Fugue et imprévues ... Le destin maudit de l'enfant Denali ...

Elle venait de s'enfuir, encore une fois, c'était comme un refrain qui revenait. La vie de Marie était constituée uniquement de fuite. Fuite de ses parents biologiques, fuite lors de sa transformation, fuite après son parricide. Emma n'était plus maitresse de son destin, de sa vie. Son âme était brisée. Elle se rassasiait dans le malheur. A croire que les dieux de ce monde se satisfaisaient de cela.

Cette nouvelle fuite se voulait, aux yeux de l'enfant, comme une manière de protéger Tanya, d'éviter de lui faire à nouveau du mal. Marie savait très bien que sa nouvelle maman. Non que sa seule maman, celle qui lui avait donné la vie en la mordant, celle qui lui avait donné sa vie en la mordant. Celle-là même qui s'était confié sur le haut de l'Arc de Triomphe à son enfant chérie. Cette vampire au coeur d'or ne comprendrait pas la relation qui unissait Marie, Jane et Alec. Et l'enfant maudite des dieux ne voulait plus blesser Tanya. Cette fuite était pour elle le moyen de penser la blessure qu'elle était dans la vie de sa maman. Cette mère qu'elle chérissait, qu'elle aimait plus que sa propre vie.

« Ma vie personne ne la prend, mais c'est moi qui la donne », cette phrase issu de la longue formation religieuse de Marie, cette phrase que le Christ lui-même avait prononcé était un peu comme le Credo de l'enfant Denali. Cette vie que Marie n'hésitait pas à sacrifier pour le bonheur de Tanya, la petite la revoyait devant ses yeux au cours de cette fugue, de cette route. Cette vie qui n'avait été que nuit, ténèbres, obscurité, haine, honte, déshonneur jusqu'à la rencontre de cette femme, de celle qui l'avait arraché à cet arbre maudit qu'était son humanité. La reconnaissance que Marie éprouvait envers Tanya n'était pas mesurable.

Cette fugue amenait de tristesse dans le coeur de l'enfant. Mais Marie savait très bien que cela était la seule chose à faire, la seule chose qui permettrait à Tanya d'être heureuse, de ne plus s'inquiéter pour elle, pour sa vie ... Marie avait honte d'avoir blessé sa mère, elle avait honte d'avoir frappé Jasper, de ne pas avoir écouté Carmen. Et c'était cette honte qui la poussait à quitter le quotidien des Denali, à s'enfuir par amour pour cette famille qui lui avait tout donné.

Marie ne se rendait pas bien compte de la distance qu'elle parcourait. Elle tournait en rond, un peu à l'image de sa vie qui était rythmé par ce refrain lancinant : « Fuis ! Fuis ! Fuis ! ». Cette nouvelle fugue l'avait entrainé dans des contrées de l'Alaska qu'elle ne connaissait pas. L'enfant était perdu, complètement perdu, elle ne savait pas quoi faire, quoi dire, quoi penser ... Cette nouvelle course qui venait de commencer allait surement l'enfoncer encore plus bas dans la déprime, dans sa vie. Cette nouvelle fugue était comme le troisième clou qu'on lui enfonçait dans son crucifiement. Le premier étant son séjour en France avec Mya et le second, le départ de Jane et d'Alec. Voilà quoi que quelque résumé la croix de la vie de Marie-Emmanuelle Denali.

Marie : - Ô dieux du monde, ô dieux des hommes, ô dieux des vampires ... Si vous existez, je m'adresse à vous ! Ces paroles sont ma prière, ces paroles représentent mon engagement. Prenez cette vie que je vous offre, mais ne touchez pas à celle de Tanya ! Je me résigne à accepter tout ce qui se présentera devant moi comme la destiné que vous m'avez choisis ! Mais ne touchez pas à la vie de cette mère merveilleuse qu'aura été Tanya pour moi. Je n'ai jamais été digne de son amour et pourtant, je le sens encore débordé envers moi d'où je suis actuellement. Ô dieux des dieux, acceptez donc ma prière, regardez là d'un oeil clément ! Prenez ma vie pour le bien de ma famille !

Cette prière, qui venait de franchir les lèvres de Marie, résumait bien son état d'esprit. Au cours de cette dernière, l'enfant était tombé à genoux comme pour adopter cette attitude du croyant, comme pour adopter, cette attitude d'humilité face à sa destinée. Marie s'offrait donc à travers cette prière, son sacrifice était ce qu'elle pouvait donner de mieux pour que sa famille vive heureuse. Du moins c'était les conclusions que Marie avait pu tirer. Après tout, le départ d'Eléazar avait survenue après son arrivée, le départ des jumeaux aussi. Marie se tenait comme responsable de tous les malheurs qui venaient de la frapper elle et sa famille. Marie se tenait pour responsable de tous les malheurs, que les personnes qu'elle rencontrait, pouvaient vivre.

