Mission en Argentine

Enfin une situation normale ! Une situation banale, ordinaire, déjà vue. Une mission en Argentine, tous les quatre, avec Félix et les jumeaux ! Ah oui, et Orlin aussi... Il traînait derrière eux, comme s'il hésitait à les suivre. Mais c'était une situation normale, naturelle, qu'ils avaient déjà connus des centaines de fois. Les jumeaux silencieux, Félix qui plaisantait, lui qui l'écoutait en souriant légèrement, concentré. Ils étaient toujours partis tous les quatre sur ce genre de missions.

Ils venaient de prendre l'avion, en route pour l'Argentine. Des armées de nouveaux-nés à détruire, et leurs créateurs à se débarrasser. La routine, somme toute. Bien souvent, grâce au don d'Alec, il n'y avait même pas de combat. Ils se contentaient de les démembrer rapidement et de les jeter au feu. Il soupira légèrement en s'asseyant dans l'avion. Il gardait un oeil sur Orlin, afin de s'assurer qu'il n'allait pas craquer et s'en prendre à des humains. Il avait un an, maintenant, et avait à présent un certain contrôle sur lui-même. Contrôle à relativiser, néanmoins, mais il y avait du progrès.

Jane et Alec étaient étonnement silencieux. Démétri n'aurait pas pensé qu'Aro les laisserait sortir, mais peut-être souhaitait-il éprouver leur fidélité. Ou bien, ils pensaient à la petite Jade, solidement bouclée dans les profondeurs de Volterra. Il les laissa tranquilles, se tournant vers Orlin, et lui chuchotant rapidement quelques détails, afin de lui donner un aperçu de ce qui allait se passer.

L'avion se posa, et ils sortirent tous ensemble. Bien, maintenant observer un peu la situation, repérer les fameuses armées, puis les réduire à néant. Ils s'avancèrent, le visage couvert, à courant à la vitesse propre à leur race. Il était amplement rassuré, dans cette situation si familière.

HJ : Avec l'accord d'Alec et Jane.

Santiago fonça sur lui, souple et silencieux, lançant son bras pour le crocheter à la taille. Félix l'esquiva à la dernière seconde, fit un bond sur le côté, mais ne put esquiver un coup. Il grogna et put le frapper, aussi vif qu'un serpent. Santiago fit un petit vol plané et se cogna contre un mur. Il se releva en vitesse, et fonça sur lui. Félix se déporta, le frappa dans le dos, en reçut un dans les côtes. Il était rapide, le gringalet !

Ils continuèrent à s'entraîner, mais le coeur n'y était pas. Félix aimait se battre, s'entraîner, rire avec ses amis, jouer à des jeux débiles, partir en mission, et ce genre de choses, mais là... Non, rien à faire, il préférait tout de même faire tout cela avec Démétri qu'avec les autres. Il était son meilleur ami, après avoir été son mentor et son entraîneur. Avec lui, au moins, il pouvait se permettre d'être naturel, et ne pas se comporter comme le garde lambda coincé. Ok, Démétri était siiiiiii sérieux, s'en était parfois soûlant, mais il était plus ouvert que la plupart des crétins d'ici. Mais monsieur le traqueur parfait avait des responsabilités, et donc était plus exposé aux brimades en cas d'échec.

Plus tard, il apprit que Démétri était revenue, tenant une fille blonde prisonnière, et suivit d'Athánatos. Parfait, ils allaient pouvoir sortir un peu, et s'amuser. Il se rendit à sa chambre, et se changea rapidement. Il avait le pressentiment, depuis quelques jours, qu'ils allaient bientôt être envoyés en mission. Il sentait ce genre de chose. Il flânait un peu dans les couloirs lorsqu'il croisa Démétri emmener la fille en question.

