'était pas attachée à défendre la loi ni rien de ce genre, conclusion, elle n'avait strictement rien à faire là-dedans. Enfin ! La petite Marie-Em, la fille adoptive de Tanya, projetée dans ce monde ? Impossible. Ridicule même. Et parlons-en de Tanya. Elle en serait dévastée si Emma venait à disparaître.

Alice - Je sais Marie-Emmanuelle que tu vas le faire ou vouloir le faire. Mais tu sais ce que tu vas devoir faire si tu intègre la garde ? Tu vas devoir apprendre à te battre, tu vas devoir tuer des humains pour te nourrir, toi qui t'es senti si coupable lorsque pendant la chasse un randonneur a fait les frais de ta transformation récente, tu vas devoir mettre en action ce que tu auras appris pour te battre, tu vas devoir tuer des gens. Tu te rend compte ? Tu vas devoir tuer des hommes, des femmes et même des enfants,... Et si tu vas là-bas et que tu "t'engage", ce sera définitif. Tu ne pourras jamais parti. Tu n'auras pas la même chance qu'Eleazar. Ce sera pour toujours et à jamais. Et puis pense à Tanya. A ta nouvelle mère. A celle qui t'a sauvé, donné une nouvelle vie, celle qui t'a offert une chance de découvrir l'amour d'une mère. Pense à son chagrin, à l'immense peine de savoir que tu l'as quitte. Et si tu ne me crois pas demande à Jane.

Elle avait entièrement raison pour le coup. La vie d'un garde à Volterra n'avait strictement rien à voir avec la vie que pouvait mener un vampire végétarien, et même n'importe quel vampire au monde. Caïus veillait personnellement à ce que chaque garde s'entraîne régulièrement et s'améliore constamment. Entraînements qu'ils mettaient en pratique lorsqu'il fallait se débarrasser de vampires hors-la-loi. En tant que fers de lance de la garde, avec son frère, Démétri et Félix, c'était un travail constant. Ils se déplaçaient assez souvent. Il y avait aussi des missions plus restreintes, surveiller la ville et la région. Protéger les trois chefs. Espionner des clans qui faisaient trop parler d'eux et "intervenir" si besoin. Et oui, en plus, il s'agissait d'un engagement définitif, elle était bien placée pour le savoir. Pas une vie pour Marie-Emmanuelle.

Volterra... Ainsi Aro comptait l'enlever et la ramener là-bas. Ce n'était pas vraiment une surprise, mais elle s'inquiétait. Car pour la faire plier, Aro risquait de s'en prendre à Alec. Idée insupportable s'il en était ! Elle avait déjà eu assez peur, avec Ludwig, qu'il lui arrive quelque chose. Elle ne supportait pas qu'on s'en prenne à lui.

Alice - Et toi Jane, il va falloir que tu me raconte ce qui c'est passé en Alaska pour que je puisse t'aider. Je sais que ce n'est pas facile, que je suis sans doute une des dernières personnes à qui tu voudrais le raconter mais je peux t'aider. Je peux essayer du moins... J'ai compris que ce qui c'était passé là-bas était dur, et je sais que je ne peux pas comprendre ta douleur mais... Si tu ne me raconte pas je ne pourrais pas te prévenir de ce qui va t'arriver et tu sais à quel point les plans d'Aro sont complexe parfois et méchant... Et je ne pense pas que tu veuille te retrouver "à nue" devant lui. Je veux dire sans aucune défense...

Raté. Elle avait cru qu'Alice allait l'oublier, même si tout ce qu'elle lui avait auparavant l'angoissait fortement, et ne se concentrer sur Marie-Emmanuelle. Elle serra ses bras autour d'elle, refusant de regarder Alice dans les yeux et ne parlant pas. Raconter ce qui s'était passé en Alaska ?! Comment le pourrait-elle ? Comment raconter ce que Ludwig lui avait dit, ce qu'elle avait ressenti, comment il l'avait menacé, mordu et torturé. Comment il lui avait craché que ses parents ne l'aimaient pas. Elle ne pouvait pas raconter ça. A personne. Même Marie-Em ne savait rien, pas plus qu'Eléazar qui l'avait pourtant sauvé. Aro avait peut-être quelque chose à voir là-dedans, mais elle préférait ne pas le savoir. Elle était sans défense devant lui de toute façon. Elle n'oserait pas lui envoyer son don, même si elle l'avait promit à Alec, il y a déjà des mois de cela, avant qu'ils ne rentrent à Rome avec la petite Alix et Démétri. Elle cherchait un moyen de détourner Alice du sujet, de la lancer sur autre chose, lorsqu'elle déclara tout à coup :

Alice - Et pour Alec je ne vois rien à part que le chérif Swan, le père de Bella va le ramener à la Villa. Et il sera dans un état... assez triste à voir. Il ne sera pas blessé physiquement mais je pense que moralement il sera à ramasser à la petite cuillère.

Jane blêmit brutalement et se mit à trembler, alors qu'elle fixait Alice intensément, la bouche à demie-entrouverte. Le père de Bella ramènerait son frère à la villa ?? Et il serait dans un état... Elle était prête à hurler, mais se contint, difficilement. Que pourrait-il bien arriver à son frère pour qu'il se retrouve ainsi ? Elle ravala le liquide brûlant qui lui montait en bouche, folle d'inquiétude pour son frère.

- Très rassurant, parvint-elle à articuler difficilement. Comment est-ce que tu... Alec...

Elle en balbutiait, le stress et l'inquiétude plus que visibles. Elle porta distraitement une main à son cou, massant sans y penser l'une des cicatrices que lui avait laissé Ludwig. Elle était assailli par ses souvenirs, où se mêlaient désormais la peur du futur, et la terreur de perdre Alec.