Cette prière était un peu comme son plaidoyer, sa défense, son accusation qu'elle se faisait à elle-même dans le jugement de sa vie. Au cours de ce projet, plus fictif que réel, Marie tenait le rôle, du coupable, de la victime et du juge. Et la sanction qu'elle s'appliquait était irrévocable à ses yeux. Elle méritait largement les malheurs de sa vie, contrairement à Tanya, Eleazar, Jane et Alec.

Ce théâtre de pensée qui se déroulait au plus profond du coeur de Marie s'égrenait à la vitesse d'un rosaire. Chaque grain de ce dernier représentant à la fois, un malheur, un changement de direction dans sa fugue, une lame qui poignardait son âme.

Lorsque Marie reprit contact avec la réalité qu'il l'entourait, elle ne savait plus où elle était. Elle ne savait plus dans quelle partie de l'Alaska elle se trouvait et si elle s'y trouvait encore. De plus, une immense soif lui brûlait la gorge. Le fruit du hasard lui fit alors rencontré un humain. Ce pauvre individu allait devenir le repas du monstre que devenait Marie lorsqu'elle entrait en chasse.

Marie lui sauta alors dessus, le bousculant par terre. Puis, au moment de lui planter ses deux canines dans le cou, l'enfant se ravisa. Elle assomma l'humain et courut dans une direction opposée. Elle ne savait pourquoi, mais sa tristesse venait de l'empêcher de tuer un autre humain. Elle venait de résister pour la première fois de sa vie à l'attrait du sang humain.

Une fois que la distance entre elle et l'individu qu'elle avait rencontré par hasard fut assez grande. Marie tenta de trouver du gibier. L'enfant appliqua alors les méthodes que Jasper et Tanya lui avait inculqué. Ce ne fut cependant qu'au bout d'une bonne heure que Marie réussit à trouver et à tuer un ours. Elle absorba son sang. Ce dernier avait plus mauvais gout que celui des humains. Mais une petite fierté venait de s'allumer au plus profond du coeur de Marie. Comme une bougie qui éclairait l'obscurité de la nuit qu'était cette nouvelle fugue. Elle venait de chasser à la manière des végétariens. Et cela seule, sans l'aide de personne ... Cette victoire rappela à Marie le visage de sa mère et la re-transporta dans les méandres de son âme. L'enfant s'assit alors au pied d'un arbre en se laissant vagabonder dans son obscur jardin secret qu'était devenu son âme d'enfant, son âme de vampire.

(Tu le dis si cela te dérange que l'on se ramène)

La transformation était achevée depuis quelques jours, quelques semaines déjà. Victoria passait maintenant le plus clair de son temps à former son nouveau vampire, à abuser de son nouvel amant. Les deux vampires s'étaient éloignés de Seattle pour cette formation. La belle du jeune homme ayant expliqué à ce dernier qu'il n'était pas bon pour elle, enfin pour eux de rester dans les environs d'une certaine famille de vampire, les Cullen ! Riley n'avait pas cherché à protester, son amour pour Victoria était d'une telle ampleur que tout ce qu'elle lui demandait était comme un ordre à ses yeux.

L'entrainement du jeune homme se déroulait dans les environs de Bethel en Alaska. Cet entrainement était une manière pour l'amante du jeune homme de lui apprendre les bases du combat entre vampire et de la fuite. Cette dernière étant apparemment la spécialité de sa maitresse.

Au cours d'une de leurs séances quotidiennes d'entrainement, Riley sentit l'odeur d'un humain et d'une autre créature à environ un kilomètre de là où il était avec la belle Victoria. Les deux protagonistes se dirigèrent donc dans la direction d'où provenait le merveilleux fumet. Une fois arrivée sur place, Victoria dut retenir Riley pour ne pas que ce dernier ne le tue directement. La belle rousse secoua l'humain pour le réveiller et le soumis à la question !


Riley et Victoria décidèrent ensuite de partager ce repas frugal. Chacun mordant d'un côté du cou de l'humain. Ce dernier rendit l'âme en hurlant. Puis les deux vampires prirent la direction de la deuxième odeur. Cette dernière était comme imbibé de sang. Riley et sa douce ne mirent pas longtemps à la retrouver. Ils s'approchèrent d'elle rapidement. C'était comme si la petite ne les avait pas remarqué. La petite blonde devait être dans ses pensées, dans son monde.

Riley lui prit alors la tête et souleva l'enfant. Il la plaqua contre l'arbre derrière elle et la frappa dans plein milieu du ventre.


L'ancien étudiant reposa alors doucement l'enfant et l'embrassa sur la joue. Ce geste n'était rien d'autre qu'un essai pour rassurer la petite vampire qui était devant lui.