Première mission

Démétri s'installa au volant, et fit sèchement signe à Orlin de se dépêcher et de monter à son tour. Il avait cru devoir mener cette mission seul, comme à son habitude, mais non. Il devait emmener avec lui le petit nouveau, histoire de lui montrer comment ça se passait. Formidable. Enclenchant la première, ils quittèrent rapidement la ville pour se lancer sur les routes de l'Italie. Démétri conduisait souplement, en silence, sans un mot pour son compagnon de route pour le moment. Il n'était franchement pas d'humeur à soutenir une conversation. Le paysage légèrement vallonné et brûlé par le soleil défilait sur les côtés, alors que les rares arbres se dressaient encore fièrement. Démétri connaissait par coeur la route menant à Rome et à l'aéroport. De toute les membres de la garde, il était l'un de ceux qui sortaient le plus souvent.

Il n'avait toujours pas décroché un seul mot, ignorant même si Orlin lui avait adressé la parole, lorsque la capitale Italienne, siège du Vatican, se dressa devant eux. Il fut obligé de ralentir, s'insérant dans la circulation plus dense. Il y avait beaucoup d'agitation, les Chrétiens élisaient encore un Pape, et la ville, surtout aux abords du Vatican, était particulièrement animée. Il poussa un grognement de frustration en voyant tous les embouteillages et les barrages, l'obligeant à de nombreux détours pour gagner l'aéroport. Il aimait pourtant beaucoup Rome, une ville où tous les styles de chaque époque se mélangeaient soigneusement. Et si dynamique ! Rien à voir avec la discrétion de Volterra. mais c'était toute la saveur de l'Italie qu'on retrouvait en sa capitale. Il gara la voiture sur l'immense parking près de l'aéroport et sortit.

- Reste bien près de moi, dit-il à Orlin. Tu n'as même pas un mois, tu ne sais pas encore te contrôler.

Il sortit de sa poche le passeport qu'il utilisait habituellement un voyage et un autre qu'il avait fait faire pour Orlin. Dans l'aéroport, il le surveilla de près, lui attrapant parfois le poignet à valeur d'avertissement ou pour l'empêcher de sauter sur quelqu'un. Il fallait sans cesse être sur ses gardes pour s'occuper d'un nouveau-né. Une fois dans l'avion en partance pour l'Alaska, il lui expliqua en quelques mots le but de leur mission : traquer puis surveiller deux vampires, afin de vérifier qu'ils se tenaient tranquille, car on leur avait signalé des activités suspectes.

Après quelques heures de vol, ils atterrirent en Alaska. Avisant les yeux noirs de son collègue, Démétri se dit qu'il n'était peut-être pas plus mal de lui apprendre à chasser avant toute chose, puisqu'il n'était jamais sorti du château. Il le mena à Juneau et l'arrêta par le bras, le regardant droit dans les yeux.

- Tu dois toujours camoufler tes traces, afin qu'on croit à une mort accidentelle ou à un suicide. Au pire, tu peux aussi noyer ou brûler le corps. Mais, toujours, tu dois surtout te contrôler. Tu verras, c'est très facile.

Il lui montra comment repérer puis suivre une proie sans se faire entendre. Comment l'attraper et l'empêcher d'émettre le moindre son avant de la tuer. Et, enfin, comment camoufler ses traces. Lui-même se nourrit à peine, concentré sur son objectif. Les deux vampire, Riley et Victoria. Un couple, d'après ce qu'il en savait. Il se concentra, tous ses sens en alerte. La trace lui apparut, claire comme de l'eau de roche dans son esprit. Un mince sourire étira ses lèvres. Ils n'étaient pas loin d'ici, il le sentait. C'était son boulot. Son don. La Traque. Retrouver n'importe qui, rapidement.

- Suis-moi, Orlin.

Il entraîna son compagnon en avant, se mettant à courir, sachant exactement quels chemins prendre et où aller. Parce qu'il était fait pour ça, parce qu'il vivait pour cela.