- Alice, je ne peux pas... On... Ce qui s'est passé en Alaska, je ne peux pas le raconter... Si je le faisais, ça m'amènerais à devoir dévoiler tout le reste pour que tu puisses comprendre, et aussi à te parler... d'Alix... Et je ne peux pas. Je ne raconterais plus rien concernant mon passé à qui que ce soit. C'est trop facile ensuite de se servir de tout ça contre vous... Et je ne veux plus revivre... Ce qui s'est passé à Bethel...

Elle se tut puis détourna le regard. Elle ne pouvait rien dire, même si cela empêchait Alice de comprendre certaines de ses visions. Mais leur passé n’appartenait qu'à elle et Alec. Aro en connaissait le moindre détail, mais il était bien le seul. Et ne laisserait plus jamais un autre la blesser avec sa famille.

Alice venait de sortir de leur chambre, après un long moment passer à discuter et à s'embrasser. Il se rencogna dans son fauteuil, observant distraitement le plafond. Edward venait de partir chez Bella, profitant de l'absence de son père. Il ne la laissait plus venir à la villa depuis que les jumeaux y étaient. Après tout, il avait toutes les raisons de se méfier. Il supportait très mal leur présence ici, tout comme Rosalie. Pour une fois qu'ils s'accordaient sur quelque chose... L'arrivée de Marie-Emmanuelle avait "aggravé" les choses. Avec trois vampires en sevrage chez eux, hors de question, pour Edward, d'amener Bella ici.

Il aimait bien sa nouvelle petite cousine, Emma, comme il l'appelait affectueusement. Bon, elle était assez renfermée sur elle-même, elle parlait très peu, n'avait aucune confiance en elle, mais elle avait un coeur d'or et lorsqu'elle s'attachait à quelqu'un, elle ne faisait pas semblant. Il appréciait les gens qui ne reniaient pas leurs pensées et leurs émotions, et qui défendaient leurs idées jusqu'au bout. Emma était encore très fragile, mais elle était si jeune encore. Il était sûr qu'avec le temps, elle serait plus épanouie et heureuse. Quand aux jumeaux... Il ne savait trop quoi penser d'eux. Il ne les connaissait pas, ne leur avait même jamais parlé. Et surtout, il ne voyait pas comment leur parler. Ils partageaient une relation très fusionnelle, qui laissait quasiment tous les autres de côté. Dans ces conditions, se lier avec eux devenait délicat.

Il se leva puis sortit à son tour de la chambre. Au détour d'un couloir, avant qu'il ne descende au premier étage, il repéra Alec, accoudé à une fenêtre et regardant pensivement dehors. Bizarre de le voir seul... Il s'était passé quelque chose d'étrange, plus tôt, que Tanya et Carmen leur avaient raconté. Démétri était venu voir Jane, mais était reparti presque aussitôt. Elle-même était rentrée, avait jeté quelque chose au feu, puis s'était enfermée dans sa chambre. Ni elle ni Alec n'avaient voulus dire ce qui s'était passé. Comme d'habitude... Avec Edward, ils avaient réussir à faire parler un peu Emma, et encore. Mais avec les jumeaux, nada. De toute façon, Edward refusait de les approcher, et lui-même n'osait utiliser son don sur eux, de peur de recevoir les leurs en retour. Il n'était pas fou non plus ! Il n'y avait jamais goûté mais ce que lui en avait raconté Edward était assez effrayant pour qu'il ne veuille pas tenter le diable.

Il passait devant la bibliothèque lorsqu'il entendit la voix de sa femme. Il s'arrêta presque malgré lui, captant au passage les émotions emportées et contradictoires d'Emma, ainsi que la méfiance et la réserve de Jane. Alice discutant avec elles ? Trio improbable... La Denali, la Cullen, et la Volturi. Et ce que racontait Alice était loin d'être rassurant. Jane qui allait se faire enlever, menacer de mort, tomber dans un piège... Et il y aurait un rapport avec l'Alaska ? Cet épisode-là était très bien caché, personne n'avait pu soutirer quoi que ce soit aux deux gamins. Sa femme risquait fort de s'y casser le nez elle aussi ! Elle passa ensuite à Emma, et ce qu'elle avoua le laissa coi. Emma, leur petite Emma, suivant Jane à Volterra ?! Il avait bien entendu ? C'était impossible ! Et Alice le lui expliqua très bien.

Il appuya une main près de la porte, tête baissée. il ne comprenait pas. Quel lien unissait Jane et Emma pour que cette dernière veuille la suivre jusqu'en Italie si elle disparaissait ? C'était complètement dingue ! Et que ferait-elle là-bas surtout ? Suivre Jane, suivre Jane... Il ne comprenait pas. Pouvait-on imaginer, pourtant, un écart plus grand entre les deux filles ? Emma venait d'une famille Noble, détestée par ses parents biologiques, traînant avec elle le traumatisme caractéristique de ceux privés d'amour parental durant leur enfance. Elle avait été mordue par un vampire végétarien, et était élevée comme tel. Elle n'avait même pas un an. Jane, elle, avait connu l'amour d'une famille, cela il le savait, puis avait visiblement tout perdu brutalement, sans qu'il connaisse les détails. Elle avait été élevée par Aro, avait passé sa vie entière en tant que garde à Volterra, devenant rapidement l'une des meilleurs, avec son frère. Ce n'était même pas un fossé qui séparait Emma et Jane mais un gouffre sans fond.

