[Hors-chrono] Nouvelle-née à Volterra

Bella émergeait difficilement avec des heures de douleur. Edward lui avait déjà parlé de cette douleur, ou du moins, l’avait vaguement évoquée lorsqu’elle avait demandé à rejoindre leur famille comme cela mais… Elle n’avait jamais imaginé que cela serait si douloureux. Elle n’avait jamais hurlé aussi fort, n’avait jamais souffert autant. Elle ignorait combien de temps cela avait duré exactement, mais elle était sûre d’une chose : jamais elle ne voudrait repasser par là. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle découvrit un plafond ouvragé, avec des moulures comme dans les châteaux italiens, ou les bâtiments du XVIe siècle. Elle était… Non. Non, non. Bella resta comme cela un moment, n’osant bouger, n’étant pas certaine que cette transformation était finie. Elle se leva après quelques minutes, se trouvant nez à nez avec les jumeaux. Les jumeaux ? Une seconde… Les jumeaux ?! Mais que faisaient-ils ici ?! Et cette chambre ? Jane lui sourit, son frère à côté d’elle, et dit :

Jane – Bienvenue dans ton nouveau monde.

Bella ouvrit la bouche pour dire quelque chose tant elle était choquée et perdue, mais aucun son n’en sortit. Elle ne comprenait pas tout, n’arrivait pas encore à remettre de l’ordre dans ses idées. Il fallait qu’elle fasse le point, qu’elle se remémore les éléments de… Oui, bon, les derniers évènements dont elle se souvenait, avant sa transformation. Elle se rappelait avoir senti des crocs s’enfoncer dans sa gorge, elle avait senti Edward s’éloigner d’elle, ainsi qu’Alice. Ou, du moins, quelqu’un les avait tirés après… Après qu’elle ait accepté…

Ah. D’accord, Bella comprenait mieux, à présent, ce qu’elle faisait ici, entourée des jumeaux. Elle était coincée à Volterra et… Aux mains d’Aro. Cette idée lui semblait bien stupide maintenant, elle réalisait sans peine ce que cela allait engendrer. Elle avait l’impression de s’être foutue dans un beau guêpier, et personne n’allait l’en sortir. Et son père qui allait s’inquiéter… Elle était partie sans même le prévenir, elle n’avait rien dit, il devait sûrement l’attendre à cet instant précis ou devait avoir mis toute la police de l’état à sa recherche. Après la douleur et la panique, voilà l’inquiétude qui faisait surface. Elle voulait juste sortir d’ici, aller retrouver Charlie ou les Cullen… N’importe qui, mais s’éloigner d’Aro et de Jane.

Instinctivement, Bella se jeta sur les jumeaux et se prit un coup en ignorant sa provenance. Elle heurta le lit duquel elle s’était levée quelques secondes auparavant. Elle voulut se relever pour foncer à nouveau sur eux, mais l’un des deux vint derrière elle et lui bloqua les bras, les maintenant dans son dos, tout en la plaquant au sol. Au loin, elle voyait Jane, il s’agissait donc d’Alec. Mais, bon sang, qu’ils la lâchent ! Les nouveau-nés sont plus forts que les vampires, non ? Hurlant, Bella leur cracha en se débattant :

Bella – Lâchez-moi ! Fichez-moi la paix !

Jane leva les yeux au ciel et se rapprocha de Bella, l’air plus exaspérée qu’autre chose. Elle lui répondit d’une voix parfaitement calme à côté de la sienne :

Jane – Tu vas finir par te calmer ? Si tu crois que c'est en hurlant que tu vas améliorer ta situation. Tu ne préférerais pas te nourrir ou essayer de comprendre les règles du jeu ?

Se nourrir ? Comprendre les règles du jeu ? Ah non, elle n’allait jamais tuer un humain pour se nourrir, elle préférait plutôt mourir que faire cela ! Toujours furieuse, elle répondit à son tour en fusillant Jane du regard et en se débattant toujours :

Bella – Plutôt mourir que de me nourrir comme vous. Les règles du jeu… Pour moi, ce n’est pas un jeu, je n’ai fait ça que pour sauver Edward et Alice ! Tant mieux pour vous si vous vous amusez, mais je ne toucherai pas à un humain.

Jane – Et bien on va te laisser avoir soif, tout simplement. En attendant, deux ou trois choses. Les jeunes comme toi ne peuvent pas sortir du château, histoire de protéger les habitants de Volterra. Tu peux aller où tu veux, sinon, les choses sérieuses ne commencent pas tout de suite. Tu as des questions, sans doute ? Tu veux de l'aide ou tu préfères rester seule, à bouder dans ton coin ?

Bella avait bien entendu ? De l’aide ? Jane, celle qui avait torturé Edward sous ses yeux, lui proposait de l’aide ? Ou alors voulait-elle simplement la manipuler pour mieux lui faire mal après, pour se venger vu qu’elle avait résisté à son don sans rien comprendre ? D’une voix froide et distante, Bella lui répondit plus méfiante que jamais :

Bella – De l’aide ? Pourquoi m’aideriez-vous, vous deux au juste ?

Jane – Je ne sais pas trop. Disons que je préfère les gens qui acceptent de se sacrifier pour leurs proches que les lâches qui se résignent et abandonnent leur famille.

Sur ces paroles prononcées lentement, Jane échangea un regard affectueux avec Alec et lui sourit, puis regarda à nouveau Bella. Bon… Et maintenant ? Pouvait-elle les croire, étant donné qu’ils avaient voulu torturer Edward et les tuer quelques heures plus tôt, ou quelques jours ? Seulement, le regard qu’elle avait lancé à Alec en disait long et la faisait hésiter… Et s’ils représentaient sa seule chance de survivre ici ? Si jamais elle avait un espoir de revoir Edward et les Cullen ? Petit à petit, Bella se déraidit et cessa de se débattre. Jane fit alors signe à son frère de la lâcher, elle sentit la prise se desserrer et put se relever. Néanmoins, la méfiance restait là, lui rappelant chez qui elle était, de qui elle était entourée, la position dans laquelle elle était… Sur ses gardes, Bella répondit :

Bella – Très bien. Je vous écoute, mais je ne tuerai pas d’humains.

