Alec s'assit sur le siège passager, Démétri au volant. Ni lui ni Jane ne savait conduire. Il restait silencieux, très raide, lèvres pincées. Démétri eut au moins la grâce de rouler vite, et la ville de Volterra disparut rapidement de leur champs de vision. Il se perdit dans la contemplation du paysage. Trois jours. Trois jours pour cette mission, et il pourra retrouver sa soeur. Il se demandait comment s'y prendre. Faire en sorte que le monde croit que le père avait tué sa famille avant de suicider... Il avait déjà fait plusieurs fois ce genre de missions. La discrétion, encore et toujours. Mais Caïus prenait tout de même un risque en le laissant partir ainsi. Même avec Démétri. Enfin, pas tant que ça... Jane étant toujours à Volterra, il ne pouvait pas fuir, et ne le ferait pas de toute façon.
Ils arrivèrent à Rome, et Alec jeta un regard morne sur la capitale Italienne. Il détestait cet endroit, et depuis l'épisode d'Alix, la ville lui apparaissait limite comme menaçante. Il sortit de la voiture et regarda la maison où vivaient ses futures victimes. Le soir tombait, et il put découvrir son visage. Il l'avait déjà fait. Des dizaines sinon des centaines de fois. Démétri resta à l'attendre, le regard vrillé dans son dos. Alec l'ignora et s'approcha de la maison, se cachant dans le jardin qui l'entourait, puis jeta un coup d'oeil par la fenêtre. L'homme était là, assis dans un gros canapé. Il faisait sauter un petit garçon d'un ou deux ans sur ses genoux. Quatre autres enfants jouaient sur le tapis, et le plus vieux ne devait pas avoir dix ans. Une femme entra brièvement et emmena deux des enfants avec elle.
Alec attrapa une gouttière puis se hissa silencieusement au premier étage et se glissa par une fenêtre laissée entrouverte. Il entendait les bruits que faisaient la famille. La mère était à l'étage, dans la salle de bain avec deux des enfants. Il entendit le bruit de l'eau et des petits cris de joie, avec des éclaboussures. Il descendit et se cacha dans le couloir. Le père s'était levé et s'étirait. Alec remarqua alors un endroit dissimulé en haut d'une armoire. Il en tira un petit pistolet, muni d'un silencieux. Il ne pouvait laisser d'empreinte dessus, ce qui lui donna une idée. Remontant à l'étage, il abattit froidement la mère et les deux jeunes enfants jouant dans leur bain. Le sang se répandit dans l'eau et sur le sol, et l'odeur lourde et envoûtante imprégna la pièce. Il coupa sa respiration, puis quitta la pièce. Redescendant, il dénicha les trois autres enfants dans une salle de jeu. Il les tua sans une once d'hésitation, seul l'aîné eut le temps de pousser un cri avant de s'effondrer.
Il entendit le père arriver en courant. Il entra à la volée, découvrit ses enfants morts et poussa un hurlement d'horreur. Alec le saisit violemment à la gorge et le plaqua contre le mur. Ses yeux noirs étincelaient d'une soif contenue. Il força l'humain à prendre son arme en main, le maintenant avec fermeté. Le coeur de l'homme battait si vite, et des larmes dévalaient sur ses joues.
- Ce n'est pas contre vous, murmura-t-il.
Il força le père à appuyer lui-même sur la détente. Il s'effondra sans un bruit, sans un mot. Alec le considéra un instant. Il tenait encore le pistolet, face contre terre, le sang s'écoulant lentement de la plaie. L'odeur du sang imprégnait toute la maison. Il sortit sans un mot et retrouva Démétri.
- C'est fait.