Comme prévu, Alice tenta d'inciter Jane à lui raconter ce qui s'était passé en Alaska. Peine perdue selon lui... Elle ne dira rien, peu importe tous les arguments qu'on pourra lui exposer, peut importe que cela empêche sa femme de comprendre ses visions, peu importe que ça soit pour l'aider. Elle l'avait dit elle-même, elle "ne voulait pas d'aide". On est borné ou on ne l'est pas. Il se concentra plutôt sur les émotions des trois filles. Alice était triste, Jane avait peur, et Emma paniquait. Les émotions de cette dernières étaient particulièrement violentes, ce qui lui fit hausser un sourcil.

Il entra, juste au moment où Emma balbutiait quelque chose d'incohérent où il capta seulement le prénom de la Volturi puis elle courut comme un lapin se mettre en boule dans un coin de la bibliothèque. Elle était complètement perdue et terrorisée. Hou là, il était grand temps qu'il lui parle. Et qu'il essaye de comprendre le lien qui l'attachait à la petite sadique des Volturi.

Marie-Em : - Pourquoi moi, toujours moi ... Pourquoi lorsque j'accepte enfin ma condition, le don que l'on me fait ... Vous me faites vivre cela, vous m'arracher mon coeur ... Ne suis-je qu'une marionnette pour vous ? Pourquoi vous me faites cela ?

Ce qu'on lui faisait ? Il s'avança, hésitant, puis posa une main sur l'épaule d'Alice. Il sentit très clairement la tension de la Volturi augmenter d'un cran. Pas heureuse de le voir ? Enfin, Rosalie aura trouvé le moyen de redevenir humaine avant que Jane ou son frère ne soient à l'aise en leur présence. Il chuchota à sa femme qu'il allait essayer de s'occuper d'Emma. Il s'approcha doucement de la nouvelle-née, et s'accroupit, cherchant le meilleur moyen de l'aborder. Déjà, pour commencer, l'apaiser un peu pour qu'elle soit plus apte à l'écouter. Pratique de posséder ce genre de don lorsqu'on y pensait bien.

- Tu m'écoutes, petite cousine ?

Tendant une main, il lui fit relever le menton pour qu'elle le regarde en face, tout en manipulant ses émotions pour diminuer sa peur et son stress. Et faire en sorte qu'elle l'écoute, surtout.

- Emma, ce que t'as dit Alice doit sans doute t'effrayer, mais elle a entièrement raison, il faut que tu le saches. Je n'ai pas tous les détails de votre affaire, mais je sais que tu ferais la plus grosse erreur de ta vie en allant en Italie ! Essaye de comprendre. Tu as l'occasion de découvrir ce qu'est l'amour d'une mère et d'une famille. Tu as la chance de recevoir tout ce qui t'as été refusé injustement alors que tu étais humaine. Tanya t'aime, Emma, imagine sa douleur si tu disparaissais ! Tu ne peux pas lui faire ça, n'est-ce pas ? Tu ne ferais jamais de mal à ta mère ainsi ?

Il lui maintenait le menton pour qu'elle continue de le regarder dans les yeux. Son ton se fit plus ferme.

- J'ignore ce que tu ressens exactement vis-à-vis de Jane, mais je sais que la suivre en Italie n'apporterait que la mort, et une douleur immense pour ta famille ! Je sais que tu n'es pas égoïste à ce point. Alors écoute Alice, écoute-nous, et abandonne ce projet.

Dans un mouvement vif, il l'attrapa par les bras et les épaules pour la relever, puis lui frotta le dos pour la réconforter. Il doutait d'avoir pu la convaincre, mais Alice les préviendrait si Emma tentait tout de même quoi que ce soit. Mais il fallait régler cette histoire dès maintenant, éviter que tout dégénère. Il fixa Jane, à tel point qu'il finit par la rendre légèrement mal à l'aise. Il tenait toujours la petite Emma par les épaules, comme pour l'empêcher de s'enfuir.

- Bon, Jane. Je sais très bien que tu as horreur de ça, mais là, il va vraiment falloir que tu parles ! Je dirais même que tu es obligée. Tout ce qu'Alice a vu, on peut sans doute l'éviter. Mais pour ça, il faut que tu acceptes de nous faire confiance ! J'imagine que tu ne meures pas d'envie d'être piégée par Aro, et encore moins de retourner à Volterra. Et puis, pense aussi à Emma. Tu es sans doute la mieux placée ici pour savoir que ce n'est pas un endroit pour elle. Alors parle ! Ça pourrait t'éviter d'être piégée, et éviter à Emma de te suivre. On sait que ce n'est pas facile, mais tu n'as plus le choix !

Il échangea un bref regard avec Alice. Marchera ? Marchera pas ? Il fallait tout tenter, ça en devenait vital.

- Jane, tu dois bien te douter que nous ne sommes pas le genre à retourner ce que tu ressens contre toi. Mais si tu refuses de parler, les visions d'Alice ont de fortes chances de se réaliser, et tu le sais très bien. Tu vas te faire enlever, ton frère subira je ne sais quoi mais ce ne sera pas joyeux, et Emma sera piégée. Tu pourrais changer ce futur si tu acceptes de parler de l'Alaska. De ce qui s'est passé à Bethel. Tu peux nous faire confiance.

Il lui lança un regard aigu, espérant que cela allait fonctionner.

Jane réfléchissait à toute vitesse aux révélations d'Alice. Marie-Em aussi semblait bouleversée, ce qui pouvait aisément se comprendre. Sans compter qu'elle n'était peut-être pas au courant du don de sa nouvelle cousine. Jane ne comprenait pas du tout. Pourquoi Aro chercherait-il à les piéger alors qu'il leur avait donné deux ans ? Et pourquoi Marie la suivrait-elle à Volterra ? Elles n'étaient pas proches à ce point, du moins, elle ne pensait que Marie lui soit attachée à tel point qu'elle soit décidée à la suivre quoi qu'il arrive. Ça, non, c'était impossible. Même si... Non. Ou... Elle se mordilla les lèvres, troublée.