Bella – Plutôt mourir que de me nourrir comme vous. Les règles du jeu… Pour moi, ce n’est pas un jeu, je n’ai fait ça que pour sauver Edward et Alice ! Tant mieux pour vous si vous vous amusez, mais je ne toucherai pas à un humain.

– Et bien on va te laisser avoir soif, tout simplement. En attendant, deux ou trois choses. Les jeunes comme toi ne peuvent pas sortir du château, histoire de protéger les habitants de Volterra. Tu peux aller où tu veux, sinon, les choses sérieuses ne commencent pas tout de suite. Tu as des questions, sans doute ? Tu veux de l'aide ou tu préfères rester seule, à bouder dans ton coin ?

Elle avait dit ça d'un parfaitement ironique, bien qu'on y trouve une certaine touche de sincérité. Elle était curieuse de savoir comment la jeune vampire allait tourner, ce qu'elle allait devenir, faire, comprendre, accomplir. Elle était paniquée, pour le moment, écrasée par terre par son frère jumeau. Alec n'avait pas encore parlé, et ne sourcillait même pas avec sa proie qui se débattait.

Bella – De l’aide ? Pourquoi m’aideriez-vous, vous deux au juste ?

Bonne question... Jane réfléchit une seconde ou deux, revoyant la situation. Bella avait raison de se méfier, c'était une réaction tout à fait légitime. Mais d'un autre côté, elle aurait tord de refuser. Elle était seule, dans un pays où elle ne parlait pas la langue, un lieu dont elle ignorait tout, dans un monde où elle devait se rendre compte de ses nouvelles capacités. Jane et son frère parlaient Anglais depuis leur naissance. De plus...

– Je ne sais pas trop. Disons que je préfère les gens qui acceptent de se sacrifier pour leurs proches que les lâches qui se résignent et abandonnent leur famille.

Elle échangea un long regard avec Alec et lui sourit. Pour elle, il était tout simplement inconcevable de faire souffrir ou de les trahir. Elle était prête à tout et n'importe quoi pour défendre ceux qu'elle aimait, les personnes envers qui elle était loyale. Et son frère comptait plus que n'importe qui au monde à ses yeux. Elle mourrait sans hésiter pour lui, et savait que l'inverse était vrai également. Bella sembla hésiter, puis cessa enfin de se débattre. Elle fit signe à son frère de la lâcher.

Bella – Très bien. Je vous écoute, mais je ne tuerai pas d’humains.

Elle eut un mince sourire. Ce point n'avait aucune importance pour l'instant, elle n'aura qu'à voir elle-même si elle était capable de tenir ou non. Ils la firent visiter un peu le château, l'immense bibliothèque, la salle du trône, qu'elle connaissait déjà... Ils passèrent sous les arcades, qui entouraient les jardins, où Marcus était en train d'entretenir ses roses. Bella eut un gros temps d'arrêt, la bouche grande ouverte, stupéfaite. Jane se retourna, agacée.

– Bon, tu suis ?

Bella – Des roses... ?

– Marcus adore les roses, dit Jane en se rapprochant et en jetant un coup d'œil vers les jardins où le vieux Volturi s'occupaient de ses fleurs. Ça lui rappelle sa première femme, Didyme, qui était aussi la petite sœur biologique d'Aro. Elle est morte il y a très longtemps. Elle adorait ces fleurs, et s'en occuper rappelle son souvenir à Marcus.

Elle retourna près d'Alec, le visage impassible.

– Allez, viens. Tu n'as rien à craindre de Marcus, de toute façon. Ici, on l'appelle le fantôme de Volterra. Il est comme "mort" à l'intérieur depuis la disparition de sa femme.

Bella les suivit enfin, mais sans cesser de regarder derrière elle. Ils poursuivirent leur route. En chemin, ils croisèrent Démétri, qui revenait visiblement d'une mission. Il sourit à Bella, à la fois ironiquement et sincèrement, et poursuivit son chemin, retrouvant son air habituel. Jane le suivit un instant du regard.

– Pour info, c'est lui qui t'a mordu, déclara-t-elle d'un ton parfaitement impassible. C'est soit lui, soit Aro qui se chargent des transformations.

Bella suivit les jumeaux qui la firent visiter le château. Le château… Elle serait donc prisonnière, ici ? Elle venait de retrouver Edward et l’avait à nouveau perdu, condamnée littéralement par les Volturi.  Lorsqu’elle était humaine, elle voulait être transformée pour rester auprès d’Edward, ne pas vieillir, l’aimer éternellement. Mais… A présent qu’il n’était plus là, à quoi lui servait l’immortalité ? Oui, elle avait sacrifié sa vie pour sauver celle d’Alice et d’Edward, mais elle savait qu’ils risquaient de venir à Volterra pour faire un marché avec Aro, pour qu’elle puisse revenir avec eux et ne pas tout perdre bêtement. Quoi que, peut-être pas. Elle n’était sûre de rien, Edward ne l’aimait pas à ce point-là vu qu’il l’avait abandonnée pendant six mois. Allait-il seulement venir ?  Allait-il risquer sa vie pour la sauver, alors qu’elle l’avait libéré ? Au moins, elle mourait pour une bonne raison à ses yeux. C’était toujours cela de gagné, elle avait terminé sa vie humaine en beauté.

A vrai dire, Bella n’écoutait rien et ne regardait pas le « paysage », les salles que lui montraient les jumeaux. Elle avait l’impression qu’il lui manquait quelque chose, qu’une moitié d’elle lui avait été arrachée en même temps qu’Edward. Ce ne fut que lorsqu’ils passèrent dans les jardins qu’elle sortit de son aphasie tant l’image qu’elle avait devant elle la choquait. Marcus qui… s’occupait de fleurs ? De roses ? Mais… Un Volturi, quoi ! Un Volturi, un être vil et méchant, qui jardinait ! Elle ouvrit grand la bouche alors que Jane se retournait vers elle :

Jane – Bon, tu suis ?