Il fut frappé par deux choses : l'expression de son visage, ainsi que par sa ressemblance curieuse avec Jane. Elles auraient pu passer pour des soeurs sans aucun problème... Il la suivit du regard, fasciné, alors qu'elle grognait et se débattait contre Démétri. Ainsi, voilà celle qui avait tué l'un des deux Roumains. Une femme de caractère, sans aucun doute ! Et mignonne avec ça, s'il vous plaît ! Il eut un maigre sourire, les mains dans les poches, à regarder les escaliers menant à cacher. Apparition si fugace, mais néanmoins si agréable... Démétri revint, et lui annonça qu'on les attendait.

- Ah ? dit-il, distrait. Allons-y !

Ils filèrent dans la salle des trônes, où se trouvaient les trois frères, leur créateur, et les jumeaux. Les petits enfants à papa ! Il faillit ricaner, mais se contint.

Aro - Vous allez en Argentine, et ramener le calme. Une ou deux armées de nouveaux-nés à détruire, leurs créateurs à traquer et tuer. Jane, Alec, ne me décevez pas... Vous savez quel est votre rang et votre place.

En effet, place officielle, enfants adoptifs de papa Aro. Tout comme Orlin, le petit nouveau-né, placé en retrait. Félix le considéra un instant, puis s'en désintéressa. Il songeait à la fille blonde entraperçue dans le couloir... La tueuse de vampire. Un beau regard doré, donc une végétarienne, une fille qui savait se battre, qui ne se résignait pas. Hum, il espérait qu'elle allait rester avec eux, histoire de lier connaissance. Il faudra qu'il demande son nom à Démétri, qui elle était plus exactement.

Aro - Toi, tu vas les accompagner, mais tu ne combattras pas. C'est simplement histoire de voir comment ça se passe.

Il dissimula une grimace. Rah, on leur collait le morveux dans les pattes ! Il ne manquait plus que ça. Ils partirent presque aussitôt, traînant, donc, le petit Orlin avec eux. Le voyage lui permit cependant de retrouver sa bonne humeur coutumière. Combien de fois étaient-ils partis ainsi, tous les quatre ? Il s'agissait d'une mission banale, même si Félix se doutait qu'elle avait valeur de test pour les jumeaux. Étaient-ils vraiment revenus ? Hum, difficile de juger... Ils en avaient l'air, toutefois.

Dans l'avion, Démétri joua au précepteur avec Orlin. De tous les gardes, il était celui qui se contrôlait le mieux, et pour cela, on lui collait souvent les tous jeunes gardes dans les pattes. Pauvre Dem, en l'occurrence. Lui dévisageait discrètement les jumeaux. C'était si mignon, un tel attachement entre frère et soeur ! Mais il faudrait sincèrement qu'ils arrêtent de se débattre pour rien. Les Volturi était leur clan, plus que ça, leur famille ! Toute leur vie, le fondement de ce qu'ils étaient ! Pourquoi rejeter ce qui les définissait ? Il était temps de se calmer.

L'avion se posa en Argentine, en pleine nuit, et il s'étira avec un grand sourire. En chasse ! Il adorait littéralement ce genre de mission, il adorait casser du nouveau-né. Le géant était passé spécialiste en la matière, spécialiste pour réduire à l'impuissance les vampires et leur briser le cou. Ils coururent, s'éloignant de l'aéroport. La douce odeur du prochain massacre se profilait. Ils s'arrêtèrent alors qu'ils étaient assez loin de la ville. Il tapa un grand cou dans le dos de Démétri.

- Allez, mon vieux Dem, à toi.

Son ami sourit, puis se concentra sur les alentours. A peine vingt secondes plus tard, il bifurqua brusquement et ils suivirent tous. C'était parti ! Peu importe où se cachait l'armée de nouveaux-nés, Démétri allait tous les traquer, puis ils allaient faire un immense feu de joie avec leurs cadavres. Il avait hâte ! Démétri les mena jusqu'à une grange, devant laquelle une bonne vingtaine de nouveaux-nés s'entraînaient, sous le contrôle d'un vampire plus vieux qui sursauta et gémit en les voyant débarquer, si soudainement, du coeur de la nuit.