Marie-Em : - Je... Jane... Nan... Pourquoi tout ça... Mourir...

Pourquoi quoi ? Elle regarda la nouvelle-née, indécise quand au comportement à adopter. Cette histoire semblait la chambouler entièrement, voir la traumatiser. Et puis, il ne fallait pas parler de mort ! Personne n'allait mourir, selon les dires d'Alice. Du moins, pas véritablement. La jeune vampire courut tout à coup se réfugier dans un coin de la bibliothèque et se roula en boule. Jane se leva, en gratifiant au passage Alice d'un regard clairement agacé. Elle aurait pu révéler tout cela avec plus de tact ! Ou même ne rien dire du tout, tiens. Mais sortir ça comme ça... « Tu vas te faire enlever », « Et toi, Marie-Emmanuelle, tu vas faire une grosse bêtise », « Et il sera dans un état... assez triste à voir ». Elle aurait voulu enfoncer Marie-Em qu'elle ne s'y serait pas prise autrement.

Marie-Em : - Pourquoi moi, toujours moi... Pourquoi lorsque j'accepte enfin ma condition, le don que l'on me fait... Vous me faites vivre cela, vous m'arrachez le cœur... Ne suis-je qu'une marionnette pour vous ? Pourquoi vous me faites cela ?

Jane interrompit son mouvement et tressaillit. Marie-Em voulait la suivre mais, sans le savoir, elle venait de se plaindre de la seule chose qu'elle ne pourra jamais supporter à Volterra. Des « marionnettes », voilà exactement ce qu'étaient les gardes Volturi, elle s'en rendait compte à présent. Et le pire, dans tout cela, c'est que ça ne dérangeait personne, en grosse partie grâce au don de Chelsea. Pour le reste... Elle n'était plus vraiment certaine que la condition de vampire soit un don. Cela devenait même une malédiction lorsqu'on disposait de certains pouvoirs. Mais elle pensait cela... Sans son don, elle serait morte, purement et simplement. Elle savait que son frère regrettait en secret qu'Aro ne les ait pas laissés mourir, cette fameuse nuit.

Tout à coup, Jasper Cullen s'avança dans la pièce et posa une main sur l'épaule de sa femme. Elle pâlit encore plus, détournant le regard. Que venait-il faire ici, celui-là ? C'était déjà assez pénible qu'Alice se soit immiscée dans la conversation et venue leur faire la morale, surtout en mettant Marie-Em dans cet état. Mais si tous les Cullen s'y mettaient... Jasper s'approcha de sa jeune cousine et tâcha de la réconforter et de lui expliquer calmement les choses. Quel était son don déjà... Ah, oui. Il pouvait manipuler les émotions. Il avait sorti Marie de son placard, le premier jour, grâce à cela. Elle espérait qu'il puisse convaincre sa cousine de rester sagement auprès d'eux. Et au moins, tant qu'il s'occupait de Marie, on ne lui posait plus de questions sur l'Alaska, ce qui était mais alors très bien.

Jasper fit relever Marie et lui frotta doucement le dos. Puis se mit à la fixer elle, longtemps. Et bien quoi ? Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Elle commençait à être mal à l'aise, et surtout franchement agacée. Il n'allait quand même pas s'y mettre lui aussi, non ?! C'était bon, là ! Elle avait dit trois mots à Marie, mais ça ne voulait pas dire que ça irait plus loin, et encore moins qu'elle ferait de même avec les Cullen ou les Denali. Pas question.

Jasper : - Bon, Jane. Je sais très bien que tu as horreur de ça, mais là, il va vraiment falloir que tu parles ! Je dirais même que tu es obligée. Tout ce qu'Alice a vu, on peut sans doute l'éviter. Mais pour ça, il faut que tu acceptes de nous faire confiance ! J'imagine que tu ne meures pas d'envie d'être piégée par Aro, et encore moins de retourner à Volterra. Et puis, pense aussi à Emma. Tu es sans doute la mieux placée ici pour savoir que ce n'est pas un endroit pour elle. Alors parle ! Ça pourrait t'éviter d'être piégé, et éviter à Emma de te suivre. On sait que ce n'est pas facile, mais tu n'as plus le choix !

Et bien si, il s'y mettait... Là, c'était vraiment de l'acharnement ! Elle ne voulait pas leur parler de tout ça, point à la ligne. Elle serait obligée ? Elle n'aurait plus le choix ? Pardon, mais c'était encore à elle de décider à qui elle voulait se confier ou non. Ce n'était même pas une question de confiance, sinon elle aurait déjà tout déballé à Eléazar. Jasper reprit son petit laïus, comme si elle avait besoin d'une piqûre de rappel. Elle se contraint à rester impassible, même si les souvenirs de Bethel revenaient la harceler. Mais Jasper savait sans aucun doute ce qu'elle ressentait, même si elle ne le montrait pas. Ce don était franchement un handicap lorsqu'il se retournait contre vous.

- Ça n'a rien à voir avec la confiance, rétorqua-t-elle d'une voix froide. Et si vous vous occuper de Marie, elle ne se fera pas piéger...