Bella – Des roses… ?

Jane – Marcus adore les roses. Ça lui rappelle sa première femme, Didyme, qui était aussi la petite sœur biologique d'Aro. Elle est morte il y a très longtemps. Elle adorait ces fleurs, et s'en occuper rappelle son souvenir à Marcus.

Des roses… Un Volturi qui s’occupe de roses. D’un côté, Bella trouva cela touchant, adorable, et compatissait pour Marcus. Elle savait, maintenant plus que jamais, ce que cela signifiait de perdre quelqu’un qu’on aime, de vivre séparée de lui pendant un moment. Surtout qu’elle l’avait perdu pendant six mois, ne l’avait retrouvé que quelques heures avant… de le perdre de nouveau alors que le trou béant dans sa poitrine lui hurlait de faire attention, que cela n’allait pas durer. Et il avait raison… Dieu qu’il avait raison de lui hurler de se méfier. Mais non, Bella n’en avait fait qu’à sa tête, comme tous les jours depuis six mois à présent. Elle s’était jetée dans la gueule du loup pour éviter d’entendre Edward lui dire à nouveau qu’il valait mieux qu’ils se séparent, qu’il ne l’aimait pas, qu’il était passé à autre chose.

Jane – Allez, viens. Tu n'as rien à craindre de Marcus, de toute façon. Ici, on l'appelle le fantôme de Volterra. Il est comme "mort" à l'intérieur depuis la disparition de sa femme.

Mort ? Non… C’était de la douleur, qu’il devait ressentir. De la douleur plus qu’autre chose. Ou alors s’était-il arrangé pour que cette douleur disparaisse, se transforme en un sentiment de calme imperturbable de sorte qu’il puisse penser à sa femme sans avoir mal. Il faudrait qu’elle lui parle, si elle restait ici, au moins pour alléger sa peine. Enfin, pour l’instant, Bella devait suivre les jumeaux, elle n’avait aucune envie de rester seule dans cet endroit, même si Marcus était celui qu’elle ne devait pas craindre du tout. Elle les suivit donc, sans cesser de jeter un regard au Volturi qui jardinait – que ce terme était bizarre… – à mesure qu’ils s’éloignaient. Un peu plus loin, ils croisèrent Démétri qui lui… Il lui fit un sourire. A la fois ironique et sincère, mais c’était un sourire. Un… sourire ? De Démétri ? Mais… Pourquoi ?

Jane – Pour info, c'est lui qui t'a mordu. C'est soit lui, soit Aro qui se charge des transformations.

Bella – A choisir, je préfère mille fois lui…

Jane – Tu préfères un traqueur à Aro ?

Bella – Un… Démétri est un traqueur ?

Jane – Il est considéré comme le meilleur traqueur dans le monde. Il n’a jamais loupé une seule de ses proies. Et il a un peu plus de mille ans.

Bella ne répondit rien, étant littéralement figée à la suite de cette annonce. Un traqueur… Finalement, un traqueur l’aura vraiment eue, et ce n’était pas un « simple » traqueur d’après ce qu’elle comprenait. Elle ne savait pas qui était le pire, entre Aro et Démétri, mais l’idée de s’être fait mordre par un traqueur était… Elle ne trouvait pas les mots. Bella ne pouvait s’empêcher de penser à James, qui l’avait traquée, piégée, torturée. Elle réprima un frisson en repensant à cela, secouant la tête pour chasser cette image qui l’obnubilait. Jane se retourna vers elle avec un air exaspéré et leva les yeux au ciel avant de dire :

Jane – Qu’est-ce qui ne va pas, encore ?

Bella – Je… C’est rien. J’ai juste déjà eu une mésaventure avec un traqueur qui a failli me coûter la vie… Je me disais que, finalement, ils l’auront eue.

Jane la regarda, mais ne dit rien pendant un moment. Bella, elle, ne rajouta rien, se contentant de suivre ses « guides » de la journée. Elle ne pouvait pas rester ici… C’était impossible. Même si elle avait sacrifié sa vie pour Edward, elle était chez les Volturi. Elle ne voulait pas vivre comme eux, elle ne pourrait jamais tuer des gens, boire du sang humain ni quoi que ce soit. Il fallait qu’elle trouve une solution…

Jane – Si tu veux t’enfuir, pense que Démétri te rattrapera en moins  d’une journée. On y a déjà pensé, il n’y a pas de solutions.

Bella – Mais… Je ne pourrai jamais vivre comme vous. Je me suis sacrifiée pour sauver Edward et Alice, mais je suis séparée des gens qui m’aiment pour être entourée de personnes qui ne m’aiment pas. Je comprends Marcus sans problème…

Bella – A choisir, je préfère mille fois lui…

– Tu préfères un traqueur à Aro ?

Elle parut éberlué, et les regarda. Et bien quoi ? Elle avait un problème avec les traqueurs ? D'accord, la plupart étaient de gros malades complètement cinglés qui couraient après tout le monde uniquement pour le plaisir, mais Démétri était différent. Il n'avait jamais aimer traqué pour le plaisir, ni traquer tout court, d'ailleurs. Ce qui était tout de même le comble de l'ironie. Il était le meilleur, et pourtant, cela le laissait parfaitement indifférent.

Bella – Un… Démétri est un traqueur ?

– Il est considéré comme le meilleur traqueur dans le monde. Il n’a jamais loupé une seule de ses proies. Et il a un peu plus de mille ans.