Démétri avait demandé à Orlin de se présenter aux portes du château le plus rapidement possible. Quand il arriva, il vit une voiture et Démétri au volant. Celui-ci lui fit signe de monter. Orlin ne se fit pas prier, enfin il allait pouvoir sortir du château, respirer un peu d'air fraie, voir autre chose que Volterra. Il s'était fait peu à peu à sa vie d'immortel, il avait appris à craindre le don de Jane et Caïus. Il avait également lié 2 3 liens avec des gardes et des personnels du château. Ils s'élancèrent sur les routes. En parcourant la ville de Volterra, il reconnut d'anciens camarades de classe du lycée, il prit soin de mettre sa capuche pour pas qu'on le reconnaisse. Il aperçut également un avis de recherche le concernant. Il pensa alors à son père. Le cherchait-il ? Probablement pas encore... Puis ses pensées se tournèrent vers Charles-Edward. Lui, il devait être mort d’inquiétude de ne plus avoir de nouvelles. Mais il n'y pouvait rien. Pendant tout le trajet, Démétri ne lui adressa pas la parole. Il en profita alors pour retravailler son don se disant que ça calmerait son excitation.

Voyant qu'ils s'approchaient de l’aéroport, la peur monta au ventre d'Orlin. Il avait peur de perdre tout contrôle. Il mit la ventilation de la voiture en circuit fermé, bloqua sa respiration et évita le plus possible de regarder les humains. La traversée de l'aéroport fut un vrai calvaire. Il avançait presque à l'aveugle, se laissant guider par les bruits de pas de Démétri et les quelques fois ou il le trainait par le poignet. Le voyage en avion ne fut pas chose facile non plus et lui sembla interminable. Il le supporta tant bien que mal, tiraillé par la soif. À l’atterrissage, il était à bout, il n'en pouvait plus, il avait du mal à marcher. Il avança, méticuleusement. Chaque pas était un supplice. Il se ferait bien la grand-mère là-bas un peu en retrait...

Sans qu'il ait le temps de faire quoi que ce soit, Démétri l'entraina avec lui dans la voiture et ils s'arrêtèrent un peu plus tard dans la ville de Juneau. Son mentor lui expliqua alors les rudiments de la chasse.

Démétri
- Tu dois toujours camoufler tes traces, afin qu'on croit à une mort accidentelle ou à un suicide. Au pire, tu peux aussi noyer ou brûler le corps. Mais, toujours, tu dois surtout te contrôler. Tu verras, c'est très facile.

Il observa alors sa façon de procéder et lui-même mis en application la technique sous la surveillance du traqueur. Il repéra une jeune femme en haut d'un pont prète à sauter dans le canal pour se suicider. Orlin s'approcha discrètement d'elle dans son dos et lui plaqua sa main sur la bouche comme pour l’empêcher de crier. Il la vida de son sang en quelques instants et balança son cadavre dans le canal. Démétri ne dit rien, il n'avait donc pas été trop mauvais....

Démétri
- Suis-moi, Orlin.

Il le suivit sans discuter, l'esprit bien plus tranquille maintenant qu'il n'avait plus soif. Après quelques minutes de route, il s’arrêtèrent.

Le vent était glacial, la neige crissait sous leurs pas, et les passants étaient enveloppés dans d'épais manteaux, couverts par des gants, des écharpes et des bonnets. Les deux vampires s'enfoncèrent dans Juneau, puis la quittèrent finalement pour filer dans les alentours. Guidé par la trace, Démétri s'arrêta net à un moment, se concentra, puis attrapa à nouveau Orlin par le poignet pour le pousser derrière un buisson, avant de le pousser par terre, dans la neige. Lui-même s'accroupit, tous les sens en éveil.

- Ne bouge pas, murmura-t-il. Et surtout, ne dis rien.

Tout était calme autour d'eux. La neige étouffait tous les bruits, surchargeant les arbres et les sapins, surplombant les rochers. Un décor lourd et trompeur, où l'on pouvait si facilement se dissimuler. Plusieurs minutes passèrent avant qu'un mouvement ne se dessine non loin. Aussi immobile qu'une statue, Démétri gardait la main serrée sur le bras d'Orlin pour lui interdire tout mouvement ou le moindre son. Les deux vampires étaient là. Il haussa les sourcils, surpris. Il les connaissait. Il s'agissait des deux nomades qui avaient attaqués la fillette Denali ! Ceux que Jane avait fichu au tapis en l'espace de cinq secondes...

Il prit le temps de plus les détailler. Le mâle était nerveux, et son odeur, où on décelait la trace de sang humain, prouvait qu'il avait affaire à un nouveau-né. Les plus jeunes vampires avaient une odeur bien spécifique, sachant que du sang humain imprégnait encore leurs tissus. Ils étaient également très repérables par leur nervosité, leur agitation, dû à la brûlure constante de leur gorge qu'ils ne parvenaient pas encore à contrôler. Accroupi, il dévisagea également la fille qui l'accompagnait. Ses cheveux roux formaient une tâche flamboyante et bien visible dans la neige. Elle était plus vieille que son compagnon, sans nul doute. peut-être sa créatrice ? S'il se fiait à ce qu'il voyait et sentait, le petit vampire devait à peine être plus vieux qu'Orlin.