Elle ne parla pas volontairement du reste et préféra quitter la pièce. Elle voulait être seule et tranquille. Jasper allait s'occuper de Marie et ne la suivrait pas. Quand à Alice, elle espérait qu'elle abandonne la partie. S'appuyant contre le mur, elle se frotta les tempes en soupirant. Tout cela allait-il vraiment arriver ? Elle serra les bras autour d'elle pour masquer sa nervosité. Comment faire à présent ? Si les Denali, et surtout Tanya, surveillaient de près Marie-Em, elle n'aura pas l'occasion de partir. Elle se laissa glisser contre le mur et s'assit par terre. Un enlèvement... Pourquoi Aro la ferait-il kidnapper alors qu'il y avait le marché des deux ans ? Et puis, seule ? Non pas qu'elle voulait qu'Alec soit capturé, mais Aro les voulait tous les deux, et elle craignait le pire pour son frère.

[HRP: désolé de la piètre longueur.]

Il devait admettre qu'il avait cru, un bref instant, que Jane allait parler, tout dévoiler, enfin. Qu'elle allait se libérer de cette charge. Sauf qu'elle n'en fit rien, se contentant de leur rétorquer que ce n'était une confiance de confiance et qu'ils feraient mieux de s'occuper de Marie. Sur ce, elle sortit d'un pas raide en claquant à moitié la porte. D'accord. Première tentative : échec lamentable. Mais il n'avait pas l'intention d'en rester là ! Il fallait absolument qu'ils s'ouvrent aux autres, sous peine de se faire manipuler et piéger.

Emma vint tout à coup se blottir dans ses bras en tremblant. Hou là, comment faire ? Il lança un regard perdu à Alice, puis enveloppa la petite dans une vague de confiance et de quiétude. Bon, d'abord, il s'occupait de sa jeune cousine, ensuite, il allait récupérer Jane et la ramener ici manu militari. Un, elle n'avait pas à partir comme ça, deux, ce n'est certainement pas en reniant ses problèmes qu'elle allait les surmonter ! Il berça Emma quelque peu pour la calmer.

Marie-Em : - Tu me dis que je ne voudrais pas faire de mal à ma mère. Mais pourtant, je n'ai jamais eu d'autre envie avant. J'ai encore du mal à comprendre ce que ressent Tanya pour moi ... L'amour maternel, y ai-je vraiment le droit Jasper ? Je ne sais plus vraiment. Je ne sais plus du tout même.

- Bien sûr que tu y as droit ! Tout le monde à droit à l'amour d'une mère. Si tu as encore du mal, il faut que tu t'en ouvres à Tanya. Elle est déjà très heureuse que tu la considères comme ta mère, et elle le sera encore plus si toi, tu te sens mieux.

Il força légèrement la dose jusqu'à voir ses épaules se décrisper et son visage se détendre.

- Emma, tu peux prendre tout le temps qu'il te faut, tu sais. tu as l'éternité devant toi ! L'éternité avec une mère, des tantes, des cousins ! Ta nouvelle famille. Toi, tu as le temps, alors profite-en.

En revanche, il en connaissait deux qui, du temps, n'en avaient pas, et qui feraient bien de s'en rendre compte ! Il était franchement agacé par leur refus d'accepter de l'aide. Il entendit tout à coup la voix d'Alec, tout près de la porte dans le couloir. concentré sur Emma, il n'avait pas remarqué que Jane était restée dans le couloir, ni ce que son jumeau était venu la retrouver.

Alec : - Jane... J'ai repensé à ce que Ludwig et Mya ont dit, moi aussi. Je ne sais pas si c'est vrai ou non, mais ça m'étonnerait. Ça ferait trop de coïncidences, tu ne trouves pas ? Tu ne pourras sans doute pas oublier, mais essaye de ne plus y penser.

Oh, bon sang. Ni l'un ni l'autre ne comprenaient que c'était de parler dont ils avaient besoin ?! Car si on gardait ce genre de truc au fond de soi, ça pourrissait et finissait par pousser aux pires bêtises ! Il les entendit partir et fixa la porte, sourcils froncés. La discussion façon Emmett avait échoué. Le discours d'Alice aussi. Sa propre tentative aussi. Mais il n'allait pas abandonner comme ça ! Il poussa très doucement Emma pour la faire avoir puis embrassa Alice sur les lèvres, avant de lui chuchoter :

- Je vais aller chercher les deux autres, cette conversation n'est pas finie. Et avec ce que tu a vu, on ne peut pas laisser les choses en l'état.

Il sortit rapidement de la pièce puis grimpa les escaliers. Les deux "gamins", qui avaient presque tout de même 350 ans, étaient assis l'un de près de l'autre. Hum, s'ils leur parlaient ou leur criait dessus tout de suite, il risquait de se prendre de plein fouet le don de l'un ou l'autre. Enfin, il pouvait jouer à ça lui aussi ! Sans faire dans le détail, il les recouvrit d'une énorme, épaisse et grossière couche de calme et de détente, au point de les assommer à moitié. Puis il se précipita sur eux, les attrapa chacun par un poignet puis les tira avec lui, les engluant encore plus, grâce au contact physique, dans cette torpeur artificielle. Il les ramena à la bibliothèque, referma la porte, puis les poussa tous les deux dans la causeuse. Et, enfin, relâcha quelque peu son don, avant d'attaquer directement :

- Non mais vous croyez que c'est en fuyant vos problèmes que vous allez les régler ?! Vous ne faites que vous enfoncer encore plus ! Je ne sais comment vous faites pour être aussi bornés mais maintenant il faudrait arrêter les frais. On ne vous jugera pas, on se moquera pas ! Essayez au moins de vous rendre compte qu'on veut juste vous aider, et que, quoi que vous en disiez, vous en avez besoin. Alors, au nom du Ciel, parlez ! Si je voulais, je pourrais vous forcer à le faire, mais ce serait beaucoup mieux si ça venait vraiment de vous.