Elle ne répondit même pas, se contentant de rester figée dans le couloir, encore plus pâle que d'habitude. Cela promettait, et ce ne sera sûrement pas le grand amour entre elle et Démétri. Cette fille avait vraiment des réactions bizarres ! Enfin, ils allaient devoir faire avec. Cependant, elle n'avait pas l'air de vouloir se remette à marcher... Elle restait plantée là comme une gourde, comme si elle craignait que le sol ne s'effondre à son prochain pas.

– Qu’est-ce qui ne va pas, encore ?

Bella – Je… C’est rien. J’ai juste déjà eu une mésaventure avec un traqueur qui a failli me coûter la vie… Je me disais que, finalement, ils l’auront eue.

Auront eu quoi ? Jane la regarda un instant sans comprendre, puis haussa les épaules et tourna les talons. Penser à Démétri lui amenait autre chose en mémoire... Bella les suivait, semblant tout aussi perdue dans ses pensées qu'eux. mais ce n'était pas difficile de deviner ses sujets de préoccupation. Elle pensait très certainement à revoir les Cullen, partir d'ici, s'en aller définitivement... Sauf que c'était impossible. Échapper au clan était impossible. Jane le savait parfaitement, bien qu'elle ne pouvait s'empêcher, parfois, d'en rêver. Elle tourna légèrement la tête vers Bella.

– Si tu veux t’enfuir, pense que Démétri te rattrapera en moins d’une journée. On y a déjà pensé, il n’y a pas de solutions.

Bella – Mais… Je ne pourrai jamais vivre comme vous. Je me suis sacrifiée pour sauver Edward et Alice, mais je suis séparée des gens qui m’aiment pour être entourée de personnes qui ne m’aiment pas. Je comprends Marcus sans problème…

Jane s'arrêta et retint un soupir. Elle pensait sans doute comprendre Marcus, mais il y avait une nette différence entre eux deux. Bella souffrait depuis quelques mois, alors que Marcus souffrait en silence depuis des millénaires. Des millénaires qu'une grosse gangue de glace emprisonnait son cœur et son esprit. Et l'épuisait. La souffrance devenait de plus en plus lourde à porter, pour lui. Le fardeau s'alourdissait, pesant sur lui, dévorant son âme. Bella n'était pas encore rendue là, et de très loin.

– Tu as envie de parler à Marcus ? dit-elle d'un ton ironique. Même s'il te répond, tu risques d'être un peu plus démoralisée.

Bella – Ce n'est pas nécessaire... je veux juste partir d'ici.

– C'est impossible ! s'écria Jane, exaspérée. On y a déjà pensé des centaines de fois, partir d'ici, mais...

Elle s'interrompit, puis soupira, échangeant un long regard avec Alec. Il lui attrapa la main et la lui serra pour la réconforter. Elle se mordilla les lèvres, puis tourna à nouveau la tête vers Bella. Elle avait l'air étonnée.

Bella – Mais ? Peut-être qu'à trois, il y a moyen... Je ne compte pas passer ma vie ici. Pas au service d'Aro et des autres.

– A trois, à trois... Tu ne sais rien de ce clan, ni d'Aro, ma pauvre. Si tu as déjà été poursuivie par un traqueur, tu devrais savoir qu'à trois ou non, on ne fera pas dix kilomètres...

Elle grimaça, comme si elle prenait conscience du problème qui s'imposait à peu. C'était une idée tentante, il était vrai, mais bien trop dangereuse. Et surtout impossible.

Bella – On aura au moins essayé, et c'est toujours mieux que rien.

– Tu es complètement cinglée... Renseigne-toi un peu avant de vouloir tenter des trucs impossibles !

Exaspérée, elle la planta sur-place et partit avec Alec. Elle n'avait pas la moindre envie de discuter de ça, de rêver à des choses improbables. Aro ne les laissera jamais partir, elle le savait très bien. Et Bella ne pourra pas quitter ce château. Les traqueurs pistaient encore mieux ceux qu'ils avaient eux-même transformés, connaissait-elle ce détail ?

Deux jours plus tard, elle tomba à nouveau sur Bella, blottie dans un coin, les yeux noirs par la soif. Jane la regarda un instant, puis secoua la tête. S'asseyant non loin, elle la regarda sans rien dire un long moment.

– Toujours envie de partir, je suppose ?

Jane – Tu as envie de parler à Marcus ? Même s'il te répond, tu risques d'être un peu plus démoralisée.

Parler à Marcus ? Non merci ! Peut-être Bella pouvait-elle le comprendre, mais de là à s’approcher d’un autre Volturi… Elle ne l’avait jamais vu, sauf dans la salle où elle avait été « accueillie » avec Edward avant de… Bref. Alors, lui parler, non. Elle voulait juste se tirer d’ici, s’éloigner des Volturi et ne plus jamais les revoir. Certes, elle ne connaissait pas grand-chose à la vie d’un vampire mais… Avec un peu de chance, elle pourrait retrouver les Cullen sans problème et elle leur demanderait de l’aide. Elle était perdue dans un pays qu’elle ne connaissait pas, dont elle ignorait tout, elle n’en comprenait pas les mots et, pire que tout, elle était séparée des personnes qui comptaient le plus au monde pour elle. Bella répondit donc à Jane, sans hésiter plus longtemps :

Bella – Ce n'est pas nécessaire... Je veux juste partir d'ici.

Jane – C'est impossible ! On y a déjà pensé des centaines de fois, partir d'ici, mais...

Mais ? Une minute… Jane venait bien de dire à Bella qu’elle et son frère avaient déjà pensé à partir d’ici ? A ne plus être sous les ordres d’Aro ? Mais… Pourquoi ? Ils avaient les meilleures places du royaume, d’après ce qu’avait compris la nouvelle-née. Alors pourquoi voulaient-ils partir ? Ils étaient protégés, rien ne pouvait leur arriver tant qu’ils restaient sous la protection d’Aro, Caïus et Marcus. Non, vraiment, Bella ne comprenait plus rien. Alec serra la main de Jane, comme pour la réconforter ou la calmer. Elle se mordilla les lèvres et se tourna vers Bella :

Bella – Mais… Peut-être qu'à trois, il y a moyen ? Je ne compte pas passer ma vie ici. Pas au service d'Aro et des autres.