Les deux discutaient, agités et visiblement aux aguets. Démétri se redressa lentement et sans le moindre bruit, entraînant le tout jeune garde avec lui. Il lui jeta un coup d'oeil, hésitant à le laisser seul. Mais il devait absolument se rapprocher de leurs proies pour entendre ce qu'elles disaient, elles étaient éloignées et parlaient à voix très basse. Il se pencha à l'oreille d'Orlin.

- Toi, tu restes ici, et tu ne fais pas un seul geste. Je reviens dans quelques minutes.

Il faudra lui apprendre à se déplacer discrètement, en plus de la chasse et de l'art du combat. Il y avait tant de choses à faire avec les nouveaux-nés. Souple et silencieux, il disparut rapidement, se faufilant entre les arbres pour se rapprocher de ses proies et les écouter. En espérant que son jeune collègue n'allait faire aucune bêtise.

Que venait-il de se passer ? Pourquoi était-il devenu non-maître de ses moyens ? Comment était-il devenu aveugle ? Riley venait en quelques secondes de subir sa première défaite, sa première fuite ... Victoria venait de lui sauver la vie. Quelques temps après l'attaque, une fois que les cinq sens du jeune amant de Victoria reprirent du service, cette dernière lui expliqua ce qui venait de se produire. Cette déroute avait donc été causée par nul autre que les Volturi. Ce clan qui avait détruit la famille de celle qu'il aimait.

Les jours qui suivirent cette attaque un silence de plomb s'instaura entre Victoria et Riley. La belle devait être dans ses pensées. Riley n'osait la déranger. Il choisit donc de passer son temps à la contempler, à l'admirer. Le garçon n'avait pas encore pris le temps de détailler la beauté de celle qui l'avait sorti de sa routine étudiante. Son teint de peau était magnifique. La blancheur de sa peau parsemée de tache de rousseur, ainsi que sa belle chevelure rousse lui donnait l'air d'une Athéna. Les courbes de Victoria accentuaient la beauté de cette femme. Ses yeux, roux carmin, lui donnait un côté démoniaque qui instaurait surement une certaine crainte à ses victimes. Pour autant, cette défiance n'existait pas pour Riley. Il était tombé amoureux de cette dame dès les premiers instants. Sacrifié sa vie pour elle ? Sans aucun soucis, si cela lui assurait de ne jamais tomber en désuétude. Cela était peut-être la seule crainte qui parcourait l'esprit du nouvel amant de Victoria. Riley n'avait que cette peur à l'esprit. Il n'avait que la crainte que la belle le laisse tomber comme jette un mouchoir en papier une fois qu'il est usagé.

Le silence qui s'était instauré entre les deux amants n'était pas pesant. Au contraire, Riley compris rapidement que sa relation avec Victoria allait souvent passer par ce genre de moment. Et puisque représentaient quelques jours lorsque l'éternité s'ouvrait devant-vous ? Ce divin silence fut quand même brisé après quelques jours par la jeune femme. Cette dernière demanda alors à celui qui l'aimait plus que tout s'il était prêt à l'aider à se venger des Cullen. Nous ne pensons pas avoir besoin de vous détailler le paragraphe du dessus évoquant le coeur et les sentiments de notre ancien étudiant ? Si vous voulez vraiment ? Et bien non !

Les Cullen étaient apparemment une autre famille de vampire qui avait détruit la vie de la créatrice de Riley. Ce dernier ne les portait donc pas vraiment dans son coeur, un peu à l'image des Volturi. Il n'hésita donc pas et répondu à mi-voix.


Cette discussion n'alla pas plus loin. Pourtant, ces mots étaient comme un serment, comme une promesse de fidélité éternelle de Riley envers Victoria. Comment cette dernière allait le prendre ? Le garçon n'en savait rien. Pour autant, il se crut comme dans l'obligation de laisser jaillir ses sentiments. Il s'approcha alors de Victoria et l'embrassa tendrement dans le cou. Puis sans même attendre de réponse de sa part, il rapprocha ses lèvres de celle de sa belle et y déposa un baisé endiablé.