Il soupira légèrement, sans cesser de les fixer. Il espérait juste qu'ils allaient enfin céder, et ne pas l'obliger à les faire avouer de force. Et, surtout, que ni l'un ni l'autre ne cède à la tentation d'utiliser son terrible don.

Elle ne bougeait pas, les yeux fermés, recroquevillée sur elle-même. Les mots d'Alice lui vrillaient l'esprit, la rendant presque malade. ses visions allaient-elles se réaliser ? C'était si peu probable après tout... Aro qui la ferait kidnapper, ce n'était pas possible, car il leur avait laissé deux ans. Et Marie-Em qui la suivrait à Volterra ? Elle avait bien dû comprendre qu'elle n'avait strictement rien à faire là-bas, à présent. Rien du tout. Quand à eux... Elle se voyait mal reprendre sa vie en Italie comme si rien ne s'était passé. Impossible. Elle soupira, repensant à Bethel, à Marie-Em, aux mots de Jasper et Alice, à Démétri, à leur vie en générale, humaine puis vampire. Beaucoup de ses semblables oubliaient leur vie humaine avec le temps, mais la sienne restait si claire dans sa mémoire.

Alec - Jany ? Ça ne va pas ?!

Elle eut un très faible sourire en entendant le surnom. Son frère était le seul à l'appeler comme ça. Il vint près d'elle, inquiet, puis s'assit à ses côtés. Il passa son bras sur ses épaules pour l'attirer. Elle se blottit contre lui, posant sa tête sur son épaule. Non, pas question qu'il lui arrive quoi que se soit. Pas à lui, pas à son petit frère. Elle tenait à Alec plu que tout, et ferait n'importe quoi, accepterait n'importe quoi pour le protéger.

Alec - Jane... J'ai repensé à ce que Ludwig et Mya ont dit, moi aussi. Je ne sais pas si c'est vrai ou non, mais ça m'étonnerait. Ça ferait trop de coïncidences, tu ne trouves pas ? Tu ne pourras sans doute pas oublier, mais essaye de ne plus y penser.

Trop de coïncidences, oui, peut-être. Ou pas. Elle n'en savait rien et lui non plus. Il se releva, l'entraînant avec lui, puis la serra dans ses bras. Elle fut beaucoup réconfortée par l'étreinte familière, l'odeur de son frère qu'elle connaissait par coeur. Rassurée par tous ces petits détails, ces gestes si familiers et naturels entre eux, depuis des siècles. Main dans la main, ils remontèrent s'asseoir dans un coin. Fini, cette discussion gênante à la bibliothèque. Fini les accusations de Jasper et les sentences d'Alice. Ils n'étaient à nouveau que tous les deux, loin des Cullen et des Denali, en paix. Enfin, en paix plus ou moins. L'épisode de Bethel la hantait, et ce malgré tous ses efforts pour ne plus y penser.

Tout à coup, sans qu'elle comprenne pourquoi, elle se détendit d'un seul coup, presque brutalement. Une sorte de torpeur très lourde l'envahit, anesthésiant son corps, ses pensées et ses émotions. elle vacilla quelque peu, lâchant son frère, puis sentit tout à coup une main dure lui saisir le poignet, accentuant encore cette "fatigue" qui leur était tombée de dessus d'un seul coup. Elle essaya de se libérer, mais fut tout à coup poussée sur une causeuse. elle y tomba assise, près d'Alec, et prit conscience qu'ils étaient de nouveau dans la bibliothèque. Elle se réveilla un peu mais se sentait toujours trop "épuisée" pour se lever. Son corps ne lui obéissait plus, alors que son esprit lui hurlait de vider les lieux tout de suite. Sauf qu'elle ne pouvait pas, là. Jasper se planta devant eux, les fixant. Que voulait-il encore ?

Jasper - Non mais vous croyez que c'est en fuyant vos problèmes que vous allez les régler ?! Vous ne faites que vous enfoncer encore plus ! Je ne sais comment vous faites pour être aussi bornés mais maintenant il faudrait arrêter les frais. On ne vous jugera pas, on se moquera pas ! Essayez au moins de vous rendre compte qu'on veut juste vous aider, et que, quoi que vous en disiez, vous en avez besoin. Alors, au nom du Ciel, parlez ! Si je voulais, je pourrais vous forcer à le faire, mais ce serait beaucoup mieux si ça venait vraiment de vous.

Ah oui, ils s'enfonçaient ?! Elle aurait répliqué vertement si elle n'était plus coincée dans cette espèce de bulle de calme artificielle. Elle savait que Jasper en était à l'origine. Tricheur ! Parler, oui, bien sûr. Et il pourrait les "forcer à le faire" ? Elle ne voyait guère comment mais se méfiait de Jasper comme de la peste, à présent qu'il leur avait fait ce coup-là. Tricheur. Surtout que là, ils étaient bel et bien coincés. Jasper n'aurait aucuns scrupules à les faire avouer de force s'il le fallait, sans compter qu'Alice était avec lui.

Jane - Vous n'avez besoin de savoir plus de choses sur nous ! articula-t-elle clairement. Surtout que je doute fort que ce soit pour "nous aider", je vois plutôt ça comme de la curiosité mal placée. Et on ne fuit pas nos problèmes, on veut simplement les régler seuls. Sans aide.

Elle se leva puis fit un pas mal assuré. Le don du Cullen était puissant, aucun doute là-dessus. Elle soupira, détestant cette torpeur si lourde qui entravait tous ses mouvements. Pour s'enfuir en courant, c'était plutôt mal parti. Ils ne feraient même pas deux mètres dans cet état. Elle se tourna vers le couple Cullen.

Jane - Il faut qu'on y aille...