Jane – A trois, à trois... Tu ne sais rien de ce clan, ni d'Aro, ma pauvre. Si tu as déjà été poursuivie par un traqueur, tu devrais savoir qu'à trois ou non, on ne fera pas dix kilomètres...

Bella grimaça. Oui, elle savait qu’ils ne pourraient pas faire dix kilomètres. Enfin, si, ils le pourraient, mais ils seraient rattrapés très vite malgré toutes les mesures de précaution qu’ils auront prises. Elle l’avait vécu en direct, protégée par sept vampires qui avaient fait diversion pour « perdre » James. Ils étaient sept contre un, ou deux si l’on prenait la femme de James, Victoria, et ils avaient réussi au prix d’énormes efforts. Seulement, ici, Démétri était le meilleur traqueur connu d’après ce qu’avait dit Jane quelques minutes plus tôt. Et puis, James l’avait retrouvée… Bon, elle s’était un peu jetée dans la gueule du loup, il faut bien l’avouer, mais il l’avait retrouvée sans problème. Seulement, que pouvait-elle faire d’autre ? Rester ici ? Etre séparée d’Edward et de sa famille à jamais ? Mieux valait mourir que de rester ici, au service d’Aro.

Bella – On aura au moins essayé, et c'est toujours mieux que rien.

Jane – Tu es complètement cinglée... Renseigne-toi un peu avant de vouloir tenter des trucs impossibles !

Et ils partirent, la laissant là, seule au milieu du château. Bella était perdue, elle ne savait pas quoi faire. Oui, elle voulait partir, elle voulait retrouver les Cullen, elle voulait rentrer à Forks. Mais cela était-ce possible ? Avait-elle la moindre chance d’y arriver ? Jane avait raison… Elle savait que Démétri la traquerait, qu’il la retrouverait et qu’ils ne les laisseraient jamais tranquilles. Cependant, les jumeaux voulaient partir, eux aussi. Ils voulaient quitter ce château alors qu’ils avaient une place de rêve. Par conséquent, comment Bella pouvait-elle rêver de cette vie, comment pouvait-elle vivre séparée d’Edward et des Cullen plus longtemps ? Elle aurait dû laisser Edward l’empêcher de répondre, elle aurait dû ne pas accepter ce marché… Mais elle avait été plus stupide que jamais. Et s’était fourrée dans un beau guêpier.

Désespérée, rongée par la soif et la solitude, Bella se blottit dans un coin, voulant fermer les yeux, voulant dormir. Avec un peu de chance, la soif la tuerait ? Elle aurait simplement voulu voir Edward. Rien qu’une dernière fois, avant de mourir. Sinon, oui, elle pouvait tenter de se faire tuer mais… Et si Edward essayait de la retrouver ? Si jamais les Cullen voulaient la récupérer ? S’ils préparaient un plan en cet instant précis ? Oui mais… Dans ce cas, pourquoi n’étaient-ils pas venus plus tôt ? Pourquoi l’avoir laissée aux mains des Volturi durant… Combien de jours, déjà ? Depuis combien de jours Bella était-elle à Volterra, entourée de personnes dont elle ignorait la langue, dont elle ne comprenait pas le moindre mot ?

Bella entendit alors un bruit, un pied qui foula le sol. Levant la tête brièvement, elle constata qu’il s’agissait de Jane. Elle s’installa non loin d’elle après l’avoir regardée et après avoir secoué la tête, sans rien dire pendant un moment. Bella retourna dans sa contemplation du vide, retournant la situation une bonne dizaine de fois dans sa tête dans l’espoir de trouver un plan.

Jane – Toujours envie de partir, je suppose ?

Bella hocha faiblement la tête et murmura « Oui », même si elle ignorait comment faire.

Jane – Et comment comptes-tu t’y prendre ? Tu as des idées moins idiotes que la dernière fois ?

Justement, là était le point faible de son désir. Elle voulait quitter cet endroit plus que toute autre chose au monde, mais ne connaissait pas la ville, ne connaissait pas les alentours, ne connaissait rien des Volturi. Elle releva la tête pour regarder Jane et lui répondit :

Bella – Non… Je pensais qu’on pouvait se débarrasser de Démétri, ou partir pendant une de vos heu… missions, si j’ai bien compris le mot, mais… Je ne sais pas. Je veux juste partir, je ne connais rien de ce pays, rien de sa langue, je perds ma famille, mes amis et… Et puis, j’ai déjà échappé à un traqueur une fois, même si j’ai fini à l’hôpital et qu’ils ont dû le tuer.

Jane – Il y a plus de cinquante personnes dans ce clan. Et n’oublie pas un détail, vu l’âge de Démétri, il sait mieux se battre que nous tous réunis, on n’arrivera pas à l’avoir par surprise. Et vu nos relations, je ne l’attaquerai pas. Pour les missions, il y a aussi Félix qui nous accompagne, donc c’est tout de suite plus délicat. De toute façon, pourquoi tu tiens tant à revoir quelqu’un qui t’a laissée ici sans chercher à te défendre et à te ramener ?

Bella marqua un temps d’arrêt, se pinçant les lèvres. Bien sûr, elle avait pensé à Edward et aux Cullen mais… Elle avait appris, après ces six mois, qu’Edward n’avait cessé de penser à elle et qu’il l’aimait. D’accord, elle en doutait toujours un peu mais elle ne voulait plus refaire la même erreur. Penser qu’il l’avait abandonnée lui faisait beaucoup trop mal.

Bella – Mais s’il n’y a que Félix, c’est déjà plus simple, non ? Et je… Ca me regarde. De toute façon, qu’est-ce que ça peut te faire, si je veux le rejoindre alors qu’il m’a abandonnée ? Vous serez débarrassés de moi, au moins.