Félix eut un sourire de fauve, et s'apprêtait à foncer dans le tas, mais les jumeaux le devancèrent. Et ce qui suivit le refroidit aussitôt. Il avait l'habitude de ce genre de scène, mais voir les jumeaux ainsi auraient flipper n'importe qui ! C'était comme s'ils se déchargeaient de toutes leurs rancunes, toutes leurs haines, de tout ce qu'il avait subi ces derniers mois. Les jeunes vampires hurlaient de terreur ou de douleur, soumis aux dons terrifiants des jumeaux. il remarqua très vite que Jane mettait parfois au sol deux ou trois victimes à la fois, détail qui le glaça quelque peu. A eux deux, et contre une toute armée... Le massacre était complet. après les avoir torturés, ils les achevaient à la main. Leur créateur subit le même sort.

Jane éclata ensuite d'une rire purement sadique. Ils étaient franchement flippant, à cet instant. Il eut un léger soupir, puis craqua une allumette, avant de commencer à jeter des morceaux de nouveaux-nés dans le feu qu'il venait d'allumer.

- Dites, vous auriez pu nous en laisser un ou deux, on voulait s'amuser nous aussi.

Démétri leva les yeux au ciel, mais sourit tout de même. Il éclata de rire, puis avisa Orlin, qui avait l'air effaré et un peu choqué. Il s'approcha de lui et lui tapota le front de deux doigts avec un très large sourire.

- Eh, gamin, ça va ? Tu réussis à digérer ?

Enfin une mission ! Orin était impatient de sortir à nouveau de cette ruche à vampire qu'était le château de Volterra. Après qu'Aro leur ait vaguement décrit leur tâche, la bande des cinq partit presque aussitôt. Ses camarades n'avaient pas vraiment l'air ravis d'avoir le jeune vampire sur le dos. Orlin pouvait comprendre ça mais il était malgré tout un peu vexé d'être considéré comme un boulet.

Le voyage en avion se passa plutôt bien. Mieux que la premier en tous cas ! Orlin fut surpris de voir qu'être entouré d'humains ne le gênait plus autant qu'auparavant. "L'entrainement" qu'il avait subi dans les appartements ces derniers mois depuis l'arrivée de Renée y était surement pour quelque chose. Démétri lui prodigua quelques conseils durant le vol. Comment chasser discrètement, se déplacer, pourquoi les nouveaux-nés étaient dangereux, des conseils au cas où il aurait à se battre contre-eux. Malgré tout le vol lui parut démesurément long et ennuyeux. L'atterrissage fut une libération.

Une fois que tout le monde s'était retrouvé sur le tarmac, de nuit, le groupe se mit en chasse. Démétri fit encore une belle démonstration de son talent de traqueur, l’expédition ne tarda pas à trouver la grange où se cachait l'armée clandestine. Une vingtaine de vampires s'entrainaient ici sous le regard attentif d'un vampire plus âgé. Orlin se plaça un peu en retrait et avant que le groupe ne puisse faire quoi que ce soit, ses deux cousins commencèrent une majestueuse démonstration de leur puissance. Aucun vampire ici présent n'y échappa. Ce fut une vraie boucherie, ils utilisaient leurs dons à pleines puissances, choses qu'il n'avait jamais vue. Ils étaient effrayants, carrément flippants ! Le massacre dura un bon quart d'heure. À la fin Jane éclata d'un rire sadique comparable à ceux de son père, ce genre de rire qui vous glace le sang, vous terrifie. Orlin en eut des frissons et resta bouche bée.

Deux doigts qui lui tapotèrent le front le firent revenir à la réalité. Quand il leva la tête il vit un géant et sursauta avant de reconnaitre Félix qui lui souriait.

Félix
Eh, gamin, ça va ? Tu réussis à digérer ?

Il lui rendit son sourire et répondit.

Orlin
Je crois oui...Ils sont flippants, ajouta-t-il en regardant les jumeaux.

La discussion tourna court lorsqu'un groupe d'humains arriva, surement attiré par les cris. Orlin se tourna vers Félix et lui dit en souriant.

Orlin
On n'aura pas à chasser ce soir !