Le soleil perçait parfois à travers les nuages, chose si rare à Forks, illuminant les bois et filtrant les gouttes d'eau et l'humidité. Le spectacle était magnifique, mais Alec n'avait franchement pas le coeur à ça. Il était hautement stressé, et surtout inquiet, même si sa peur avait bien diminué depuis que sa soeur était là, près de lui. Il ouvrait la bouche pour lui parler lorsqu'il fut brusquement envahi par un calme soudain et puissant, au point de le rendre presque hagard. Il vacilla un peu puis une main se referma sur son poignet et le tira en avant. Il reconnut vaguement Jasper Cullen avant que celui-ci ne les entraîne tous les deux avec lui. Alec tenta bien de le paralyser pour se libérer mais curieusement, toutes ses volontés de résistance semblaient s'être envolées. Ils revinrent dans la bibliothèque où le Cullen les poussa tous les deux dans une causeuse pour les faire asseoir.

Alec lui jeta un regard qu'il voulait noir, même s'il avait perdu toute capacité de se mettre en colère, alors que leur "ravisseur" se lançait dans un petit discours agacé. Non monsieur, ils ne fuyaient pas leurs problèmes, ils ne voulaient pas d'aide pour les régler, nuance ! Ils étaient bornés, et alors ? Pour reprendre une expression grossière, à chacun sa merde, et tout ce qui pouvaient bien leur arriver ne regardait en rien les Cullen. Il tressaillit lorsque Jasper leur asséna qu'il était capable de les forcer à parler. Il n'oserait tout de même pas faire ça ! Si ?

Jane - Vous n'avez besoin de savoir plus de choses sur nous ! articula-t-elle clairement. Surtout que je doute fort que ce soit pour "nous aider", je vois plutôt ça comme de la curiosité mal placée. Et on ne fuit pas nos problèmes, on veut simplement les régler seuls. Sans aide.

Très bien dit, grande soeur ! Encore une fois, ils étaient sur la même longueur d'ondes. Jane se leva, avec un équilibre précaire. Il tenta bien de l'imiter, dans le but de quitter au plus vite cette pièce, mais ses jambes ne lui obéissaient plus. Jane murmura d'une voix faible qu'ils devaient y aller. Alec ne demandait pas mieux mais un, il doutait qu'Alice et Jasper les laissent faire, deux, le don de ce dernier était toujours actifs. Un peu désespéré, il regarda tout le monde, et croisa brièvement le regard de Marie-Emmanuelle, debout derrière Alice. Il essaya de se lever, mais ne pouvait pas.

- Jasper, laisse-nous partir ! Si on veut pas d'aide, c'est notre problème après tout...

Jane - Vous n'avez besoin de savoir plus de choses sur nous ! articula-t-elle clairement. Surtout que je doute fort que ce soit pour "nous aider", je vois plutôt ça comme de la curiosité mal placée. Et on ne fuit pas nos problèmes, on veut simplement les régler seuls. Sans aide.

De la curiosité mal placée ? Non, mademoiselle ! Non, ce n'était pas une simple curiosité ! Et elle disait vouloir régler leurs problèmes seuls ! Alors qu'il était plus qu'évident que l'un comme l'autre étaient anéantis parce qu'ils avaient vécus, particulièrement Jane, alors seuls, c'était facile à dire, mais pas facile à faire ! Pourquoi s'obstiner à refuser la main tendue ? Pourquoi s'obstiner à refuser de l'aide ? il ne comprenait pas et s'en énervait. S'il le leur proposait, ce n'était pas pour rien. Jane se leva et fit un pas mal assuré. Il n'avait toujours pas relâché son don, en partie pour les forcer à rester, en partie pour éviter de se recevoir le leur.

Jane - Il faut qu'on y aille...

Il sourit et secoua la tête. Bien sûr, il allait les laisser filer comme ça, aussi facilement ! Dans tes rêves, Jane. Elle allait devoir parler, de gré ou de force ! C'était pour son bien et celui de son frère. Pour qu'ils se déchargent de ce qui les traumatisait en se confiant. Était-ce si difficile après tout ?

Alec - Jasper, laisse-nous partir ! Si on veut pas d'aide, c'est notre problème après tout...

Il leva les yeux au ciel et poussa un soupir exaspéré.

- Bien sûr, bien sûr. C'est votre problème, vous ne voulez pas d'aide, et le monde tournera bien comme ça. Et surtout, oui, vous n'avez pas BESOIN d'aide ! Vous êtes vraiment super crédibles, c'est fou ! Est-ce que ça vraiment vous tuer de vous confier, une fois dans votre vie ? Je vous signale qu'en venant ici, ça devient aussi notre problème ! Ce n'est pas de la curiosité mal placée ! Laissez-vous donc faire, pour une fois.

Il soupira à nouveau puis les fixa tous les deux. Il se doutait que tous les arguments du monde ne suffiraient pas à les faire changer d'avis. Puisque la méthode douce, parler, n'avait pas fonctionné, passons à une méthode bien plus directe et un peu brutale mais qui avait le mérite d'obtenir des résultats plus rapides. Se re-concentrant, il fixa les jumeaux puis commença à manipuler leurs sentiments. Il augmenta la peine qu'ils ressentaient et la modela, puisant dans la souffrance et la solitude qu'il sentait au plus profond d'eux. Il mélangea le tout pour le transformer en une envie de parler, de se confier enfin. Il poussa leur tristesse pour qu'ils se sentent forcés de s'en ouvrir aux autres. Doucement, il repoussa Jane sur la causeuse pour qu'elle se rassoit, puis se pencha pour se mettre à la hauteur des deux enfants.

- Dis-moi, Jane, fit-il d'une voix douce, tu veux bien te confier à moi ?