Jane – Il y a une autre façon de se débarrasser de toi, mais ça ne va pas te plaire. Si tu préfères te débrouiller seule, je t’en prie.

Bella – Je n’ai pas dit que je voulais me débrouiller seule, surtout que tu m’as dit toi-même que vous vouliez partir d’ici aussi. On dit bien que l’union fait la force, non ?

Jane – On veut peut-être partir, mais on sait que c’est impossible, et ça ne sert à rien de foncer tête baissée.

Bella – Mais je ne te parle pas de foncer tête baissée, Jane ! Je vous propose de vous aider moi aussi, de chercher avec vous ! J’ai échappé à sept vampires, en particulier Alice et Jasper qui ont un don. Alice peut voir l’avenir, Jasper sentir les émotions. Je les ai eus aux trousses et j’ai quand même pu leur échapper, alors crois-moi que, niveau idées tordues, je peux me débrouiller. Après, si tu veux passer ta vie ici, à servir Aro comme un chien sert son maitre, libre à toi…

Démétri n'était revenu de mission que depuis deux jours, mais il s'ennuyait déjà. Il aimait avoir un peu d'action, des choses à faire, des missions, des sorties, enfin, n'importe quoi qui puisse l'empêcher de périr d'ennui ! Après plus de mille ans d'existence, il devenait blasé, et craignait de s'enfoncer dans un ennui perpétuel. Il faisait des efforts, bien évidemment, pour lutter contre, mais la vie lui apportait rarement des surprises ou découvertes.

Assis sur un muret, il discutait avec Félix, des affaires du clan, et des évènements récents. Au final, le télépathe suicidaire et sa lutine de sœur étaient partis, abandonnant derrière eux leur petite humaine. Il avait dû la mordre aussitôt, puis la transporter dans une chambre pour qu'elle accomplisse la transformation. Ce n'était qu'en revenant de mission qu'il l'avait vue vampire. Elle n'était plutôt pas mal, l'immortalité lui allait bien.

Félix - Elle refuse toujours de se nourrir ?

- Oui, répondit-il d'un ton indifférent. Mais peu importe.

Félix - Mais c'est toi qui l'a transformée.

- Et alors ? Ce n'est pas la première, ce ne sera pas la dernière, et si elle veut crever de soif, c'est son problème, pas le mien.

Un peu plus tard, il quitta son meilleur ami et redescendit dans le château, cherchant une occupation. Il n'avait personne à entraîner pour le moment. Il croisa Alec, installé dans la bibliothèque, mais le traqueur n'avait pas la moindre envie de lire. Il poursuivit sa route, un peu désabusé, lorsqu'il entendit les échos d'une conversation. Bella et Jane... Tout le monde se demandait pourquoi la nouvelle-née n'adressait la parole qu'aux deux sadiques du clan. elle était sans doute cinglée.

Bella – Non… Je pensais qu’on pouvait se débarrasser de Démétri, ou partir pendant une de vos heu… missions, si j’ai bien compris le mot, mais… Je ne sais pas. Je veux juste partir, je ne connais rien de ce pays, rien de sa langue, je perds ma famille, mes amis et… Et puis, j’ai déjà échappé à un traqueur une fois, même si j’ai fini à l’hôpital et qu’ils ont dû le tuer.

Il haussa les sourcils en s'approchant. Comment ça, se débarrasser de lui et partir ensuite ? Leur petite vampire ne perdait vraiment pas de temps. Et elle discutait de ça avec Jane ! Elle aurait déjà échappé à un traqueur... Ce devait être un minable, même si les Cullen étaient nombreux.

Jane – Il y a plus de cinquante personnes dans ce clan. Et n’oublie pas un détail, vu l’âge de Démétri, il sait mieux se battre que nous tous réunis, on n’arrivera pas à l’avoir par surprise. Et vu nos relations, je ne l’attaquerai pas. Pour les missions, il y a aussi Félix qui nous accompagne, donc c’est tout de suite plus délicat. De toute façon, pourquoi tu tiens tant à revoir quelqu’un qui t’a laissée ici sans chercher à te défendre et à te ramener ?

Jane qui affirmait ne pas vouloir l'attaquer... Si seulement Félix avait entendu ça, lui qui prétendait que la petite sadique n'éprouvait rien pour Démétri. Il se rapprocha et se posta non loin. Les deux filles étaient assises, face à face. Il nota les yeux très noirs de Bella. Jane avait une expression plus indéchiffrable.

Bella – Mais s’il n’y a que Félix, c’est déjà plus simple, non ? Et je… Ça me regarde. De toute façon, qu’est-ce que ça peut te faire, si je veux le rejoindre alors qu’il m’a abandonnée ? Vous serez débarrassés de moi, au moins.

Jane – Il y a une autre façon de se débarrasser de toi, mais ça ne va pas te plaire. Si tu préfères te débrouiller seule, je t’en prie.

Il fronça légèrement les sourcils, encore plus attentif. Que Bella veuille partir, c'était normal, tout le monde s'attendait à ce qu'elle tente quelque chose. Mais Jane... ? Là, pour le coup, il n'en revenait pas ! Que son frère ait de telles idées, il aurait compris, mais sa sœur ? C'était quasiment inimaginable.

Jane – On veut peut-être partir, mais on sait que c’est impossible, et ça ne sert à rien de foncer tête baissée.

Bella – Mais je ne te parle pas de foncer tête baissée, Jane ! Je vous propose de vous aider moi aussi, de chercher avec vous ! J’ai échappé à sept vampires, en particulier Alice et Jasper qui ont un don. Alice peut voir l’avenir, Jasper sentir les émotions. Je les ai eus aux trousses et j’ai quand même pu leur échapper, alors crois-moi que, niveau idées tordues, je peux me débrouiller. Après, si tu veux passer ta vie ici, à servir Aro comme un chien sert son maître, libre à toi…

Il secoua lentement la tête puis s'avança vers les deux filles. En un bond près de Jane, il l'enlaça par-derrière, l'empêchant du même coup de bouger, puis eut un petit rire. Il la sentit se crisper, puis même se débattre. Il resserra sa prise, puis fit un large sourire à Bella.