Avant que les humains n'aient le temps d'analyser ce qui se passait et de hurler horrifié. Orlin passa rapidement dans le groupe en frôlant tous ses membres pour pouvoir utiliser son don et les calmer, les rendant presque indifférent au spectacle.

Orlin
Qui a soif ?

Et il se nourrit d'un premier humain.

Alec songeait à ce qui venait de se dérouler, alors qu'ils attendaient de pouvoir prendre l'avion pour partir en Argentine. Jade. Vivante. Leur cousine, d'un an plus jeune, un vampire ! Et végétarienne avec ça ! Il avait été choqué à un point incroyable en la reconnaissant, en voyant en cette inconnue aux yeux dorés la fillette qui courait parfois derrière eux en venant leur rendre visite. Et elle était devenue elle aussi un vampire, non, une chasseuse de vampires. Il n'en revenait pas. La petite Jade, enfin !

Cette mission, en revanche, le laissait presque indifférent, tant il était préoccupé. Qu'est-ce qu'Aro comptait-il faire de leur cousine ? Allait-elle rester à Volterra ? Intégrer la garde ? Il avait un peu de mal à se faire à cette idée, la trouvant des plus bizarres. Mais pourquoi pas... Il était assez troublé parce qu'elle leur avait dit dans la salle du trône, par l'expression de son visage lorsque Démétri l'avait emmené. Il se contentait de réfléchir, même une fois assis dans l'avion. A ce qu'allait être leur avenir dans le clan Volturi. Il visualisait à peu près bien ce qui se profilait, et s'y résignait.

Ils arrivèrent de nuit en Argentine et quittèrent l'aéroport, se faufilant comme des ombres entre les voyageurs endormis ou perdus, vite, discrètement, puis se mirent à courir, s'éloignant de la ville. Il serrait la main de Jane, retrouvant dans cette chasse un univers familier. Il put même sourire à Jane, resserrant la pression sur sa main.

Félix - Allez, mon vieux Dem, à toi.

Le traqueur prit la tête du petit groupe, les guida sans aucune difficulté particulière jusqu'à leurs proies. Une vingtaine de nouveaux-nés, environ. Et leur créateur. Parfait. Il échangea un bref regard avec sa soeur et eut un sourire cruel. Parfait, oui. Voilà l'occasion de se défouler un peu, de se lâcher... Après tout, l'entraînement qu'ils avaient reçu devait bien servir à quelque chose ! Et ni lui ni Jane ne firent dans la dentelle. Il s'amusait à plonger ses proies dans la terreur la plus totale, leur faisant perdre la tête en les privant de leurs sens, tandis que sa soeur les faisait hurler de douleur à s'en arracher les poumons. Parfois, ils combinaient leurs dons, pour un résultat particulièrement distrayant.

Vint victimes et leur créateur. Autant de jouets qu'ils écrasèrent tout en s'amusant. celui fit beaucoup de bien de lâcher un peu la pression, tout comme sa jumelle. le massacre terminé, il soupira légèrement, alors que Félix allumait un feu. Et voilà, une armée en moins. Il reprit la main de Jane, comme soulagé, et parfaitement détendus. Félix revint sur orlin et lui tapota le front.

Félix - Eh, gamin, ça va ? Tu réussis à digérer ?

Orlin - Je crois oui...Ils sont flippant.

Alec lui rendit brièvement son regard, puis reporta son attention sur Jane. Ce qui s'était passé ici n'était pas pire que ce qu'ils avaient fait par le passé. C'était leur nature, après tout. ce qu'ils étaient. C'était ainsi qu'Aro les avait élevés, tous les deux. Il sentit tout à coup l'odeur du sang. Des humains, attirés par les cris. Arrivée qui retint l'attention du jeune garde. Alec ne s'en préoccupa pas, regardant le feu d'un air pensif, Jane à côté de lui.

Il attendit que les trois autres aient fini de s'amuser, les couvant d'un regard lourd. Jane avait les lèvres pincés, mais les yeux dans le vague, comme si son esprit était très loin d'ici. Ils filèrent un peu tard, accomplir leur mission.