Tout s'enchaînait un peu rapidement dans cette bibliothèque. Jasper, après avoir proféré des paroles rassurantes pour sa cousine, ce qui, au vu des derniers évènements étaient devenus un sport national chez lui, venait de sortir en direction des jumeaux. Marie ne prêta pas attention à ce qu'il disait. Elle ne comprenait d'ailleurs pas grand-chose à toutes les histoires où étaient impliquées Jane et Alec ... A croire que ces deux derniers avaient un don pour se foutre dans la merde jusqu'au cou.

Cependant, ce court moment où Jasper était avec les jumeaux était une bonne occasion pour sortir de cette salle. Enfin, cela était sans compter la présence d'Alice qui d'un regard venait de faire comprendre à sa cousine de ne rien tenter d'imprudent.

Elle n'en eut d'ailleurs pas l'occasion ... A croire que le destin ne voulait vraiment pas que la petite nouvelle tente quelque chose de fou dans les jours qui allaient suivre ... Mais cela était impossible à ses yeux. Elle n'arrivait pas à se sortir de la tête les dernières paroles qu'Alice venait de prononcer quelques minutes plus tôt ... Il était hors de question, dans l'esprit de Marie-Emmanuelle, qu'elle laisse tomber Jane ... Non ce n'était vraiment pas possible ... Mais comment le faire comprendre à sa mère ... Tanya ... En parlant d'elle, cela faisait déjà trop longtemps que Marie en était éloigné. Et, éprit d'un remord quasi constant pour ce qui s'était passé en France, la petite décida d'aller rejoindre sa mère.

Marie : « - Je dois rejoindre Tanya ! »

Sans même attendre de réponse, Marie serra une nouvelle fois Jasper dans ses bras, comme pour le remercier de sa patience. Puis, après avoir tenté de dire un mot à Jane sans vraiment y arriver (Imaginer un EUUUUUUUUUUH énorme). L'enfant se dirigea vers l'entrée de la bibliothèque espérant ne pas être retenu ...

Jasper - Bien sûr, bien sûr. C'est votre problème, vous ne voulez pas d'aide, et le monde tournera bien comme ça. Et surtout, oui, vous n'avez pas BESOIN d'aide ! Vous êtes vraiment super crédibles, c'est fou ! Est-ce que ça vraiment vous tuer de vous confier, une fois dans votre vie ? Je vous signale qu'en venant ici, ça devient aussi notre problème ! Ce n'est pas de la curiosité mal placée ! Laissez-vous donc faire, pour une fois.

Elle eut un léger soupir. Se laisser faire, c'était facile à dire ! Ce n'était pas son problème s'ils ne voulaient pas se confier. Leur passé, leur vie, ce qu'ils ressentaient, ça ne concernait en rien les Cullen, et surtout pas Jasper. La seule chose qu'il pouvait comprendre, c'était la douleur, leur vie de combattants, car lui aussi en était un. Il avait lui aussi un bon nombre de cicatrices sur le cou et les bras. Mais quand à accepter de l'aide... Et venant d'eux ? Ce n'était pas normal, pas habituel, étrange. Et d'ailleurs, cela la rendait triste... Oui, elle avait l'impression que sa peine augmentait, tout comme la tristesse qui habitait son coeur. Elle eut tout à coup envie de se décharger de tout cela, de parler, de se confier. Que se passait-il ?! Elle, vouloir parler aux autres ? C'était trop... Mais elle en avait tellement envie. Jasper la poussa tout à coup à se rasseoir et elle lui jeta un regard un peu perdu.

Jasper - Dis-moi, Jane, fit-il d'une voix douce, tu veux bien te confier à moi ?

Elle ne répondit pas tout de suite, déchirée entre la partie d'elle qui lui criait de parler et l'autre qui voulait tout garder tout au fond d'elle jusqu'au jour de sa mort. Marie-Emmanuelle bougea tout à coup, serra Jasper dans ses bras, la regarda un petit moment, puis s'enfuit tout à coup sans un mot de plus. Jane ouvrit la bouche, la referma, ayant envie de pleurer. Elle avait toujours cette envie de se confier, si anormale, et elle ne comprenait pas. Ce n'était vraiment pas son genre de vouloir parler à un autre qu'Alec... Mais... Non..; Elle ouvrit la bouche presque malgré elle, attrapant la main de son frère, comme pour se rassurer.

Jane : "- Ça se passe mal depuis le début, dit-elle dans un murmure. Depuis qu'on a essayé de sauver Alix. Elle est morte et... Tout va mal depuis. On sait qu'en deux ans, c'est impossible. Qu'on ne pourra jamais quitter notre clan comme ça de toute façon... Et puis, c'est sans doute idiot de vouloir le croire. Volterra est le seul endroit où nous avons ou avoir un semblant de bonheur."

Elle se rendit alors compte que ses manches relevées dévoilaient les multiples cicatrices qu'elle portait, et qu'elle n'avait rien non plus pour couvrir son cou. Elle repoussa ses manches jusqu'aux poignets et remit ses cheveux contre son cou pour cacher les traces de morsures. C'était peut-être idiot, mais elle n'avait pas envie qu'ils voient ça. Elle se retourna vers Alec, échangeant un long regard avec lui, puis se tourna à nouveau vers Jasper.

Jane : "- C'était Aro qui... Avait ordonné pour Bethel... Eléazar l'a su quand il est venu me chercher. Tout ça parce qu'on s'est rebellés. Et Ludwig a insulté nos parents."

Elle se tut, incapable de rajouter quoi que ce soit. Poussée par la colère et son refus d'en dire plus, elle attrapa la main d'Alec et le tira avec elle pour quitter au plus vite la bibliothèque.