- Si tu espères m'échapper, il faudra que tu coures très vite, ma belle, lui dit-il tranquillement. La Traque est justement mon don. Quand à toi...

Il pencha la tête, serrant Jane dans ses bras. Il effleura sa joue, puis redressa la tête, avec un léger soupir.

- Ton frère aurait songé à tout cela que ça n'aurait étonné personne... Mais toi ? Comme si tu ignorais qu'Aro ne te laissera jamais partir ! Même si toi et Alec arriviez à fuir, le clan ne vous lâchera jamais. Tu le sais parfaitement. Tu es là depuis ta création, tu connais les règles. Même si notre nouvelle-née ici présente se leurre totalement.

Bella entendit des bruits de pas s’approcher près d’elles, des pas qu’elle ne reconnaissait pas. Ce ne fut que quelques instants plus tard qu’elle vit le vampire qu’ils avaient croisés quelques jours auparavant : Démétri. Il fit un bond pour se retrouver derrière Jane et l’enlaça, l’empêchant apparemment de bouger. Il eut un rire qui glaça presque le sang qui restait dans les veines de la nouvelle-née. Il n’avait pas tout entendu… Si ? Il n’était pas là depuis le début, c’était impossible. Jane n’aurait rien dit, n’aurait pas prononcé un seul mot si cela avait été le cas, n’est-ce pas ? Enfin, elle n’avait pas l’air plus au courant que Bella étant donné qu’elle se débattait sans cesse, comme furieuse d’être dans cette position. Alors, Démétri les avait écoutées en douce depuis elle ne savait combien de temps, il avait sûrement tout entendu… Il fit un grand sourire à la nouvelle-née, déjà terrorisée à la simple idée d’être enfermée à Volterra. Sa gorge lui brûlait mais elle ne comptait pas craquer, au moins, elle sentait qu’elle vivait… D’une certaine manière.

Démétri – Si tu espères m'échapper, il faudra que tu coures très vite, ma belle. La Traque est justement mon don. Quant à toi...

Cette fois, Démétri regardait manifestement Jane, même si elle ne le regardait pas. Il était assis à côté d’elle et Bella, ce qui empêchait la Volturi de faire le moindre mouvement. Cette situation était… très embarrassante. Voire pire, il n’y a pas de mots pour qualifier à quel point les deux « femmes » s’étaient grillées. Elles s’étaient jetées dans la gueule du loup sans même le savoir, alors qu’il était logique que quelqu’un les surprenne à Volterra, dans le château. Parler de s’enfuir du château dans le château en question n’était peut-être pas une bonne idée, en fin de compte. Mais Bella n’y avait pas vraiment pensé, sur le coup, tant tout cela était nouveau pour elle. Elle découvrait à peine les choses, ne s’habituait définitivement pas à ses nouvelles facultés et n’avait qu’une seule envie : s’éloigner d’ici. Alors, oui, elle avait fait une gaffe par inadvertance.

Démétri – Ton frère aurait songé à tout cela que ça n'aurait étonné personne... Mais toi ? Comme si tu ignorais qu'Aro ne te laissera jamais partir ! Même si toi et Alec arriviez à fuir, le clan ne vous lâchera jamais. Tu le sais parfaitement. Tu es là depuis ta création, tu connais les règles. Même si notre nouvelle-née ici présente se leurre totalement.

Là, Bella comprenait Démétri. Elle avait eu du mal à suivre l’envie des jumeaux de partir de cet endroit, de le quitter alors qu’ils avaient tout pour être en sécurité ici, qu’Aro n’allait rien leur faire tant qu’ils restaient sous son autorité. Bon, d’accord, elle-même n’arriverait jamais à se faire à cette idée, ou même à servir Aro, mais s’ils avaient grandi dans cette optique… Pourquoi pas ? S’ils étaient heureux, après tout, Bella respectait leur choix, elle n’aurait rien dit à Jane, ne lui aurait pas demandé d’aide ou d’informations sur les coutumes et les habitudes en Italie – ou au château, plus précisément. Seulement, ils n’étaient pas heureux, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. C’était pour cette raison, et uniquement pour cette raison que Bella avait sauté sur l’occasion pour avoir au moins une petite chance de s’enfuir, de quitter cet endroit maudit. Jane s’était figée, tout comme la nouvelle-née. Elle ignorait quoi dire, quoi faire… Partir ? Ignorer tout simplement Démétri, ou au contraire, le frapper et essayer de l’assommer une bonne fois pour toutes ? Cette dernière option était, sans aucun doute, la pire de toutes…

Bella – On t’a jamais appris à ne pas écouter aux portes ?

Oui, bon, Bella s’était laissée emporter mais c’était la seule technique qu’elle avait trouvée. Tant pis si elle se faisait frapper, tant pis s’ils voulaient la tuer, tant pis s’ils voulaient l’exclure du château parce qu’elle ne s’habituait pas à leurs habitudes. Elle voulait partir, disparaitre et ne plus revoir ce château. Elle ne voulait plus revoir les trois frères, elle ne voulait revoir aucun des Volturi, encore moins Démétri. Alors, oui, la colère montait, oui, elle commençait à céder. Après des heures et des heures de souffrance, elle en avait ras-le-bol. Bella se leva et se retourna pour s’éloigner de Démétri, sans courir néanmoins. De toute façon, le fuir ne lui servait à rien, elle avait juste besoin d’air.

Bella – Fous-moi la paix. Je ne compte pas m’éterniser ici, pas avec vous. Nous sommes tous des spécimens, alors à quoi bon ? Aro trouvera bien d’autres victimes à martyriser.

Jane ne bougeait plus du tout, contre lui. Il espérait qu'elle comprenne qu'elle s'enfonçait dans une très mauvaise direction. Il fallait être lucide, après tout ! Tout le monde ici savait comment Aro considérait les jumeaux. Tout le monde ici savait à quel point il était utile en combat. Durant les batailles, d'autres gardes les protégeaient à chaque fois, lorsqu'ils utilisaient leurs dons. Puissants, mais très exposés physiquement, du fait de leur "âge", mais surtout de leur taille.

Donc, non, ni Alec ni sa sœur n'avaient la moindre petite chance de filer un jour. Ils étaient trop précieux aux yeux d'Aro. Beaucoup trop précieux. Et Jane ne devait pas se leurrer là-dessus... Cependant, impossible qu'Aro ne loupe une telle information. Les jumeaux risquaient de passer un sale quart d'heure, mais cela sera toujours mieux que ce qu'ils subiraient après avoir tenté de s'enfuir. Il en était à ces réflexions, lorsque Bella, qu'il avait presque oublié, prit la parole d'un ton acide.

Bella – On t’a jamais appris à ne pas écouter aux portes ?

Il lui jeta un sourire ironique. Si elle ne voulait pas qu'on l'écoute, il lui suffisait de ne pas dire de conneries alors que tout le monde pouvait l'entendre ! Elle se leva et fit quelques pas. Il savait que Jane mourrait d'envie de faire de même, mais il la tenait fermement. Il en profita même pour glisser quelques doigts sur son cou d'albâtre. Il savait qu'il ne lui était pas indifférent, et en profitait sans vergogne.

Bella – Fous-moi la paix. Je ne compte pas m’éterniser ici, pas avec vous. Nous sommes tous des spécimens, alors à quoi bon ? Aro trouvera bien d’autres victimes à martyriser.

Il éclata de rire, incapable de s'en empêcher. Se levant, il contraint Jane à suivre le mouvement, la tenant toujours par-derrière et lui bloquant les poignets. Il savourait son odeur, son contact, et la douceur de sa peau. Il mourait d'envie de l'embrasser, là, tout de suite, mais ce n'était ni le moment ni l'endroit. Avec ça, il n'osait imaginer la réaction d'Alec s'il le voyait bécoter sa sœur au beau milieu du couloir. Ce serait même pire que s'il le voyait simplement en train de l'immobiliser. Il tourna un regard mesquin vers Bella.

- Certains spécimens valent plus chers que d'autre, Bella. Comme les jumeaux, par exemple.

Il avait à peine terminé sa phrase que d'autres gardes se saisirent d'elle et l'immobilisèrent à son tour. Puis l'emmenèrent pour l'enfermer dans les cachots. Resté seul avec Jane, il se pencha à son oreille.

- Il va falloir aller voir Aro, tu ne penses pas ?

Jane allait répondre lorsqu'on l'enlaça tout à coup par-derrière, et elle fut plaquée contre un torse, serrée par deux bras, très étroitement. Elle prit une brusque inspiration, complètement prise par surprise, et fut enveloppée par l'odeur de Démétri. Hum... Oups ? Comment se griller en l'espace de quelques secondes. Elle se débattit un peu mais savait qu'elle ne pouvait faire grand-chose. Mordu alors qu'il avait le double de son âge, Démétri était bien plus grand et plus fort qu'elle. Elle ne pouvait même pas lui infliger son don, étant donné qu'il était dans son dos. C'était rageant.

Démétri – Si tu espères m'échapper, il faudra que tu coures très vite, ma belle. La Traque est justement mon don. Quant à toi...

Il pencha la tête, effleurant sa joue de la sienne. Le bref contact lui arracha un frisson, alors qu'elle sentait de plus en plus mal la suite des évènements. Que dire, maintenant ? Elle n'avait aucune excuse et le savait. Où était Alec ? Lui n'aurait pas perdu de temps pour éjecter le traqueur très loin d'elle.

Démétri – Ton frère aurait songé à tout cela que ça n'aurait étonné personne... Mais toi ? Comme si tu ignorais qu'Aro ne te laissera jamais partir ! Même si toi et Alec arriviez à fuir, le clan ne vous lâchera jamais. Tu le sais parfaitement. Tu es là depuis ta création, tu connais les règles. Même si notre nouvelle-née ici présente se leurre totalement.

La main de Jane se crispa sur le bras qui la tenait. Là, il marquait un point. Un point très important, même, et lourd de conséquences. Elle baissa la tête, silencieuse. En effet, Aro ne les laissera jamais filer si facilement, quoi qu'il arrive désormais. Il ne voulait pas perdre leurs dons, à elle et son frère. Bella s'était levée, visiblement furieuse.

Bella – On t’a jamais appris à ne pas écouter aux portes ?

Bien dit. Elle s'éloigna un peu, et Jane se tortilla, regrettant de ne pouvoir faire de même. Tout à coup, les doigts fins de Démétri glissèrent sur son cou. Elle serra les lèvres, refusant de montrer quoi que que ce soit, d'autant plus qu'il profitait honteusement de la situation ! Il avait vraiment de la chance qu'Alec ne soit pas là... Bella rajouta quelque chose qu'elle ne comprit pas, trop occupée à garder son sang-froid. Il éclata de rire soudainement, puis se leva, la contraignant à suivre le mouvement. Il la tenait fermement par les poignets, mais elle ne chercha pas à se débattre. Il ne faisait qu'appliquer la loi. Loi qu'elle connaissait parfaitement.

Démétri – Certains spécimens valent plus chers que d'autre, Bella. Comme les jumeaux, par exemple.

D'autres gardes arrivèrent et s'emparèrent de Bella, pour la traîner dans les cachots. Démétri se pencha ensuite à son oreille.

Démétri – Il va falloir aller voir Aro, tu ne penses pas ?

Elle se força à hocher la tête, sachant qu'elle n'y coupera pas de toute façon. Ils se rendirent au bureau des trois frères pour trouver Aro. Elle se mordilla la lèvre, détournant le regard pour éviter le sien, alors qu'il lisait le problème dans l'esprit de son traqueur.